Autres  Royaumes  et  Villes :
La Lycie   et  
l’Arzawa 
 

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La Lycie   et  les  Lukka

 
   La Lycie (En latin : Lycia ou Lycie, en Lycien : Trmmisa, en Grec : Λυκία  Lukia ou Lykia, en Turc : Likya) était située au Sud de la Lydie, bordée à l’Est par la Pamphylie, au Nord par la Phrygie et la Carie et au Sud et à l’Ouest par la mer Méditerranée. Cela correspond à l’actuelle province Turque d’Antalya. La région est essentiellement montagneuse, les plaines côtières sont rares et la culture se faisait surtout dans l’arrière pays. La Lycie ne possédait qu’un seul fleuve, le Xanthos (ou Xantos). La région fut peuplée dès le IIIe millénaire, mais nous n’avons à ce jour que très peu de connaissance sur le début de son histoire. Elle est mentionnée ensuite dans les textes Hittites du XVe siècle (Sous le nom de Lukka), puis après, beaucoup plus tard, lors de la domination Perse.
 
   On retrouve l’influence de la civilisation Grecque chez les Lyciens dans tous les domaines, le premier étant l’alphabet qu’ils s’approprièrent et auquel ils rajoutèrent quelques signes. En religion, ils adoptèrent et adaptèrent aux leurs, des divinités Grecques. Par exemple, le Dieu Anatolien de l’orage Tarchunt (Présent aussi chez les Hittites) fut assimilé à Zeus, etc… En sculpture, les Lyciens firent venir des artistes de Grèce pour décorer les tombes royales. Cette culture Grecque, se perdit un peu à l’époque Romaine, où l’on construisit des forums, des thermes etc… Le seul "savoir faire indigène" qui les rendit célèbre, fut la construction en pierre de leurs tombeaux dans une forme inhabituelle. Ceux de Myra et de Telmessos, sont des exemples splendides de tombes rupestres creusées à flanc de parois et décorées comme les temples Grecs.
 

  


 

Monnaie du Satrape Mithrapata – vers 380 av.J.C

L’histoire…..

 
   Les Hittites, dans leurs textes, citent les Lukkas (ou Luka ou Loukou), un peuple inconnu qui était situé à l’extrême Ouest de leur Empire, près de la mer, où un de leurs Rois mena une campagne militaire au cours de laquelle il aurait conquis les villes de : Myra, Patara, Arnna (De son nom Grec : Xanthos ou Xantos) etc.. Les Lukkas auraient fait partie des "Peuples de la mer", on les retrouve plus tard lors de la bataille de Kadesh (ou Qadesh, fin Mai 1274) alliés des Hittites qui s’opposaient au Pharaon Ramsès II (1279-1213). Ils sont cités par les Égyptiens sous le nom de Ruku ou Luk ou Lukki. En fait nous ne connaissons que leur nom, car les fouilles n’ont révélé, à ce jour, aucune trace matérielle de leur existence. L’emplacement exacte de ce peuple est toujours sujet à de nombreux débats, et ne coïncide pas nécessairement avec la Lycie.
 
   C’est cinq siècles plus tard, qu’apparut le peuple des Lyciens. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), les premiers habitants se nommaient les Solymes. Ils furent remplacés lors de l’invasion Minoenne (ou Crète) menée par Sarpédon, par une population originaire de la Crète, les Termyles. Ils furent ensuite soumis par Lycos, le fils du Roi d’Athènes, Pandion I. Homère (Poète Grec, VIIIe siècle), lui, avance que les Lyciens étaient les alliés des Troyens et de leur Roi Priam, pendant la guerre de Troie. Ce qui est sûr, c’est que l’étude de leur langue, typiquement Anatolienne, montre une certaine apparentée avec celle des Hittites. Plus tard, vers le VIe siècle, les Lyciens formèrent une confédération avec pour principales cités Xanthos (ou Xantos ou Xanthe), Telmessos, Myra et Patara.


