Quelques Rois Importants :
Thoutmôsis I
1504 – 1492
 

Nous avons besoin de vous

….Retour à la XVIIIe dynastie

 

 
Sommaire
 

▪  Sa titulature
▪  Sa durée de règne
▪  Son origine
▪  Son règne
▪  Sa succession
▪  Ses constructions
▪  Sa sépulture
▪  Sa famille
▪  Bibliographie

 

Thoutmôsis I –
British Museum
             DATES  de  RÈGNE
           1504-1492
   D.Arnold, K.A.Kitchen, J.Malek, S.Quirke, I.Shaw, J.von Beckerath
1525-1516  D.B.Redford
1524-1518  P.A.Clayton, P.A.Piccione,
E.F.Wente 
1509-1497  R.A.Parker
1508/5-1493 A.Eggebrecht
1506-1494  E.Hornung
1506-1493  N.Grimal
1503-1491  A.M.Dodson
1494-1482  C.Aldred, J.Kinnaer
1493-1482  R.Krauss, W.J.Murnane
1493-1481  P.Vernus, J.Yoyotte
1484-1472  D.Sitek
1483-1470  H.W.Helck

 

Sa titulature
  • Hr kA-nxt mri-mAat , kAnxt-n-ra , mri-ra xai-m-HDt
  • nbti xa-m-nsrt , xai-m-nsrt aA-pHti , dwA-itm xai-xaw iTi-tAw-nb(w)
  • bik nbw nfr-rnpwt sanx-ibw , aA-pHti wsr-xpSwAD-rnpwt-m-Hwt-aAt-mAat
  • aA-xpr-kA-ra
  • DHwti-msi(w) , xai-mi-ra
     
  • Misaphris  ou  Mêphrês  (Manéthon)

 

Nom d’Horus Horus Kanekhet Mérimaât
(Horus taureau victorieux, Aimé de Maât)
Hr kA-nxt mri-mAat
Noms de Nebty Nebty Khâemneseret
(Nebty qui apparaît glorieux en tant que Nesret)
nbti xa-m-nsrt
Nebty Khâemneseret Âapekti
(Nebty avec l’aspect divin, Grand en puissance)
nbti xai-m-nsrt aA-pHti
Nom d’Horus d’or Bik Nebou Néferrenpout Séânkhibou
(Dont les années sont parfaites, Qui fait vivre les cœurs)
bik nbw nfr-rnpwt sanx-ibw
Nom de Roi
Abydos 68
Âakhéperkarê
(La Manifestation du ka de Rê est grande)
aA-xpr-kA-r
Nom de naissance Djéhoutymosé Khâimirê
(Celui qui est né de Thot, comme Rê)
DHwti-msi(w)xai-mi-ra

 


 

Relief représentant
Thoutmôsis I – Temple
d’Hatshepsout – Deir el-Bahari

Sa durée de règne

 
   Thoutmôsis I (ou Thoutmès ou Thutmose ou Thutmosis en Grec ou Djéhoutymosé en Égyptien) est le troisième Roi de la XVIIIe dynastie. Il est appelé par Manéthon, Misaphris (Africanus, Eusebius) ou Mêphrês (Flavius) et lui compte 13 ans (Africanus) ou 12 ans (Eusebius) ou 12 ans et 9 mois de règne (Flavius). Il y a des différences entre spécialistes sur la date précise de son couronnement. Par exemple, selon F.Maruéjol (et d’autres), elle figure, dans le décret émis par le nouveau souverain pour proclamer sa titulature. Le texte en a été reproduit par Touri, le Gouverneur de Nubie, sur deux stèles érigées à Bouhen et à Qouban. C’est le 2e jour du 3e mois (Phamenoth) de la saison Peret. Le calendrier, qui repart de zéro au début de chaque règne, démarre à partir de cette date. D’autres lisent le 21e jour du troisième mois de la saison saison Peret.
 
   La date est confirmée par les "faire-part" qu’il envoya au vice-Roi de Nubie, Touré (ou Turi). Par contre la durée de son règne est très discutée par les égyptologues. Les estimations vont de 13 ans pour Nicolas Grimal et Hans Wolfgang Helck à 6 ans pour Edward Frank Wente. La grande majorité des spécialistes lui donnant 12 ans et 9 mois, mais avec des dates de règnes bien différentes comme d’habitude (Voir ci-dessus). Selon Jürgen von Beckerath, ces données sont appuyées par deux inscriptions trouvées sur un bloc de pierre à Karnak, qui date de la 8e ou 9e année de son règne et qui porte son cartouche.
 
