Deuxième  Période  Intermédiaire
 
v.1783   ou   v.1650    à     1550 / 1549   ou   1540
 

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   Il y a un désaccord entre les spécialistes sur le début de la Deuxième Période Intermédiaire. Il n’est pas certain que l’on puisse faire commencer cette période avec l’avènement de la XIIIe dynastie (v.1783-v.1625), car il y a une continuité sociale et artistique avec la deuxième moitié de la XIIe dynastie (1991-1783). En effet, le passage entre Sobeknéferourê (ou Néferousobek, 1787-1783) le dernier souverain de la XIIe dynastie et Ougaf (1783-1780), le premier Roi de la XIIIe dynastie, paraît se faire sans heurt. Pour certains spécialistes il semble même que jusqu’à Sekhemrê Khoutaoui (1777-1776) les Rois règnent sur l’ensemble de l’Égypte. Alors que pour d’autres, dont Christian Jacq, une vague d’invasion des Hyksôs se déclencha vers 1785 avec l’intention de s’emparer de l’Égypte. Le dispositif de sécurité des Rois précédent se révéla très insuffisant et l’attaque fut un succès. L’armée de Sobeknéferourê ne parvint pas à repousser ces envahisseurs qui s’installèrent dans le Nord du pays ?. Le débat reste ouvert.
 
   Quoi qu’il en fut, ce fut donc progressivement, avec l’affaiblissement du pouvoir central, que les divisions se firent. Les avis des spécialistes sont là encore partagés, mais on peut placer plus raisonnablement le début de la Deuxième Période Intermédiaire, avec la prise de Memphis par les Hyksôs, vers 1650. La XIIIe dynastie se prolonge un peu après cette date, jusqu’à semble t’il vers v.1630/1625 (Il n’y a pas de consensus sur une date). Elle va être évincée à Thèbes par la XVIIe dynastie.

 

   La période qui suit la fin du Moyen Empire se caractérise par une situation politique très désordonnée. Dans un premier temps, la XIIIe dynastie, établie à Itchaouy (ou Itj-Tawi) aux environs de Licht, semble maintenir son autorité sur tout le pays. Puis, les Nomarques du Delta vont prendre le pouvoir dans leur région et créer une dynastie parallèle, la XIVe de Manéthon. Pour la majorité des spécialistes, cette dynastie et la XIIIe (v.1783-v.1625) prennent leurs sources pendant le règne d’Amenemhat IV (1797-1787, XIIe dynastie).
 
   Le fait que le successeur immédiat d’Amenemhat IV, ne soit pas un de ses deux fils, mais son épouse, Sobeknéferourê (1787-1783), une fille d’Amenemhat III (1843-1797), peut être considéré comme une dernière tentative des membres de la XIIe dynastie de se maintenir sur le trône. Tentative, qui échouera, puisque les fils d’Amenemhat IV vont succéder à leur belle-mère Sobeknéferourê en fondant la XIIIe dynastie. Ils ne vont statuer uniquement que sur la vallée du Nil qui s’étend de Memphis à Éléphantine.


 
Sobekhotep V
Ägyptisches Museum – Berlin

   Dans le même temps, un potentat local dans le Delta du Nil, peut-être d’origine étrangère, est devenu de plus en plus puissant, au point semble t-il de pouvoir bloquer l’accès aux expéditions régulières pour les mines de cuivre et de turquoise du Sinaï qui devant passer par le Delta, s’en trouvèrent arrêtées. Cet "étranger" (?) fonde la XIVe dynastie en usurpant le trône. Il règne depuis la ville d’Avaris au Nord-est du Delta.

 

   Il contrôle au moins le Delta oriental du Nil et peut-être toute la Basse-Égypte. Il sera suivi par une longue liste de Rois, qui règneront parallèlement à ceux de la XIIIe dynastie et dont le pouvoir ne semble jamais avoir dépassé la Basse-Égypte. Plus de soixante-dix noms de Roi sont recensés, dont certains sont fictifs. Le Papyrus de Turin mentionne presque 60 noms et Manéthon, 76 (Africanus, Eusebius). Les cinq premiers noms de Roi (surtout le premier) de la dynastie sont très disputés par les spécialistes et il est difficile d’en sortir une majorité. On les retrouve en fonction des égyptologues en XVe et XVIe dynastie ?.

