Quelques  grandes  villes :
Assiout  et  Assouan
 

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ou Assiout  ou  Lycopolis
Saouty   Sawty Satju / Sachu  S3§w

 

   Assiout (en Grec : Ασιούτ Assiout ou Λυκόπολις Lycopolis ou Lykopolis ou Lyco ou Lycos, en Copte : Syowt, en arabe : Asyut ou Usyiut  أسيوط) est une ville importante de Haute-Égypte sur la rive occidentale du Nil. Son nom en Égyptien ancien était : Saouty (Sawty "la protégée") ou Satju ou Sachu (S3§w) ou Zawty ou Siâout ou Sawet. Elle se situait à 250 Km au Nord de Thèbes, à mi-chemin entre Le Caire et Louxor (Environ 320 km au Sud du Caire et 250 km au Nord de Louxor) dans le 13e nome de Haute-Égypte, le nome "Supérieur du Sycomore" (ou du Grenadier  nart-f-xnt). Sa situation, au centre d’une vaste plaine très fertile, la situait sur l’itinéraire des caravanes et en fit le point de départ des routes conduisant aux oasis.
 
    Ses deux divinités tutélaires étaient, le Dieu Oupaout (ou Oupouaout "L’ouvreur des chemins") qui était représenté sous la forme d’un chien sauvage, d’où le nom Grec de la ville Lycopolis "ville du loup" (ou ville du renard). Il était chargé de protéger "La Terre Sacrée" (ta-djéser), en compagnie de son comparse le Dieu Anubis, dont Assiout était le centre du culte pour le pays. Assiout/Lycopolis fut la patrie de Plotin, philosophe né en 205 ap.J.C et mort en 270 en Campanie, près de Naples. Il est l’auteur des Ennéades qui contient l’essentiel de sa philosophie. Assiout/Lycopolis n’a pas de ruines remarquables, mais lors d’excavations de chambres funéraires, dans la roche des collines adjacentes, ont été mises au jour des momies de loups, ce qui confirme l’origine de son nom, ainsi qu’une tradition rapportée par Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) qui raconte qu’une armée Éthiopienne, envahissant l’Égypte aurait été repoussée au-delà de la ville par des meutes de loups.
 
   D’autres monuments ont été mis au jour à Assiout notamment la nécropole de la cité, située sur les collines occidentales, à l’ouest de la ville moderne, possédant des tombes de notables qui remontent aux dynasties : IX (2130-2090), X (2090?-2022) et XII (1991-1783) et des tombeaux datant de l’époque Ramesside (1186-1069). Dans une tombe, qui aurait appartenue à Hapidjéfaï, qui était le Nomarque de la province d’Assiout sous le règne du Roi Sésostris I (1962-1928 – XIIe dynastie), fut découvert une magnifique statue en bois d’acacia (Photo) représentant le Nomarque, qui est aujourd’hui exposée au musée du Louvre. À l’époque Gréco-romaine, il y avait un dialecte parlé par les Coptes d’Assiout, connu sous le nom "dialecte Lycopolitain", d’après le nom Grec de la ville.

 


 

Padimenti I – Musée
du Louvre

L’histoire…

 
   Les premières traces d’occupation du site remontent à vers 3100. Le bouclier d’un Roi nommé "Recamai" (?) qui régna en Haute-Égypte probablement au cours de la Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150), fut mis au jour dans la cité. À cette période Assiout devint la capitale du 13e nome de Haute-Égypte, le Nome supérieur du Sycomore (ou du Grenadiernart-f-xnt). La cité joua un rôle significatif dans le pays pendant la Première Période Intermédiaire (2181 à 2022) et lors du conflit qui opposa les nobles Thébains de la XIe dynastie (2134-1991), aux Rois Héracléopolitains de la Xe dynastie (v.2090-2022). Les historiens sont unanimes pour dire que le déclin de l’Ancien Empire (2647-2150), qui mènera à la Première Période Intermédiaire, fut causé par les Gouverneurs provinciaux, les Nomarques, qui devinrent de plus en plus puissants et s’érigèrent en potentat locaux.
 
   Des alliances entre nomes se formèrent, comme celle à Héracléopolis, qui se transforma en une monarchie (IXe dynastie), inspirée sur le model Memphite. Cette monarchie contrôla le Delta et une partie de la Moyenne-Égypte en s’appuyant sur la puissante famille des Nomarques d’Assiout. Ses dirigeants, dont Khety I (ou Achtoi) et Khety II qui dut affronter Antef II (2118-2069) de la XIe dynastie aux portes d’Assiout, étaient des partisans des Rois Héracléopolitains. Ce conflit entre nomes se termina par la victoire de Thèbes, ce qui entraîna de facto le déclin d’Assiout qui ne joua plus aucun rôle politique.
 