   Selon Nicolas Grimal, ces dates, de même que toutes les dates de la XVIIIe dynastie, peuvent cependant être contestables en raison des incertitudes sur les circonstances entourant l’enregistrement d’un lever héliaque de l’étoile Sothis sous le règne d’Amenhotep I (1525/24-1504). Incertitudes concernant l’endroit où il convient d’observer ce phénomène qui sert de point de repère pour la datation, en effet on l’enregistre à une date différente si on se trouve à Memphis où à Thèbes (entre autres). Un papyrus des annales du règne d’Amenhotep I note cette observation astronomique, ce qui fait que théoriquement, il pourrait être utilisé pour corréler la chronologie Égyptienne avec le calendrier moderne, mais pour ce faire, il nous faudrait connaître la latitude où l’observation fut prise en compte, hors nous n’avons pas à ce jour cette information.

 

Son origine

 
   On connait mal les origines de ce Roi. Comme le précise Christian Leblanc, l’absence d’une quelconque mention de son ascendance paternelle dans la documentation fut très largement interprétée par les égyptologues comme le fait qu’il fut forcément un fil d’Amenhotep I. Cependant aucunes preuves, encore aujourd’hui, ne vient justifier cette parenté. Il ne serait donc pas fils de Roi, aucune inscription invite à conclure qu’il est le descendant direct d’un Souverain. Ce père n’est évoqué nulle part. Mais cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un obscur personnage, sans lien avec la monarchie. De même sa sœur et épouse, Ahmès, (ou Ahmose), n’est jamais qualifiée de fille de Roi, ce qui devrait aussi être le cas.
 
   Il y a aussi de ce fait débat sur sa mère. Certains, dont Leblanc et Claire Lalouette, avancent qu’il existe des preuves comme quoi son père aurait eu une concubine du nom de Séniséneb (ou Senseneb ou Seni-Seneb), fille d’un Général nommé Amenhotep. Suzanne Ratié donne cette Séniséneb comme une épouse secondaire d’Amenhotep I, mais il n’existe aucune preuve de cette union. Florence Maruéjol, donne aussi le nom de Séniséneb (Sen-seneb pour elle) et nous dit qu’elle est mentionnée comme sa mère, à Bouhen, sur la stèle du décret du couronnement et figurée dans le temple d’Hatchepsout, à Deir el-Bahari.


 

Séniséneb dans une chapelle
de la terrasse supérieure du
Temple à Der el-Bahari

 
   Celle-ci aurait eut le titre de Mère du Roi (mwt-nswt) et serait la mère de Thoutmôsis I. Elle est en effet citée, voire représentée, sur quelques monuments avec ce titre. Dès la première année du règne de Thoutmôsis I cette dignité lui est reconnue sur une stèle à Bouhen, annonçant le couronnement de ce dernier. Leblanc nous dit qu’elle fut également la mère d’Ahmès, mais il précise que ces deux enfants ne sont peut-être pas issus du même père. La seule image que l’on en connaisse est celle d’un relief qui orne la niche d’une chapelle localisée au Nord du complexe solaire sur la terrasse supérieure du temple de Deir el-Bahari.
 
   Elle y apparait debout derrière Thoutmôsis I qui procède à une consécration d’offrandes pour le Dieu Anubis. Elle porte pour cette circonstance le titre de Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres (Hnwt t3wy). Elle est parée de bijoux et est vêtue d’une longue tunique et porte la “dépouille de vautour” masquant sa perruque. Celle-ci est normalement, comme le veut la tradition, réservée aux Mères du Roi. Tout ceci est-il suffisant pour justifier le fait qu’elle fut la mère de Thoutmôsis I ?, le débat reste ouvert.
 
   Claire Lalouette, avancent qu’à la mort d’Amenhotep I la légitimité des droits dynastiques passent à sa fille (ou sœur) Ahmès (ou Ahmose). Cette dernière épouse Thoutmôsis I, qui n’a donc aucun lien de parenté avec la famille royale, et lui lègue les prérogatives du pouvoir. Cependant, cette théorie peut être contredite pour deux raisons. Tout d’abord, selon Nicolas Grimal, la barque en albâtre d’Amenhotep I construite à Karnak associe le nom d’Amenhotep I avec le nom de Thoutmôsis I bien avant la mort d’Amenhotep I.
 
