Les cités Ioniennes :
Priène
 

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 Pour plus de détails voir aussi les autres cités Ioniennes :  Chios, Clazomènes, Colophon, Éphèse, Érythrée, Lébédos,

Magnésie du Méandre, Milet, Myonte, Phocée, Samos, Smyrne, Téos

 

Sommaire
 

Localisation
L’histoire
L’archéologie et les monuments
      Les fouilles
      Les monuments
La société
      Le gouvernement
Bibliographie

Vue du temple
d’Athéna sur le
site de Priène

 

Localisation

 
   Priène (ou Priēnē, en Grec : Πριήνη, en Turc : Prien) était une ville d’Ionie, avec un port qui était autrefois sur la côte près de l’embouchure du Méandre, au pied du mont Mycale, à 25 kilomètres de l’ancienne Milet. Ce fut cette cité, ville portuaire, qui fut la Priène originelle, mais petit à petit, le fleuve combla le port qui perdit de son importance pour enfin disparaître. Cette situation de dépôts d’alluvions à l’embouchure causa des difficultés insurmontables pour l’environnement. La ville fut progressivement coupée de la mer par les dépôts, transformant la baie en lac insalubre. Les habitants assaillis par des essaims de moustiques et autres parasites des marécages furent contraints de déplacer la cité au fur et à mesure que les alluvions se déposaient et bouchaient l’estuaire du fleuve en direction de la mer Égée (vers l’Ouest), pour renouveler son utilité en tant que port.


 

Le temple d’Athéna au pied du mont Mycale

 
   La ville, visible aujourd’hui sur les pentes abruptes et escarpées et les terrasses du mont Mycale fut construite selon un plan qui date du IVe siècle av.J.C. Elle s’étendait jusqu’au niveau de la mer depuis une hauteur de 380 mètres au sommet de l’escarpement. La situation exacte de la toute première Priène n’est pas encore identifiée car il est supposé qu’elle se trouvait à l’endroit aujourd’hui occupé par des terres agricoles.
 
   La bonne connaissance de la moyenne des taux de comblement de l’embouchure servira à estimer la position de la ville au fil des siècles. La cité se trouve à proximité du village actuel de Gullubahce, dans la province d’Aydın (Turquie), à 15 kilomètres de la mer, soit environ neuf de plus que lors de sa création. Aujourd’hui, après plusieurs siècles de changements dans le paysage, il s’agit d’un site intérieur. Au IVe siècle av.J.C Priène était une ville portuaire en eau profonde avec deux ports sur la baie de Milet et un peu plus à l’Est se trouvaient les marais du Delta du Méandre.
  

   Pour plus de détails voir aussi : La carte d’Ionie

 

 

L’histoire…….

 


 

Le théâtre de Priène

   L’emplacement le plus ancien de la ville, découvert aujourd’hui, situe une occupation dès le IIe millénaire. Selon la tradition la cité fut vraisemblablement fondée au XIe siècle par des Ioniens dirigés par Æpytos (ou Ægyptus) un fils de Belus et petit-fils du 17e et dernier Roi d’Athènes, Codros (ou Kodros). D’autres sources donnent comme fondateurs des habitants d’Hélicé, d’Athènes ou encore de Thèbes. Puis, plus tard, Priène fit partie d’une confédération Ionienne regroupant douze cités : Chios (ou Chio ou Kios), Clazomènes, Colophon, Éphèse, Érythrée, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Samos et Téos. Smyrne (ou Izmir) fut ensuite rattachée à la confédération et Halicarnasse les rejoignit après avoir été chassée pour impiété de la sienne.
 
   Priène ne joua pas un rôle politique important, mais elle occupa une place prépondérante dans la confédération car, selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Livre XIV, 3), elle devint rapidement un important centre religieux. Elle accueillait en effet le Panionion, sanctuaire commun à tous les Ioniens, qui était situé à quelques kilomètres de la ville. On y trouvait aussi un temple dédié à Athéna et un à Déméter. La ville organisait également de somptueuses "fêtes Panioniennes" en l’honneur de Poséidon Heliconios. L’emplacement du sanctuaire n’a pas, à ce jour, été localisé. Au VIIIe siècle av.J.C elle dut subir les attaques des Cimmériens. Puis, celle du Roi de Lydie, Ardys I (ou Ardus ou Ardyssos I, 797-761). Comme petit à petit toutes les cités d’Ionie, elle passa vers 700 sous protectorat des Lydiens.
 
