XVe  DYNASTIE
 
v.1663    à    1530
 
Hyksôs ( Avaris )
 

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Pour plus de détails voir l’article et la bibliographie sur : Les Hyksôs

 

   Selon Manéthon la dynastie comporte six Rois. Elle est reportée sur la colonne neuf du Papyrus de Turin qui dispose de six lignes, mais seul le dernier nom de Roi, Khamoudy est lisible, avec des fragments d’évènements de leur règne et une somme de 108 ans pour le cumul de tous les règnes ?. L’afflux continu de main-d’œuvre asiatique, qui a commencé dès le milieu du Moyen Empire et particulièrement sous Amenemhat III (1843-1797), bouleverse les équilibres démographiques dans le Nord du pays. Profitant de ces temps troublés et d’un pays divisé, des tribus nomades, essentiellement en majorité Amorrites selon certains spécialistes, ou Hourrites selon d’autres, vont s’infiltrer lentement, mais en grand nombre, au Nord-est du pays. Ce peuple : Les Hyksôs, "Heqa khâsout, Chefs ou Princes des Pays étrangers", exploite la faiblesse du Roi et le manque de pouvoir central, pour fonder, par Salatis, une dynastie, voire deux en fonction des spécialistes, en partie parallèle(s) à la XVIIe dynastie Thébaine. C’est après avoir balayé les derniers souverains de la XIVe dynastie, qu’ils choisissent Avaris comme capitale et, de là, qu’ils vont étendre leur domination sur l’Égypte.
 
   La domination des Hyksôs s’exerce de diverses manières : Les Rois de la XVe dynastie ont un contrôle absolu, depuis Avaris, sur l’Est du Delta. Ils abandonnent le reste du Delta à des Chefferies asiatiques vassales. Ils installent des petits royaumes contrôlés par des Égyptiens collaborateurs en Moyenne-Égypte. Selon une des diverses théories sur cette période, ce sont tous ces vassaux qui forment la XVIe dynastie (v.1652?-1540). L’égyptologue, Kim Steven Bardrum Ryholt a redéfini la chronologie et l’histoire de cette période et en particulier la XVIe dynastie. Sa proposition est soutenue, entre autres, par Jacques Kinnaer et Janine Bourriau (Voir à XVIe dynastie). Enfin, les Hyksôs imposent leur autorité aux Rois de la XVIIe dynastie qui "contrôlent" la Haute-Égypte (Les huit premiers nomes situés entre Éléphantine et Abydos) en leur installant des garnisons aux endroits stratégiques. Toutefois ils n’auront jamais une véritable main mise sur la Haute-Égypte.
 
   De part son origine indigène, la XVIIe dynastie va être à la tête du soulèvement contre ces envahisseurs. Ses souverains, peut-être partir de Sénakhtenrê (ou Taâ I, 1559-1558), vont affronter les Hyksôs et commencer une longue guerre de libération pour apporter une réunification du pays. La lutte sera poursuivie par son fils Séqénenrê (ou Taâ II, 1558-1554), qui est crédité être le véritable déclencheur du soulèvement, puis le fils (ou le frère) de celui-ci Kamosé (1553-1549) qui engage le combat, à la fois dans le Nord contre le Roi Hyksôs Apopi I (1581-1541) et dans le Sud contre les Kouchites qui s’étaient emparés de la Basse Nubie. Quelques grandes victoires vont dynamiser le sentiment nationaliste des Princes Thébains qui vont alors assimiler la lutte contre les Hyksôs à une guerre de religion. Le Dieu Seth est le Dieu unique d’Avaris alors qu’Amon est celui de Thèbes. Ce monothéisme va renforcer le contentieux entre les deux dynasties. C’est le frère (ou neveu) de Kamosé, Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24), fondateur de la XVIIIe dynastie, qui débarrassera définitivement le pays des Hyksôs avec la pise d’Avaris et la réunification du pays. La victoire sur ces derniers et leur expulsion va constituer la fondation du "Nouvel Empire".