   Deuxièmement, Amenmès (ou Amenmosé), le premier enfant que Thoutmôsis I à avec son épouse la Reine Ahmès, est apparemment né bien avant le couronnement de son père. Il peut être vu sur une stèle du Roi datant de l’an 4 du règne, trouvée près de Memphis et il est devenu Général des armées de Thoutmôsis I quelques temps avant sa mort, qui selon Alan Gardiner, a été au plus tard au cour de l’an 12 de Thoutmôsis I. Ce titre montre que le garçon n’est plus un enfant, mais un adolescent ou un jeune homme et qu’il est né bien avant l’accession de son père à la royauté. À quel moment, Thoutmôsis I se serait-il alors uni à (sa sœur ?) Ahmès. Selon Florence Maruéjol probablement après son accession au trône, l’égyptologue nous dit aussi qu’Amenmès (Imenmès pour elle) est vraisemblablement le fils de
Moutnofret I (Moutnéfret pour elle), femme que le Roi épousa avant son accession au trône.
 
   Enfin dernière proposition, Thoutmôsis I, selon d’autres spécialistes, serait issu d’une autre branche de la famille royale, un cousin ou neveu ? Il serait peut-être le fils d’Ahmès-Sipair (ou Ahmosé Sipair), autre fils d’Ahmès I (ou Ahmôsis) et de Séniséneb (ou Senseneb ou Seni-Seneb). Comme on le voit cette partie de la généalogie de la dynastie est encore très floue.

 


 

Stèle de Thoutmôsis I – Musée Égyptien du Caire

Son règne

 
   Thoutmôsis I va mettre en place les fondations de la politique qui sera suivi par ses successeurs. Dès la première année de son règne, le Roi va mener des incursions militaires énergiques en Nubie, puis au Moyen-Orient. En l’an 2, il remonte la vallée du Nil pour châtier une révolte en Nubie, d’un Prince indigène, qui s’était soulevé contre la domination Égyptienne. Selon Georg Steindorff, celui-ci est tué et son cadavre est attaché à la proue du navire du Roi, comme le précisent aussi deux inscriptions trouvées à Tombos et à Assouan. Cette dernière commémorant le retour de l’armée au début de l’an 3. On a aussi le récit des ces faits par les textes autobiographiques retrouvés, à El Kab, dans les tombes d’ Ahmès-Pennekhbet (EK2), qui participa aux campagnes militaires du Roi et qui fut récompensé de "l’or de la vaillance" pour ses actions dans cette campagne militaire en Nubie, et (Sûrement posthume) d’Ahmès fils d’Abana (EK5).
 
   Après cette campagne de l’an 3 de son règne, Thoutmôsis I mène une seconde expédition contre la Nubie au cours de laquelle, le 22e jour du 1er mois de la saison Shemou, il ordonne le dragage du canal de la première cataracte, qui avait été construit sous Sésostris III (1878-1843, XIIe dynastie) afin de faciliter le voyage en amont de l’Égypte à la Nubie. Lors de cette deuxième campagne, le Roi progresse jusqu’à Kenissa (Quatrième cataracte) et porte sans doute le coup décisif au royaume de Kerma. Selon Georg Steindorff, cela a permis d’intégrer la Nubie dans l’Empire Égyptien. Thoutmôsis I fixe la nouvelle frontière méridionale de son royaume à la troisième cataracte. Il y construit une forteresse et fonde la province de Kouch. Il divise cette région en cinq principautés qu’il confit à cinq Princes Nubiens.
 
   Deux stèles frontières relatent ses exploits. Une à Tombos, au niveau de la troisième cataracte, qui enregistre la construction d’une forteresse, et une gravée dans le rocher de Hager-el-Meroua, à Kenissa. Elles témoignent d’un Empire Égyptien étendu jusqu’à ces villes. Thoutmôsis I pénètre donc loin à l’intérieur de l’Afrique ce qui va être profitable au commerce et va favoriser l’accès à la zone d’importantes mines d’or qui vont passer sous contrôle Égyptien.
 