 

Vue du site de Xanthos

 
   La Lycie comme toutes les régions d’Asie Mineure, connut à partir de 546 l’invasion des Perses Achéménides de Cyrus II (559-529). La conquête de la région fut confiée au Général Harpage (ou Harpagos), qui conquit également l’Ionie et la Carie. L’armée Perse entra probablement dans le pays par le Nord-ouest, à travers la forêt près de Telmessos. Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425 – Histoires : 1174-178) raconte que les Lyciens vaincus dans une bataille par Harpage, gagnèrent Xanthos et que la population de la ville fit preuve d’un grand héroïsme face à l’envahisseur. Ils détruisirent leur acropole, brûlèrent tout leur bien, tuant leurs femmes, enfants et esclaves et se lancèrent à l’assaut des Perses, dans une ultime attaque où ils furent tous massacrés.
  
   Seules 80 familles absentes survécurent et la cité fut entièrement incendiée. Il faut signaler que cet acte héroïque rapporté ne fut qu’un événement unique, pas un processus de rébellion global. Toutefois, les Lyciens avaient une réputation de pirates et ils ne s’assujettirent que très nominalement à l’Empire Perse. Afin de garder un climat apaisé, les Perses permirent aux habitants de la région de maintenir leurs traditions et leurs dirigeants autochtones, bien qu’ils faisaient partie d’une région gérée par un Satrape, puisque la Lycie fut incluse dans la première satrapie avec l’Ionie, l’Éolide, la Carie et la Pamphylie. Xanthos fut repeuplée et devint sans doute un centre administratif local. Dans le cas de la Lycie, il n’existe aucune preuve de garnisons Perses permanentes à cette époque. Ils utilisèrent la collaboration des dynastes locaux pour assurer l’ordre interne. Quant à ses relations avec la Grèce, la Lycie apparemment ne prit aucune part à la révolte Ionienne de 495. Au contraire, en 480, lors de la Deuxième Guerre Médique, les Lyciens participèrent à la campagne du Roi Perse, Xerxès I (486-465) contre la Grèce continentale. Ils soutinrent la flotte Perse à la bataille du cap Artémision (Situé au Nord-est d’Eubée) en envoyant 50 navires sous le commandement du Général Kybernis.


 

Tombeau Lycien près d’Üçağız – Turquie

 
   Après les défaites des Perses en Grèce, le Général Athénien, Cimon (ou Kimôn, v.510-450/449), fils de Miltiade, commença une campagne navale qui le conduisit à la libération des côtes d’Asie Mineure et à l’annexion de la Lycie à la Ligue de Délos (Avec d’autres parties de la côte d’Asie Mineure) et à sa grande victoire à la bataille de l’Eurymédon (469). Ainsi la Lycie figure sur une liste de charges des membres de la Ligue en 446/445. L’hégémonie d’Athènes sur la région dura peu de temps, puisqu’elle ne figure pas dans la liste des membres de la Ligue donnée par Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395), au moment de l’éclatement, en 431, de la Guerre du Péloponnèse. Certains spécialistes avancent que la région sortit de la Ligue de Délos en 429 et retourna sous la domination Perse.
 
   Dans les décennies qui suivirent, la Lycie vécut dans un état de guerre quasi permanent entre dynastes locaux de grandes villes. Vers 400 ceux de Xanthos semblent avoir dominé le pays. Vers 380, Périclès de Limyra rompu avec les Perses et décida de gagner militairement sur toute la Lycie. Il s’autoproclama Roi de Lycie et mis en place une sorte de “dictature militaire”. Il fit de Limyra la capitale de l’Union Lycienne et il chassa le Satrape Perse, Arttumpara, Gouverneur de la Lycie occidentale. La volonté de Périclès semble avoir été d’obtenir l’indépendance totale de la Lycie. Sa victoire à Xanthos contre Arttumpara lui permit de contrôler, un temps, l’ensemble de la région et celles voisines au Nord et à l’Est. Les Perses ne pouvaient pas tolérer ce changement de pouvoir et ils firent intervenir en 362 le Satrape de Carie Halicarnasse, Mausole (377-353), qui mit fin à la sédition et devint le nouveau maître de la région. Périclès fut exécuté par Payava de Xanthos en 360. Les cités Lyciennes adoptèrent alors des constitutions Grecques et ne frappèrent plus leur monnaie. Elles restèrent propriété d’Halicarnasse jusqu’a leur libération en 333 par Alexandre le Grand (336-323).
 
