Son origine et sa longueur de règne
Ramsès XI est le 10e et le dernier
Pharaon de la
XXe dynastie. Il fut sûrement le fils de
Ramsès X et de la Reine
Tyti (ou
Titi),
Cette filiation est remise en cause depuis peu, voir l’article sur la Reine
Tyti. C’est le Pharaon qui eut un des règnes les plus longs depuis
Ramsès III (1184-1153),
cependant son règne est loin d’être aussi brillant que celui de son ancêtre. On peut même dire
qu’il marqua la fin de l’Empire Égyptien, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. Cette période
est frappée par l’effondrement de l’autorité nationale, la crise économique, le
pillage des tombeaux royaux, la famine et pour finir la guerre civile.
Comme on peut le voir la durée de son règne
est très fluctuante en fonction des auteurs, les dernières recherches font plutôt opter pour une période
entre 29 et 33 ans. Dans un papyrus, BM 9997, il est affirmé
que Ramsès XI vécu au moins ses 32e et 33e années de règne (ou 14e et 15e de "l’ère de
la Renaissance" ou whm mswt : Ouehem
Mesout). Cependant, il faut souligner qu’aucun élément de preuve de célébration de
fêtes
Seb (ou Heb-Sed)
n’a été trouvé comme cela aurait du être le cas. À l’heure actuelle, seule la proposition du
papyrus BM 10054,4, qui date l’an 28 de Ramsès XI (ou l’an 10 de " l’ère
de la Renaissance") a été confirmé par les égyptologues tels que
Jürgen von Beckerath et
Annie Gasse qui a étudié
plusieurs fragments nouvellement découverts appartenant à ce document.
Le règne de Ramsès XI est documenté par un grand nombre de papyri importants qui ont été découverts,
comme le "Papyrus d’Adoption", qui mentionne ses années de règne de l’an 1 à 18, le Papyrus
de Turin Fiscalité et toute une série de Lettres ramessides tardives écrites par les scribes Dhoutmosé,
Boutehamoun et le Grand Prêtre d’Amon
Piânkh, dont
la dernière chronique fait part de la forte baisse de l’influence du Pharaon, même aux yeux de ses propres fonctionnaires.
Son règne
Depuis
Ramsès II (1279-1213) la ville de Pi-Ramsès
dans le Delta supplantait Thèbes comme la
capitale du royaume. Mais celle-ci se trouvait distante de près de 600 km du siège
du pouvoir. En cette période de crises et de troubles cette distance favorisa
les autorités locales contre le pouvoir central. À
Thèbes et dans toutes la Haute-Égypte
le clergé d’Amon fit office
d’autorité, mais il fut difficile pour le Pharaon de sanctionner les
actes indépendantistes des Grands Prêtres
d’Amon, même si Ramsès XI savait qu’ils étaient responsables des troubles. Durant les
premières années de son règne le Pharaon "cohabita" avec Amenhotep, le Grand
Prêtre qui gérait ses domaines pour la région et qui avait la responsabilité de la
collecte des impôts. Celui-ci accumula un immense pouvoir à
Thèbes.

Statuette en cire d’abeille Représentant Ramsès XI et Maât
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Puis Ramsès XI souhaita reprendre en main
Thèbes et sa région.
Il ordonna au vice-Roi de Nubie, le général Panéhésy (ou Panehesy)
de l’aider dans cette opération de reprise de contrôle de la Haute-Égypte avec son armée composée de Nubien.
Panéhésy, qui fut considéré comme un homme de confiance, se vit aussi attribué le titre de "Chef des greniers".
Ramsès XI, par cette mesure pensait limiter l’influence d’Amenhotep. C’est la première fois qu’un militaire prenait
un pouvoir aussi élargi, mais le binôme Panéhésy/Amenhotep à la tête de la région ne pouvait durer sur une longue période.
Les ambitions de Panéhésy l’amenèrent vite à un conflit avec Amenhotep. À partir de l’an 9/10 de Ramsès XI de graves troubles
éclatèrent, dus en partie à l’armée de Panéhésy. Des soldats couverts par des officiers corrompus organisèrent des vol à
Thèbes-Ouest.
Panéhésy à la fois juge et parti prit position pour ses soldats profitant qu’Amenhotep
fut plus ou moins les
mains liées et impuissant à contrecarrer ses méfaits.
Un premier procès "fantoche" eut lieu en l’an 12, mais il n’apporta pas de grand
changement et les pillages des temples et des tombes se poursuivirent, puis un deuxième en l’an 15. Panéhésy
bénéficiant de toutes impunités faisait ce qu’il voulait et était seul maître.
En l’an 17, Ramsès XI n’ayant plus aucune autorité sur son général eut l’idée de l’éloigner de la ville. Il ordonna
à Panéhésy de partir dans le Sud avec son armée pour rencontrer un nommé Inès, un homme de confiance du Pharaon.
