Le  calendrier 
 

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Sommaire
 

Définition
Tableau
Comment se présentaient les dates
Comment se mesurait le temps
La fête d’Opet
La fête Sed
Bibliographie
 

 

 

Définition  

 

  Deux hypothèses divisent les spécialistes sur la chronologie des calendriers Égyptiens. La première, celle entre autres de l’égyptologue Richard Anthony Parker (Que nous avons retenu) est que deux calendriers ont cohabités, le calendrier lunaire et un calendrier basé sur les saisons. L’autre hypothèse voudrait qu’ils se soient succédés (Le premier étant le lunaire).
 
   Le peuple d’Égypte, comme beaucoup de civilisations, utilise d’abord un calendrier lunaire. L’année y est divisée en 12 mois, mais la durée d’un mois étant de 29,5 jours, ceux-ci pouvaient avoir alternativement 29 ou 30 jours et deux lunaisons consécutives étaient associées pour constituer "l’année". Ce calendrier est assez vite mis de coté au profit d’un autre, basé sur le retour des saisons et ne devint progressivement plus qu’un calendrier rituel, qui marquait certaines fêtes religieuses. Une des charges importantes des prêtres allait être de synchroniser les dates des cérémonies religieuses du culte lunaire, avec celle du calendrier des saisons.
 
   Les Égyptiens, on pense aux environ du Ve millénaire (4236 est la date souvent avancée) s’aperçurent que le début de la crue du Nil et des inondations, correspondait avec le lever héliaque de l’étoile Sothis (ou Sirius, Sothis est le nom Grec de la Déesse Égyptienne, Sopdet ou Sôpdit) qui a lieu le 19 juillet selon le calendrier actuel. Ils calquèrent ainsi leur calendrier sur les cycles du Nil, qui convenait mieux à ce peuple d’agriculteurs, c’est pour cela que l’on parle aussi de calendrier nilotique.
 
   Il décidèrent de fixer le début de l’année au premier jour du premier mois de la saison Akhet (À peu près au début des crues). L’année du calendrier nilotique est composée de 365 jours (360 + 5) de 24 heures et de 3saisons (les tétramères) de 4mois. Les saisons portaient des noms, par contre, ni les jours ni les mois n’étaient nommés. Ils portaient leur numéro : 1-2-3-4 dans la saison et de 1 à 30 dans le mois, pour les jours. Ce fut seulement à la Période Ptolémaïque (305-30) que les mois prirent le nom que l’on utilise aujourd’hui (Noms ci-dessous) avant cette période les Égyptiens disaient donc juste, mois 3 de la saison Akhet ou mois 4 de la saison Peret.
 
   Chaque mois a 30 jours est découpé en 3 périodes de 10 jours, que l’on appelle, décades. Pour un mois, on compte donc la première, la deuxième et la troisième décade. Tout cela ne fait que 360 jours, les 5 jours manquants, à l’année, sont ajoutés à la fin du calendrier, après le dernier jour de la saison Shemou (On en comptera 6 à l’Époque Romaine). Ils sont appelés jours épagomènes (du Grec : επαγομενα nμερα, jours supplémentaires) et sont considérés comme les jours de naissance des 5 principaux Dieux : Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephtys. Dans le calendrier Julien, ces cinq jours correspondent aux 14, 15, 16, 17 et 18 juillet. Le lever héliaque de Sothis a lieu de nos jours début août (Voir l’étude de Raymond Weill), s’il fallait que les Égyptiens, reconçoivent aujourd’hui un calendrier il y aurait dissociation entre la crue du Nil (Liée aux moussons sur les hauts plateaux Abyssins) et le lever héliaque de Sirius (cf. Raymond Monfort)

 

L’Année 
(Renpet)
Le Mois 
(Abed)
Le Jour 
(Herou)

 

  Le Décan 1ère  Décade

 

  2ème Décade 3ème Décade

 

Le tableau

 
AKHET
 
(Automne)
 

