Quelques souverains importants :
Antigonos  I  Monophtalmos
306 – 301
 

Nous avons besoin de vous

….. Retour à la dynastie

 

Sommaire

 

Son origine
Son début de carrière
Sous Perdiccas
Sous Antipatros
Sous Polyperchon, la lutte contre Eumène de Cardia
La lutte contre la coalition de Cassandre
Antigonos, Roi d’Asie
La seconde coalition contre Antigonos
Sa famille
Bibliographie


 
Cavalier figurant sur le sarcophage d’Alexandre parfois désigné
comme étant Antigonos. Sachant qu’il s’agit d’une scène de la
bataille d’Issos, à laquelle Antigonos ne participa pas, cela est
maintenant remis en question – Musée archéologique d’Istanbul –

Photo avant retouches : wikimedia.org

 

Son origine
 

   Antigonos I Monophtalmos (ou Antigone le borgne, en Grec : ‘Aντίγονος Μονόφθαλμος  ou  Αντίγονος A’) fut Roi de Macédoine de 306 à 301 av.J.C. Général Macédonien, il fut un des Lieutenants (ou Diadoques) de Philippe II (359-336), puis d’Alexandre le Grand (336-323) avec qui il participa à la conquête de l’Empire Perse. Ses origines ne sont pas très claires. Il naquit en 382 et serait d’origines nobles, fils de Philippe, le Prince d’Élymiotis (ou Élimaea). Cependant Élien (ou Aelian ou Claudius Ælianus, v.175-v.235, historien et orateur Romain) prétend qu’il fut d’origines modestes. Il aurait grandi auprès de son beau-père (conjoint de sa mère), nommé Périandre, à Pella et aurait eu au moins deux frères et un demi-frère, dénommé Marsyas. Il est considéré par beaucoup d’historiens modernes comme le fondateur de l’État Hellénistique.

 


 

Tétradrachme argent d’Antigonos

Son début de carrière

 
   Antigonos débuta sa carrière sous le règne de Philippe II (359-336), où il servit d’abord comme Commandant et Compagnon (ou Hétère). Il appartint à la même génération d’officiers qu’Antipatros (Régent 321-319), Parménion et Polyperchon (Régent 319-317). Son nom lui vient du fait qu’il perdit un œil au combat. Le poète Grec Théocrite (ou Theókritos, v.315-v.250) fut enfermé dans un cachot et manqua d’être condamné à mort parce qu’il le compara à un cyclope. Antigonos ne tolérerait pas le blasphème, ou les allusions insultantes basées sur sa déficience visuelle.
 
   En 334, au début de l’expédition d’Alexandre, il commanda les 7.000 fantassins et hoplites qui composaient le corps des alliés Grecs de la Ligue de Corinthe. À la suite de la victoire du Granique, en Mai 334, et à la conquête qui en suivit, il reçut début 333 la satrapie de Grande Phrygie avec pour mission de pacifier la région et de contrôler les lignes de communication avec la Grèce continentale. Après la victoire Macédonienne à la bataille d’Issos le 1 (ou 5 ou 12) Novembre 333, il fut chargé avec Néarque (ou Néarchos, Hétère comme lui), durant l’hiver qui suivit, de pourchasser en Cappadoce et en Paphlagonie (Nord de l’Asie Mineure) les troupes Perses rescapées de la bataille.
 
   Cependant le commandant mercenaire pour les Perses, Memnon de Rhodes (ou Memnôn de Rhodes, v.380-333), ordonna une contre-attaque en Asie Mineure sur terre et sur mer. Sur mer il lutta contre Antipatros (ou Antipater, Régent 321–319), en utilisant sa flotte pour s’emparer des îles Égéennes et couper les lignes d’approvisionnement et de communication de l’armée Macédonienne. Sur terre Antigonos vaincu les forces Perses à trois reprises. Sa mission fut victorieuse et il prit le contrôle d’une grande partie de l’Asie Mineure dès le printemps 332.
 
   Seule la Cappadoce, commandée par le Satrape Ariarathès (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates, 330 à 322), lui résista.  Ce dernier, fils d’Ariamnès I, combattu avec Darius III (336-330) à la bataille de Gaugamèles le 1 Octobre 331, puis il défendit la Cappadoce contre les attaques d’Antigonos ce qui lui valut d’acquérir une certaine liberté. À cette date, il se fit proclamer Roi et rendit sa région indépendante et, d’après Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), il ne semble pas avoir payé de tribut à Alexandre à qui pourtant il reconnaissait sûrement la suzeraineté.