 

Ouadjyt (Salle de couronnement) de
Thoutmôsis I  –  Karnak

   En l’an 4 (ou 5), le Roi se tourne vers le Proche-Orient et il étend le protectorat Égyptien sur la Syrie du Nord, jusqu’à l’Ouest de l’Oronte. Au cours de ses expéditions, qui vont le mener jusqu’à Karkemish et les abords de l’Euphrate, il se heurte pour la première fois à l’Empire du Mitanni. Selon Ian Shaw et Paul T.Nicholson, le Roi franchit l’Euphrate et pour commémorer cet exploit, il fait ériger une stèle. Ceci dit, à aujourd’hui, même si elle est avérée par des traces écrites sur une autre stèle érigée par Thoutmôsis III, elle n’a pas encore été retrouvée.
 
   Au cours de cette campagne, les Princes Syriens vont déclarer allégeance à Thoutmôsis I. Cependant, selon Georg Steindorff, dès que le Roi tournera le dos et rentrera en Égypte, ils cesseront cet hommage et commenceront à fortifier des villes en préparation d’éventuelles nouvelles incursions Égyptiennes. Toujours selon Steindorff, cette campagne en Syrie doit être placée au début de sa seconde année de règne et c’est une autre campagne que le Roi mena en l’an 4 pour mater une nouvelle rébellion.
 
   On sait aussi que Thoutmôsis I célèbre ses victoires par une chasse à l’éléphant, dans la région de la ville (ou royaume) Syrienne de Niya (ou Niyi, aujourd’hui el-Qalcat Mudik), près d’Apamée sur la rive droite l’Oronte. Selon Hermann Alexander Schlögl, plus tard, sa fille la Reine Hatchepsout, fera graver des scènes de ces moments sur les bas-reliefs de son temple funéraire de Deir el-Bahari. Puis le Roi retournera en Égypte avec des histoires étranges sur l’Euphrate, ce fleuve qui pour les Égyptiens coulait en amont alors qu’il aurait du le faire vers l’aval. En effet, l’Euphrate fut le premier fleuve important que les Égyptiens n’avaient jamais rencontré et qui coulait du Nord, qui était en aval sur le Nil, au Sud, qui était en amont sur le Nil. Ainsi, ce fleuve fut connu en Égypte sous le nom de "celui qui avait son courant inversé".
 
   La puissance et le prestige de la capitale Thèbes augmente avec l’afflue des richesses amassées lors des conquêtes, ce qui va naturellement profiter au culte du Dieu Amon de la ville. Cette divinité, devient le Dieu principal pour le reste de l’Empire.

 

Sa succession

 
   C’est à la mort de son fil aîné Amenmès (ou Amenmosé), que se pose la question de la place de sa fille, la future Reine Hatchepsout. Selon une interprétation des textes de la "Théogamie" (Récit de la naissance divine) de Deir el-Bahari, largement défendue par certains spécialistes, mais critiquée par Claude Vandersleyen, Thoutmôsis I aurait décidé à ce moment de faire couronner sa fille Hatchepsout et lui aurait abandonné la plus grande partie du pouvoir. Hatchepsout va s’en servir comme élément pour assoir sa légitimité sur le trône à la mort de son père et de son époux. Elle sera en grande partie aidée en cela par des Prêtres du clergé d’Amon.
 


 

Statue Osiriaque de

Thoutmôsis I – Karnak

Ses constructions

 
   Thoutmôsis I compte parmi les Rois qui ont mis en œuvre beaucoup de projet de construction. Il va notamment effectuer de grands travaux d’agrandissement et d’embellissement à Karnak, selon James Henry Breasted sous la supervision de l’architecte Inéni, afin de satisfaire aux nouvelles exigences du culte d’Amon. Inéni pour toutes ses réalisations sera récompensé largement par le Roi. Il se fera construire un somptueux tombeau (TT81) à Sheikh Abd el-Gourna. Thoutmôsis I édifie le IVe et vraisemblablement aussi le Ve pylône avec deux obélisques en façade, dont un est encore préservé, et achève la chapelle d’albâtre commencée par Amenhotep I.
 
   Entre le IVe et Ve pylône il construit un temple, qui sera entouré d’un mur avec un péristyle dont les colonnes étaient en bois cèdre. Il y sera déposé des statues du Roi représenté en Osiris, avec, selon Nicolas Grimal, chacune en alternance la couronne de la Haute-Égypte et la couronne de la Basse-Égypte. Les colonnes de cèdre de la salle hypostyle seront remplacées par des colonnes de pierre par Thoutmôsis III. Ce type de structure était courant dans les anciens temples Égyptiens et était censée représenter un marais de papyrus, un symbole de la création.
 
