Troisième  Période  Intermédiaire
 
1080   à    656
 

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   Dans la plupart des livres d’histoire, la période suivant le Nouvel Empire est nommée la "Troisième Période Intermédiaire". Elle est composée des dynasties XXI à XXV. Cette période est souvent décrite comme une période de déclin et de chaos où les dynasties vont régner en parallèle et se disputer le pouvoir. Il est vrai que pendant la majeure partie de la prétendue Troisième Période Intermédiaire, il y eut plus d’un centre de pouvoir en Égypte :
– À Tanis, dans le Delta du Nil où il y avait les Rois des XXIe et XXIIe dynastie, qui nominalement régnaient sur tout le pays, mais qui en fait partageaient le pouvoir avec les Grands Prêtres d’Amon.
– À Thèbes, d’où ces derniers exerçaient leur pouvoir.
– Plus quelques autres dynasties locales telles que la XXIIIe qui prit résidence successivement à Léontopolis, Tanis, Héracléopolis, Hermopolis Magma et Lycopolis.
– À Saïs où s’installa la XXIV dynastie.
– Et enfin la XXVe dynastie, dite dynastie Kouchite, qui, originaire de Napata exerça son pouvoir depuis Thèbes et Tanis.
Une période donc très mouvementée qui va durer plus de quatre siècles. Elle va séparer celle décadente des derniers Ramsès de la XXe dynastie, du jour de la réunification du pays par Psammétique I (664-610, XXVIe dynastie), qui inaugure la renaissance Saïte.
 
   La multiplication des pouvoirs régionaux se traduit par la coexistence de plusieurs Rois et l’affaiblissement de l’expansion de l’Égypte qui va subir, des infiltrations, puis des invasions étrangères. La Troisième Période Intermédiaire commence sous le règne du dernier Ramsès, mais il est convenu de la faire débuter lorsque le général et Grand Prêtre d’Amon Hérihor (1080-1074) prend le pouvoir en 1080, avec la création du royaume de Thèbes. Tandis que son fils, Smendès I à Tanis, assure la gestion de la Basse-Égypte. Cette division de pouvoir, cependant, n’a pas menée aux guerres civiles, ou à un déclin des richesses. À l’effet contraire, cette époque était une période de paix et de stabilité relative par rapport à celle qui suivit. Les tombeaux royaux de la XXIe dynastie à Tanis, sont parmi les plus riches découvertes de l’histoire de l’archéologie Égyptienne. Cette période intermédiaire peut-être divisée en quatre phases :

 


 

Smendès I

1 La période des Rois Tanites et des Grands Prêtres Rois Thébains (XXIe dynastie, 1070-945) :

 
   Pendant la majeure partie du Nouvel Empire, la richesse et la puissance des Grands Prêtres d’Amon à Thèbes avaient lentement augmenté. Il est possible que la "révolution Amarnienne" du Pharaon Amenhotep IV (ou Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) de la XVIIIe dynastie, ait été une tentative de casser cette puissance, ce qui est généralement admis aujourd’hui. Si c’est le cas, cette tentative échoua, car à peine 20 ans après ce souverain les temples avaient ouverts de nouveau et les Grands Prêtres d’Amon avaient été rétablis dans leurs fonctions. En 1080, sous le règne de Ramsès XI (1099-1069), un de ceux-ci, Hérihor (1080-1074), profite de ses prérogatives et s’attribut des titres royaux en proclamant la renaissance basée à Thèbes. Quand Ramsès XI mourut, la dynastie des Grands Prêtres d’Amon était devenue un facteur politique important avec la main mise sur une partie du pays. La lignée des Grands Prêtres Roi, va s’enrichir par les grands domaines ruraux, dont les profits devaient normalement revenir au Roi et gouvernent sur tout le Sud de l’Égypte.
 
   Le fils d’Hérihor, Smendès I devient le nouveau Pharaon et inaugure une XXIe dynastie dont le plus illustre représentant sera Psousennès I (1043-991), fils du Grand Prêtre d’Amon Pinedjem I (1070-1054). Afin de légitimer son accession au trône il épouse une fille de Ramsès XI. Il déplace la capitale de Pi-Ramsès à Tanis, probablement d’après certains spécialistes parce que le canal de Pi-Ramsès voisin s’était desséché. À Tanis, lui et ses successeurs vont avoir une activité de bâtisseur que les spécialistes de l’art qualifie de raffinée. Ils voulaient rivaliser avec le temple d’Amon à Thèbes. À la même époque les Libyens infiltrent la Basse et la Moyenne-Égypte. La fin de la XXIe dynastie, à la mort de Siamon (978-959) sans héritier, voit l’arrivé au pouvoir du très controversé Roi Psousennès II et de nouvelles luttes de succession. De plus le pays est en pleine crise économique et le désordre c’est à nouveau installé. On assiste à un grand pillage de la nécropole Thébaine, qui conduit les Grands Prêtres d’Amon, pour sauver ce qui l’est encore, à ensevelir à nouveau les momies royales dans une cachette dans une tombe (DB320) à Deir el-Bahari.
 