 

Le Papyrus de Turin indique devant leur nom :
Heqa khâsout
Hq3-x3st
(Souverains des pays étrangers)
Voir aussi la Carte de la Deuxième Période Intermédiaire  

 

Liste des Rois de la XVe dynastie :
Selon, entre autres, Jürgen Von Beckerath

Généalogie
de la Dynastie
Liste des Rois de la dynastie :
Selon Jacques Kinnaer et Kim Steven Bardrum Ryholt
Salatis   ou  Salitis
Sheshi   ou  Bnôn
Yakhob-har  ou  Yakobher
Khyan
Apopi I  puis  II ou Aphophis
Khamoudy
1663-1649
1649-  ?
   ?  -1621
1621-1581
1581-1541
1541-1530
– Shamuqenu  ou  Samouqenou
– Âper-Ânati  (peut-être Sheshi)
– Sakir-har  (peut-être Yakhob-har)
Khyan
Apopi I  puis  II  ou Aphophis
Khamoudy Hotepibrê

 

Liste des Rois de la dynastie :
Selon, entre autres, Claude Vandersleyen
  Liste des Rois de la dynastie :

Selon, entre autres, Ian Shaw

Sheshi  ou Salitis ou Shareg
– Yaqebner ou Bnôn ou Béon
Khyan  ou Apacnan ou Pacnan
– Iannas  ou Iensès
Apopi  ou Aphophis
Khamoudy
19 ans
 
 
 
40 ans
11 ans
 
Salatis ou Sekeher
Khyan
Apopi
Khamoudy
 
1650
1600
1555

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la dynastie voir les ouvrages de :
 
Albrecht Alt :
Die herkunft der Hyksos in neuer sicht, Akademie-Verlag, Berlin, 1954.
Rahman Al-Ayedi :
The liberation of war : The expulsion of the Hyksos from Egypt, Obelisk Publications, Le Caire, 2007.
Paul Balta :
Mystérieux Hyksôs, Éditions CAP, Monaco, 1964.
Manfred Bietak :
Avaris. The capital of the Hyksos : Recent excavations, British Museum Press, London, Août 1995.
Charlotte Booth :
The Hyksos period in Egypt, Princes Risborough, Shire, 2005.
Peter A.Clayton :
Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson, New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 –  En Français, Avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Robert M.Engberg :
The Hyksos reconsidered, University of Chicago Press, Chicago III, 1939.
Labib Habachi :
The second Stela of Kamose and his struggle against the Hyksos ruler and his capital, J.J.Augustin, Blückstadt, 1972 – Abhandlungen des Deutschen Archäologischen Instituts Kairo, Ägyptologische Reihe, Le Caire, 1972.
Erik Hornung, Rolf Krauss et David Warburton :
Handbook of ancient egyptian chronology, Handbook of Oriental Studies : Section 1, the Near & Middle East, illustrated edition, Brill Academic Pubishers, Leiden, Décembre 2005 et Octobre 2006.
Anton Jirku :
Aufstieg und untergang der Hyksos, Journal of the Palestine oriental society v.12, Jérusalem, 1932.
Kenneth Anderson Kitchen :
Further notes on New Kingdom chronology and history, pp : 313-324, Chronique d’Egypte 63, 1968.
Zacharie Mayani :
Les Hyksos et le monde de la Bible, Payot, Paris, 1956.
Machteld J.Mellink :
New perspectives and initiatives in the Hyksos period, International symposium (1993, New York), pp : 85-89, Ägypten und levante 5, Vienne, 1995.
Eliezer D.Oren :
The Hyksos. New historical and archaeological perspectives, Kongressbericht, University Museum Philadelphia, University of Pennsylvania, Philadelphia, 1997.
Donald Bruce Redford :
Egypt, Canaan and Israel in ancient times, Princeton university press, Princeton, Juillet 1992 et Septembre 1993.
The Hyksos in history and tradition, pp.1-52, Orientalia 39, 1997.
Kim Steven Bardrum Ryholt :
The political situation in Egypt during the second intermediate period, Museum Tusculanum Press, Février 1998.
Thomas Schneider :
Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler, Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002.
Torgny Säve-Söderbergh :
The Hyksos rule in Egypt, University Press, Oxford, 1951.
Robert Sträuli :
Die Hyksos : Von pferdenomaden zu Pharaonen, ABZ, Zürich, 1997.
John Van Seters :
The Hyksos : A new investigation, Yale University Press, New Haven, London, 1966.
Jürgen Von Beckerath:
Untersuchugen zur politischen geschichte der zweiten zwischenzeit in Ägypten, Ägyptologische  forschungen 23, J.J.Augustin, Glückstadt, 1964.
Handbuch der ägyptischen königsnamen, pp : 108-113, MÄS 20, Deutscher Kunstverlag, München, Janvier 1984 – MÄS 49, Philipp von Zabern, Mainz, 1999.
Raymond Weill :
Les derniers siècles du Moyen Empire égyptien, étude sur les monuments et l’histoire de la période comprise entre la XIIe et la XVIIIe dynasties. 1re partie. Les Hyksôs et la restauration nationale dans la tradition Égyptienne et dans l’histoire, Imprimerie nationale, Paris, 1911 et 1917.
 
