Autres  Royaumes  et  Villes :
Carie,  Éolide
 

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 Pour plus de détails voir aussi les cités Cariennes :  Alabanda, Alinda, Aphrodisias, Bargylia, Cnide, Didymes,

Halicarnasse, Héraclée, Labranda, Mylasa, Stratonicée

 

La  Carie

 


 Sommaire
 

Localisation et origine
Géographie et économie
Les villes principales
L’histoire
Bibliographie

 

Vue de la cour intérieure
du temple de Didymes

 

 

 
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Localisation  et  origine

 
   La Carie (ou Karía, en Grec : Καρία, en Latin : Caria, en Louvite : Karuwa “pays raide”, en Turc: Karya) fut une région du Sud-ouest de l’Asie mineure, en fonction des auteurs et des ouvrages soit dans la partie Sud de l’Ionie, ou soit jouxtant la partie Sud de l’Ionie, tout dépend si l’on considère cette dernière comme une plus grande entité. Elle était située entre la Lycie au Sud-est, la Pisidie à l’Est, la Lydie (et donc l’Ionie pour certains) au Nord et Nord-est et la mer Égée à l’Ouest. Elle correspond à l’actuelle région de Bodrum au Sud-Ouest de la Turquie.
 
   Zone frontalière de la partie orientale du monde Grec, La Carie fut exposée à des influences culturelles diverses et différentes qui la caractérisent comme une zone de culture mixte. Elle se constitua un temps en royaume sous l’hégémonie des souverains d’Halicarnasse qui en devint la capitale. Le nom de Carie dérive étymologiquement du Hittite et signifie “terre des Karer” (Peuple Karer). Carie ou Caria ne fut cependant pas seulement un nom pour le pays mais aussi pour les personnes qui l’occupaient.
 
   Elle fut peuplée de Ioniens et de Grecs Doriens qui rejoignirent la population Carienne indigène. Ces Cariens d’origine, arrivés donc avant les Grecs ont été décrits par Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) comme étant des descendants des Minoens. Les Cariens maintenaient eux qu’ils étaient des continentaux d’Anatolie apparentés aux Mysiens et aux Lydiens. Ils parlaient une langue Anatolienne, connue sous le nom de Carie, mais qui ne reflète pas nécessairement leur origine géographique. Très étroitement associé avec les Cariens on trouve les Lélèges (ou Léleges, en Grec : Λέλεγες) qui sont cités pour la première fois dans l’Iliade, où ils sont l’un des peuples alliés de Troie. Cependant "Lélèges" pourrait être un nom antérieur pour "Cariens" ou pour désigner les gens qui les ont précédés dans la région et ont continué à coexister ?.
 

  Géographie  et  économie

 
   La région se composait principalement de montagnes et de collines, où il n’y avait que sporadiquement des plateaux. Ces montagnes étaient traversées par des rivières et des fleuves, le plus important de ces derniers était le Méandre et ses affluents, Marsyas et Harpasus. Dans le Sud-est, courraient également le Xanthos et l’Indus. La côte était aussi très montagneuse et les cités se confinaient dans les estuaires. Ceci eut pour effet un accès plus difficile à l’intérieur des terres. La côte était également occupée par de nombreuses îles dont le paysage très accidenté ne permit le développement que de petits villages qui mirent du temps à devenir de grandes villes qui restèrent toutefois assez isolées. Les colonies les plus importantes furent surtout situées dans le Nord en bordure de Lydie, où les monts Messogis représentaient probablement la limite.


 

Ruines du bouleutérion d’Alabanda


   Dans les montagnes la pratique de l’agriculture à grande échelle n’était pas possible. Elle fut donc limitée aux quelques plaines et les estuaires. On y produisait des céréales, du vin et de l’huile. Le bétail grandissait dans des fermes. La région, cependant, était d’une grande importance pour le commerce. Le fleuve Méandre qui la traversait contribua à son développement.

 

Les  villes  principales

 
   La Carie fut assez riche et posséda de nombreuses cités de moyennes et grandes importances. Les principales furent :
Alabanda (ou Antioche des Chrysaoriens ou hê Alabanda ou ta Alabanda ou Alabandeus ou Alabandensis ou Alabandenus, en Grec : ‘Aλάβανδα),  riche et commerçante. Elle fut connue pour son marbre noir et ses pierres ressemblant au grenat.
 