   Thoutmôsis I fut un grand bâtisseur, on retrouve des traces de ses constructions en Égypte à : Armant où il construit des bâtiments, à Abydos où il fait ériger, entre autres, des statues représentant l’ennéade (Groupe de neuf divinités dans la mythologie Égyptienne), à Edfou, à Éléphantine, à Dehenet Oueret (ou el-Hiba), à Guizèh, à Memphis, à Ombos. En Nubie à : Aniba, Bouhen, Huer, Qasr Ibrim, Quban, Sai, Semna où selon Johann Peter Adolf Erman, il agrandit le temple de Khnoum construit par Sésostris III (1878-1843, XIIe dynastie) ; et enfin dans le Sinaï à Serabit el-Chadim.

 

Sa sépulture

 
   Thoutmôsis I serait le premier à faire construire son tombeau dans la vallée des Rois, tombe KV38, construite par Inéni et découverte en 1899 par Victor Loret. Il apparaît cependant aussi possible que sa tombe initiale fut KV20. Ce tombeau KV38 est cartographié pour la première fois en 1799 par l’expédition Napoléonienne, puis par Giovanni Battista Belzoni en 1817. Le premier examen archéologique est fait par James Burton en 1825 et 1828, puis en 1903/1904 par Howard Carter. Le tombeau est de plan très peu commun. Il possède une forme unique, s’enroulant et tournant vers le bas depuis l’entrée, dans le sens des aiguilles d’une montre, de sorte que la chambre funéraire se trouve à 97 m sous la surface.
 
   Certains spécialistes avancent l’idée qu’il fut à l’origine construit pour la Reine Hatchepsout et que celle-ci aurait fait enlever les restes de son père de son tombeau originel (KV38) pour les ensevelir de nouveau dans cette tombe. Mais des examens récents contredisent cette hypothèse et nous indiquent que ce serait Thoutmôsis III qui aurait déménagé le mobilier funéraire de Thoutmôsis I dans la tombe KV38 et que KV20 fut bien construite dès le début pour Thoutmôsis I, le débat reste ouvert. De ce fait, KV20, est peut-être le plus ancien tombeau de la vallée des Rois.
 
   Le plan de KV38 est simple, il se compose d’un couloir raide qui s’ouvre dans une chambre. Une descenderie centrale dans cette chambre mène à la chambre funéraire de 11 m de longueur qui est flanquée d’une chambre latérale sur son mur gauche (Sud). À l’origine un pilier carré simple se tenait au centre de cette pièce. Seule la chambre funéraire en forme de cartouche présente des traces de décorations. La tombe s’étend sur une longueur totale de 37,30 m. La momie de Thoutmôsis I aurait été découverte parmi d’autres momies de Roi dans la cachette de la tombe DB320, de Deir el-Bahari, découverte en 1881. Cependant, en 1989, Donald P.Ryan exhuma une momie de la tombe KV60 et il avança qu’elle pourrait être celle du Roi, ce qui a été contesté par l’exubérant Zahi Hawass.

 

 

Ahmès, Thoutmôsis I et leur fille
Néferoubity sur les murs du temple
d’Hatchepsout – Deir el-Bahari

 

Sa famille

 
   Thoutmôsis I eut deux épouses :
 
Ahmès, (ou Ahmose – JaH ms“Le Dieu-lune (Iâh) l’a engendré”) qui sera la Grande Épouse Royale. Les sources et documentations concernant cette Reine sont très rares et incertaines. Il y a un grand débat entre les spécialistes sur son origine. Certains la donnent comme la fille d’Amenhotep I (ou Aménophis) et de la Reine Ahmès-Méritamon, bien qu’il semble qu’elle n’est jamais porté le titre de Fille du Roi (s3T-nswt). D’autres, comme Edward Bleiberg, la donnent comme sa sœur (ou demi-sœur), d’autres encore comme une fille probable d’Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24). Elle lui donne de 2 à 4 enfants :
 
 Deux filles :

Hatchepsout qui épousera son demi-frère Thoutmôsis II et qui, à sa mort, prendra le pouvoir de 1479 à 1457.
 
Néferoubity (ou Akhbetnéférou ou Nofrubiti ou Neferubity – nfrw bity). Elle est représentée enfant, nue avec un doigt dans la bouche, aux côtés de ses parents sur les murs du temple de sa sœur, à Deir el-Bahari. Selon Florence Maruéjol, Joyce Anne Tyldesley et Georg Steindorff, elle mourut jeune à la fin du règne de Thoutmôsis I, ou plus vraisemblablement au tout début de celui de son demi-frère Thoutmôsis II.