 


 

Drachme or d’Antigonos

Sous Perdiccas

 
  À la mort d’Alexandre, en Juin 323, selon la légende, ce dernier aurait passé sur son lit de mort à Babylone sa chevalière à Perdiccas (Régent 323-321), avec le souhait que “le plus fort” régna sur son Empire, ce qui semblait le désigner à la succession. Afin de conserver l’intégrité de l’Empire d’Alexandre, Perdiccas prétendit lui succéder dans l’exercice du pouvoir. En tant que Chiliarque (ou Khiliarkhês) de cet Empire, il voulut alors exercer l’autorité au nom des deux Rois qui devaient succéder à Alexandre, Philippe III Arrhidée et Alexandre IV Aigos, tous les deux étant dans l’incapacité de gouverner. Philippe III passant pour déficient mental et Alexandre IV (Fils d’Alexandre et de Roxane), qui n’allait naître que quelques mois plus tard.
 
   Mais ce fut une révolte face à sa décision et il se retrouva rapidement en opposition face aux divers Diadoques, méfiants envers son autoritarisme et désireux eux-mêmes d’accroître leur pouvoir. Avant d’arriver à une guerre civile à grande échelle entre les anciens chefs une médiation fut trouvée. Ce compromis allait désigner Perdiccas comme Régents, Philippe III malgré son handicap devenant Roi de Macédoine. Perdiccas dut rester comme chef militaire et commandant des troupes d’élites et le porte-parole de l’infanterie et Antipatros (ou Antipater, Régent de Macédoine, 321-319) fut confirmé en tant que Stratège en Europe et Cratère (ou Kraterós, v.370-321) fut nommé protecteur de la royauté (ou Prostatès) pour Philippe III Arrhidée et le futur Alexandre IV Aigos.
 
   Dans le même temps, les Diadoques se partagèrent l’Empire et Antigonos, qui n’était pas présent lors du partage, conserva néanmoins la satrapie de Grande Phrygie et obtient en plus la Lycie et la Pamphylie, qu’il contrôlait déjà, ce qui lui offrit une vaste façade maritime. Antigonos fut en désaccord avec cette répartition contre Perdiccas, qui entendait imposer d’emblée son autorité. Il remit son autorité en question dès 323 en refusant avec Léonnatos de mener en Cappadoce la guerre au profit d’Eumène de Cardia (ou Eumènès) car il estima que cet ordre n’avait pas été spécifié lors du conseil de Babylone.
 
  De son côté Léonnatos, une fois arrivé aux portes de la Cappadoce, changea de direction et partit au secours d’Antipatros (ou Antipater) empêtré à Lamia dans ce que l’on appellera la Guerre Lamiaque (Conflit qui se déclenche en Grèce qui opposa des cités Grecques révoltées aux Macédoniens) avec l’armée prévue pour la conquête de la Cappadoce. Eumène de Cardia retourna à Babylone signaler les événements à Perdiccas. En 323/322, convoqué à comparaître par Perdiccas devant un tribunal de l’armée pour avoir désobéi aux ordres, Antigonos fuit auprès d’Antipatros (ou Antipater) et de Cratère (ou Kraterós), alors en Étolie occupés à contrecarrer une rébellion d’Athènes.
 
   Au printemps de 322, Eumène et Perdiccas prirent le commandement de l’armée royale et se déplacèrent avec vers l’Asie Mineure et la Cappadoce. Ils battirent le dynaste Perse de Cappadoce, Ariarathès que Perdiccas fit crucifier et il installa Eumène de Cardia (ou Eumènès) à la tête de ce royaume, ce dernier devenant alors son principal allié. Suite à cette victoire, Perdiccas usurpa à Cratère (ou Kraterós) le titre de Prostatès des Rois et il essaya de maintenir à son profit l’unité de l’Empire. À cette période, Antigonos fut actif en tant que commandant des forces navales en Méditerranée orientale, à charge pour lui de contrôler les détroits hellespontiques et en 321 il entra dans la coalition réunissant Antipatros (ou Antipater), Ptolémée (Roi 305-282) et Cratère (ou Kraterós). Perdiccas se retrouva alors face à une opposition importante. Dans son malheur, au printemps 321, le cortège funèbre contenant la dépouille d’Alexandre pour la Macédoine, fut attaqué et le corps subtilisé par Ptolémée et emmené en Égypte.