   Alexandre inclut la Lycie dans la nouvelle satrapie de Pamphylie, avec Néarque comme Satrape. Après la mort d’Alexandre et du partage de son Empire et des luttes qui en découlèrent, elle fut donnée en 320 à Antigonos I Monophtalmos (Roi 306-301), avec les provinces de Phrygie, de Lycaonie et de Pamphylie. Toutefois, ce statu quo fut vite brisé et après la défaite d’Antigonos I à la bataille d’Ipsos en 301, la Lycie fit brièvement partie des possessions de Cassandre (Roi 301-297). Elle fut ensuite combattue, avec d’autres régions d’Asie Mineure, entre le Roi Séleucide, Séleucos I Nikatôr (305-280) et celui d’Egypte, Ptolémée I Sôter (305-282) qui fut vainqueur et y imposa la langue Grecque. En 197 elle tomba sous le contrôle du Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187), comme une grande partie de l’Anatolie. En 190 les Romains vainquirent Antiochos III et avec le traité de paix (Paix d’Apamée) qui s’en suivit elle fut concédée par les Romains à Rhodes, de 188 à 168. Lors de toutes ses occupations, les Lyciens conservèrent une certaine liberté et les villes furent même être assez prospères.
 


 

Tombeau d’Amyntas à Telmessos

   Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C), en 178 la Lycie se plaignit au Sénat Romain que la population était traitée comme des esclaves par les Rhodiens. Le fouet était institué comme une punition corporelle et les femmes et les enfants étaient maltraités. Les Romains envoyèrent un avertissement sévère à Rhodes en les avertissant qu’ils n’avaient pas l’intention que les Lyciens ou d’autres personnes nées dans la liberté soient asservis par eux, et que la cession n’était qu’un protectorat. Les Rhodiens envoyèrent un Ambassadeur en retour à Rome en affirmant que les Lyciens créaient de graves problèmes et qu’ils étaient un fardeau financier pour Rhodes. La suite de l’histoire n’a pas survécu, mais en 168 av.J.C la Lycie retrouva momentanément son indépendance. Avec le consentement de Rome, elle fonda alors une confédération de cités, la Confédération Lycienne.
 
   Bien qu’elle fut pendant des siècles sous l’hégémonie Romaine, la Lycie fut la dernière région Hellénistique à être intégrée formellement dans l’Empire Romain. En l’an 43 ap.J.C, sous l’Empereur Claude (41-54), elle acquit le statut de province en raison de conflits internes et la mort de certains citoyens Romains, mais il est difficile de savoir si ce fut une entité distincte, probablement avec comme capitale Patara, ou si elle fut rattachée avec la Pamphylie. Dans tous les cas elle fut une unité culturelle et géographique, et, en tant que tel, fut prise en compte dans les textes. En 129 l’Empereur Hadrien (117-138), visita la Lycie et il fit construire, dans les villes portuaires de Myra et Patara deux bâtiments pour stocker et préserver la production de blé de la région de façon stratégique. Ces infrastructures restèrent actives jusqu’au IVe siècle ap.J.C. En 141 un violent tremblement de terre dévasta la région causant de grands dégâts. Opramoas de Rhodiapolis, l’homme le plus riche de la péninsule, investit de fortes sommes pour la reconstruction des villes dévastées. En 304/305 la Lycie fut coupée en deux provinces distinctes, par l’Empereur Dioclétien (284-305) pour former une province Romaine du diocèse d’Asie. 

 

La Confédération Lycienne

 
   Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C), en 178 la Lycie se plaignit au Sénat Romain que la population était traitée comme des esclaves par les Rhodiens. Le fouet était institué comme une punition corporelle et les femmes et les enfants étaient maltraités. Les Romains envoyèrent un avertissement sévère à Rhodes en les avertissant qu’ils n’avaient pas l’intention que les Lyciens ou d’autres personnes nées dans la liberté soient asservis par eux, et que la cession n’était qu’un protectorat. Les Rhodiens envoyèrent un Ambassadeur en retour à Rome en affirmant que les Lyciens créaient de graves problèmes et qu’ils étaient un fardeau financier pour Rhodes.
 