   Cette domination dura près d’un siècle et demi puisque après la défaite du dernier Roi Lydien, Crésus (ou Kroisos, 562-546 ou 561-547) devant le Roi Perse Cyrus II (559-529), les riches cités d’Ionie passèrent sous le contrôle des Achéménides. Priène se joignit ensuite aux autres cités Grecques lors de la grande révolte de 499 à l’origine des Guerres Médiques (499-479) et elle envoya 15 trières à la bataille de Ladé, à l’été 494, près de Milet. Elle fut cependant battue et soumise par les Perses ainsi que les autres cités de la coalition, ce qui lui valut d’être totalement détruite par le Roi Darius I (522-486) en représailles.
 


 

Autre vue du temple d’Athéna

   Ce ne fut qu’après les victoires sur les Perses des cités de la Grèce continentale : En 490 à Marathon, qui mit fin à la Première Guerre Médique, puis celles des batailles de Salamine, le 29 Septembre 480, et de Platées, le 27 Août 479, et du cap Mycale en Août (ou Septembre) 479, qui mirent fin à la Deuxième Guerre Médique (480-479), que les cités Ioniennes retrouvèrent leur liberté. Priène, comme les autres, fut débarrassée à ce moment de la tutelle des Perses. Cette liberté fut de courte durée car ce fut au tour d’Athènes, qui avait joué un rôle prépondérant dans la victoire, de tirer profit de la région avec en 478 la fondation de la Ligue de Délos, qui entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie de la cité sur la mer Égée et sa domination sur le monde Grec. Priène comme beaucoup de villes Ioniennes entra dans la Ligue, mais qu’à partir de 450.
 
   En 412, sur l’instigation d’Alcibiade (450-404), Priène se révolta avec d’autres cités Ioniennes. L’aventure fut de courte durée, l’Ionie fut ramenée à l’obéissance vers 411/410 par la cité Attique. En 407, le Sparte, Lysandre battit la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. Après sa victoire, toutes les cités restées fidèles à Athènes avant la bataille lui firent défection et se soumirent à Lysandre. En 404 l’hégémonie Athénienne n’exista plus et la Ligue de Délos fut dissoute. Les cités d’Ionie passèrent alors de nouveau sous la tutelle des Perses.
 
   En 395 le Roi de Sparte, Agésilas II (398-360) lança une campagne en Asie Mineure contre le Satrape Perse de Lydie et de Carie, Tissapherne (v.413-395). La campagne d’Agésilas II se solda par la libération des cités d’Ionie de la tutelle Perse, dont Priène. Elles subirent ensuite la domination de Sparte, mais pour un temps très court. Le climat politique était très tendu et en 387/386, Sparte menacée de tous côtés, conclut la paix d’Antalcidas ou paix du Roi avec les Perses et tous les Grecs. Elle acceptait la domination des Achéménides et leur céda des cités Grecques d’Asie Mineure. Après un sursaut de Sparte, en juillet 371, à la bataille de Leuctres la suprématie Spartiate sur le monde Égéen fut définitivement terminée. L’hégémonie du vainqueur, Thèbes qui s’ensuivit n’eut que peu d’impact sur le monde Anatolien. Les Perses, profitant du cahot du monde Grec, reprirent possession de l’Ionie. Leurs nouvelles dominations, physique et politique, sur les cités furent similaires à celles qui précédaient les Guerres Médiques, en particulier sur les très lourds impôts. Priène, toutefois, s’en sortit relativement bien et devint presque une colonie Perse.


 

Le Prytaneion de Priène

 
   Vers 350, elle passa sous le contrôle d’un allié des Perses, le souverain d’Halicarnasse Mausole (ou Maussollos, 377-353) qui décida de la reconstruire sur le même plan que Milet, un plan hippodamien. Il voulait une magnifique ville sur les pentes du mont Mycale où il espérerait construire un port en eau profonde. Le début de l’ère Hellénistique avec la conquête de l’Anatolie par le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323), après sa victoire du Granique, ouvrit une période de refondation de la cité, dégagée des influences Perses. En 334, Alexandre se rendit à Priène où, avec l’or du Pactole, il fit une offrande pour la construction d’un grand sanctuaire en l’honneur d’Athéna, alors qu’il assiégeait la cité de Milet non loin de là. Le temple lui sera plus tard dédié.
 