Alinda (En Grec : ‘Aλινδα) qui avait dans la ville basse un ancien bâtiment de trois étages dont beaucoup pensent que ce fut une sorte d’Agora qui rappelle les grands caravansérails avec cave de stockage. La ville avait un temple d’Apollon contenant une statue d’Aphrodite faite par Praxitèle (ou Praxitélês, sculpteur Grec, v.400-326).
Amyzon (En Grec : ‘Aμυζών) identifiée aujourd’hui au site de la ville de Mazin. Un tronçon de la muraille de la cité fait 6 m. de haut.
Aphrodisias (En Grec : ‘Aφροδισιάς) près du village moderne de Geyre. Elle doit son nom à Aphrodite, la Déesse de l’amour qui avait un sanctuaire dans la ville avec son unique statue de culte, l’Aphrodite d’Aphrodisias. Elle eut aussi comme nom : Lelegonopolis (ou Lelégōn Pólis), Megalopolis, Ninoe (ou Nino) et Stauroúpolis (Ville de la Croix). La ville fut aussi connue pour ses produits textiles fins (laine et coton).


 

Vue des ruines de l’agora d’Alinda


Bargylia (En Grec : Βαργυλίον, en Latin : Bargylia ou Bargyliæ ou Bargylies) dont l’emplacement correspond à la ville Turque moderne de Boğaziçi, dans la province de Muğla. Près de Bargylia on trouve le temple d’Artémis Cindyas.
Cnide (ou Knidos, en Grec : Κνίδος, en Latin : Cnidus) fut une ville portuaire de Carie. Elle était située sur la presqu’île de Datça (environ 35 km. de Datça), qui forme le côté Sud du Golfe de Kerme (ou de Gokova ou de Gokova ou de Kerma), en face de l’île Grecque de Cos (ou Kos). Au IVe siècle av.J.C, Cnide était située sur le site de la moderne Tekir, face à l’île Triopion. Les spécialistes pensent que ce fut à une époque plus tardive (période classique) que la ville fut probablement sur le site à la pointe de la presqu’île de Datça.
Didymes (ou Didyma, en Grec : Δίδυμα) qui était située près de la ville portuaire de Milet à 17 km. plus au Nord. Une Voie sacrée longue de 6 km., fut construite et empruntée par les pèlerins et les processions afin de relier les deux cités et le sanctuaire. Car Didymes était renommée dans le monde hellénique, plus encore que Delphes, pour son oracle et son sanctuaire d’Apollon Philésios, aujourd’hui Didim (en Turquie).
Halicarnasse (En Grec : Ἁλικαρνᾱσσός Halikarnassós ou Halikarnassôs ou Ἀλικαρνασσός Alikarnassós, en Turc : Halikarnas, aujourd’hui Bodrum) dans le golfe de Cos (ou Kos, le golfe de Kerme ou Gökova). Elle fut longtemps la capitale,
 
Héraclée du Latmos (ou Héraclée sous le Latmus, en Grec : ‘Hράκλεια Λάτμ, en Latin : Héraclée ad Latmum) sur la rive Nord-est du lac Bafa. Les ruines de l’ancienne ville sont aujourd’hui le village Kapıkırı. Pendant l’antiquité le lac Bafa était un golfe de la mer Égée. Les alluvions amenées par le fleuve Méandre en ont obstrué au fil du temps l’entrée et ont formé le lac actuel. Héraclée se trouve maintenant à plusieurs kilomètres de la côte.
Labranda (ou Labraunda ou Labraynda ou Labrande, en Grec : Λάβραυνδα ou Λάβρανδα) à 13/14 km., au Nord de Mylasa (ou Milas), près de la ville moderne de Beypınar. Ce fut le centre religieux de Mylasa et un centre de pèlerinage pour toute la Carie qui existait déjà au Ve siècle av.J.C. Une voie sacrée reliait Mylasa à Labranda. On honorait à Labranda une divinité appelée Zeus de Labranda (ou Labraundos, en Grec : Ζες Λαβρανδεύς) qui y avait son sanctuaire.
 