 

Autre Tétradrachme argent d’Antigonos

 
   À la même période, Antigonos débarqua à Éphèse afin de soutenir Antipatros et Cratère (ou Kraterós) dans leur campagne contre Eumène (ou Eumènès). Pour tenter contrecarrer ses ennemis il transféra la partie de la satrapie de Phrygie sur l’Hellespont à Eumène de Cardia (ou Eumènès), celle de Lycie et le reste de la Phrygie à Asandros et la Cilicie à Philoxénos (ou Philoxenus). Afin de lutter contre la coalition naissante contre lui, il laissa Eumène de Cardia (ou Eumènès), son ami le plus fidèle, en Asie Mineure avec son frère, Alcétas, faire face à Antipatros (ou Antipater), Cratère (ou Kraterós) et Antigonos et il se dirigea, au printemps de 320, vers l’Égypte avec l’armée royale pour guerroyer contre Ptolémée.
 
   Antigonos lui marcha vers Sardes (En Lydie) où se trouvait alors Eumène (ou Eumènès), mais celui-ci parvint à fuir vers la Cappadoce. La même année, alors qu’Antipatros (ou Antipater) réussit à contourner Eumène, vainqueur de Cratère (ou Kraterós), Antigonos écrasa la flotte de Perdiccas vers Chypre. Pendant que sa flotte était anéantie, ce dernier, en Égypte, n’eut guerre plus de succès.
 
   À Péluse, Ptolémée qui avait bien sécurisé l’entrée du Delta du Nil, avec seulement 8.000 hommes écrasa plusieurs essais de traversée du fleuve de l’armée de Perdiccas qui en perdit lui plus de 2.000. Toutes ses tentatives échouèrent devant la résistance acharnée de Ptolémée et les réserves alimentaire de son armée s’épuisèrent, ses soldats souffrirent de la pénurie et commencèrent à se rebeller contre lui, dont les Argyraspides (ou Argyráspides “les Boucliers d’argent“, corps de fantassins d’élite). En 321, une nuit, il fut assassiné dans sa tente par trois de ses officiers : Le Satrape de Médie, Peithon (ou Pithon, en Grec : Πείθω, v.355-316), le maître de sa cavalerie Séleucos (Roi Séleucide, 305-280) et le maître des Argyraspides Antigènes (En Grec : ‘Aντιγένης, v.380-316).
 
   L’historien Grec Jérôme de Cardia (ou Hiéronymos de Cardia, v.360-v.272) a signalé que peu de temps après l’assassinat, les nouvelles de la victoire d’Eumène (ou Eumènès) contre Cratère (ou Kraterós) atteignirent le camp. Si elles étaient arrivées deux jours plutôt, les assassins n’auraient peut-être pas mis leur projet à exécution. La mort de Perdiccas donna un premier coup sérieux contre l’unité de l’Empire d’Alexandre. Les forces incarnées par les Diadoques n’eurent alors de cesse de se déchirer pour le partage de l’Empire. Après la défaite de Perdiccas, les accords de Triparadisos en 321 qui eurent lieu au Nord de la Syrie, en vue de réorganiser le commandement et les satrapies, marquèrent le renforcement du pouvoir d’Antipatros (ou Antipater) à la tête de la régence Macédonienne et celui d’Antigonos qui s’implanta durablement en Asie Mineure.

 

Sous Antipatros

 
   Antipatros (ou Antipater) reçut le titre d’Épimélète (Protecteur) des Rois. Il devint de ce fait à la fois Régent de l’Empire et le tuteur des Rois. Les grands Satrapes, Ptolémée, Séleucos et Lysimaque (ou Lysimachus) n’eurent plus à rendre de comptes à une autorité centrale. Cependant, l’autorité d’Antipatros fut brièvement contestée et il subit une mutinerie fomentée par Adéa-Eurydice (ou Eurydice ou Euridika), l’épouse de Philippe III. Des troupes d’Antigonos permirent au Régent de reprendre le contrôle de la situation. Antipatros confia alors de vastes pouvoirs à ce dernier qui reçut, en plus d’un maintien dans ses satrapies agrandies de la Lycaonie (Centre de l’Anatolie), le titre de “Stratège d’Asie”, avec la mission d’écraser Eumène de Cardia (ou Eumènès) dont le territoire (La Cappadoce) était limitrophe au sien, et la tutelle des Rois Philippe III et Alexandre IV.