(3xt)
Saison des crues
19 Juillet au 17 Août Thot
ou Thout
+Hwtj
Djehouty
18 Août au 16 Septembre Phaôphi
ou Paophi
PA-n-Jpt
Pa-en-Ipet
17 Septembre au 16 Octobre Athyr
ou Hathor
@w.t-Hr
Hout-hor
17 Octobre au 15 Novembre koiak
ou Khoiak
ou Choeac
KA-Hr-kA
Ka-her-ka

 
PERET
 
(Hiver)
 

(prt)
Saison de la croissance
16 Novembre au 15 Décembre Tybi
ou Ta-abet
&A-abt
Ta-abet
16 Décembre au 14 Janvier Mekhir
ou Méchir
mxr ou  mjxr
Mecher ou Macher
15 Janvier au 13 Février Phamenoth
ou Phamenith
PA-n-Jmnhtp
Pa-en-Amenhotep
14 Février au 15 Mars Pharmouti
ou Pharmouthi
PA-n-Rnnwtt
Pa-en-Rénénoutet

 
SHEMOU
 
(Été)
 

(^mw)
Saison des moissons
16 Mars au 14 Avril Pakhon
ou Pachon
PA-n-xnsw
Pa-en-Khonsou
15 Avril au 14 Mai Payni
ou Paoni
PA-n-jnt
Pa-en-inet
15 Mai au 13 Juin Epiphi
ou Ipip
Jpjp
Ipip ou Ipiph
14 Juin au 13 Juillet Mesore
ou Mésori
Mswt Ra-w-Hr w-Ax.tj
Mesout Rê-Harakhte
Jours
 
Épagomènes
14 Juillet 1er    Jour Osiris
15 Juillet 2ème Jour Horus
16 Juillet 3ème Jour Seth
17 Juillet 4ème Jour Isis
18 Juillet 5ème Jour Nephtys

 

Comment se présentaient les dates

 
  Voici un exemple d’une manière possible d’écriture d’une date royale, d’un document administratif, elle se présenterait de la manière suivante : Année du Roi, Mois, Saison, Jour. Le texte en hiéroglyphes serait :
 
              Ce qui donnerait le texte suivant : An 17 du Roi, 1er mois de la saison Shemou, 20e jour.
 
  Prenons un autre exemple, celui se référant à une rébellion en Nubie durant le règne du Roi Thoutmosis II, l’inscription débute ainsi :
 
              La date indiquée est la suivante : An 1 (de Thoutmosis II), 2e mois de la saison Akhet, 7e jour.
 
   L’année Égyptienne de 365 jours, étant différente de l’année solaire (Année de Sothis) de 365.25 jours, tous les 4 ans le calendrier prenait une erreur d’1 jour. Le lever héliaque de Sirius, au lieu d’être toujours le 1er de Thot avait lieu : Le 2 au bout de quatre ans, le 3 à la huitième année etc… Les prêtres Égyptiens s’en rendaient compte et c’est pourquoi le début de la nouvelle année pouvait être mobile. Tous les 1460 ans, tout rentre dans l’ordre, il y a de nouveau concordance entre les deux calendriers, le lever héliaque de Sothis coïncide avec le premier jour de la saison Akhet.
 
   Cette période de 1460 ans est appelée période sothiaque, elle permet d’établir une chronologie de l’histoire pharaonique, car les Égyptiens ignoraient "la datation absolue". Sous le règne des premières dynasties le système de calcul des années était mal connu, n’importe quel événement important était un point de départ d’une nouvelle année. C’est seulement avec le Nouvel Empire que le début d’une nouvelle année sera en accord avec le commencement d’un nouveau règne. Deux textes Égyptiens basés sur l’année Sothis, sont le fondement de la chronologie conventionnelle de l’Égypte. Ces deux documents sont : Une lettre datant de la XIIe dynastie (1991-1783) trouvée à El-Lahun, écrite le jour 16, du mois 4, de la saison 2, dans l’année 7 du règne de Sésostris III (1878-1843) et d’un papyrus médical de Thèbes de la XVIIIe dynastie (Papyrus Ebers), écrit le jour 9, du mois 3, de la saison 3, de l’année 9 du règne d’Amenhotep I (1525-1504, Aménophis I).