 

Vue des ruines du Site d’Aphrodisias

Mylasa (ou Milas, en Grec : Μύλασα) fut la première capitale de la Carie. Aujourd’hui elle est identifiée à la ville de Milas. Mylasa fut fréquemment mentionnée par les auteurs anciens. À l’époque de Strabon la ville se vantait d’avoir deux orateurs remarquables, Euthydème (ou Euthydémos) et Hybréas.
Nysa (ou Nysa du Méandre, en Grec : Νύσα) à la frontière de la Lydie. Son nom est censé venir de Nysa, une femme du Roi Séleucide Antiochos I Sôter (“Le sauveur”, 280-261), mais qui est inconnue par ailleurs.
Stratonicée de Carie (ou Stratonikeia ou Stratoniki ou Hadrianopolis, en Grec : Στρατονικεα ou Στρατoνικη ou selon Étienne de Byzance : Στρατονίκεια, en Latin : Stratonicaea ou Stratonicée) est identifiée aujourd’hui avec la ville d’Eskihisar. La zone d’influence de la cité couvrait également des petites localités voisines. Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, 59 av.J.C-17 ap.J.C.) et Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) mentionnent les localités de Tendeba, Astragon et Pedasa. Elle contrôlait également deux grands sanctuaires, celui de Zeus à Panamara et celui d’Hécate à Lagina.

 

L’histoire….

 
   En Anatolie les Grecs furent le foyer de la population qui occupa la péninsule de la côte Égéenne des montagnes de l’Ouest où résidaient différents peuples. Ces Anatoliens créèrent divers États semi-autonomes, qui tombèrent finalement sous la domination d’une autorité centrale de l’Empire Hittite. Toutefois, ce dernier à la fin de l’Âge du Bronze s’éteignit et les cités Ioniennes dont les Cariennes, profitèrent du vide politique pour se développer en tant que cités-États. Vers 700, après avoir essaimé de prospères colonies vers le Nord (Pont Euxin) et vers l’Ouest (Mer Ionienne), l’Ionie toute entière attira la convoitise de son puissant voisin la Lydie. D’après Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), un de ses Rois, Gygès (687-652 ou 685-644), qui fut le premier des Mermnades, débuta sa première campagne en s’emparant de la côte Carienne, puis du Nord et du Sud de la Troade et de la Mysie. Il fut, semble-t-il, aidé au début par les Milésiens qui établirent la colonie d’Abydos sur l’Hellespont. La guerre avec l’Ionie dura des dizaines d’années pour ne se terminer qu’en 604.


 

Le Bouleutérion (ou Odéon) d’Aphrodisias

 
   Grâce à la supériorité de sa cavalerie, Gygès assiégea son ancien allié Milet, puis Smyrne, mais sans succès, par contre il prit Magnésie du Méandre et Colophon (Selon Hérode, historien Grec, 484-v.425). Les Lydiens finirent toutefois par posséder toute la région. Cette domination dura près d’un siècle et demi puisque après la défaite du dernier Roi Lydien, Crésus (ou Kroisos, 562-546 ou 561-547) devant le Roi Perse, Cyrus II (559-529), toute l’Ionie dont la Carie et leurs riches cités passèrent sous la domination des Achéménides.
 
   Elles durent leur payer de lourds tributs et entretenir les garnisons, en contrepartie les Perses laissèrent, semble-t-il, aux cités une certaine autonomie, mais cette perte d’indépendance arrêta net l’essor intellectuel de la civilisation. À partir de cette époque les Cariens, Eoliens etc.. commencèrent à émigrer massivement : Les habitants de Téos en Thrace, ceux de Phocée à Aléria en Corse et sur la côte Méditerranéenne Française (Aujourd’hui Marseille, Nice, Agde), en Sardaigne etc… Cet asservissement augmenta avec le Roi de Perse, Darius I (522-486).
 
   En 504, un sursaut de "nationalisme" poussa les cités Ioniennes et Cariennes à se révolter contre les Perses, mais elles furent battues. Pas découragées, en 499 av.J.C, une nouvelle révolte des éclata, favorisée par les soutiens militaires d’Athènes et d’Érétrie (Cité-État dans l’île d’Eubée). Cependant après quelques courtes victoires, la révolte tourna au désastre et la population paya lourdement ce soulèvement. La coalition fut battue à la bataille de Ladé, près de Milet, à l’été 494, lorsque les cités se retrouvèrent opposées à la flotte Perse de Darius I (522-486). Milet et Éphèse furent détruites et incendiées et, la même année, une grandes partie des populations de toute la région fut déportée comme esclave en Mésopotamie.
 