   Les citoyens les plus importants de la cité ne tardèrent pas à lui emboîter le pas et investirent dans la construction. La plupart des bâtiments publics de la cité furent construits avec des fonds privés et portent les noms des donateurs. Après la mort d’Alexandre en 323, l’Asie Mineure fut disputée entre les différents Diadoques, mais resta au début en grande partie Macédonienne. Cependant, en 301, après la bataille d’Ipsos, en Phrygie, contre Antigonos I Monophtalmos (306-301), Priène tomba sous la domination du Roi de Thrace, Lysimaque (322-281). En 284, Lysimaque dut se heurter à une confédération de cités d’Ionie lorsqu’une partie de l’Asie Mineure se rebella, suite à l’exécution par le Roi de son propre fils. Son principal, rival qui soutenait les cités, fut le Roi Séleucide Séleucos I Nikâtor (305-280). En 283, une querelle frontalière, autour de la cité de Dryussa, opposa Priène à Samos, mais personne ne sortit vainqueur. Séleucos I était en guerre contre Lysimaque et en Février 281, à la bataille de Couroupédion (ou Corupedion ou Curupedion, en Lydie), Lysimaque fut vaincu et tué. Ses territoires d’Asie Mineure, devinrent alors possession Séleucide, ils le restèrent jusqu’en 190 à la bataille de Magnésie du Sipyle.
 


 

Autre vue du théâtre

   En 277, Priène subit l’invasion des Galates qui entraîna beaucoup de destructions dans la cité. Bien que puissance dominante, les Séleucides n’avaient pas entièrement la main mise sur l’intégralité de l’Asie Mineure et Priène se retrouva au centre des conflits d’influences et d’intérêts entre : Les Séleucides à l’Est, les Rois de Pergame au Nord et les Ptolémée d’Égypte au Sud. Le Roi de Pergame, Eumène II (ou Eumènès, 197-159) s’étant allié aux Romains pour contrer l’expansion Séleucide vers la mer Égée, obtint après la victoire, par la paix d’Apamée en 188, le contrôle d’une partie de l’Asie Mineure. Priène se trouva dans la région nouvellement attribuée et resta sous la domination des Attalides jusque sous le règne d’Attalos III Philométor (ou Attale, 138-133).
 
   En 155 av.J.C, La ville fut attaquée et incendiée par le Roi de Cappadoce, Ariarathès V Eusèbe Philopator (163-130), désireux de s’emparer du trésor de la cité. Les accords de 196 et de 188 visant à régler le conflit frontalier avec Samos devinrent inefficaces et le conflit reprit. Ce ne fut que par l’intervention d’un tribunal Romain, en 135, que Priène obtint gain de cause, puisque la cité de Dryussa lui fut attribuée. Lorsqu’Attalos III mourut sans enfant mâle, il légua son royaume à la République Romaine et l’Anatolie, dont Priène, passa dans le monde Romain. La cité connut ensuite une période de troubles liés à la piraterie, très répandue à cette époque. Elle retrouva sa tranquillité à la fin du Ier siècle ap.J.C, sous le règne de l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C). Mais, coupée de son accès à la mer, après que le bras qui la reliait au Méandre ait disparu, la cité perdit peu à peu de son attrait commercial et commença à décliner victime une nouvelle fois de l’envasement. Toutefois, bien qu’elle perdit bon nombre d’habitants qui rejoignirent Milet, on enregistre encore une certaine activité. À l’époque Byzantine, elle devint une cité épiscopale. Elle fut complètement désertée au milieu du Moyen Âge.

 

L’archéologie  et  les monuments
 

Autre vue du théâtre

 

Les fouilles

 
   Les ruines de la ville sont généralement reconnues pour être le plus spectaculaire exemple d’une ancienne ville Grecque intacte, mise à part les outrages du temps. Elle fut construite à proximité de carrières de marbre sur le mont Mycale et des forêts qui servirent pour des éléments tels que les toits et les planchers. Les ruines, réparties en terrasses successives, firent l’objet de fouilles de la part de missions Anglaises de la Society of Dilettanti en 1765 et 1868. Tout ce qui a été mis au jour est aujourd’hui au British Museum. D’autres furent également soigneusement menées par l’égyptologue Allemand Theodor Wiegand en 1895, 1899 et début du XXe siècle par de nouvelles équipes Allemandes.
 