 
   À partir de ces dates, les égyptologues ont pu extrapoler un ensemble de dates absolues pour toute la période pharaonique, sur la base des durées de règne des autres Rois. Le problème est que l’on ne peut être absolument certain des dates absolues citées ci-dessus. Pour faire une datation précise il nous faudrait connaître l’endroit (ou les endroits) où les observations astronomiques ont été faites. Il est supposé aujourd’hui, par quelques spécialistes, que ces observations ont été faites à Memphis ou peut-être, Thèbes, mais d’autres avancent Éléphantine. Si l’on parcoure plusieurs livres d’histoire sur la  civilisation Égyptienne, on constate donc chaque fois, que la chronologique des Rois et la datation de leur règne ne font pas l’unanimité entre tous les égyptologues.
 
   Certains placent le début du règne du premier souverain en 3150 ou 3100, d’autres en 3080, ou encore en 3050 etc. Soit plus d’un siècle d’écart ! De ce fait, on retrouve les mêmes écarts pour plusieurs dynasties, écarts qui, comme vous pourrez le voir, sont parfois importants. La principale difficulté des historiens est de faire coïncider la datation des anciens Égyptiens et la nôtre. Nous sommes bien en possession de listes royales (voir ci-dessous) qui nous fournissent quelques indications sur les Rois et leur règne, mais ces documents sont très incomplets. Il y a beaucoup de manques dans les informations chronologiques. Il est de ce fait très difficile de faire une reconstitution précise. Un exemple, le document qui ratifie le traité conclu entre Ramsès II (1279-1213, XIXe dynastie) et les Hittites, qu’il est coutume, entre spécialistes, de dater de 1257, commence en fait ainsi : L’an 21, jour 21 du premier mois Peret, sous la Majesté du Roi de Haute et de Basse-Égypte, Ousermaâtrê Setepenrê ……

 

  Nous avons retenu pour ce site les dates de règne ou de période les plus souvent rencontrées.           

Idem pour les autres régions : Asie mineure, Grèce, Mésopotamie, Perse, Palestine ou pour le dictionnaire.
 
Pour la partie Égypte j’ai mis en surimpression ma datation, avec le nom des égyptologues qui proposent (lorsque c’est le cas) les mêmes dates. Vous trouverez aussi d’autres propositions de dates (lorsqu’on les rencontre plus d’une fois) avec le nom de l’égyptologue qui les donne (Lorsque celui-ci est connu). Ex : Pour le Pharaon Toutânkhamon.

  DATES  de  RÈGNE
    1336/35-1327
  N.Grimal, J.Malek, I.Shaw
1355-1346  D.B.Redford
1348-1339  R.A.Parker
1348-1338  D.Arnold
1347-1339  A.H.Gardiner
1347-1338  E.Hornung
1347-1336  A.Eggebrecht
1343-1333  A.M.Dodson
1340-1331  C.Aldred, K.A.Kitchen
1335-1326  P.Vernus, J.Yoyotte
1334-1325  J.Kinnaer, P.A.Piccione
1334-1324  E.F.Wente
1333-1323  J.R.Baines, S.Quirke
1333-1319  J.von Beckerath
1332-1323  R.Krauss
1332-1322  W.J.Murnane
1321-1311  D.Sitek
1319-1309  H.W.Helck

 

Comment se mesurait le temps

 
   C’est très souvent que l’on entend que ce fut les Égyptiens qui inventèrent les horloges ?. Ce qui est sûr c’est que très tôt ils cherchèrent à calculer le temps, à établir des calendriers, à calculer les années, les mois, les semaines, les jours. Siècle après siècle, ils réussirent à créer des instruments qui ne cessèrent d’évoluer. Comme dit plus haut, dans l’ancienne Égypte, l’année était divisée en 3 saisons de 4 mois de 30 jours, soit 3 semaines (ou décades) de 10 jours. Au total, une année se décomposait en 36 décades soit 360 jours. À cela se rajoutaient 5 jours supplémentaires, les jours dits Épagomènes. Soit une année de 365 jours.
 