   De nombreux habitants (Marchands, artisans, poètes, penseurs etc…) émigrèrent, emportant avec eux les raffinements de leur culture. Ce fut un coup d’arrêt à l’essor intellectuel de l’Anatolie. Ce ne fut qu’après les victoires des cités de la Grèce continentale : En 490 à Marathon, qui mit fin à la Première Guerre Médique, puis celles des batailles de Salamine, le 29/9/480, et de Platées, 27/8/479 et du cap Mycale, en Août (ou Septembre) 479, qui mirent fin à la Deuxième Guerre Médique, que les cités d’Asie Mineure retrouvèrent leur liberté. L’expansion de l’Empire Perse vers l’Ouest fut définitivement arrêtée.
 


 

Le Tétrapylon d’Aphrodisias

   Cette liberté fut de courte durée car ce fut au tour d’Athènes, qui avait joué un rôle prépondérant dans la victoire, de tirer profit de la région avec en 478 la fondation de la Ligue de Délos, où beaucoup de villes de l’Ouest de l’Anatolie entrèrent. La Ligue entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie d’Athènes sur la mer Égée et sa domination sur le monde Grec. La région et ses cités subirent ensuite les Guerres du Péloponnèse (431-404), où certaines s’allièrent à Athènes.
 
   En 412, sur l’instigation d’Alcibiade (450-404), beaucoup de cités de toute l’Ionie se rebellèrent contre Athènes. L’aventure fut de courte durée, les villes furent ramenées à l’obéissance vers 411/410 par la cité Attique. En 405, le Sparte, Lysandre entra à Éphèse et battit la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. Après sa victoire, toutes les cités restées fidèles à Athènes avant la bataille lui firent défection et se soumirent à Lysandre, les Éphésiens lui érigèrent même des statues.
 
   Quand les Athéniens reprirent la cité, ces statues furent remplacées par celles de Conon et de Timothée. Cependant en 404 l’hégémonie Athénienne n’exista plus et la Ligue de Délos fut dissoute. Les cités passèrent alors de nouveau sous la tutelle des Perses. En 395, l’impopularité d’Athènes fut si grande qu’un parti pro-Sparte vit le jour et prit le pouvoir à Éphèse. La même année le Roi de Sparte, Agésilas II (398-360) lança une campagne en Asie Mineure contre le Satrape Perse de Lydie et de Carie, Tissapherne (v.413-395). La campagne d’Agésilas II se solda par la libération de quelques cités Cariennes de la tutelle Achéménide. Elles subirent ensuite la domination de Sparte, mais pour peu de temps. Le climat politique était très tendu et en 387/386, Sparte menacée de tous côtés, conclut la paix d’Antalcidas ou paix du Roi avec les Perses et tous les Grecs. Elle acceptait la domination Perse et leur cédait des cités d’Asie Mineure, dont certaines de Carie.
 


 

Les ruines du temple d’Apollon de Cnide

   Dans le même temps, Lors de son règne, le Roi Perse, Artaxerxès II Mnémon (404-359), délégua le gouvernement de la province au Satrape, Hécatomnos (ou Hekatomnus ou Hécatomnus ou Hékatomnus de Mylasa ou Hekátomnôs, en Grec : ‘Eκάτoμνως, 391-377). Ce dernier institua une dynastie, dont il est l’éponyme, les Hécatomnides qui régnèrent sur la Carie jusqu’à sa conquête par Alexandre le Grand (336-323) en 334 av.J.C, mais en gardant la culture et la langue Grecque. Mylasa fut à la fois sa ville natale et sa capitale. Sous le règne de son fils, Mausole (ou Maussollos ou Maussolus ou Maúsôlos, en Grec : Μαύσωλος, 377-353), Roi d’Halicarnasse, Mylasa perdit sa suprématie au profit de cette dernière fidèle aux Perses.
 