Durant quelques mois la situation à
Thèbes redevint favorable au souverain qui y avait
envoyé des agents. Mais le calme ne dura pas et en l’an 18 une guerre civile éclata dans la cité, attisée par les
soldats de Panéhésy restés en garnison dans la ville. Cette confusion profita aux voleurs et la
vallée des Rois subit de
nouveau de vastes pillages. Amenhotep se sentant de plus en plus menacé s’enfuit à
Memphis,
mais dans une bataille, il fut fait prisonnier. Destitué, il fut déporté dans le désert occidental à Hardaï.
Le pays entier devint vite incontrôlable et Ramsès XI ne posséda bientôt plus aucun pouvoir,
seule l’armée royale lui resta fidèle.
En l’an 18/19 le Pharaon envoya trois nouveaux officiers,
Hérihor
(1080-1074), Smendès I (Pharaon 1070/69-1043)
un Prince de la ville de Tanis
qui est souvent donné comme le fils d’Hérihor, et
Piânkh, pour mener la
guerre dans le but de reprendre Thèbes et
rétablir son autorité. Selon certains spécialistes le trio était soutenu par la Reine Tentamon I. Panéhésy
fut
battu, Hérihor le repoussa
en Nubie, au Sud d’Assouan.
Par sa victoire
Hérihor acquit le contrôle sur toute la Haute-Égypte. Certains égyptologues pensent que c’est à cette
occasion que les Libyens prirent une place importante dans l’armée. Il récupéra le postulat d’Amenhotep,
puis il profita de ses prérogatives, où il accumulait les fonctions économiques, militaires et religieuses et
s’attribua en 1080 des titres royaux en proclamant la renaissance basée à
Thèbes.
Bien qu’il fit inscrire son nom dans un
cartouche et qu’à Karnak il
fut représenté en prenant une iconographie royale, en s’associant avec le Dieu
Amon,
les avis divergent entre les spécialistes sur le fait qu’il fut vraiment Roi.

Hérihor – Temple de Khonsou
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Quoi qu’il en fût, il fonda ainsi un contre pouvoir dans le Sud, aux mains des
Grands
Prêtres d’Amon, qui allait cohabiter dix ans avec Ramsès XI et qui subsista pendant tout le début de la
Troisième Période Intermédiaire.
Cette période fut officiellement appelée "l’ère de la Renaissance" (ou
whm mswt : Ouehem Mesout) par les Égyptiens.
Hérihor fut le premier
"Roi-prêtre" de la dynastie des Grands Prêtres d’Amon à Karnak, qui
fut parallèle à la XXIe Dynastie.
Le pouvoir de Ramsès XI fut tellement faible qu’il ne bénéficia semble t-il même pas
d’un enterrement dans la vallée des Rois où
sa tombe fut construite. À la mort d’Hérihor,
Piânkh reprit ses titres (ou peut-être
durant la fin de vie de ce dernier) : Grands Prêtres d’Amon, Fils du Roi de Kouch,
Surveillant de l’étranger vers le Sud, Chef des greniers et Commandant des archers (C’est-à-dire chef de la police)
de l’ensemble de la Haute-Égypte. En l’an 29 de Ramsès XI il lança une campagne en Nubie pour anéantir toutes nouvelles menaces.
En Basse-Égypte,
Smendès I devint l’administrateur du Roi
pour la province, qu’il dirigea depuis Tanis. Il
donna une importance telle à la ville qu’elle supplanta
Pi-Ramsès et contrôla toute la région.
Les aventures d’Ounamon, un récit qui date de la fin de la
XXe dynastie (An 5
de la renaissance ou 23 de Ramsès XI), nous confirment qu’un certain Smendès gouvernait
la Basse-Égypte à partir de Tanis.
Le Pharaon n’est cité que par son
nom de naissance, sans
cartouche.
Si la Reine Tanoutamon II semble résider dans la nouvelle "capitale",
le Pharaon lui résida toujours à Pi-Ramsès.
Lors des dernières années de règne de Ramsès XI,
Tanis s’embellit sonnant la fin de
Pi-Ramsès
et on assista au déménagement des temples et sanctuaires de celle-ci vers
Tanis qui prit le surnom de "Thèbes du Nord".
En 1069, Ramsès XI et la dynastie ramesside s’éteignirent.
Smendès I naturellement reprit la succession et
fonda la XXIe Dynastie. Mais les descendants
d’Hérihor firent
de Thèbes et sa région un
"royaume" presque indépendant et ce fut deux pouvoirs qui s’affrontèrent par la suite dans le pays.
Un en Haute-Égypte, basé à Thèbes, contrôlé par les
Grands Prêtres Roi et un en Basse-Égypte contrôlé par les Princes de
Tanis.
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