 

Inscription d’Elibaal, Roi de
Byblos, exécutée sur une
statue en quartzite du
Pharaon Osorkon I, trouvée à
Byblos – Musée du Louvre

 – L’apogée des Rois d’origine Libyenne (XXIIe dynastie, 945-850) :

 
   Un autre facteur politique important était les militaires Libyens. Ils avaient été intégrés dans l’armée Égyptienne et la police pendant le Nouvel Empire. Particulièrement les militaires descendants d’anciens prisonniers de guerre Libyens, les Méchouech (ou Meshwesh ou Mâchaouach). Ils s’étaient installés à Bubastis, puis Tanis dans le Delta et avaient petit à petit étendu leur territoire jusqu’au Fayoum et détenaient la force armée du royaume. À la fin de la XXIe dynastie, un de leurs chefs, Sheshonq I (945-924) profite de l’anarchie dans laquelle le pays est tombé et des problèmes de succession, et fonde la XXIIe dynastie, dite Bubastite. Les premiers Rois Bubastes furent des souverains puissants qui pendant un siècle rétablirent la présence Égyptienne en Syrie-Palestine.
 
   Ils avaient également le pouvoir de nommer les Grands Prêtres d’Amon à Thèbes et ils ont souvent sélectionné leur propre fils ou quelqu’un de la famille royale, de ce fait ils renforçaient l’unité du pays. Ils nommèrent aussi des Princes Gouverneurs à Héracléopolis et d’Hermopolis Magma, en Égypte centrale, qui leur étaient fidèles et qui contrôlaient pour eux la région dont ils avaient la charge. Les Libyens voulaient s’assurer le soutient de tous les clergés. De ce fait, il ont respecté les principes religieux traditionnels des Égyptiens. Ils ont aussi continué la politique monumentale en faveur des temples, à Abydos, Bubastis, Héliopolis, Tanis et Thèbes (Karnak). Pendant cette période on assiste au développement de l’art du travail du bronze qui devient d’une grande qualité.

 

3 – L’anarchie Libyenne, période de décomposition.

(XXIIe, XXIIIe, XXIVe dynastie, 850-730) :

 
  La rivalité dynastique et les compétitions entre différentes lignées de Rois pour le trône, plus la coexistence de plusieurs "royaumes", Thèbes, Héracléopolis, Hermopolis Magma, vont affaiblir la XXIIe dynastie en place et amener à la guerre civile. Finalement, en 818, un Prince Bubaste, Pétoubastis I (ou Padibastet I, 818-793), profite de ce cahot et des conflits de succession en l’an 8 de Sheshonq III (825-773) pour se faire couronner Roi de Léontopolis (ou Taremou). Il se fait reconnaître également par les villes d’Héracléopolis, de Memphis et de Thèbes et fonde la XXIIIe dynastie. Toutefois les Rois Léontopolites qui vont faire cette dynastie ont aussi un pouvoir très limité et en 747, sous le règne de Ioupout II (754-715) et de Sheshonq V (767-730) à Tanis, on assiste à une nouvelle division de l’Égypte avec la création de trois nouveaux royaumes qui existaient déjà mais qui prirent leur indépendance.
 
   À cette date, le pays est alors partagé entre cinq Rois : Sheshonq V à Tanis ; Ioupout II à Léontopolis ; Payeftjaouembastet (754-720), gendre de Roudamon (757-754), à Héracléopolis ; Nimlot III (747-725) à Hermopolis Magma et Padimenti I (747-715) à Lycopolis (ou Assiout). Les provinces et royaumes du Nord (des "grands chefs") reconnaissent, au mieux, la suzeraineté d’un de ces Roitelets. Cet exemple serait bientôt suivi de Tefnakht I (727-716), un Prince de Saïs dans le Delta, qui fonde la XXIVe dynastie. Celui-ci réussit à unifier presque tous les nomes du Delta et devient Grand chef des Libous et des Mâ et Grand Prince des provinces Occidentales du Delta.
 