   Les Généraux Macédoniens, Parménion (v.400-330) et Attalos (ou Attale) pénétrèrent en Asie Mineure au printemps 336 pour préparer l’attaque des troupes du Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) sur l’Orient. Ils furent accueillis par les citées en libérateurs. L’année suivante Alexandre entra à son tour dans la région et fini de la libérer. À partir de 334 av.J.C. toute la Carie, petit à petit tomba complètement sous l’autorité d’Alexandre. Après sa mort l’Asie Mineure fut disputée entre les différents Diadoques, mais resta en grande partie Macédonienne.
 
   Cependant, en 301, après la bataille d’Ipsos en Phrygie, contre Antigonos I Monophtalmos (306-301), toute la Carie et une partie de l’Ionie tomba sous la domination du vainqueur, le Roi de Thrace, Lysimaque (322-281). Lorsqu’il mit la main sur les cités il se trouva en face d’une coalition "la Confédération Ionienne" (Formée un peu avant 315). Cette confédération, dont les structures furent à peu de choses près semblables à celle de la Ligue de Délos, regroupait l’ensemble des cités d’Ionie et de Carie dans le but d’associer leurs forces économiques et militaires.


 

Le temple d’Apollon de Didymes

 
   En 284, Lysimaque dut se heurter à cette confédération lorsqu’une partie de l’Asie Mineure se rebella, suite à l’exécution par le Roi de son propre fils. Il eut de plus un rival important, le Roi Séleucide, Séleucos I Nikâtor (305-280). Celui-ci entra en guerre contre Lysimaque et en Février 281 à la bataille de Couroupédion (ou Corupedion ou Curupedion, en Lydie), Lysimaque fut vaincu et tué. Ses territoires d’Asie Mineure, devinrent alors possession Séleucide, ils le resteront jusqu’en 190 à la bataille de Magnésie du Sipyle. Cependant les Séleucides n’eurent pas entièrement la main mise sur certaines villes, certaines s’unirent comme la Ligue Chrysaorienne, une fédération de cités voisines de Carie, proches ethniquement, et liées par des intérêts commerciaux et aussi militaires défensivement.
 
   Ils n’occupèrent donc pas l’intégralité de l’Asie Mineure et certaines cités se retrouvèrent au centre des conflits d’influences et d’intérêts entre les Séleucides à l’Est, les Rois de Pergame au Nord et les Ptolémée d’Égypte. Lors de la période Séleucide, le Roi Antiochos II Théos (261-246) répudia son épouse Laodice I (ou Laodiké) et l’exila à Éphèse. Dans le même temps, dominées par les Attalides de Pergame, les autres cités Anatoliennes prirent progressivement leur indépendance et des Tyrans s’emparèrent du pouvoir. Ces derniers furent ensuite chassés par Antiochos II qui redonna leurs libertés à toutes les cités.

 
   La fin du règne de ce Roi fut assombrie par de sanglantes luttes dynastiques qui opposèrent l’ex Reine Laodice I et son fils Séleucos II Kallinikos à la nouvelle Reine Bérénice II. Au cours de son séjour à Éphèse, Laodice I fomenta de nombreuses intrigues pour redevenir Reine. À la suite de l’assassinat de sa sœur Bérénice II, Ptolémée III Évergète I (246-222) envahit la Syrie et la Troisième Guerre Syrienne éclata (246-241), qui vit la victoire de l’Égypte et où la flotte Égyptienne balaya les côtes de l’Asie Mineure. La Carie devint alors possession de l’Égypte qui la garda de 263 à 197. Date où elle fut reconquise ainsi que toute l’Asie Mineure par le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187) qui céda quelques cités au contrôle des Rhodiens. Ce fut à cette période que les Séleucides entrèrent en conflit avec Rome.


 

Vue d’une partie d’Héraclée avec le lac Bafa
 


 

Vue d’une partie des ruines du sanctuaire

 
   Le Roi de Pergame Eumène II (ou Eumènès, 197-159) s’étant allié aux Romains dans ce conflit pour contrer l’expansion Séleucide en mer Égée, obtint à la victoire, par la paix d’Apamée, en 188, le contrôle d’une partie de l’Asie Mineure. La Carie se trouva dans la région nouvellement attribuée et resta sous la domination des Attalides jusque sous le règne d’Attalos III Philométor (ou Attale, 138-133). Lorsque celui-ci mourut sans enfant mâle, il légua son royaume à la République Romaine et l’Anatolie, dont la Carie, passa dans le monde Romain. Aristonicos (ou Aristonikos ou Aristonicus ou Eumène III ou Eumènès III, 133-129), second fils d’Eumène II, se servit d’Héraclée et de Bargylia comme base pour son insurrection pour récupérer son royaume.
 