 

Autre Tétradrachme argent d’Antigonos
au nom d’Alexandre le Grand

 
   Antigonos bénéficia dès lors de pouvoirs équivalents à ceux confiés à Antipatros sous le règne d’Alexandre. Dans l’esprit de garder toutefois un œil sur ses activités, Antipatros lui adjoint comme second son propre fils Cassandre, désigné Chiliarque de la cavalerie. La mésentente entre les deux hommes allait rapidement éclater. Cassandre parvint toutefois à convaincre son père de ne pas se séparer de la tutelle des Rois et à les emmener avec lui en Macédoine contrairement à ce qui avait été décidé.
 
   Ce geste de défiance envers Antigonos, qui avait reçu la garde des souverains, fut compensé par le mariage entre Phila I, la fille d’Antipatros et la veuve de Cratère (ou Kraterós) avec le fils d’Antigonos, Démétrios I Poliorcète (Roi 294-287). Désormais les deux hommes forts de l’Empire se partageaient l’autorité impériale, Antipatros en Europe et Antigonos en Asie. En 321, Antipatros continua sa politique de rassemblement et chercha à s’allier les bonnes grâces de Ptolémée en lui offrant la main de sa fille Eurydice I qui lui donnera six enfants.
 
   La régence d’Antipatros fut marquée en Grèce par la reprise du conflit contre les Étoliens qui, profitèrent de son départ et celui de Cratère (ou Kraterós) pour l’Asie pour envahirent la Thessalie. Elle fut reconquise par Polyperchon, son second depuis 324, aidé par une invasion d’Acarnaniens (Région occidentale de la Grèce, délimitée au Nord par le golfe Ambracique et à l’Ouest et au Sud-ouest par la mer Ionienne). Au début 319, la menace que représentait désormais Antigonos en Asie obligea Antipatros à infléchir sa politique et à préparer un appel à Eumène de Cardia (ou Eumènès). Celui-ci, réfugié dans la forteresse de Nora en Cappadoce, proposa des négociations de paix à Antipatros par l’intermédiaire l’historien Grec Jérôme de Cardia (ou Hiéronymos de Cardia, v.360-v.272), et, comme le précise l’historien Romain Justin (III siècle ap.J.C), il semble qu’un rapprochement eut lieu entre les deux hommes au détriment d’Antigonos. Malheureusement, à l’été 319 Antipatros mourut.

 

Sous Polyperchon, la lutte contre Eumène de Cardia

 
   La succession d’Antipatros fut confiée à Polyperchon, ainé des Généraux, qui fut désigné Épimélète des Rois avec la lourde tâche de maintenir la Macédoine hors du giron d’Antigonos et de Ptolémée. Cassandre fut quant à lui confirmé dans ses fonctions de Chiliarque. Cette nouvelle organisation, relança les conflits les uns refusant de se soumettre, d’autres revendiquant pour eux-mêmes l’héritage etc… En Macédoine, des factions s’organisèrent autour de chacun des protagonistes, Olympias prit le parti de Polyperchon, qui rallia à sa cause Eumène de Cardia (ou Eumènès), qu’il désigna Stratège d’Asie au nom des Rois, avec la charge de combattre Antigonos, tandis que Cassandre obtint le soutien d’Antigonos.
 
   La lutte entre Antigonos et Cassandre était dès lors fatale, aucun n’étant disposé à jouer les seconds rôles. Antigonos fut chargé d’éliminer les derniers partisans de Perdiccas, dont son frère Alcétas, et principalement Eumène de Cardia. À près de 65 ans il fut secondé dans cette mission par son fils Démétrios I Poliorcète (Roi 294-287). Il rassembla alors ses troupes et décida de mener l’offensive en Cappadoce où Eumène s’était réfugié et, qui avant sur le chemin, avait pillé la Phrygie, la satrapie d’Antigonos et hiverné à Celaenae (ou Kelainai ou Kélainai ou Celaenæ).
 