 

   Les contacts entre les deux "maisons" rivalisant pour le pouvoir (XIIIe et XIVe dynastie) ont pu être à caractère militaire, comme l’attestent les sépultures de cette période à Avaris. Après ces hostilités initiales, un statu quo semble avoir été convenu et les deux branches ont coexisté paisiblement, se permettant l’accès à leurs territoires pour le commerce. Les premiers Rois de la XIVe dynastie, de ce fait, semblent avoir eu des règnes assez prospères. En dépit de leurs origines étrangères (Si c’est le cas) ils ont adopté la titulature royale traditionnelle, et ont incorporé le nom de dans leurs propres noms de couronnement. Les égyptologues, dont Hans Wolfgang HelcK, pensent que ce fut probablement sous le règne de Sobekhotep IV (1712-1701) de la XIIIe dynastie, qu’une scission se produisit dans cette dynastie suite à des révoltes dans le Delta. Se côtoyèrent alors deux monarchies qui régnèrent en partie parallèlement aux derniers Rois de la XIIIe dynastie. Cette deuxième branche prit Khasout, qui deviendra la Xoïs des Grecs, pour capitale et contrôla la partie Ouest du Delta. On ne sait pratiquement rien de ses souverains qui étaient peut-être d’origine Cananéenne.


 

Char royal Hyksôs – Musée du Caire

 
   Profitant de ces temps troublés et d’un pays divisé, des tribus nomades, essentiellement en majorité Amorrites selon certains spécialistes ou Hourrites selon d’autres, vont s’infiltrer lentement, mais en grand nombre, au Nord-est du pays. Ce peuple : Les Hyksôs, "heqa khâsout, Chefs ou Princes des Pays étrangers", exploite la faiblesse du Roi et le manque de pouvoir central, pour fonder une dynastie parallèle, la XVe par Salatis (1663-1649). Après avoir balayé les derniers souverains de la XIVe dynastie, Avaris devient leur capitale et, de là, ils vont étendre leur domination. Les Hyksôs adoptent les coutumes et les idéaux Égyptiens. Après la prise de Memphis, leur domination va s’exercer de diverses manières : Les Rois de la XVe dynastie ont un contrôle absolu, depuis Avaris, sur l’Est du Delta. Ils abandonnent le reste du Delta à des Chefferies asiatiques vassales. Quand à leur influence sur le reste du pays, deux théories s’opposent.
 
• La première : Ils installent des petits royaumes contrôlés par des Égyptiens collaborateurs en Moyenne-Égypte. Tous ces vassaux forment la XVIe dynastie (v.1652?-1540). Enfin, ils imposent leur autorité aux Rois de la XVIIe dynastie qui "contrôlent" la Haute-Égypte (Les huit premiers nomes situés entre Éléphantine et Abydos) en leur installant des garnisons aux endroits stratégiques. Ils vont même accentuer leur domination en passant alliance avec des Potentats Nubiens pour affaiblir les Thébains et unifier le pays à leur profit.
 
• La deuxième théorie, proposée par l’égyptologue, Kim Steven Bardrum Ryholt et soutenue, entre autres, par Jacques Kinnaer et Janine Bourriau, nous dit que la XVIe dynastie n’est pas une dynastie vassale des Hyksôs mais un royaume Thébain à part entière, avec environ 15 Rois de Haute-Égypte. Ils proposent l’histoire comme suit : Après l’effondrement des XIIIe et XIVe dynastie et la prise de Memphis par les Hyksôs (XVe dynastie), le vide de pouvoir en Moyenne et Haute-Égypte fut comblé par deux dynasties locales. En Moyenne-Égypte, une résiderait à Abydos ou Thinis. Son territoire ne se serait pas étendu au-delà des frontières du nome Thinite. On ne sait presque rien de son histoire. Cette dynastie n’aurait durée que 20 ans après le début de l’invasion des Hyksôs, ces derniers ayant réussi à la renverser.
 
   La deuxième dynastie locale, en Haute-Égypte, règne depuis la ville de Thèbes. Bien que les Rois de cette dynastie ne seraient attestés que principalement dans cette ville, leur influence se serait étendue vers le Nord de la Thébaïde et au Sud jusqu’à Edfou. C’est cette dynastie, que ces égyptologues nomment, XVIe dynastie et qui aurait régné entre 60 et 70 ans. Ces Thébains, cependant, ne furent pas non plus en mesure de résister à la pression toujours intense des Hyksôs et lors de la fin du règne du Roi Hyksôs Khyan (1621-1581), celui-ci aurait finalement réussi à conquérir Thèbes, mettant ainsi fin à la XVIe dynastie. Quelque soit la version retenue, dans les deux cas on voit que les Hyksôs n’auront jamais une véritable main mise sur la Haute-Égypte. La société depuis l’effondrement de l’unité du pays, s’est énormément militarisée et on assiste à la renaissance d’une tendance à la féodalité. Les Gouverneurs agissent en souverain dans leurs nomes et protègent leurs villes par des remparts et des garnisons. La fin de ce cahot viendra, comme ce fut déjà le cas lors de la Première Période Intermédiaire, justement par la ville de Thèbes, hostile à la domination étrangère. Les circonstances qui ont mené à l’indépendance de Thèbes ne sont toutefois pas claires et font encore aujourd’hui l’objet de débat.