   Il déclencha une révolte et afin de grossir les rangs de ses partisans, il essaya d’obtenir un soutien en promettant la liberté aux cités Grecques de la côte. Certaines villes se rallièrent à la révolte, mais d’autres par peur des Romains, ne voulurent pas apporter leur assistance. Aristonicos considérant qu’il était désormais le Roi légitime enleva de force ces résistantes. Puis il chercha de l’aide à l’intérieur de l’Asie Mineure avec la promesse de la liberté pour les esclaves et les serviteurs. Malheureusement pour lui tout cela sans succès, sa flotte fut anéantie à Kymé (ou Cyme) par celle d’Éphèse qui avait pris le parti des Romains, et les cités furent réincorporées à la Province Romaine d’Asie.
 

   La province fut placée sous la direction d’un Proconsul, dont l’une des résidences se trouvait à Éphèse. Dans le cadre de l’Empire Romain, le nom de Carie (ou Caria) fut encore utilisé pour la région géographique, mais le territoire administrativement appartenait à la province d’Asie. Pendant les réformes administratives du IVe siècle ap.J.C, cette province fut abolie et divisée en unités plus petites. La Carie devint alors une province distincte dans le cadre du diocèse d’Asie.
 
   Le Christianisme fut dans l’ensemble lents pénétrer et s’installer dans la région. Celle-ci ne fut d’ailleurs pas été visitée par Saint-Paul, et les seules premières églises semblent être celles de Laodicée (ou Laodicée Combusta) et Colosses (ou Chonae à la limite de la Phrygie, sur le Lycos) sur la frange extrême intérieure du pays, qui lui-même poursuivit ses coutumes païennes. Il semble que ce ne fut que lorsque le Christianisme fut officiellement adopté à Constantinople que la nouvelle religion fit de réels progrès en Carie.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la région voir les ouvrages de :
 
Ekrem Akurgal :
The early period and the Golden Age in Ionia, AJA 66, N°4, New York, Octobre 1962.
George E.Bean :
Turkey beyond the Maeander, Frederick A. Praeger, London, 1971.
Pierre Briant, Pierre Lévêque et Pierre Brûlé :
Le monde Grec aux temps classiques, Presses Universitaires de France, Paris, 1995.
Patrice Brun, Laurence Cavalier et Koray Konuk :
Euploia. La Lycie et la Carie antiques. Dynamiques des territoires, échanges et identités, Ausonius Publications, Pessac, 2013.
Ludwig Bürchner :
Karia, Pauly Realencyclopädie d’archéologie classique (RE), Volume X, 2, Stuttgart, 1919.
Anne Marie Carstens :
Karia and the Hekatomnids : The creation of a dynasty, Available from Hadrian Books, Archaeopress, Oxford, 2009.
Paul Cartledge :
The Greeks : Crucible of civilization, TV Books, New York, 2000.
Pierre Debord et Ender Varınlıoğlu :
Les hautes terres de Carie, Ausonius, Bordeaux, 2001.
Cités de Carie : Harpasa, Bargasa, Orthosia dans l’Antiquité, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2010. Olivier Henry :
– Tombes de Carie : Architecture funéraire et culture Carienne, VIe-IIe s. av.J.C, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2009.
Lars Karlsson et Susanne Carlsson :
Labraunda and Karia : Proceedings of the international symposium commemorating sixty years of Swedish archaeological work in Labraunda : The Royal Swedish Academy of Letters, History and Antiquities, Stockholm, November 20-21, 2008, Uppsala Universitet, Uppsala University Library, Uppsala, 2011.
Attilio Mastrocinque :
La Caria e la Ionia meridionale in epoca ellenistica (323-188 a.C.), L’Erma di Bretschneider, Rome, 1979.
Ülgür Önen :
Caria : Southern section of the western coast of Turkey, NET Turi̇sti̇k Yayinlar, Akademia, Istanbul, 1989.
Isabelle Pimouguet-Pédarros et Evelyne Geny :
Archéologie de la défense : Histoire des fortifications antiques de Carie (époques classique et hellénistique), Presses universitaires Franc-Comtoises, Paris, 2000.
Alexis Porcher :
Anatolie néolithique, Louvite, Hittite, Perse, Grecque : Carie, Lycie, Pamphylie, Cilicie, Editions Faton, Dijon, 2002.
Louis Robert :
Villes de Carie et d’Ionie dans la liste des théorodoques de Delphes, Editions de Boccard, Paris, 1947.