   Il faudra attendre la Troisième Période Intermédiaire (1080-656) pour voir la cité rejouer un rôle important. Lors de la confusion qui régna au long de cette période et plus précisément à la XXIIIe dynastie (818-715), la ville se constitua en royaume, de 747 à 715, avec pour Roi Padimenti I (747-715). En 747, ce fut trois nouveaux royaumes, qui existaient déjà, mais qui prirent leur indépendance, en plus de celui de Tanis et Léontopolis.

Plotin – Ostiense Museum –
Ostia Antica – Rome

 
   Le premier royaume depuis la ville d’Héracléopolis, dirigé par Payeftjaouembastet (754-720), gendre de Roudamon qui adopta la titulature royale. Le deuxième à Hermopolis Magma, dirigé par Nimlot III (747-725) et le troisième à Assiout/Lycopolis, dirigé par Padimenti I. Tous ces "Roitelets" seront finalement défait malgré une alliance, par le Roi de Napata, Piânkhy (ou Piye, 747-716, XXVe dynastie), qui conduisit l’invasion Éthiopienne. Les Éthiopiens seront balayés à leur tour par les Rois de la XXIVe dynastie (727-715) qui s’étaient érigés, depuis leur capitale Saïs dans le Delta, en nouveau maître et avaient soumis ces mêmes "Roitelets".
 
   Padimenti I fut un des derniers opposant à ces souverains, Tefnakht I (727-716) et Bakenranef (ou Bocchôris, 716-715). Ce Roi est révélé par une inscription dans un papyrus mortuaire de la XXVe dynastie. Cependant, après cette brève période héroïque, Assiout retombera dans l’oubli et ce pendant plusieurs siècles. Beaucoup plus tard donc, au Moyen-âge, sa renommée redeviendra grande, comme centre caravanier, point d’arrivée des caravanes du Dar Fur et marché d’esclaves.
 
   Aujourd’hui, la ville d’Assiout a presque 400 000 habitants. Elle est la cité Égyptienne avec la plus grande concentration de Chrétiens Coptes. La Vierge Marie serait apparue à Assiout, le 17 août 2000, vers vingt-trois heures trente. La Vierge s’est d’abord manifestée sous la forme d’un halo de lumière intense, entourée de colombes et d’un tourbillon d’éclairs dont certains étaient bleu ou vert. Progressivement, l’apparition s’est ensuite précisée, jusqu’à ce que les témoins soient en mesure de l’identifier comme la Vierge qui tendait ses bras vers les fidèles présents. Cette apparition est reconnue comme officielle par l’Eglise Orthodoxe Copte.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
Horst Beinlich :
Assiut, pp : 489–495, Wolfgang Helck (Hg.): Lexikon der Ägyptologie, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1975.
Manfred Bietak :
Zu den nubischen bogenschützen aus Assiut, ein beitrag zur geschichte der ersten zwischenzeit, IFAO, Le Caire, 1985.
Hans Bonnet :
Lykopolis : Lexikon der ägyptischen Religionsgeschichte, Hamburg, 2000.
Émile Gaston Chassinat et Charles Henri Amedee Palanque :
Une campagne de fouilles dans la nécropole d’Assiout, MIFAO 24, IFAO, Le Caire, 1911 et 1922.
Hans Wolfgang Helck et Eberhard Otto :
Assiut, Kleines Lexikon der Ägyptologie, Otto Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, (posthume) 1999.
Randall Steward :
Asyūt, Aziz Suryal Atiya, The Coptic Encyclopedia, Macmillan, New York, 1991.
Ursula Verhoeven :
Themenpanorama – Die Assiut eine stadt und ihre nekropole in mittelagypten gewahren wieder einblick, Antike Welt 37, N° 4, Raggi-Verlag, Zürich, 2006.
Friedrich Zucker :
Plotin und Lykopolis, Akademie-Verlag, Berlin, 1950.

 

 

Assouan   ou   Syène   ou   Souenet
 
Souenet   swn.t

 

   Assouan (ou Syène, en Grec : Συήνη, en Égyptien : swn.t  Souenet, en Copte : Souan ou Swan, en arabe : أسوان  Assouan ou Aswan) est une ville de Haute-Égypte sur la rive droite du Nil, située près de la première cataracte, dans le 1er nome de Haute-Égypte, le nome du "Pays de l’arc" (ou du Pays de Nubie tA-sty). Son nom en Égyptien ancien était Souenet (on trouve aussi : Swenet ou Souentet) "Commerce". Elle est censée avoir tiré ce nom d’une Déesse Égyptienne du même patronyme.