Chronologie de Kim Steven Bardrum Ryholt :  Chronologie de la deuxième période intermédiaire (digitalepypte.ucl.ac.uk)

 

 

   Salatis    ou   Saïtes  ou   Shalek  ou  Sharek   DATES  de  RÈGNE
(1663)1650/1649
1655-1647  O.Vendel
1652-1636  J.von Beckerath
1648-1633  T.Schneider, F.Maruéjol
1630-1615  D.Franke
1624-1604  D.Sitek
  • ……………
  • ……………
  • ……………
  • sxai.n-ra
  • SArk , SAlk

  •  
    Cherek  ou  Saïtes  (Manéthon)
 
   TITULATURE
Nom de Roi Sekhaenrê
(Le premier intronisé par Rê) ou
(Celui pour lequel apparaît Rê)

sxai.n-ra
Nom de naissance Shalek  ou   Sharek
SAlk    ou   SArk

 
   Manéthon l’appelle Cherek ou Salitis ou Saïtes ou Silites ou Sekeher, il lui compte 19 ans de règne (Africanus, Eusebius, Flavius) et le présente comme le fondateur de cette dynastie. Le Papyrus de Turin à une lacune. Salatis est Roi d’Avaris de 1663 à 1650, puis "Pharaon" en 1650/1649. Il est aussi appelé Shalek (SAlk) ou Sharek (SArk), mais ce nom n’est mentionné seulement que dans la généalogie des prophètes de Memphis. Son nom de Roi (Nisout Bity) sxai.n-ra "Le premier intronisé par Rê" est aussi identifié avec Sekhaenrê (Yakobaam, de la XVI dynastie), toutefois Jürgen von Beckerath pense que l’on devrait attribuer ce nom uniquement à Salatis. Comme on le voit une identification précise à un nom de Roi n’a pas encore été démontrée. Peut-être que ce Salatis est l’un des Rois avec le titre "Heqa khâsout, Chefs ou Princes des Pays étrangers" résumés dans la XVIe dynastie. Le nom préféré par les égyptologues est Sharek (Shalek), mais il n’existe pas de preuve claire.
 
   Chef militaire, ce Hyksôs aurait envahit le Delta et balayé la XIVe dynastie. À partir de son royaume et de sa capitale Avaris, Salatis établit sa domination sur l’Égypte en se faisant couronner à Memphis en 1650/1649 (prise de Memphis). Selon Detlef Franke, il serait contemporain de Dedoumesiou I de la XIIIe dynastie et c’est sous le règne de ce dernier que Salatis aurait conquis le reste de l’Égypte. Selon Flavius Josèphe(ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100 ap.J.C) Salatis aurait très lourdement fortifiées Avaris qui comptait à l’époque de nombreuses unités militaires pour un total de 240.000 hommes.

Représentation d’un char de guerre Hyksôs
(Dessin source : La Balance des 2 Terres)

   Les vestiges de son règne sont peu nombreux, son nom est seulement écrit à trois reprises sur des blocs de pierre extraits de monuments plus importants. Certains érudits ont mentionné que le nom de Salatis voulait dire "Sultan", il s’agit là d’une traduction arabe de l’expression "Roi puissant".

 

   

   Sheshi  ou  Bnôn  ou  Béon  ou  Maâibrê   (ou Roi de la XIVe dynastie ?)    DATES  de  RÈGNE
     1649-  ?
1664-1662  D.B.Redford
1646-1635  O.Vendel
1636-1622  J.von Beckerath
1633-1619  T.Schneider
1615-1602  D.Franke
1604-1594  D.Sitek
 
1745-1705   K.S.B.Ryholt
(XIVe dynastie)

 
  • ……………
  • ……………
  • ……………
  • mAa-ib-ra
  • SSi  ou (HqA)-xAs.wt apr-anti ou apr-anti