 
 Deux fils dont les sources sont très incertaines :

Amenmès (ou Amenmosé ou Imenmès – Jmn ms – "Né d’Amon"), qui est aussi donné par quelques spécialistes, dont Florence Maruéjol, comme le fils de la Reine Moutnofret I. (Voir ci-dessous).
 
Ouadjmès (ou Ouadjmosé ou Wadjmose ou Wadjmès ou Wadj-Messu – WAD ms), qui est aussi donné par quelques spécialistes, dont Michael Höveler-Müller comme le fils de la Reine Moutnofret I. (Voir ci-dessous).

 
   L’égyptologue Thomas Schneider prétend qu’il y a encore un autre fils nommé Amenmosé. Toutefois, il semble qu’il fasse confusion avec le Prince Amenmès, car "Amenmosé" est simplement une autre forme du nom hiéroglyphique "Amenmès".
 


 

Ouadjmès assis sur les genoux de
Pahéri – Tombe d’El Kab

Moutnofret I (ou ou Moutneferet ou Mutnofret ou Moutnéfert – Mwt nfrt"Mout est belle"), qui selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, sur la base de ses titres : Fille du Roi (s3T-nswt) , Sœur du Roi (snt-nswt), serait susceptible d’être une autre fille d’Ahmès I (ou Ahmôsis). Beaucoup d’égyptologues pensent qu’elle n’était qu’une concubine. Elle ne porta jamais le titre de Grande Épouse Royale. Elle fut représentée, entre autres, dans le temple de Deir el-Bahari par son petit-fils Thoutmôsis III, sur une stèle retrouvée au Ramesseum et sur un colosse représentant son fils. Une statue d’elle porte une dédicace de la part de son fils Thoutmôsis II, ce qui tendrait à confirmer qu’elle était toujours en vie sous son règne. Des objets mis au jour à Karnak la décrivent clairement comme sa mère. Elle portait les titres : Épouse du Roi (hmt-nswt) ; Mère du Roi (mwT-nswt) ; Fille du Roi (s3T-nswt) ; Sœur du Roi (snt-nswt). Elle donne plusieurs fils à Thoutmôsis I, quatre noms sont cités en fonction des égyptologues :
 

Amenmès (ou Amenmosé ou Imenmès – Jmn ms – “”Né d’Amon“) qui est l’ainé. La Grande Épouse Royale Ahmès est aussi donnée comme une mère probable. Selon beaucoup d’égyptologues, dont Christian Leblanc, Aidan Marc Dodson, Hilton Dyan et Florence Maruéjol, Claire Lalouette, il ne parvint pas au pouvoir car il décéda avant son père. Un fragment de naos provenant de Guizèh et aujourd’hui au musée du Louvre, nous en garde un souvenir émouvant. Une inscription y commémore une promenade faite par le fils aîné du Roi pour son plaisir, au pied des grandes pyramides et du grand Sphinx. Amenmès était donc installé à Memphis, non loin de Guizèh. Un palais de Thoutmosis I est effectivement attesté dans cette ville. Il est apparemment né bien avant le couronnement de celui-ci. Il peut être vu sur une stèle du Roi datant de l’an 4 du règne, trouvée près de Memphis. Il devient Général des armées de Thoutmôsis I quelques temps avant sa mort, qui selon Alan Henderson Gardiner, eut lieu plus tard au cour de l’an 12 du règne de son père. Ce titre montre que le garçon n’est plus un enfant, mais un adolescent ou un jeune homme et qu’il est né bien avant l’accession de son père à la royauté.
 
Ouadjmès (ou Ouadjmosé ou Wadjmose ou Wadjmès ou Wadj-Messu – WAD ms), qui est probablement né quelques années avant l’accession au trône de son père. Il faut signaler que selon les égyptologues Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, il serait le fils de la Reine Ahmès. À l’inverse beaucoup d’autres égyptologues, dont Florence Maruéjol et Michael Höveler-Müller, voit en Ouadjmès un fils de Moutnofret I. Selon beaucoup d’égyptologues, dont Christian Leblanc, Aidan Marc Dodson, Hilton Dyan et Claire Lalouette, il ne parvint pas au pouvoir car il décéda aussi avant son père. Il est représenté dans la tombe (EK3) de son tuteur, Pahéri à Oumm el-Qaab, où on le voit assis sur les genoux de ce dernier. Ouadjmès est aussi lié à Moutnofret I sur une statue de la Reine dans une chapelle vouée à ce Prince, à côté du Ramesseum, sur la rive gauche de Thèbes.
 