 

Horloge à ombre complète – Musée du Louvre

   En fait il semblerait que ce soit en Mésopotamie qu’apparut pour la première fois la segmentation de la journée en 24 heures. Les Babyloniens inventèrent l’idée qu’une heure équivaut à 60 minutes, et plus précisément ce sont les Égyptiens qui inventèrent la division de la journée en 12 heures du jour et 12 heures de nuit, division qui fut un des grands principes de leur civilisation. On retrouve cette symbolique dans certains temples (24 colonnes pour les 24 heures) et surtout dans plusieurs livres sacrés.
 
  Les Égyptiens comprirent aussi très vite qu’il y avait une fluctuation selon la saison. Durant l’été, la journée était plus longue, la nuit plus courte, et inversement en hiver, les solstices étant les deux extrêmes. Comme le précise Ian Shaw, afin de mesurer cette fluctuation, ils n’inventèrent pas l’heure de 60 minutes, mais ils utilisent un concept particulier, “le moment“, qui n’a pas de longueur, ou de durée, précise.
 
   Les recherches et les ouvrages égyptologiques parlent très peu, ou très rapidement, de la mesure du temps et des horloges. Deux des plus grands spécialistes sont Ian Shaw et Marshall Clagett. En 2013, Anne-Claire Salmas publiait un article scientifique, “la mesure du temps de la journée". Les Égyptiens utilisèrent plusieurs types d’horloges : Clepsydre, horloge à ombre, cadrans solaires. Il est cependant difficile de dresser une chronologie précise de ces instruments qu’ils désignaient par le mot : mrhyt  mrhyt. Mais il pouvait aussi désigner un élément d’un instrument de mesure.
 
          Les clepsydres
   Un scribe dénommé Amenemhat affirmait avoir inventé la clepsydre (ou horloge à eau). Il vécut au début de la XVIIIe dynastie sous Amenhotep I (ou Aménophis, 1525/24-1504) et Thoutmosis I (1504-1492). Dans sa tombe, à Sheikh Abd el-Gourna découverte en 1885, un texte de 16 colonnes décrit cette invention. Cependant, le plus ancien fragment connu de clepsydre, mis au jour à Karnak en 1904, date du règne d’Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52). Elle consistait en une vasque de 36 cm. de haut, en albâtre, gravée de textes et de marques sur les deux faces extérieure et intérieure. L’objet avait une forme de cône, ouvert sur le dessus avec un petit trou percé pour l’écoulement de l’eau. Un élément métallique était peut être inséré dans cet orifice. La paroi intérieure était gravée de 12 sections pour les 12 mois de l’année, et pour chaque mois, des graduations pour les heures de la nuit. Ces graduations variaient avec les mois. Ainsi, la plus grande échelle horaire marquait le solstice d’hiver, alors que le solstice d’été était plus court. L’horloge était utilisée la nuit pour déterminer l’heure. Un officiant la remplissait d’eau au coucher du soleil. Il existe en réalité deux types de clepsydres : Celles que l’on remplit d’eau et celles où l’eau tombe dedans pour marquer les heures. Un récipient rempli d’eau est placé au-dessus d’un second, vide. L’eau s’écoule d’un premier, dans le second. En Grèce et à Rome, ce modèle d’horloge est assez commun. En Égypte, nous n’en connaissons qu’un unique exemplaire, découvert en 1901 par Gaston Maspero durant des fouilles à Edfou.

 


 

Autre horloge à ombre – Musée du Louvre

          Les horloges à ombre
   Si la clepsydre servait aux heures nocturnes, les Égyptiens calculaient les heures diurnes avec des horloges à ombres. L’origine de ces horloges demeure incertaine. Les prophéties de Néferti datant du Moyen-Empire (2022-1650) évoqueraient la mesure du temps par des ombres ce qui pourrait correspondre à l’usage d’une horloge à ombre. Cependant, aucune preuve archéologique n’a jusqu’à présent prouvé cette hypothèse, ni aucun autre texte. Le premier texte connu décrivant une horloge à ombre et son fonctionnement fut mis au jour dans l’Osireion de Séthi I (1294-1279) à Abydos avec la représentation précise des éléments la constituant. Le plus ancien exemplaire connu date du règne de Thoutmosis III (1479-1425).
 