  •  
    Sheshi  ou  Bnôn   (Manéthon)
   TITULATURE
Nom de Roi Maâibrê
(Le cœur de Rê est juste)
mAa-ib-ra
Noms de naissance   Sheshi  ou  Bnôn
SSi
 Âper-Ânati
apr-anti
Heqa-Ouaset Âper-Ânati
(Aper-Anati Roi de la terre étrangère)
(HqA)-xAs.wt apr-anti

 
   Manéthon l’appelle Sheshi ou Bnôn ou Baion en fonction des traducteurs et lui compte 44 ans de règne (Africanus, Eusebius, Flavius). Selon Jean Vercoutter, Bnôn est la traduction du nom d’origine Sémitique : Ben-on "Fils de On". Il est Roi d’Avaris, et depuis peu on pense que ce Roi régna 14 ans. Il n’est pas mentionné par le Papyrus de Turin. Il faut noter que selon certains spécialistes, dont Jacques Kinnaer et Kim Steven Bardrum Ryholt ce Maaibrê serait le cinquième Roi de la XIVe dynastie et pour d’autres, il serait le même que le Ouser-Anat (ou Aper-Anati) de la XVIe dynastie. Enfin pour d’autres encore, dont Dariusz Sitek et Jürgen Von Beckerath, il est bien de cette dynastie, mais Beckerath le nomme Bnôn et William A.Ward l’identifie à Khyan on est donc très loin d’un consensus.
 
   Des centaines de preuves matérielles de son existence ont été trouvées à travers le Moyen-Orient et en Nubie : 394 scarabées et 2 empreintes de sceaux. Certaines, aujourd’hui au musée Petrie, donneraient plutôt raison à Darius Sitek et Manéthon, car il n’est pas sûr que les noms Maâtibrê et Sheshi doivent être associés. On ne constate que quelques similitudes. En dépit de tous ces vestiges, aucun des noms de Roi ou de naissance cités dans la titulature ci-dessus, ne peut être mis à la place de Sheshi avec précision.
 
   Sheshi n’a qu’une épouse attestée :
• Tati qui lui donne deux enfants : Ipqou et Néhésy.


Scarabée de
Maaibrê/Sheshi –
Musée Petrie

 

 

   Yakhob-har   ou  Yakobher  ou  Yaqebner  ou  Sakir-har   DATES  de  RÈGNE
       ?  -1621
    K.S.B.Ryholt
1662-1653  D.B.Redford
1634-1626  O.Vendel
1622-1614  J.von Beckerath
1619-1610  T.Schneider
1602-1594  D.Franke
1594-1586  D.Sitek
 
  • ………………
  • ………………
  • ………………
  • mri-wsr-ra
  • yaqb-hr   ou  sA-ra mri-wsr-ra yqbarh  ou  HQA-skrhr xAs.wt

  •  
    Apachnas  (Manéthon)
   TITULATURE
Nom de Roi Mériouserrê
(Celui qui aime la force de Rê)
mri-wsr-ra
Noms de naissance   Yakhob-har  ou  Yakobher
(Horus (Dieu) protecteur)   ou
(Fort est l’amour de Rê)

yaqb-hr   ou   Jjkb Hr
Sa-Rê Mériouserrê Yakobher
(Fils de Rê, Celui qui aime la force de Rê, Horus (Dieu) protecteur)
sA-ra mri-wsr-ra yqbarh
Heqa Sakir-har khâsout
(Sakir-har, Souverain des pays étrangers)
HQA-skrhr xAs.wt

 
   Manéthon l’appelle Apachnas ou Pacnan ou Apacnan ou Yaqoubel en fonction des traducteurs et lui compte 36 ans et 7 mois de règne (Africanus, Eusebius, Flavius). Le Papyrus de Turin a une lacune sur son nom, mais compte 8 ans et 3 mois de règne. Son nom de naissance est purement d’origine Sémitique, on trouve aussi traduit : Yakobher ou Yaqobher ou Jaqobher ou Yakabhaddou ou Yaqabhaddou. Le nom Sakir-har peut se traduire comme "Récompense de Har". Certains égyptologues pensent qu’ils était un vassal du Roi Salatis et qu’il se serait émancipé et aurait régner environ 18 ans. On ne le connaît que par des scarabées (Plus de vingt) trouvés principalement en Égypte, mais également en Palestine et un en Nubie, à Kerma, ce qui indique des relations commerciales étendues. Il entretient, semble t-il, de bonnes relations avec les Rois de Thèbes.
 