Dessus du sarcophage, en bois,
d’Antef VII – British Museum

 
   Un changement de rapport de force dans la XVe dynastie peut laisser entendre quelques ennuis de succession parmi les Hyksôs. Il est possible que les Thébains aient tiré profit de la situation, non seulement pour reprendre leur autonomie, mais aussi pour étendre leur domination vers des villes plus au Nord comme Abydos. Après la conquête de cette ville un statu quo paraît pourtant avoir été établi entre la XVe dynastie et la XVIIe dynastie et les deux belligérants semble même avoir eu quelques relations commerciales ?. Cette situation va durer au moins jusqu’au règne du Roi Thébain Sénakhtenrê (ou Taâ I, 1559-1558) qui serait le premier à avoir commencé une longue guerre de libération. Elle sera poursuivie par son fils Séqénenrê (ou Taâ II, 1558-1554), puis par le fils (ou le frère) de celui-ci, le Roi Kamosé (1553-1549), qui engage la lutte, à la fois dans le Nord contre le Roi Hyksôs Apopi I (1581-1541), mais aussi dans le Sud contre les Kouchites qui s’étaient emparés de la Basse-Nubie.
 
   Ce sera le Roi suivant, son frère ou neveu, Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24), fondateur de la XVIIIe dynastie, qui débarrassera définitivement le pays des Hyksôs avec la pise d’Avaris et la réunification du pays. Avec cette réunification commencera l’ère du Nouvel Empire. L’histoire de la reconquête du pays nous est connue par deux sources littéraires : Un conte, "la Querelle d’Apophis et de Séqénenrê" (Papyrus Sallier I, British Museum) et par le récit autobiographique d’un vétéran de cette guerre, Ahmès fils d’Abana, qu’il a fait graver sur les murs de son tombeau à El Kab, qui relate les dernières batailles. Les Égyptiens vont apprendre des guerriers Hyksôs, l’art de la guerre et l’utilisation du char, des cuirasses ou encore des cimeterres.

 

Liste des Rois de la XIIIe dynastie

 

Voir la Carte de la

Deuxième période Intermédiaire

 

Beaucoup de Rois composent cette dynastie, voir la liste directement sur la page de la dynastie.

 

Liste des Rois de la XIVe dynastie

 

Beaucoup de Rois composent cette dynastie, voir la liste directement sur la page de la dynastie.

 

Liste des Rois de la XVe dynastie

 

Salatis  ou  Salitis
Sheshi  ou  Bnôn
Yakhob-Har  ou  Yakobher
Khyan
Apopi I  puis  II  ou   Aphophis
Khamoudy
(1663) 1650-1649
1649-   ?
   ?  -1621
1621-1581
1581-1541
1541-1530

Généalogie
de la Dynastie

 

Liste des Rois de la XVIe dynastie

 

Chronologie des Rois de la XVIe dynastie :
Selon quelques égyptologues, dont Dariusz Sitek,
Detlef Franke et Rolf Krauss
Autre chronologie des Rois de la dynastie :
selon Jacques Kinnaer et Kim Steven Bardrum Ryholt

Ânat-Her
Ouser-Anat  ou  Aper-Anati
Semqen
Sokar–Hor
Nebououserrê  ou Yamou   ou  Yaammou
Sekhaenrê  ou  Yakebm  ou  Yakobaam
Khaouserrê  ou  Ammou
Pépi III
Nebmaâtrê
Âahoteprê  ou  Ammou
Âanetjerirê
Méribrê
Nebouânkhrê
Nikarê II
– …..karê
Ouadjed ou  Ouaza
Qour  ou  Kar ou  Kour
Shenès