 

   Plusieurs exemplaires, complets et fragmentaires sont visibles dans plusieurs musées. Différents modèles existent. Le principe de fonctionnement est très simple, l’ombre portée sur les graduations de l’instrument détermine le temps passé (et donc une heure) depuis le lever du soleil. Au musée du Louvre, plusieurs exemplaires sont visibles. Deux types sont exposés :
– Une longue règle graduée de 5 marques, dotée d’une partie amovible plus haute, percée d’un trou pour y fixer un fils à plomb afin d’assurer le parfait niveau de l’horloge
– Un modèle plus important comportant une barre verticale, avec un babouin en façade et une sorte de trapèze à l’arrière, avec un côté ayant une forte pente graduée. Là aussi, un fil à plomb était fixé à l’avant.
Le principe de ces deux modèles était sensiblement le même, on plaçait, à plat et à niveau, l’horloge, orientée Est-Ouest. La barre verticale, grâce aux rayons solaires, créait une ombre. Cette ombre frappait l’arrière de l’instrument comportant différentes marques. Il suffisait de voir quelle marque l’ombre frappait pour lire l’heure. Mais ces horloges ne prenaient pas en compte les différentes saisons, notamment les solstices ce qui donnaient une lecture de l’heure approximative. Comme le précise Anne-Claire Salmas, les Égyptiens concevaient le temps comme quelque chose de linéaire et de régulier ce qui n’est pas le cas dans la réalité.
 
          Les cadrans solaires
   Nous possédons peu d’exemplaires complets de cadrans solaires, mais il n’est pas impossible que cet instrument ait été inventé par les Égyptiens. L’exemplaire le plus ancien connu date du règne de Mérenptah (1213-1203) et fut découvert dans les ruines de Gezer (ou Guézer ou Tel Guezer ou Tell el-Jezer, une ville de Canaan sous contrôle Égyptien à mi-chemin sur la route entre Jérusalem et Jaffa). Le cadran solaire est un demi-cercle. Une tige, fixée au sommet permet de créer l’ombre. Le cadran est fragmenté en sections. Celui de Gezer comprend 10 lignes gravées visibles (Sans doute 12 ou 13 à l’origine), dans un autre au Musée du Louvre, il y en a 11. L’angle de chaque rayon est assez régulier. Là encore, cette horloge ne tenait pas compte des différences horaires selon les saisons et l’endroit où on était dans le pays. L’instrument était petit et facile à transporter.1

 

heb nefer en Ipet   Hb nfr n Jpt

La fête d’Opet 

 
    La fête d’Opet (ou "Belle fête d’Opet" heb nefer en Ipet : Hb nfr n Jpt) se déroulait tous les ans durant le deuxième mois de l’inondation et plus précisément durant le mois de Phaôphi (ou Paophi), 18 Août au 16 Septembre. La durée des festivités connaîtra des longueurs différentes en fonction des Rois, par exemple sous la Reine Hatchepsout (1479-1457) Opet durait 11 jours alors que sous le Pharaon Ramsès III (1184-1153) la fête atteignait 27 jours. Les origines de la fête Opet sont très incertaines et sont encore aujourd’hui très débattues par les spécialistes. Il semble que cette fête exista (ou prit une grande importance) au début de la XVIIIe dynastie (1549-1295), voire peut-être pour certains égyptologues au Moyen Empire (2022-1650) et se maintiendra jusqu’à la XXVe dynastie (747-656).
 