   Les pièces mises au jour sont maintenant visibles au musée de Berlin. La ville fut reconstruite sur un nouveau site au cours du IVe siècle av.J.C et fit l’objet d’un aménagement selon un plan rectangulaire, en damier dit "plan hippodamien". La zone escarpée faisait face au Sud et l’acropole dominait la cité à une hauteur de 200 m. La ville était ceinte d’un mur de 2 m. d’épaisseur, avec des tours à intervalles réguliers.
 
   La cité possédait 3 portes principales et 6 grandes rues de 6 mètres de large la desservaient selon un axe Est-ouest. L’agora était traversée par une des rues principales. Le quadrillage se faisait par 15 rues plus petites, d’environ 3 mètres de large, à angle droit et régulièrement espacées, délimitant un ensemble de 80 pâtés de maisons (ou insulæ). Chaque pâté (ou Insula) possédait 8 maison privées. Les maisons présentent de nombreuses ressemblances avec les plus anciennes villas de Pompéi. On distingue encore très bien les systèmes d’arrivée et d’écoulement des eaux.

 

Les monuments

 
   Priène comprenait des monuments d’une rare qualité, dont on peut admirer les vestiges aujourd’hui, notamment :
 
Le temple d’Apollon et le sanctuaire de Déméter qui se trouvait sur les basses pentes de l’acropole.
 


 

Siège dans le théâtre

Le gymnase supérieur qui se trouvait à 36 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il était équipé de bains Romains.
 
Le théâtre qui date du IVe siècle, mais qui fut réaménagé au IIe siècle. Il est relativement bien conservé. Il pouvait accueillir 5.000 personnes et était utilisé pour les spectacles mais aussi pour les réunions politiques. Cinq fauteuils au premier rang qui furent aménagés pour les cinq plus importantes personnalités de la cité sont encore visibles. On y a mis au jour une clepsydre (Horloge à eau) qui mesurerait le temps de paroles des orateurs. Un autel situé dans l’orchestre permettait de faire des offrandes au Dieu Dionysos.
 
Le temple d’Athéna Polias, qui se trouvait dans la moitié occidentale de la ville, sur une grande terrasse au Nord de la rue principale, était accessible par un magnifique escalier. Le temple fut construit vers 350 av.J.C par Pythis (ou Pytheos ou Pythius) qui fut l’un des architectes du Mausolée d’Halicarnasse. C’était le plus ancien et le plus important de la ville. Il fut construit entièrement en marbre sur le point le plus élevé de l’acropole. Ses dimensions étaient de 38 mètres de long sur 20 mètres de large.
 
   Il possédait 11 colonnes Ioniques sur les côtés et 6 aux extrémités. Il n’en reste aujourd’hui que 5 debout. Il s’ouvrait vers l’Est et abritait une grande statue de 7 mètres de hauteur de la Déesse Athéna. Sous la base de la statue ont été mis au jour en 1870 des tétradrachmes en argent, ainsi que des bijoux, probablement cachés là lors de l’attaque de la cité par le Roi de Cappadoce, Ariarathès V Eusèbe Philopator (163-130).
 
Le Bouleutêrion, au Nord de l’agora, date de vers 200 av.J.C. C’était le siège de l’assemblée des citoyens et du conseil de ville. Ressemblant à un petit théâtre il pouvait accueillir 640 personnes sur des gradins disposés sur trois de ses côtés. Ses dimensions étaient de 21 m. x 20 m. et il était recouvert d’un toit à charpente en bois. La tribune des orateurs, creusée dans le mur a disparu, mais l’autel est encore présent, il est orné de reliefs sur les trois côtés avec des têtes de taureaux.
 


 

Le Bouleutêrion de Priène

Des temples dédiés à la Déesse Égyptienne, Isis ; au Dieu Grec de la médecine, Asclépios et au Dieu Zeus Olympien.
 
Au Sud, au point le plus bas de la cité, mais tout de même à l’intérieur des murs, se trouvait un grand stade, lié à un gymnase datant de l’époque hellénistique.
 
Le Prytaneion qui fut le bureau de l’autorité civique, avait une cour avec des chambres ouvertes. Il fut modifié à l’époque Romaine. Une table de marbre et d’un bassin d’eau peuvent être vue dans la cour et dans l’une des chambres se trouve un grand foyer, peut-être le foyer d’une flamme citoyenne éternelle.
 