   Vers 320, durant cette campagne les forces d’Antigonos furent de 10.000 fantassins, dont 5.000 Macédoniens, 2.000 cavaliers et 30 éléphants de guerre. Au printemps 319 les deux armées se rencontrèrent à la bataille d’Orcynia (ou Orkynia) et Antigonos en sorti vainqueur. Eumène endura de nombreuses désertions des phalanges Macédoniennes qui se tournèrent vers Antigonos. Il se réfugia alors dans la forteresse de Nora, aux confins de la Cappadoce et de la Lycaonie. Antigonos y fit le siège et pendant ce temps, dans le Sud-ouest de l’Asie Mineure, en Pisidie, ses armées écrasèrent à la bataille de Kretopolis, Alcétas le frère de Perdiccas, qui se suicida.
 
   Eumène parvint à s’échapper, il leva une armée et forma une coalition avec certains Satrapes des provinces orientales afin de livrer la guerre en Haute-Asie, le but étant d’éloigner Antigonos de sa base arrière. Il s’empara de la citadelle de Babylone, dont Séleucos (Roi Séleucide 305-280) était le Satrape. Puis, durant l’hiver 318-317, il gagna la Susiane où il rassembla les troupes de Haute-Asie et organisa sa défense. Antigonos arriva à son tour dans la région et reçut le soutien du Satrape de Médie, Peithon (ou Pithon, v.355-316) et de Séleucos qu’il chargea d’assiéger la citadelle de Suse. Eumène franchit alors le Tigre et défit Antigonos sur les rives du Copratès (Auj. rivière Dez, un affluent du Karun).


 

Autre Drachme or d’Antigonos

 
   Ce dernier se replia sur la a a Médie menaçant les possessions des Satrapes ralliés à Eumène. Puis Antigonos s’avança vers la Perse, tandis que l’armée d’Eumène (ou Eumènès) allait à sa rencontre dans la région de Paraitacène, au Nord-est de Suse, où ils se rencontrèrent fin 317. Antigonos se proclama vainqueur, nonobstant la perte de quelque 3.700 soldats et 4.000 blessés. Eumène, dans le même temps, n’aurait perdu seulement que 540 soldats pour 1.000 blessés. La bataille ne donna donc pas de véritable vainqueur et début 316, Antigonos se retira vers la Gabiène (ou Gabiane) afin de réapprovisionner ses troupes.
 
   Eumène en fit de même, mais les deux armées se retrouvèrent une nouvelle fois face à face dans le désert et s’affrontèrent de nouveau à la bataille de Gabiène (ou Gabiane). Une fois de plus, la bataille allait se terminer dans une impasse, mais Antigonos parvint à prendre possession du campement ennemi. Les Commandants des Argyraspides (ou Argyráspides, “les Boucliers d’argent”) qui craignirent pour la vie de leurs familles trahirent Eumène qui fut capturé et exécuté sur l’ordre d’Antigonos dans des circonstances assez floues.
 
   Dans le même temps son allié Cassandre s’imposait en Macédoine contre Olympias qu’il fit assassiner, et avec Ptolémée ils chassèrent définitivement Polyperchon de Macédoine, qui fuit alors vers le Péloponnèse, où il contrôlait encore avec son fils Alexandros quelques places fortes. Il se réfugia en Étolie où il se constitua une principauté de 316 à 301. En 316, Cassandre fut le véritable Régent et il bénéficia d’un appui considérable en Grèce. Antigonos se lança alors de son côté dans un vaste mouvement de réorganisation de l’Asie.

 

La lutte contre la coalition de Cassandre

 
   En 316, Antigonos pourtant allié à Cassandre, chercha à étendre son pouvoir en Asie. Bien qu’il n’ait pas le titre de Roi, il agit comme tel et parvint à écarter les divers Satrapes qui s’opposaient à lui pour les remplacer par des hommes à sa solde. C’est ainsi que Peucestas, à qui il dut pourtant sa victoire contre Eumène, fut évincé de Perse. Le Satrape de Médie, Peithon (ou Pithon, v.355-316) qui ambitionnait de prendre le contrôle des satrapies de Haute-Asie fut exécuté. Antigonos arriva alors à Babylone pour demander des comptes à Séleucos qui jouait une carte personnelle tout en ayant combattu Eumène.
 