XVIe dynastie de Thèbes
1639-1638
1638-1635
1635-1619
1619-1618
1618-1617
1617-1591
1591
1591-1590
1590-1578
1578
– Un Roi dont le nom est en lacune
Djehouti  (XVIIe dynastie)
Sobekhotep VIII  (XIIIe dynastie)
Néferhotep III     (XIIIe dynastie)
Montouhotep VII (XVIIe dynastie)
Nébiryaou I    (XVIIe dynastie)
Nébiryaou II   (XVIIe dynastie)
Semenenrê    (XVIIe dynastie)
Souserenrê  ou  Beb-Ânkh
– Sekhemrê Shedouaset
Dedoumesiou I   (XIIIe dynastie)
– Dedoumesiou II
Montouemsaf     (XIIIe dynastie)
Montouhotep VI  (XIIIe dynastie)
Sésostris IV       (XIIIe dynastie)

Dynastie d’Abydos
Autre chronologie des Rois de la dynastie :
selon Jürgen Von Beckerath
  – Ouser….rê
– Ouser….rê
Huit lignes en lacune dans le papyrus de Turin
– ….hebrê
Trois lignes en lacune dans le papyrus de Turin
– ….hebrê
– ….oubenrê
Oupouaoutemsaf  (XIIIe dynastie)
– Pantjeni Sekhemrekhoutaoui
Senaaib  (XIIIe dynastie)

Ânat-Her
Ouser-Anat
Semqen
Souserenrê  ou  Beb-Ânkh (XXVIIe dynastie)
Pépi III
Nebmaâtrê
Nikarê II
Méribrê
Nebouânkhrê
Âahoteprê  (XIVe dynastie)
– Sâa-netjer-Rê
Khaouserrê  ou  Ammou
– Seket  ou  Zaket
Ouadjed  ou  Ouasa ou Ouaza
Sekhaenrê  ou  Yaqoub-Âmou 
– Âmou

 

 Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la période voir les ouvrages de :
 
Jürgen Von Beckerath :
Untersuchugen zur politischen geschichte der zweiten zwischenzeit in Ägypten, Ägyptologische forschungen 23, J.J.Augustin, Glückstadt, janvier 1964.
Handbuch der ägyptischen königsnamen, pp.108-113, MÄS 20, Deutscher Kunstverlag, München, Janvier 1984 – MÄS 49, Philipp von Zabern, Mainz, 1999.
Janine Bourriau :
The second intermediate period in the Oxford history of ancient Egypt, Oxford University Press, Oxford, 2002.
Alan Henderson Gardiner :
Egypt of the pharaos, Oxford, 1961 et (posthume) <1964.
William Christopher Hayes :
Egypt : From the Expulsion of the Hyksos to Amenophis I, Cambridge Ancient History, Revised Edition, Vol. 2, Chapter 8, Cambridge University Press, 1965.
Thomas Garnet Henry James :
Egypt : From the expulsion of the Hyksos to Amenophis 1 (N° 4), Cambridge University Press, 1965.
Kenneth Anderson Kitchen :
Further Notes on New Kingdom Chronology and History, pp : 313-324, Chronique d’Egypte 63, 1968.
Erik Hornung, Rolf Krauss et David Warburton :
Handbook of ancient egyptian chronology, Handbook of Oriental Studies : Section 1, the Near & Middle East, illustrated edition, Brill Academic Pubishers, Leiden, Décembre 2005 et Octobre 2006.
Machteld J.Mellink :
New Perspectives and Initiatives in the Hyksos Period, International symposium (1993, New York), pp : 85-89, Ägypten und levante 5, Vienne, 1995.
Eliezer D.Oren :
The Hyksos : New Historical and Archaeological Perspectives, University Museum, University of Pennsylvania, Philadelphia, 1997.
Donald Bruce Redford :
Pharaonic king-lists, annals, and day-books : A contribution to the study of the Egyptian sense of history, Society for the Study of Egyptian Antiquities, Février 1986 – Ontario Benben Publications, Mississauga, Ontario, Février 1986.
Kim Steven Bardrum Ryholt ::
The political situation in Egypt during the second intermediate period, Museum Tusculanum Press, Février 1998.
King Qareh, a canaanite king in Egypt during the second intermediate period, Museum Tusculanum, 1998.
John Van Seters :
The Hyksos : A new investigation, Yale University Press, New Haven, 1966.
Raymond Weill ::
XIIe dynastie, royauté de Haute-Egypte et domination Hyksôs dans le Nord, IFAO, Le Caire, 1953.
 
Chronologie de Kim Steven Bardrum Ryholt :   Chronologie de la deuxième période intermédiaire (digitalepypte.ucl.ac.uk)