L’église (ou basilique) qui se trouve au Sud du théâtre. Elle possède un hall d’entrée en marbre avec un balcon, deux escaliers (ambon) et une abside. Une grande partie des pierres fut réutilisée pour la construction d’autres bâtiments. Les autres parties de l’église et le chœur sont d’époque Byzantine.
 
La maison d’Alexandre le Grand qui est appelée ainsi parce que le souverain Macédonien l’aurait occupé en 334 durant le siège de Milet. Elle fut par la suite transformée en sanctuaire accessible seulement à des fidèles habillés de blanc. On y a mis au jour une statue d’Alexandre et un autel.
 
L’agora, qui fut créée au IIIe siècle av.J.C, fut reconstruite en 125 av.J.C par le Roi de Cappadoce Ariarathès VI Épiphane Philopator (130-111) qui y fit rajouter des statues de marbre et de bronze. Elle était traversée par une des rues principales et au centre se trouvait des portiques doriques, un autel y était consacré au Dieu Hermès. Sur le côté Est avait été érigé au IIIe siècle av.J.C, un temple dédié au Dieu Zeus Olympien.

 

La rue de la porte Ouest Ruines du gymnase
supérieur
Autre vue du
temple d’Athéna
Mur du gymnase supérieur Détail d’une frise de l’église

 

La société,  le gouvernement

 
   Entre l’océan et le mont Mycale les ressources agricoles de la ville étaient limitées, bien que le territoire de la cité devait probablement inclure une partie de la vallée du fleuve. Priène fut donc une petite cité-État de seulement 6.000 personnes qui vivaient dans cet endroit assez limité. La densité de la population dans son quartier résidentiel a été estimée à 166 personnes par hectare, qui vivaient dans environ 33 maisons par hectare (13 par acre) disposées en blocs compactes. L’ensemble de l’espace à l’intérieur des murs ne devait pas offrir beaucoup de place pour la vie privée.


 

L’église (ou basilique) au Sud du théâtre

 
   Tous les bâtiments publics se trouvaient à une courte distance de marche l’un de l’autre, sauf que cette marche devait avoir un caractère sportif en raison de la composante verticale de la distance. Priène jouit cependant d’une grande richesse grâce à son commerce maritime avec l’Ionie. De ce fait les maisons des notables de la ville se parèrent de marbre. Un tiers d’entre elles avaient à l’intérieur des toilettes, une rareté dans une société généralement dotées de toilettes publiques placées en plein air. Ces notables participèrent à la construction ou reconstruction des monuments de la cité, comme en témoignent les dédicaces qu’ils y laissèrent. Chacune des maisons possédait une arrivée d’eaux provenant directement des sources du mont Mycale et des canalisations pour l’écoulement des eaux usées ainsi que des fontaines. Dans les cités Grecques les fontaines à l’extérieur étaient très fréquentes, mais à l’inverse elles furent rares à l’intérieur des demeures. Priène fut la ville natale de Myron, historien du IIIe siècle, auteur d’une histoire des Guerres de Messénie et du philosophe Bias (VIe siècle) l’un des Sept Sages de l’Antiquité.

 

Ruines d’une maison époque Romaine

 

Le gouvernement

 
   Au début de l’histoire de Priène, au IVe siècle av.J.C, le gouvernement de la ville fut une démocratie. L’autorité de l’État résidait dans un organisme appelé le Priēneis (En Grec : Πριηνείς  "le peuple Priènien") qui publiait tous les décrets et autres documents publics en son nom. Les pièces de monnaie frappées à Priène montrent une tête casquée d’Athéna sur une face et le Méandre sur l’autre côté. Des pièces avec l’affichage d’un dauphin ont également été trouvées. Le mécanisme de la démocratie à Priène était similaire, mais plus simple, à celui des Athéniens qui avaient, il est vrai, une population beaucoup plus nombreuse. Une assemblée de citoyens se réunissait régulièrement pour prendre des décisions importantes.
 