Louis Robert et Jeanne Robert :
La Carie : Histoire et géographie historique avec le recueil des inscriptions antiques, Librairie d’Amerique et d’Orient, Adrien-Maisonneuve, Paris, 1954.
Riet Van Bremen et Jan-Mathieu Carbon :
Hellenistic Karia : Proceedings of the first international conference on Hellenistic Karia, Oxford, 29 June-2 July 2006, Ausonius, Pessac, Bordeaux, 2010 – Diff. de Boccard, Paris, 2010.

 

 

L’Éolide

 

 
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Localisation  et  histoire

 
   L’Éolide (ou Æolis ou Éolie ou Aiolís ou Aiolia, en Grec : ‘Aολίς ou rarement Αολία, en Latin : Aeolia) fut le nom donné à la région comprenant plusieurs îles, Lesbos en particulier, et au littoral Ouest et Nord-ouest de l’Asie Mineure, entre la Troade et le fleuve Hermos (ou Hermus, aujourd’hui le Gediz) dans le golfe de Smyrne (aujourd’hui Izmir). Son territoire exacte n’est pas très précis et varia au fil du temps. On trouve généralement de l’entrée de l’Hellespont (aujourd’hui Dardanelles) dans le Nord à l’Hermos (Gediz) dans le Sud. Elle était bordée à l’Est par Lydie.

 

 
   On trouve souvent que l’Éolide et la Troade faisaient partie de la Mysie et par extension de l’Ionie pour les auteurs et ouvrages qui considèrent cette dernière comme la grande entité de l’Ouest de l’Anatolie. Ce fut dans cette région que vers le XIe siècle av.J.C. s’établirent les Éoliens venus de Thessalie, mais ce fut plus une enclave ethnologique et linguistique qu’une unité géographique. Vers le VIIIe siècle av.J.C, douze villes indépendantes de la région formèrent une Ligue (la Dodecapolis) : Kymé, Larissa, Neonteichos, Temnos, Cilla, Notion, Aegiroessa, Pitane, Aegae (ou Aïgaï), Myrina, Gryneion et Smyrne, la plus célèbre (aujourd’hui Izmir). En 688 (on trouve aussi 699) Smyrne intégra la Confédération Ionienne.
 
   Puis la région passa sous la domination des Rois de Lydie jusqu’à Crésus (ou Croesus ou Kroisos, 561-547), vers 556. En 541 l’Éolide fut conquise par le Roi Perse, Cyrus II (559-529). Puis à la chute des Perses devant le Roi de Macédoniens Alexandre le Grand (336-323) elle fut intégrée à son Empire. Elle fut à la mort de ce dernier et des guerres de succession pour la possession de son Empire très disputée et échue aux Séleucides jusqu’au règne du Roi Antiochos III Mégas (223-187).
 
   À la chute de ce dernier face à l’Empire Romain et au traité de la paix d’Apamée, en 188, le contrôle d’une partie de l’Asie Mineure, dont l’Éolide, fut attribuée aux Attalides de Pergame, alliés des Romains. Cet état dura jusque sous le règne d’Attalos III Philométor (ou Attale, 138-133). Lorsque celui-ci mourut sans enfant mâle, il légua son royaume à la République Romaine et l’Anatolie, dont l’Éolide, passa dans le monde Romain. Aristonicos (ou Aristonikos ou Aristonicus ou Eumène III ou Eumènès III, 133-129), second fils d’Eumène II, se servit d’Héraclée et de Bargylia en Carie comme base pour son insurrection pour récupérer son royaume, mais en vain. Peu de temps après, en 133 av.J.C, une partie de l’Eolide fut intégrée à la province Romaine d’Asie.  Dans la division de l’Empire Romain de 395 ap.J.C la moitié orientale fit partie de l’Empire Byzantin, et le resta jusqu’à la conquête par les Turcs Ottomans au début du XVe siècle.