Thoutmôsis II qui sera le Roi suivant et qui épouse sa demi-sœur Hatchepsout. Selon une étude récente de l’ADN de Thoutmôsis II, celui-ci ne serait peut-être pas lié paternellement à la lignée principale de la XVIIIe dynastie au pouvoir depuis 1549 ?, idée qui est loin de faire l’unanimité.
 
Ramosé (Ra ms), qui fut à l’époque Ramesside associé au culte d’Ouadjmès. C’est du moins ce que l’on pense d’une stèle fragmentaire, contemporaine du règne de Ramsès II (1279-1213), retrouvée dans sa chapelle et faisant état du nom et de la statue de ce personnage. Christian Leblanc nous dit qu’il est attesté dans la tombe (TT2) à Deir el-Médineh, de Khâbekhnet, “Serviteur dans la place de vérité” lors du règne du Pharaon Ramsès II, parmi les membres de la famille royale de la XVIIIe dynastie. Il est également connu d’une statue inventoriée dans la collection de l’Université de Liverpool, qui lui fut dédiée par un Prêtre funéraire au nom de Kaheri. L’opinion de divers spécialistes, dont George Daressy, qu’il fut un frère de Ouadjmès et Amenmès ne peut définitivement être écartée car celle avancée par Aidan Marc Dodson et Hilton Dyan selon laquelle il serait un fils d’Ahmès I ou d’Amenhotep I ne repose sur rien. Claire Lalouette, nous dit qu’il mourut avant son père.
 
Selon certains spécialistes, dont Christian Leblanc, Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton etc.., Moutnofret I aurait aussi donné au Roi une fille au nom également de Moutnofret (ou Moutnéfert) ?. Leblanc précise que si l’existence de cette Moutnofret (II) est incontestable, en revanche son ascendance aussi bien paternelle que maternelle reste controversée. Elle nous est connue par une statue colossale de Thoutmôsis II, restaurée par Thoutmôsis III (1479-1425), et découverte par Auguste Edouard Mariette devant le 8e pylône de Karnak. Sur celle-ci une inscription de cette Princesse fut remaniée. En se fondant sur de récentes recherches faites à son sujet beaucoup de spécialistes y on vu une fille de Thoutmôsis I et Moutnofret. Cependant d’autres préfèrent admettre que c’est sa mère qui fut représentée avant d’y substituer plus tard l’image d’une Princesse homonyme, issue de Thoutmôsis II et d’une concubine. Enfin d’autres encore y voient là une des épouses (ou peut-être qu’une concubine) de Thoutmôsis II ?. Le débat reste ouvert.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
Chris Bennett :
Thutmosis I and Ahmes-Sapair, pp : 35–38, GM 141, Göttingen, 1994.
Edward Bleiberg
Thutmose I, The Oxford Encyclopedia of Ancient Egypt, Ed. Donald Redford, Vol.3, Oxford University Press, 2001.
James Henry Breasted
Ancient records of Egypt : Historical documents from the earliest times to the Persian conquest, Vol.1, The first to the seventeenth dynasties, C. Scribner’s Sons 1905 – The University of Chicago press, Chicago, 1906, 1907 et (posthume) 1962 – Simon Publications, Décembre 1937 – University of Illinois Press, Mai 2001. 
Peter A.Clayton :
Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson, New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, Avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Dennis C.Forbes :
Imperial lives : Illustrated biographies of significant new kingdom Egyptians. v. 1. The late 17th dynasty through Thutmose IV, KMT Communications, Sebastopol, Janvier 2005.
Henri Gauthier :
De la XIIIe à la fin de la XVIIIe dynastie, MIFAO 18, IFAO, Le Caire, 1910-1912.
Michel Gitton :
Les divines épouses de la XVIIIe dynastie, N°61, Centre de recherches d’histoire ancienne, N°306, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Jean-Claude Goyon et Mohamed A.El-Bialy :
Les Reines et Princesses de la XVIIIe dynastie a Thèbes-Ouest, Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2005.
Nicolas Grimal :
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