   Le quotidien des affaires législatives et exécutives était réalisé par une Boulé (ou conseil de la ville), qui se réunissait dans le Bouleutêrion. Le fonctionnaire chef de l’État qui en était élu était le Prytane (οï πρυτάνεις). Il exerçait un rôle politique central, mais son pouvoir était limité. Il assumait les missions d’organisation et d’encadrement du fonctionnement des institutions. Plus spécialisés que les magistrats ils étaient élus périodiquement. Comme à Athènes l’ensemble de la population n’était pas affranchi. Par exemple, les droits de propriété et l’imposition pour les non Prièniens vivants dans les campagnes, les Pedieis, étaient différents et définis par des lois spéciales.

 

Emplacement du sanctuaire
aux Dieux Égyptiens
Autre vue du sanctuaire Autre vue du Bouleutêrion Vue du mur d’enceinte

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Suzan Bayhan :
Priene, Miletus, Didyma, Keskin Color Kartpostalcilik, Matbaasi, 1994.
Joseph Coleman Carter :
The sculpture of the sanctuary of Athena polias at Priene, Society of Antiquaries of London in association with British Museum Publications, Distributed by Thames and Hudson, London, 1983.
Olivier Curty :
La querelle territoriale entre Samos et Priene : (le N°37 des “Inschriften von Priene”), Fribourg, 1987.
Sviatoslav Dmitriev :
City government in Hellenistic and Roman Asia Minor, Oxford University Press, Oxford, New York, 2005.
Kleopatra Ferla, Fritz Graf et Athanasios Sideris :
Priene, Foundation of the Hellenic World, Athènes, Center for Hellenic Studies, Trustees for Harvard University, Washington D.C., Distributed by Harvard University Press, Cambridge, 2005.
Rolf Oskar Hubbe :
Public service in Miletus and Priene in Hellenistic and Roman imperial times, University Microfilms International, Ann Arbor, 1953.
Friedrich Hiller :
Inschriften von Priene, Reimer, Berlin 1906.
Edward Lee Hicks :
Priene, Iasos and Ephesos, Cisalpino, Milan, 1978.
Elizabeth V.Johnston :
Priene : The foresight of the 4th-century B.C. architect, Graduate School of Arts and Sciences, University of Pennsylvania, 1990.
Kurt Regling et Heinrich Dressel :
Die münzen von Priene, Staatliche Museen zu Berlin, H. Schoetz & Co., Berlin, 1927
Frank Rumscheid, Wolf Koenigs et Harald Hauptmann :
Priene : Führer durch das “Pompeji Kleinasiens”, Deutsches Archäologisches Institut. Abteilung Istanbul., Ege Yayinlari cop., Istanbul, 1998.
Félix Sartiaux :
Villes mortes d’Asie Mineure : Pergame, Éphèse, Priène, Milet, le Didymeion, Hiérapolis, Hachette & Cie, Paris, 1911.
Martin Schede, Gerhard Kleiner et Wolfram Kleiss :
Die ruinen von Priene; kurze Beschreibung, De Gruyter, Berlin, 1964.
Anne Schumacher, Jens Misiakiewicz et Wolf Koenigs :
Priene, Lehrstuhl für baugeschichte, historische bauforschung und denkmalpflege (München, Allemagne), Philipp von Zabern, Mainz, 2007.
Ahmet Sinanoglu :
Didyme, Milet, Priène, Hakan Ofset, cop., 1995.
Gürol Sözen, Zeynep Sözen, Ali Konyali et Münir Ekonomi :
By the waters of the Maeander Priene, Miletus, Didyma, Yaşar Education and Cultural Foundation, Istanbul, 2003.
Gorham Phillips Stevens :
The volute of the capital of the temple of Athena at Priene, American Academy in Rome, Bergame, 1931-1956.
Cemil Toksöz :
Ancient cities of western Anatolia : Priene, Miletus, Didyma, Aphrodisias, Zafer Ofset Reprodüksiyon, Istanbul, 1974 – Hankur Matbaacilik, Istanbul, 1986.
Denis van Berchem :
Alexandre et la restauration de Priène, Museum Helveticum, Vol. 27, Fasc. 4, 1970.
Armin von Gerkan :
Das theater von Priene als einzelanlage und in seiner bedeutung für das hellenistische bühnenwesen, Verlag für Prakt, Kunstwiss, München, Leipzig 1921 – F. Schmidt, München, Berlin, 1921.
Theodor Wiegand et Hans Schrader :
Priene. Ergebnisse der ausgrabungen und untersuchungen in den jahren 1895–1898, Reimer, Berlin 1904.

 

 
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