 

Vue de l’agora de Smyrne

   

Les  villes  principales

 
   Au VIIIe siècle av.J.C., selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) les 12 villes principales Éolidiennes étaient :
Aegiroessa (En Grec : Αγιρόεσσα) dont on ne sait rien et qui n’a pas encore été localisée. Certains pensent dans l’île de Lesbos.
Aegae (ou Aïgaï ou Aigaiai, en Grec : Αγαί ou Αγααι, en Latin : Aegae ou Aegaeae, en turc : Nemrutkale ou Nemrut Kalesi) qui était située sur la crête du mont Gün Dağı, près du village Koseler, dans la province de Manisa, à environ 35 km au Sud de Pergame.
Cilla (En Grec : Κίλλα) qui était située au Nord du fleuve Caïque (ou Caecus ou Kaïkos, aujourd’hui Bakırçay) où il avait un sanctuaire d’Apollon.
Kymé (ou Cymé ou Kumê, en Grec : Κύμη) qui était située à 40 km au Nord de Smyrne.
Gryneion (ou Grynion ou Gryneia, en Grec : Γρύνειον) qui était située sur la côte près des villes modernes d’Aliağa et Yeni Sakran dans la province d’Izmir.
Larisa sur l’Hermos (ou Phriconis, en Grec : Λάρισα ou Λάρισσα) qui était située au Nord du cours inférieur de l’Hermos.
Myrina (En Grec : Μυρίνα) qui était située à environ 5 km. au Nord de la ville actuelle d’Aliağa dans la province d’Izmir.
Neonteichos (En Grec : Νέοντεχος), qui se trouvait non loin de la côte de Mysie, située entre l’Hermos et Larissa, dont elle était distante d’à peine 6 km.
Notion (En Grec : Νότιον) qui était située sur la côte à environ 50 km. au Sud d’Izmir sur le golfe de Kusadasi.
Pitane (En Grec : Πιτάνη) avec ses deux ports sur la côte de Mysie, qui est identifiée à Çandarlı aujourd’hui.
Smyrne (En Grec : Σμύρνη Smýrni, en Arménien : Իզմիր  Izmir, en Latin : Smyrna, en Espagnol : Esmirna, en Turc : Izmir) est identifiée à la ville actuelle d’Izmir. Elle est généralement classée en Ionie.
Temnos (ou Temnus, en Grec : Τμνος, en Latin : Temnus) qui était située à environ 4 km. au Nord-est de la ville actuelle de Görece, dans la province d’Izmir.
 
   Seules quelques-unes de ces villes ont fait l’objet de fouilles : Myrina, Larisa sur l’Hermos, Cymé. La plupart des vestiges architecturaux observés par les voyageurs et archéologues du XIXe et XXe siècles datent de la période Romaine.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la région voir les ouvrages de :
 
Hubert Gallet de Santerre :
Alexandre le Grand et Kymé d’Éolide, Bulletin de correspondance hellénique, PERSEE, 1947 – Éditions De Boccard, Paris, 1948.
Mogens Herman Hansen et Thomas Heine Nielsen :
Sout-westhern Aiolis et Mysia. Un inventaire des polis archaïque et classique, Oxford University Press. New York, 2004.
Alfonso Mele, Maria Luisa Napolitano et Amedeo Visconti :
Eoli ed Eolide : Tra madrepatria e colonie, Luciano, Napoli, 2005.
Giuseppe Ragone :
Archaiologiai : Tra Ionia ed Eolide, Luciano Editore, Napoli, 2007.
Jesse Russell :
Aeolis, Book On Demand Ltd, 2013.
Antonín Salač :
Inscriptions de Kymé d’Éolide, de Phocée, de Tralles et de quelques autres villes d’Asie Mineure, Thorin et fils, Paris, 1927.
Lucia Amalia Scatozza Höricht :
Kyme e l’Eolide da Augusto a Costantino : Atti dell’Incontro internazionale di studio Missione archeologica italiana : Napoli, 12-13 /12/2005, Luciano, Napoli, 2007.
Warwick William Wroth :
Catalogue of the Greek coins of Troas, Aeolis, and Lesbos, British Museum. Department of Coins and Medals, A. Forni, Bologna, 1964.

 

 

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