   Sa position dans la chronologie, comme tous les Rois de cette période, est également très controversée. Certains spécialistes, comme Hans Wolfgang Helck, l’identifient dans cette dynastie, mais pensent qu’il ne s’agit pas du même Roi que le Apachnas de la liste de Manéthon, alors que William A.Ward, lui, en raison de la séquence typologique des scarabées, l’identifie avec Bnôn (Sheshi). Cependant Thomas Schneider considère ce dernier point comme peu probable. D’autres chercheurs cèdent Yakhob-har / Yakobher à la XVIe Dynastie.
 
   Selon certains égyptologues, dont Manfred Bietak, Jacques Kinnaer et Kim Steven Bardrum Ryholt, c’est un Roi au nom de Sakir-har qui règne entre Âper-Ânati (Sheshi) et Khyan. Ils basent leur théorie sur l’étude d’un chambranle de porte mis au jour à Tell el-Dabâ (ou Tell el-Dab’a), par Manfred Bietak. La titulature du Roi apparaitrait sur ce montant de porte. Selon Ryholt : "Le montant de la porte confirme l’identité de Sakir-har comme l’un des trois premiers Rois de la XVe dynastie. Son successeur immédiat serait le puissant souverain Khyan". Beaucoup d’égyptologues ne confirment pas cet avis et la position précise de ce Roi au sein de cette dynastie, reste de ce fait encore incertaine, il convient donc de retenir pour l’instant les deux propositions.

 

 

   Khyan   ou  Khiyan  ou  Khayan    DATES  de  RÈGNE
     1621-1581
    K.S.B.Ryholt
1653-1614  D.B.Redford
1630-1610  P.A.Piccione
1625-1601  O.Vendel
1615-1575  J.Kinnaer
1614-1594  J.von Beckerath
1610-1590  F.Maruéjol, T.Schneider
1594-1574  D.Franke
1586-1566  D.Sitek
 
  • Hr inq-tAw , Hr inq idb.w
  • ………………
  • ………………
  • swsr.n-ra
  • xyAn , HqA-xAswt xyAn

  •  
    Iannas  ou  Sethos  (Manéthon)
   TITULATURE
Nom d’Horus Horus Inektaou
(Celui qui unit les rivages)
Hr inq-tAw
Nom de Roi Souserenrê
(Celui que Rê à rendu fort) ou
(Puissant comme Rê)

swsr.n-ra
Noms de naissance Khyan
xyAn
Horus Inektaou
(Le bon Dieu, Souserenrê,
le fils de Rê, Khiyan)

Nfr swsr NTr-n-ra ra xjAn sA

Heqa-Ouaset Khyan
(Khyan Roi de la terre étrangère)
HqA-xAswt xyAn

 
   Manéthon l’appelle Iannas ou Sethos ou Stann en fonction des traducteurs et lui compte 50 ans de règne (Africanus, Eusebius, Flavius). Il fut nommé Iannas ou Yannas ou Jannis ou Iannes ou Joannis ou Iensès etc.. par les auteurs Grecs de l’Antiquité, alors que quelques spécialistes, comme Claude Vandersleyen, pensent qu’il s’agit là d’un Roi différent. Le Papyrus de Turin à une lacune sur son nom, mais lui compte 10 ans de règne. D’autres formes de son nom sont connues : Khiyaran, Khajran, Khajan, Khayan et ont été constatées sur au moins 38 sceaux ou scarabées et quelques objets provenant de lieux éloignés comme sur une jarre du palais Cnossos en Crète, sur un lion de granit à Bagdad, Hattousa (Bogâzköy) dans le centre de l’Asie Mineure, ainsi que dans le Sud de celle-ci. Le titre HqA-xAswt qui signifie "Le Roi des terres étrangères" à été trouvé sur un scarabée. Enfin on trouve, certains égyptologues le nomment : Apachan ou Pachnan. Beaucoup de noms donc pour un seul Roi, mais aucun ne peut lui être attribué avec certitude.
 
   Lors de son règne les échanges commerciaux avec la Nubie, la Crête et la Palestine sont très fructueux, comme en témoignent des artefacts retrouvés par les archéologues. À Bubastis a été trouvé un fragment d’une statue assise datant du Moyen Empire (2022-1650) qui avait été usurpée par Khyan. À Gebelein une inscription sur un bloc de granit laisse supposer qu’il régna sur la Haute-Égypte.