 

Reconstitution du temple de Léto

   La suite de l’histoire n’a pas survécu, mais en 168, la Lycie fut libérée de l’emprise de Rhodes. Il n’était pas question d’indépendance à proprement parlé, la région n’étant pas souveraine, seulement autonome en vertu des principes républicains. Elle ne pouvait ni négocier avec les puissances étrangères, ni désobéir au Sénat Romain. Elle pouvait toutefois gouverner son propre peuple et battre ses propres monnaies. Avec l’accord de Rome, elle fonda alors une confédération de cités, la Confédération Lycienne (en Grec : Λυκιωντοκοινον "debout ensemble"). Selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) cette confédération regroupait au départ 36 villes, puis 23. Le Consul Romain Lucius Licinius Murena (105-22), ajoutera 3 autres cités en 81. Elles se réunissaient sur le site du Létôon, à proximité de Xanthos, afin d’y élire une assemblée (ou Sénat, en Grec : συνέδριον, Synedrion, “assis ensemble“), des magistrats et d’autres fonctionnaires, et leur président appelé Lyciarch (ou Liciarca), selon un système de représentation proportionnelle. Chaque ville, en fonction de sa taille, pouvait envoyer un à trois représentants au sein du conseil. Les villes de Xanthos, Patara, Pinara, Olympos, Myra et Tlos avaient droit à trois votes.
 
   Le but de cette ligue fut le suivi de la mise en œuvre des droits des différentes cités et la gestion des terres communes. Elle dut faire face à quelques conflits, entre autres elle eut à lutter contre la cité de Termessos en Pisidie. Sur ce site se trouvait également un sanctuaire où l’on y vénérait le culte de Léto, mère d’Apollon et d’Artémis. Des ambassadeurs d’Égypte et de Grèce venaient sur le site sacré où le culte se perpétua jusqu’au VIIe siècle ap.J.C.

  

 Pour d’autres détails, voir aussi : Les cités Lyciennes

 
Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Lycie voir les ouvrages de :
 
İlhan Akşit :
Ancient civilizations and treasures of Turkey, Akşit Kültür Ve Turizm Yayincilik, Istanbul, 2004.
George Ewart Bean :
Lycian Turkey : An archaeological guide, E.Benn, London, 1978 – W.W.Norton, New York, 1978.
Hartwin Brandt et Frank Kolb :
Lycia et Pamphylia : Eine Römische provinz im südwesten kleinasiens, Philipp Von Zabern, Mainz am Rhein, 2005.
Hadrien Bru, François Kirbihler et Stéphane Lebreton :
L’Asie Mineure dans l’Antiquité : Échanges, populations et territoires : Regards actuels sur une péninsule : Actes du Colloque International de Tours, 21-22 octobre 2005, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2009.
Patrice Brun, Laurence Cavalier, Koray Konuk et Francis Prost :
Euploia : La Lycie et la Carie antiques : Dynamiques des territoires, échanges et identités : Actes du colloque de Bordeaux, 5, 6 et 7 novembre 2009, Éditions Ausonius, Bordeaux, 2013.
Trevor Bryce et Jan Zahle :
The Lycians : A study of Lycian history and civilisation to the conquest of Alexander the Great, Museum Tusculanum Press, Copenhagen, Janvier 1986.
Trevor Bryce :
The Lukka problem – and a Possible Solution, pp : 395-404, JNES 33, Chicago, 1974.
Political unity in Lycia during the dynastic period, pp : 31-42, JNES 42, Chicago,1983.
The Lycians vol. 1. Copenhagen, Museum Tusculanum Press, Copenhagen, 1986.
Albert Carnoy
Lycien – Etrusque – Indo-Européen, L.Durbecq, Louvain, 1956.   
Marc Desti :
Les civilisations anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Hansgerd Hellenkemper et Friedrich Hild :
Lykien und Pamphylien, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 2004.
Shelagh Jameson :
The Lycian league : Some problems in its administration, Walter de Gruyter, Berlin, New York, 1980.
Antony G.Keen :
Athenian campaigns in Karia and Lykia during Peloponesian War, pp : 152-157, The Journal of Hellenic Studies 113, Londres, 1993.
Dynastic Lycia : A political history of the Lycians and their relations with foreign power, c.545-362 BC, E.J.Brill, Leiden, Boston, 1998.
Frank Kolb et Barbara Kupke :
Lykien : Geschichte Lykiens im altertum, Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 1992.
Eric Raimond et Alain Bresson :
Les divinités indigènes de Lycie, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, Bordeaux, 2004.
Maurice Sartre :
L’Asie Mineure et l’Anatolie, d’Alexandre à Dioclétien, Armand Colin, Paris, 1997.
Hyla A.Troxell
The coinage of the Lycian League, American Numismatic Society, New York, 1982.