   Cette fête avait pour particularité de mettre en relation les temples de Karnak et de Louxor, distants d’environ 3 km. Au cours de cette cérémonie, la triade Thébaine composée des divinités, Amon, Mout et leur fils Khonsou, habitant dans les temples de Karnak, sort pour rejoindre le temple de Louxor, appelé l’Opet du Sud. Opet était une fête populaire à laquelle le Roi ne participait pas obligatoirement chaque année, car il était présent par l’intermédiaire du Dieu Amon et de sa statue. Au début de l’Opet les Prêtres Ouab sortaient les trois barques sacrées de la triade, stationnées à Karnak, pour rejoindre Louxor. Nous ne savons pas, par contre où embarquaient ces barques. Les spécialistes pensent qu’elle était suivi d’une longue procession animée où se côtoyaient, les hauts fonctionnaires de l’État, le Maire, de nombreux Prêtres, des danseurs, des musiciens, des chanteurs etc…
 
   Malheureusement les représentations et les quelques textes retrouvés sur l’Opet n’expliquent ni les rites, ni les cérémonies que les Prêtres et le Roi faisaient au cœur du temple. On trouve de nombreuses représentations incomplètes de cette cérémonie sur plusieurs monuments. Les deux plus célèbres sont la chapelle rouge d’Hatchepsout à Karnak et la grande colonnade d’Amenhotep III (1390-1553/52) du temple de Louxor qui possède un ensemble de bas-reliefs de 26 m de long datant des règnes de Toutânkhamon (1336/35-1327) et de Séthi I (1294-1279). Ils nous montrent les déplacements des divinités, ainsi que les cérémonies et festivités qui se déroulaient le long du parcours. Ces décorations permettent de se faire une idée du faste et de la grandeur de cette fête.
 


 
Scène de purification lors de la fête – Chapelle rouge –
Karnak

 
La barque d’Amon représentée
sur les murs du naos
du temple de Karnak

 
Représentation de l’Opet
sur le mur entourant la
grande colonnade
 

 
Autre scène de la fête –
Chapelle rouge –
Karnak

 
Autre représentation
de la fête –
Temple de Louxor

 

Heb-Sed   Hb-sd

La fête Sed

 
   La fête Sed (ou Heb-Sed) fut la fête de jubilé célébrée traditionnellement à partir de la 30e année de règne d’un Roi ou d’un Pharaon. Cette coutume débuta avec les premières dynasties, notamment sous le règne du Roi Pépi I (2289-2255) et se perpétua au moins jusqu’à la XXIIe dynastie. Le Pharaon Osorkon I (924-890/889) en aurait fêté deux. Afin d’en trouver l’origine, les spécialistes s’appuient sur des comparaisons avec des rites pratiqués en Afrique et sur l’interprétation des sources Égyptiennes. La source de ce rituel serait à rechercher dans une antique chasse de qualification destinée à désigner le nouveau chef d’un clan, après, semble-t-il, avoir sacrifié l’ancien, devenu trop âgé pour assurer son rôle de chef de chasse.
 
   Le sacrifice, théoriquement pratiqué au bout de trente ans de chefferie se serait transformé en rite de régénération royal. L’omniprésence du Dieu chasseur Oupouaout, anciennement nommé Sed, confirmerait cette hypothèse. Les documents font défaut pour comprendre le déroulement exact de la fête Sed, sa reconstitution reste encore du domaine de la simple supposition. Il est vrai que sur cette cérémonie les Prêtres n’ont laissé que peu de renseignements. Les plus anciennes représentations remontent à la Période Prédynastique (v.3500-v.3150). On en trouve traces sur les bas-reliefs du temple funéraire de Niouserrê-Ini (2430-2399 – Ve dynastie) à Abou Ghorab et par le Pharaon Osorkon I, dans le temple de Bastet, à Bubastis. Une des sources les plus fiables est une représentation que l’on peut voir sur une des parois de la tombe de Khérouef, Majordome de la Reine Tiyi I, épouse d’Amenhotep III (1390-1353).
 