 

Taharqa – Musée de Nubie – Assouan

4 – Le conflit pour la réunification, les Kouchites
(XXVe dynastie, 730-656) :

 
   Profitant de ces conflits internes, une nouvelle puissance émergea dans le Sud, en Nubie, avec la ferme intention de conquérir l’Égypte. Un de ces Rois Kouch, Piânkhy (ou Piye, 747-716), s’annexe définitivement cette partie du pays et fonde la XXVe dynastie. Dans un effort de contrecarrer cette invasion Nubienne, les trois dynasties du Delta s’allient, mais elles sont battues. Les fils de Piânkhy, qui vont lui succéder, Chabataka (707/6-690) et Taharqa (690-664), vont conquérir toute l’Égypte. Cette dynastie Nubienne, souvent appelée les "Pharaons Noirs", parvient à unifier le pays, mais l’unité royale est fragile et ne sera pas préservée. La XXIVe dynastie de Saïs semble avoir maintenu son indépendance et ses successeurs de la XXVIe dynasties disputent aux Nubiens Memphis et le Delta.
 
   Les Rois Nubiens de la dynastie ont suivi les traditions artistiques Égyptiennes, comme le montre une statue de Taharqa, ainsi qu’une grande part des coutumes religieuses. La relative paix et la stabilité résultant de la conquête Nubienne vont être perturbés par un facteur externe représenté par les Assyriens. Ceux-ci tentent une première conquête de l’Égypte vers 695, mais leur armée est décimée par une terrible épidémie de peste. Le pays connaîtra alors un temps de répit jusqu’aux nouvelles invasions des souverains Assyriens, Assarhaddon (681-669) et d’Assurbanipal (669-631 ou 626), qui ravagent et pillent Thèbes, détruisent les temples et refoulent les Nubiens dans leur pays. Heureusement pour l’Égypte, les Assyriens sont forcés de retourner à Assur. C’est ce moment que choisit le Roi Saïte, Psammétique I (664-610) pour se faire couronner Pharaon en 656, en fondant la XXVIe dynastie et refaire rapidement l’unité du pays. Par cette dynastie commence une nouvelle ère de stabilité et de prospérité en Égypte qui durera plus d’un siècle, inaugurant la période appelée Basse Époque.

 

Voir les Grands Prêtres d’Amon et les Divines Adoratrices d’Amon
Voir la carte de la Troisième Période Intermédiaire
Voir aussi la carte des territoires des royaumes locaux

 

Liste des Rois de la XXIe dynastie

 

Smendès I  ou  Nesbanebdjed I
Pinedjem I
Amenemnesout
Psousennès I  ou  Pasebakhaienniout I
Aménémopet  ou  Aménémopé
Osorkon l’Ancien
Siamon  ou  Saïtes
Psousennès II  ou  Pasebakhaienniout II
 1070/69-1043
(1070) 1054-1032
 1043-1039
 1043 (1039)-991
(993) 991-984
 994-978
 978-959
 959-945

Généalogie
de la Dynastie

 

Liste des Rois de la XXIIe dynastie

 

Sheshonq I  ou  Chechanq I
Nimlot I
Osorkon I
Sheshonq II  ou  Chechanq II
Takélot I
Osorkon II
Harsiesi I  ou  Harsiese
Takélot II
Sheshonq III  ou  Chechanq III
Pamy  ou  Pamai ou  Pimay
Sheshonq V   ou  Chechanq V
Osorkon IV
 945-924
 v.940
 924-890/89
 890-889
 889-874
 874-850
 870-860
 850-825
 825-773
 773-767
 767-730
 730-715

Généalogie
de la Dynastie

 

Liste des Rois de la XXIIIe dynastie

 

Rois de Léontopolis
Pétoubastis I  ou  Padibastet I
Ioupout I
Sheshonq IV
Osorkon III
Takélot III
Roudamon  ou  Amonroud
Ioupout II

 818-793
(804-803)
 793-787
 787-759
(764) 759-757
 757-754
 754-715

Généalogie
de la Dynastie

 

Liste des souverains des royaumes locaux sous la
Troisième Période intermédiaire

 

   Rois d’Héracléopolis
Nimlot I
 
Djedptahiefânkh
Pamoui III
Hemptah I
Bakenptah
Pasenhor
Hemptah II
Takélot III
Payeftjaouembastet  ou  Peftjaouaouibastet
 v.940-  ?
 
 v.845-v.820
 v.820-v.805
 v.805-v.790
 v.790-v.785
 v.785-v.775
 v.775-v.765
 v.765-754
   754-720
Voir les Grands Prêtres d’Amon et
les Divines Adoratrices d’Amon
 
 
 
  Rois d’Hermopolis Magma
Thotemhat
Nimlot III
Djeoutiemhat  ou  Thotemhat
 
   Roi de Lycopolis (ou Assiout)
Padimenti I
 
   Rois de Tanis
Gemenefkhonsoubak
Pétoubastis II  ou  Padibastet II
Néferkarê  ou  Néferkarê Pépi
Penamon  ou  Penamoun
 
  Princes de Mendes
– Nesakhbit
– Harnakht I
– Smendès IV
– Harnacht II
– Smendès V
– Djedamoniouefânkh
– Ânkhhor
– Buiama
 
  Rois de Saïs (ou Proto-saïte)
– Voir le début de la XXVIe dynastie.
 