 

 

L’Arzawa

 

   L’Arzawa (ou Arzawiya) fut une région et un royaume à l’Ouest de l’Asie Mineure, mais sa localisation exacte n’est pas bien définie, probablement comme le pensent beaucoup de chercheurs une région de l’Anatolie occidentale située entre l’Ionie et la Carie. Ces derniers pensent qu’Éphèse fut fondée sur le site d’Apasa, la capitale de l’Arzawa, à l’Âge de Bronze ?. D’autres le situent aux pieds des monts Taurus (Au Sud de la Turquie aujourd’hui), entouré à l’Ouest par la Lycie et la Pamphylie, au Nord par les monts Taurus, à l’Est par la Kizzuwatna et au Sud par la Méditerranée. La capitale du royaume était Apasa (ou Abasa ou Amasa).
 
   L’histoire du royaume nous est connue uniquement par des sources Hittites et il semble qu’il fut de culture Louvite (ou Luwite), comme l’atteste le nom de ses Rois et son panthéon qui comprenait des Dieux Louvites comme le Dieu de la Lune, Arma et le Dieu des tempêtes, Tarhunta (ou Tarhu). La langue du royaume était le Luwiyan, qui est de la même famille que les langues Indo-européennes, comme le Louvite.
 
   L’Arzawa fut un État puissant qui exerça une influence importante sur la politique des Hittites. Il fut un allié de l’Égypte, comme en témoignent des correspondances, retrouvées à Amarna, faites entre le Pharaon Amenhotep IV (ou Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) et le Roi Tarhunta-Radu. Ce qui donnerait à penser plutôt une situation géographique au Sud de l’Anatolie car les Égyptiens ont approché cette région. Les Empereurs Hittites, Souppilouliouma I (1355-1322) et Moursil II (ou Mursili, 1321-1295) vont cependant parvenir à défaire l’Arzawa, qui fut découpé en trois petits royaumes vassaux appelés : Hapalla (ou Hanballa, à l’Ouest de l’Anatolie, correspondant à la Pisidie), Mira (ou Mira-Kuwaliya, au Nord-ouest de la Pisidie) et le royaume de la rivière Seha (Situé dans la vallée de la rivière du même nom mais qui n’est toujours pas identifiée, peut-être l’actuelle Gediz ou Bakircay ?), et dont l’histoire finira par se perdre avec celle des Hittites.

 

L’histoire…..
 

 
Souverains d’Arzawa

 
• Kupanta-Kurunta
• Madduwattas
• Tarhunta-Radu
• Anzapahhadu
• Uhha-Ziti 

 

   La première attestation historique de la région, qui regroupe plusieurs petits royaumes, date de vers 1650, au début du règne du Roi Hittite, Hattousili I (ou Labarna II, v.1650-v.1620), lorsqu’il partit en campagne pour fonder l’Ancien Empire Hittite. Ses premiers hauts faits de guerre furent la prise en particulier de l’Arzawa qui était déjà une grande puissance. Mais son Empire ne lui survécut pas et il périclita doucement avec ses successeurs. Les Rois de l’Arzawa profitèrent de cet affaiblissement pour étendre leur royaume. Sous le règne des Rois Hittites, Zidanta I (v.1560-v.1550), puis celui d’Ammuna (v.1550-v.1530), l’Arzawa se libéra de leur vassalité. Pendant cette période de trouble chez les Hittites, le Mitanni, nouvelle puissance montante de la région investit les anciens territoires de ces derniers.
 
   En 1450, au Hatti (ou Hatta, royaume dans la boucle du Halys), Tudhaliya I (v.1430-v.1420) s’empara du pouvoir. De campagnes en campagnes, il agrandit son territoire et vers 1430, fonda le Nouvel Empire Hittite. Il profita des expéditions menées par le Roi Thoutmôsis III (1479-1425) contre le Mitanni, pour reprendre aux Égyptiens le Kizzuwatna et au Mitanni l’Arzawa dirigé à cette époque par Kupanta-Kurunta (ou Kubantakurunta, v.1430 à v.1400), qui fut le premier Roi dont nous ayons une trace. À partir de cette période, l’Arzawa va être un souci permanent pour les souverains Hittites.