 

Ruines du temple sur l’île de Philae qui,
v. 400 av.J.C, était l’emplacement d’un temple Juif,
construit par des exilés de
Palestine après la conquête par Babylone

 
   Cette Déesse plus tard sera identifiée comme Eileithyia par les Grecs et Lucina par les Romains lors de leur occupation du pays en raison de l’association similaire avec leur Déesse de l’accouchement. Assouan se trouve à environ 845 km du Caire. Étant la cité la plus au Sud de l’Égypte elle fut longtemps la ville frontière du pays et une plaque tournante pour le commerce avec la Nubie et l’Afrique, d’ou son nom Copte : Souan (négoce). Toutefois, il est également dit que le nom antique de la ville fut dérivé du symbole Égyptien pour le commerce, ce qui confirme, l’un comme l’autre, l’activité importante de la cité dans ce domaine.
 
   L’ancienne ville de Syène et ses temples, de part son emplacement stratégique, se développa rapidement au point de se confondre avec la très ancienne île/ville d’Éléphantine qui en devint un de ses quartiers. Celle-ci était notamment célèbre pour ses carrières de granit gris et rose (à l’emplacement de la ville moderne d’Assouan) et en particulier pour la roche granitique appelée, syénite, d’où étaient extraits par exemple, les obélisques et les statues colossales que l’on trouvait dans toute l’Égypte. On voit encore, dans la roche d’origine, les traces des carriers qui y travaillaient il y a plus de 4000 ans. C’est aussi avec ces carrières que la ville va s’enrichir fournissant tout le pays en matériaux de construction.
 
   Souenet/Assouan fut aussi importante en tant que poste militaire qui contrôlait le trafic. Sous toutes les dynasties, ce fut une ville où logeait une garnison qui surveillait un poste de douane et prélevait un péage sur tous les bateaux de passage vers le Sud et le Nord. Plus tard au cours de la période Ptolémaïque (305-30), Assouan fut choisie par les souverains comme la première capitale de la Haute-Égypte en raison de son emplacement stratégique et ceux-ci vont l’utiliser comme base pour des campagnes en Nubie.
 


 

Vue du célèbre “obélisque inachevé”

   Lorsque, à cette époque, la ville prit de l’importance, elle se divisa en quartiers. Éléphantine fut l’un d’eux bénéficiant d’un caractère résidentiel alors que la rive Est du Nil constituait une localité d’artisans et d’ouvriers. À l’époque Chrétienne, vers l’an 330 ap.J.C, la légion qui y était stationnée reçu un évêque d’Alexandrie et devint plus tard le diocèse Copte de Syène. La ville fut rendue célèbre par l’expérience d’Ératosthène (Astronome et mathématicien Grec, v.276–v.194) faite dans le but de contester la théorie de la Terre plate et d’essayer d’en déterminer sa circonférence en utilisant Assouan comme le point d’origine et Alexandrie comme le point final d’un arc.
 
   Le scientifique choisit la cité en raison de sa proximité du tropique du Cancer. Lors du solstice d’été le Soleil s’en trouve alors à la verticale. La ville est mentionnée par de nombreux auteurs antiques, y compris Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425 – Livre II [Euterpe] – 30), Strabon (Géographe, historien et philosophe Grec, v.63 av.J.C-v.23 Ap.J.C – Géographie, Livre II et Livre XVII), Étienne de Byzance (Écrivain Byzantin du VIe siècle ap.J.C), Ptolémée (ou Claudius Ptolemaeus, astronome et astrologue Grec, v.90-v.168, Livre VII et VIII), Pline l’Ancien (ou Caius Plinius Secundus, écrivain et naturaliste Romain, 23-79 – Livre II et VI) etc… Elle est également mentionnée dans le Livre d’Isaïe (Ezéchiel 29:10).
 
   Sa nécropole, sur les hautes falaises de la rive Ouest, comprend surtout des tombes rupestres sculptées et peintes de la fin de l’Ancien Empire (2647-2150) et du Moyen Empire (2022-1650). Les Princes du nome y furent enterrés, notamment ceux qui, sous la VIe dynastie (2321-2150), participèrent aux guerres en Nubie.

 

Bibliographie

 
    
Hans Georg Berger et Hervé Guibert :
Lettres d’Egypte : Du Caire à Assouan, Actes Sud, Arles, 1995.
André Bernand :
De Thèbes à Syène, CNRS, Paris, 1989.
Labib Habachi et Henry Riyād :
Aswan : The town with a glorious past and a promising future, IFAO, Le Caire, 1959.
Comtesse Le Bault de La Morinière de la Rochecantin :
Du Caire à Assouan, Jouve & Cie, Paris, 1913.
Bezalel Porten et Jonas C.Greenfield :
Jews of Elephantine and Arameans of Syene (fifth century B.C.E.) : Fifty Aramaic texts with Hebrew and English translations, Hebrew University, Jérusalem, Janvier 1974.
Hans Strelocke :
Ägypten. Geschichte, Kunst und Kultur im Niltat, pp. 335-340, Vom Reich der Pharaonen bis zur Gegenwart, DuMont, Köln, 1976.
Gihane Zaki :
Recherches sur le premier nome de Haute-Egypte à l’époque Ptolémaïque et Romaine, Université Lumière, Lyon, 2000.

 

 

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