   Après la trentième année de règne, cette fête avait des vertus régénératrices. À partir de cette date, elle était célébrée généralement tous les trois ans (Deux à quatre ans dans certains cas). Ainsi, le Pharaon Ramsès II (1279-1213) en aurait célébré quatorze durant son long règne, avec dans les dix dernières années, une tous les deux ans. Mais, en dehors de ce cas exceptionnel, il n’était pas évident d’atteindre déjà la première. Certains souverains vont enfreindre la règle des trente ans, notamment la Reine Hatchepsout (1479-1457), qui célébra sa première fête Sed après seulement seize ans de règne. À noter que dans le cas de cette souveraine, l’égyptologue Jürgen von Beckerath a émis l’hypothèse qu’elle aurait célébré sa fête en cumulant aux siennes, les années de règnes de son père Thoutmôsis I (1504-1492).
 
   Au-delà de la fonction de jubilé, la fête Sed était une cérémonie régénératrice que le souverain pouvait organiser pour montrer à son peuple qu’il était capable de gouverner encore le pays. À certaines époques, ces fêtes étaient l’occasion de démonstration physique du souverain, comme une course à pied, une capture de taureau, une chasse au lion ou à l’hippopotame, etc… Il est tout à fait possible que ces démonstrations n’aient été que symboliques, que le souverain ne les exécutât pas lui-même et qu’un autre les ait faites en son nom, comme c’était déjà le cas pour certaines cérémonies religieuses. Le rite essentiel de la fête Sed fut l’érection du pilier djed, qui symbolisait le Dieu Osiris lors de sa résurrection. Le Dieu Seth, son meurtrier, ayant renversé ce pilier mythique, le Roi ou le Pharaon se devait de le redresser.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le calendrier voir les ouvrages de:
 
Émile Biémont :
Rythmes du temps, astronomie et calendriers, De Boeck, Paris, 1999.
Marshall Clagett :
Ancient Egyptian science. Volume II. Calendars, clocks, and astronomy : a source book, American Philosophical Society, Philadelphia, 1995, 2004.
Léo Depuydt :
Civil Calendar and Lunar Calendar in Ancient Egypt, Peeters : Departement Oosterse Studies, Louvain, 1997 – Novembre 1998.
Charles-Henri Eyraud et Girolamo Ramunni :
Horloges astronomiques au tournant du XVIIIe siècle : De l’à-peu-près à la précision, Université Lumière, Lyon, 2004.
Rolf Krauss :
Sothis und monddaten : Studien zur astronomischen und technischen chronologie altägyptens, Hilderscheimer Äegypt. Beitrage, Gerstenberg, Hildesheim, 1985.
Richard-Anthony Parker :
The calendars of ancient Egypt, vol. 1,, Studies in Ancient Oriental Civilization 26, University of Chicago Press, Chicago, 1950 – University Microfilms, 1976.
Sothic dates and calendar adjustment, Éditeur inconnu, 1953. 
Some considerations on the nature of the fifth-century Jewish calendar at Elephantine, JNES, University of Chicago, Chicago, 1955.
Richard-Anthony Parker et Otto Neugebauer :
Astronomical cuneiform texts, Egyptian astronomical texts : Decans, planets, constellations and zodiacs, plates, III volumes, Lund Humphries, Décembre 1955, Décembre 1960 et Décembre 1964 – Brown University Press, Février 1969.
Anne-Claire Salmas :
La mesure du temps de la journée, BIFAO 113, IFAO, Le Caire, 2013.
Siegfried Schott :
Altägyptische Festdaten, Verlag der Akademie der Wissenschaften und der Literatur, Mainz/Wiesbaden, 1950.
Ian Shaw :
Ancient egyptian technology and innovation : Transformations in pharaonic material culture, Bristol Classic Press, London, 2012.
Anne-Sophie Von Bomhard :
Le calendrier égyptien – Une œuvre d’éternité, Periplus Publishing, London, 1999.
Raymond Weill :
Bases, méthodes et résultats de la chronologie Égyptienne, Paul Geuthner, Paris, 1926 et 1928.
1 – Article extrait de celui de Pharaon Magazine N°21, Mesurer le temps, François Tonic, Juin/Juillet 2015.

 

 
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