 

   Un nommé Madduwattas (ou Madduwatta, v.1400 à v.1370), suite à des problèmes avec les Lukka (La Lycie), se réfugia chez Tudhaliya I qui lui donna l’asile et l’installa souverain du royaume de Zippasla dans les Monts Taurus, mais à la condition que son royaume servit de base pour envahir l’Arzawa. Kupanta-Kurunta, vaincu mais pas encore perdu, fut avisé de l’imminence d’une invasion et prit les devants. Il attaqua alors le Roi de Zippasla, détruisit son armée et occupa le royaume. Après quelques batailles, Madduwattas signa une alliance avec le Roi d’Arzawa et se libéra de l’emprise Hittite. L’accord fut consolidé par le mariage de la fille de Kupanta-Kurunta avec Madduwattas qui par la suite succéda à son beau-père sur le trône d’Arzawa, mêlant ainsi les deux royaumes. L’Arzawa apparut alors comme un État dont les Hittites devaient se méfier.

    Vers 1395, le nouvel Empereur Hittite Tudhaliya II (v.1400- ?) qui venait de conquérir les tribus Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske), la ville d’Alep et défait le Mitanni, entreprit une campagne contre l’Arzawa et selon Gary M.Beckman, signa avec ce dernier un traité. Tarhunta-Radu (ou Tarhundaradu ou Tarhoudaradou ou Tarhuna-Radu ou Taruntaradu, v.1370 à v.1345) succéda à Madduwattas et vers 1350, il attaqua le bas pays Hittite au Sud d’Hattousa. Sous son règne l’Arzawa atteignit son apogée. Il entra ensuite en contact avec le Pharaon Amenhotep IV (1353/52-1338), à qui il écrivit deux lettres dans lesquelles il expliquait qu’il allait éliminer l’Empire Hittite et étant le nouveau maître de la région, il voulait une de ses filles en mariage. Selon Trevor Bryce, Tarhunta-Radu n’aura jamais de réponse du Pharaon, qui aura sûrement jugé offensante la demande.

 
   Tarhunta-Radu se trompait sur l’avenir des Hittites, leur nouvel Empereur Souppilouliouma I (ou Suppiluliuma, 1355-1322) par ses conquêtes territoriales créa un Empire durable où les États vassaux, jusqu’a la Syrie, demeurèrent fidèles. Il rétablit la situation et remporta une victoire sur l’Arzawa qu’il assujettit, peut-être sous le règne du Roi suivant Anzapahhadu (ou Anzapaḫḫadu ou Anzapattadou, v.1345 à v.1335). Un autre Roi du nom de Kupanta-Kurunta (v.1330 ou v.1320) est connu dans le petit royaume de Mira (ou Mira-Kuwaliya) en Anatolie occidental. Son père et son oncle voulaient y renverser le Roi Mashuiluwa (ou Mašuiluwa). Celui-ci s’enfuie chez les Hittites, dans leur capitale à Hattousa. Souppilouliouma I comprit que cette révolte était dangereuse pour sa frontière. Selon Gary M.Beckman, il maria alors sa fille Mouwatti (ou Muwatti) à Mashuiluwa et le réinstalla sur le trône de Mira et le père de Kupanta-Kurunta fut tué. Plus tard Mashuiluwa demandera à Moursil II (ou Mursili, 1321-1295) le successeur de Souppilouliouma I l’autorisation d’adopter Kupanta-Kurunta en tant que fils et successeur.
 

   À cette période une épidémie de peste ravagea le Hatti, Souppilouliouma I décéda ainsi que son fils et successeur Arnouwanda II (1322-1321). Un autre de ses fils Moursil II (ou Mursil ou Mursili, 1321-1295) arriva sur le trône et se vit la lourde tache de combattre le nouvel envahisseur qu’était l’Assyrie. Il dut aussi faire face à la rébellion de certains vassaux dont l’Arzawa. Son nouveau Roi, Uhha-Ziti (ou Uhhazidi ou Utta-Ziti ou Uḫḫazidi, v.1335- à v.1320), monta une coalition contre les Hittites avec l’aide du royaume d’Ahhiyawa et de la ville de Milet. En 1322, Moursil II lança une grande expédition et mit deux ans à battre l’Arzawa. La capitale, Apasa (ou Amasa) fut prise. 