 

 
Scarabée datant du règne de Khyan

 
   Khyan a un enfant, Yanassi, qui ne règne pas, mais on ne connait pas le nom de son épouse. Manfred Bietak a retrouvé le nom de son fils sur une stèle à Avaris, où le souverain apparait avec : le "Fils aîné du Roi", Yanassi. L’association de Khyan avec ce "fils aîné" sur cette stèle suggère que celui-ci était en fait son successeur désigné, comme nous l’apprend également son titre, cependant c’est Apopi qui succèdera à Khyan, ce qui confirme l’idée des égyptologues comme quoi Khyan était un usurpateur.

 

 

   Apopi I  puis  II  ou  Aphophis        DATES  de  RÈGNE
       1581-1541
    K.S.B.Ryholt
1610-1569  P.A.Piccione
1605-1565  D.B.Redford
1600-1559  O.Vendel
1594-1553  J.von Beckerath
1594/1-1553/1  A.Eggebrecht
1590-1549  F.Maruéjol, T.Schneider
1585-1545  A.M.Dodson
1574-1534  D.Franke
1575-1532  J.Kinnaer
1566-1526  D.Sitek

 
  • Hr sHtp-tAwi
  • ………………
  • ………………
  • aA-qni.n-ra , nb-xps-ra , HqA n Hwt-wart aA-wsr-ra
  • ipp(i) , ippi , ippy

  •  
    Aphophis  ou  Apepis   (Manéthon)
   TITULATURE
Nom d’Horus Horus Sehoteptaoui
(Celui qui satisfait les Deux Terres)
Hr sHtp-tAwi
Noms de Roi Nebkhepeshrê
(Rê est le Seigneur de la force)
nb-xps-ra
puis Âakenemrê
(Grande est l’énergie de Rê)  ou
(La force de Rê est grande)

aA-qni.n-ra
puis Heqa-en-Hout-Ouâret Âaouserrê
(Seigneur d’Avaris, Grand et puissant comme Rê)
HqA-n-Hwt-wart aA-wsr-ra
Noms de naissance Ipep
ipp(i)
puis  Ipépi
ippi

puis  Apopi
ippy

 


 
Poignard avec le nom de
    Roi Nebkhepeshrê –
Musée Égyptien du Caire

   Du fait des changements de titulature on pourrait distinguer un Apopi I, puis un Apopi II. Manéthon l’appelle Aphophis ou Apepi ou Aiofis ou Apofis en fonction des traducteurs et lui compte 61 ans de règne (Africanus, Eusebius, Flavius). Le Papyrus de Turin a une lacune sur son nom et lui en compte 40 ans. Il sera le Roi qui aura le plus long règne de la dynastie. Certains spécialistes, dont Nicolas Grimal, voient deux Rois différents dans Apopi I et II, idée qui n’est plus guère suivie aujourd’hui. Thomas Schneider liste ce Roi dans la XVIe dynastie. L’opinion la plus répandue est qu’il changea de nom (Naissance et Roi) plusieurs fois, pour marquer les différentes étapes de son règne.

 


   On pourrait penser que ce Roi était un usurpateur. Sur une stèle d’Avaris, Yanassi, le fils de Khyan y est noté comme "le fils aîné" donc successeur de celui-ci, mais c’était peut-être déjà Khyan l’usurpateur et Ipep (futur Apopi) aurait luté pour évincer son rival et s’emparer du pouvoir, prenant le nom de Roi (Nisout Bity), Nebkhepeshrê. Ipep est d’ailleurs un nom Égyptien, dérivé sûrement de celui du Dieu Apophis (ou Aapep ou Aapef, en Égyptien, qui signifiait "géant" ou "serpent géant"). Puis, quelques années plus tard, il rechange de nom et devient Ipepi, Âakenemrê, puis enfin dans la dernière décennie de son règne, il change une nouvelle fois et devient Apopi, prenant le nom de Roi Heqa-en-Hout-Ouâret Âaouserrê. Les auteurs Grecs de l’Antiquité lui donnèrent le nom d’Apophis. C’est d’ailleurs sous ce nom là que ce souverain est connu de beaucoup de gens aujourd’hui.

 

   Apopi est mentionné dans : Deux papyri, dont celui de Rhind ; une liste de Prêtres de Memphis ; de nombreuses pièces d’architecture qui donnent aussi les noms de ses sœurs : Tany (ou Tani) qui serait aussi son épouse et Tcharydjet (ou Tja’rudjet ou Ziwat selon Marc Dodson et Dyan Hilton) et celui de sa fille Harit (ou Herit ou Harta). Tcharydjet est mentionnée sur un bol. Selon Nicolas Grimal, plutôt que de construire ses propres monuments, Apopi a généralement usurpé les monuments des Rois précédents en y inscrivant son propre nom, comme sur deux sphinx d’Amenemhat II (1928-1895).