 
 760-747
 747-725
 725-715
 
 
 747-715
 
 
 700-680
 680-665
 665-657
 657- ?
 
 
 830-810
 810-792
 792-777
 777-755
 755-730
 730-720
 720-680
 680-665
 
 
 
  Princes d’Athribis et d’Héliopolis
Bakennefi I
Padiaset I (ou Pétoubastis ?)
– Souverain inconnu
Pétoubastis II  ou  Padibastet II
Bakennefi III
Inaros I
Psammétique I
Harwa
Haroudja
 
  Princes de Sebennytos
– Ioukanekh I
– Souverain inconnu
– Souverain inconnu
Harsiesi
– Ioukanekh II
 
  Princes de Busiris
– Takélot I
– Souverain inconnu
– Sheshonq I
– Pamoui I
– Sheshonq II
– Pamoui II
 
 
850-790
790-v.760
v.760-745
745-731/727
727-667
667- ?
667-664
664-650
650-630
 
 
740-720
720- ?
  ? -685
685-665
665-650
 
 
810-790
790-750
750-728
728-700
700-665
665-650

 

Liste des Rois de la XXIVe dynastie

 

Tefnakht I
Bakenranef  ou  Bocchôris
 727-716
 716-715

Généalogie
de la Dynastie

 

Liste des Rois de la XXVe dynastie

 

Alara 
Kachta
Piânkhy  ou  Piye
Chabaka  ou  Shabaka
Chabataka  ou  Shabataka
Taharqa
Tanoutamon  ou Tantamani
 775-760
 760-747
 747-716
 716-707/06
 707/06-690
 690-664
 664-656

Généalogie
de la Dynastie

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la période voir les ouvrages de :
 
Robert Steven Bianchi :
Daily life of the Nubians, Greenwood Press, Westport, 2004.
Marie-Ange Bonhême :
Les noms royaux dans l’Égypte de la Troisième Période Intermédiaire, BiEtud 98, IFAO, Le Caire, 1987.
Le Livre des Rois de la Troisième Période Intermédiaire, 1, XXIe Dynastie, BiEtud 99, IFAO, Le Caire, 1987.
Gérard P.F.Broekman, Robert Johannes Demarée et Olaf E.Kaper :
The Libyan period in Egypt : Historical and cultural studies into the 21st-24th dynasties : Proceedings of a conference at Leiden University, 25-27 october 2007, Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten Leiden, 2009 – Peeters, Leuven, 2009.
Helen Chapin Metz :
Egypt : A country study, Library of Congress, Federal Research Division, Publication gouvernementale nationale, The Division : For sale by the Supt. of Docs., Washington, 1991.
Maria del Carmen Pérez-Die :
Heracleopolis Magna (Ehnasya el Medina, Egipto) : la Necropolis “real” del Tercer Período Intermedio y su reutilizacion, Ministerio de Cultura, Fundacion Barrero, Madrid, 2010.
Richard A.Fazzini :
Egypt Dynasty XXII to XXV, E.J.Brill, Leiden, New York, 1988.
Annie Gasse :
Les sarcophages de la Troisième période intermédiaire du Museo gregoriano egizio, Città del Vaticano, Direzione generale dei monumenti, musei e gallerie pontificie, Musei e gallerie pontificie, 1996.
Kenneth Anderson Kitchen :
The third intermediate period in Egypt (1100-650 BC), 3rd Éd. Warminster : Aris Phillips Limited, Warminster, 1996.
Robert Kriech Ritner :
The Libyan anarchy : Inscriptions from Egypt’s Third Intermediate Period, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2009.
Martin Sieff :
The Libyans in Egypt : Resolving the third intermediate period, Catastrophism & Ancient History, Los Angeles, 1986.
Pascal Vernus :
Inscriptions de la Troisième Période Intermédiaire (I), pp : 1-66, BIFAO 75, IFAO, Le Caire, Janvier 1975.
Inscriptions de la Troisième Période Intermédiaire (II), p : 67-72, BIFAO 75, IFAO, Le Caire, Janvier 1975.
Jean Yoyotte :
L’ Égypte du Delta : Les capitales du Nord, Les dossiers d’archéologie 213, Faton, Dijon, 1996.

 

 
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