   Selon les déclarations de Moursil II, 65.000 habitants d’Arzawa furent expulsés vers le pays Hittite. La coalition fut défaite, mais le royaume d’Ahhiyawa n’est pas mentionné dans les territoires soumis. Au contraire, ce fut Uhha-Ziti et ses deux fils, Piyama-Kurunta et Tapalazunauli qui avaient combattu auprès de lui, qui se réfugièrent au Ahhiyawa. Moursil II exigea alors leur extradition, le Roi d’Ahhiyawa se plia à la demande et renvoya les fugitifs à Moursil II. Le royaume d’Arzawa fut alors divisé entre ses anciens vassaux, les royaumes : De la rivière Seha, d’Hapalla (ou Hanballa) et Mira (ou Mira-Kuwaliya et son histoire suivit désormais celle des Hittites. Moursil II signa un traité avec Kupanta-Kurunta de Mira (ou Mira-Kuwaliya), qui lui était resté fidèle.

 

   En 1293, deux ans après la mort de Moursil II, Mira (ou Mira-Kuwaliya) se révolta. Le successeur de Moursil II, son fils Mouwatalli II (1295-1272) mata rapidement cette rébellion. En 1274, il enrôla des soldats de l’Arzawa pour lutter contre l’Égypte de Ramsès II (1279-1213) à la bataille de Kadesh (ou Qadesh) sur l’Oronte, qu’il perdit. Après le partage de la Syrie avec les Hittites, une paix relative de plus de quarante ans régna entre les deux puissances. Quelques révoltes se produisirent encore, notamment sous le règne de l’Empereur Hittite, Tudhaliya IV (1234-1215), qui réprima le soulèvement du royaume de la rivière Seha et lutta contre ceux d’Arzawa et d’Ahhiyawa. Après son règne, la région vit s’établir certains des Peuples de la mer, comme les Lukka (ou Lyciens), qui dans les cinquante ans qui suivirent ravagèrent l’Asie Mineure. La dernière mention de l’Arzawa est faite par le Pharaon Ramsès III (1184-1153), qui rapporte la destruction du pays par les Peuples de la mer, ces faits sont relatés sur les murs de son temple de Médinet Habou.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la région voir les ouvrages de :
 
Gary M.Beckman :
Hittite diplomatic texts, Scholars Press, Atlanta, 1996.
Trevor Bryce :
The Kingdom of the Hittites, Clarendon Press, Oxford, 1998 – Oxford University Press, New York, 1998.
Life and Society in the Hittite World, Oxford University Press, 2002.
Jacques Freu :
Luwia : Géographie historique des provinces méridionales de L’Empire Hittite : Kizzuwatna, Arzawa, Lukka, Milawatta, Université de Nice-Faculté des Lettres, Centre de Recherches comparatives sur les Langues de la Méditerranée Ancienne, Nice, 1980.
Albrecht Götze :
Die annalen des Mursilis, J.C. Hinrichs’sche Buchhandlung, Leipzig 1933 – Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1967.
Oliver Robert Gurney, John Garstang et John David Hawkins :
Tarkasnawa King of Mira ‘Tarkondemos’, Boǧazköy sealings and Karabel, to Oliver Gurney and the memory of John Garstang, London British Institut of Archeology at Ankara, Londres, 1999.
John David Hawkins :
Tarkasnawa King of Mira ‘Tarkondemos’, Boǧazköy Sealings and Karabel, pp : 1-31, Anatolian Studies 48, British Institute of Archaeology at Ankara, 1998.
Suzanne Heinhold-Krahmer :
Arzawa : Untersuchungen zu seiner geschichte nach den hethitischen quellen, Carl Winter Universitätsverlag, Heidelberg, 1977.
Harold Craig Melchert :
The Luwians, E.J.Brill, Boston, Leiden, 2003.
Archibald H.Sayce :
The geographical position of Arzawa, JEA 8, Egypt Exploration Society, London, 1922.
Martin Seyer :
Studien in Lykien, Österreichisches Archäologisches Institut, Wien, 2007.

 

 
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