 Scarabée portant
   le nom d’Apopi –
  Museum of Fine Arts – Boston

 
   Les premières années du règne d’Apopi sont assez tranquilles. Ce n’est seulement sous le Roi de Thèbes, Séqénenrê (ou Taâ II, 1558-1554) qu’Apopi rompt les liens avec la XVIIe dynastie. L’histoire, de la guerre contre les Thébains telle qu’elle est relatée, dans le Papyrus Sallier, n’est de toute évidence pas une source historique très fiable, se rapprochant plus d’une fiction. Toutefois son existence signifie que la mémoire populaire avait conservé des traces d’un conflit entre Séqénenrê et les Hyksôs. Cette tradition littéraire prétend que c’est Séqénenrê qui est venu au contact contre son contemporain du Nord, Apopi.
 
   Cette tradition a pris la forme d’un conte recopié sur le Papyrus Sallier et intitulé "La querelle d’Apopi I et de Séqénenrê" (aujourd’hui au British Museum), qui nous est parvenu malheureusement de manière très fragmentaire. Le texte rapporte un échange curieux entre le Roi Hyksôs régnant depuis Avaris et celui de Thèbes. Apopi demande à Séqénenrê de chasser les hippopotames de son étang, car leurs bruits l’incommodent et l’empêchent de dormir la nuit. Compte tenu de la distance entre Avaris et Thèbes (800 km), ce message ne peut avoir qu’un sens symbolique. Il s’agissait sûrement pour Apopi de faire comprendre à Séqénenrê qu’il était son vassal. Selon Gaston Maspero, la conclusion de cette histoire serait que Séqénenrê, après avoir hésité longuement, réussit à se tirer du dilemme embarrassant où son puissant rival prétendait l’enfermer en lui déclarant la guerre, mais il sera vaincu et tué au combat par le souverain Hyksôs.
 
   Le successeur de Séqénenrê, Kamosé va essayer d’affaiblir Apopi. Il tue son collaborateur Égyptien, Téti de Néfrousi (ou Néfrousy ou Néférousy), cité au Nord de Cusaé (près d’Assiout) à la hauteur de Béni Hassan (Son emplacement exacte reste encore à trouver) et il bat son allié, le Roi de Kouch, Nedjeh. À la fin de son règne, le pouvoir d’Apopi va être fortement ébranlé par les attaques incessantes des nationalistes Thébains. Il existe des preuves du fait que le pays en pleine guerre amène les Égyptiens dans la misère. Les Hyksôs vont piller les tombeaux et les pyramides des XIIe et XIIIe dynastie et emporter leur butin à Avaris. En outre, lors de leur retraite, les troupes d’Apopi semblent avoir pratiqué la tactique de la "terre brûlée" exacerbant encore plus la population Égyptienne contre eux. Il est possible qu’à la fin de son règne Apopi n’avait plus vraiment la main mise sur son État et que le pouvoir soit passé entre les mains de rebelles prompt à faire la guerre contre la volonté du Roi, et qu’il ait dût se plier.
 
   La grande majorité des spécialistes attribuent comme épouse à Apopi :
• Tany (ou Tani), sa sœur, mais on ne sait pas si c’est elle la mère des deux enfants ci-dessous. Elle est mentionnée sur une porte d’un sanctuaire à Avaris, sur une table d’offrande et sur un fragment de stèle découvert aussi à Avaris. Un seul titre lui est connu : Sœur du Roi (snt-nswt).
 
   Apopi a deux enfants : Harit (ou Harta) et Aphophis (ou Apepi), mais on ne connaît pas le nom de leur mère. Un Prince Aphophis (ou Apepi), dont le nom figure sur un sceau (aujourd’hui au Musée de Berlin) est susceptible d’avoir été ce fils. Un vase appartenant à Harit (ou Harta) a été trouvé dans la tombe d’Amenhotep I (1525/24-1504). Selon Nicolas Grimal cela pourrait indiquer qu’à un moment elle fut mariée à un Roi Thébain. Le vase, cependant, peut tout aussi bien avoir été un élément qui fut pillé à Avaris après la victoire finale contre les Hyksôs.

 

 

   Khamoudy  ou  Chalmudi      DATES  de  RÈGNE
      1541-1530
    K.S.B.Ryholt
1569-1560  P.A.Piccione
1565-1555  D.B.Redford
1558-1547  O.Vendel
1553-1544  J.von Beckerath
1549-1539/35  T.Schneider
1545-1535  A.M.Dodson
1535-1525  H.W.Helck
1534-1522  D.Franke
1532-1522  J.Kinnaer
1526-1514  D.Sitek
 
  • ………………
  • ………………
  • ………………
  • nxj-ra
  • xAmwdi , HqA-xAs.t~~XAmwdj

  •  
    Khamdi  ou  Assis  (Manéthon)
   TITULATURE
Nom de Roi Nekhirê
nxj-ra
Noms de naissance Khamoudy  ou  Khamdi
xAmwdi
Heqa-Ouaset Khamoudy
(Khamoudy Roi de la terre étrangère)
HqA-wAst XAmwdj

 
   Manéthon l’appelle Khamdi ou Assis ou Archlês en fonction des traducteurs et lui compte 49 ans et deux mois de règne (Africanus, Flavius) ou 30 ans(Eusebius). De récentes découvertes contredisent cette durée de règne, pour lui assigner une période qui serait plutôt de 10 à 11 ans. Kim Steven Bardrum Ryholt lui donne comme nom de Roi (Nisout Bity), Hotepibrê, qui serait confirmé par quelques scarabées et Jürgen Von Beckerath le nomme, Âasehrê.


 

    Char royal Hyksôs – Musée du Caire


   Khamoudy poursuit le conflit contre les Thébains commencé sous son prédécesseur. Il renforce l’alliance avec les Nubiens pour attaquer sur ses arrières Kamosé (XVIIe dynastie, 1553-1549). Cependant son règne va être emporté par l’attaque du successeur de Kamosé, Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24, XVIIIe dynastie). Selon le Papyrus de Rhind, le deuxième mois de la saison Peret de l’an 11 du règne de Khamoudy, Ahmès I prend Héliopolis. L’année d’après, le 25e jour du premier mois de la saison Akhet il s’empare de la forteresse frontalière de Tjarou (Identifiée peut-être à Silé, l’actuelle El-Kantara). Il convient de souligner que cette séquence des événements n’est pas universellement acceptée par les égyptologues, notamment par Ian Shaw. Selon Donald Bruce Redford, en prenant Tjarou, Ahmès I coupait tout le trafic entre le pays de Canaan et Avaris. Cela indique qu’il avait l’intention de faire un siège de la ville, empêchant la capitale Hyksôs d’obtenir aides ou fournitures en provenance de cette partie de la Palestine. L’année suivante Khamoudy tente de négocier avec les Égyptiens le retrait de l’armée Hyksôs de leur capitale Avaris et de la plupart des villes du Delta, mais les Égyptiens réfutent ses conditions et prennent Avaris.
 
   Il semble que plusieurs attaques contre la forteresse de la ville furent nécessaires avant que les Hyksôs soient finalement délogés. Selon Ian Shaw l’armée Égyptienne pille et ravage les alentours de la capitale. Le Roi Hyksôs, ayant prévu ce qui allait arriver, avait pris les devants, il avait déménagé son peuple sur la côte Sud de la Palestine, espérant renforcer ses troupes pour rependre possession de l’Égypte, mais les forces militaires Égyptiennes vont attaquer cette région pendant plusieurs années, pour empêcher le retour des Hyksôs.
 
   Ahmès I poursuit l’ennemi jusqu’en Canaan et y assiège la ville de Sharouhen (ou Scharuchen), entre Rafah et Gaza, qu’il prend au bout de trois ans et éradique ainsi les derniers bastions Hyksôs en Palestine. Nous n’avons, là encore, que peu d’éléments chronologiques fiables permettant de dater avec certitude ces évènements. De nombreux détails de ce scénario dramatique se retrouvent dans les documents d’époque et beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire tous, ont probablement été écrits sous la supervision du Roi d’Égypte victorieux. Par conséquent, il convient d’être un peu sceptique sur la véracité des faits qui ont sûrement pour des questions de propagande été arrangés.  Peu de vestiges subsistent, datant du règne de Khamoudy, à une exception près, un obélisque érigé à proximité de la ville d’Avaris où il a été découvert sous le sable.

 

 

 
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