   Ce dernier plutôt que d’affronter Antigonos préféra la fuite et se réfugia alors en Égypte. Antigonos n’hésita pas alors à nommer des Perses à des postes clés. Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) de Sicile, il s’empara du trésor royal de Kyinda (en Cilicie), estimé à 10.000 talents, auquel s’ajoutèrent ses revenus annuels d’environ 11.000 talents. Il devint donc en 316 le plus riche et le plus puissant des Diadoques.
 
   Sa puissance grandissante commença à inquiéter ses alliés et une coalition se monta contre lui regroupant : Cassandre, Lysimaque, Ptolémée et Séleucos qui réclama un nouveau partage des satrapies. Les coalisés lui adressèrent un ultimatum lui enjoignant de remettre en place les Satrapes qu’il avait évincés et de partager le trésor pris à Eumène. En 315, Antigonos s’allia à Polyperchon et son fils Alexandros, repliés dans le Péloponnèse ainsi, qu’avec le Roi d’Épire Éacide (ou Eacides), hostile à Cassandre. Il marcha sur la Grèce et envahit la Syrie, abandonnée par Ptolémée qui l’occupait depuis l’éviction du Satrape de Syrie, Laomédon de Mytilène, et il fut contraint pendant plus d’une année d’assiéger Tyr, défendue par une forte garnison Lagide.
 
   Il mit également de son côté les partisans de la démocratie en Grèce, puisque Cassandre continuait de s’appuyer sur la faction oligarchique d’Athènes. Antigonos, s’attaqua en premier à Cassandre qui n’était pourtant pas le plus dangereux de ses adversaires, mais il était le maître de la Macédoine et pouvait bénéficier d’une armée importante. De plus il détenait le Roi légitime, le jeune Alexandre IV et sa mère Roxane et possédait maintenant un lien familial avec la dynastie par son mariage avec Thessalonice (ou Thessalonica ou Thessalonike).
 
   Aussi, en 315, pour discréditer son adversaire, Antigonos établit la proclamation de Tyr par laquelle il garantit la liberté des cités Grecques et accusa officiellement Cassandre de maintenir prisonniers à Amphipolis, Alexandre IV et Roxane. Il espérait ainsi voir les cités se rebeller contre Cassandre. Enfin il accusa ouvertement ce dernier du meurtre d’Olympias et en profita pour s’auto désigner Régent. Ptolémée, qui fut pourtant un allié de Cassandre, changea de camps, il suivit Antigonos et lança à son tour une proclamation en faveur de l’autonomie des cités et les combats en Grèce débutèrent. Antigonos et Polyperchon obtinrent également le soutien de la Ligue Étolienne. Antigonos engagea le combat contre Cassandre, alors que celui-ci luttait dans le Péloponnèse contre Polyperchon et son fils, Alexandros qui fut rapidement battu par les démocrates de Sicyone. Polyperchon, affaibli, choisit alors de se rallier à la cause de Cassandre.
 


 

Tétradrachme or de Cassandre

   En 314, Cassandre remporta plusieurs victoires et reprit les cités de Leucade, Apollonia (ou Apollonie) et Épidamne (ou Dyrrhachion ou Dyrrhachium, aujourd’hui Durrës), mais l’Amiral d’Antigonos, Médios de Larissa, (ou Medius ou Medeios, en Grec : Μήδιος ou Mήδειoς) détruisit la flotte de Pydna qui avaient pris le parti de Cassandre et Télesphore, neveu d’Antigonos, débarqua en Grèce.  En 313, ce dernier bénéficia du soutien d’îles de la mer Égée et il fut plusieurs fois victorieux.
 
   Pour Antigonos, la chute de Tyr ne lui permit pas de partir à l’assaut de l’Égypte, de plus il dut affronter le Satrape de Lydie et Carie, Asandros qui avait rejoint la coalition contre lui. La même année, tandis que la Grèce échappait à Cassandre, Antigonos parvint à vaincre Asandros et à s’emparer des cités côtières de l’Ionie dont Milet et il refusa les demandes de paix lors de la conférence de l’Hellespont.
 
  Cassandre parvint à écraser les Épirotes alliés d’Antigonos. Sa victoire fut de courte durée car toujours en 313, un autre neveu d’Antigonos, Ptolémée (ou Polémée), intervint victorieusement en Grèce et réprima une révolte de Télesphore qui tentait une aventure personnelle. En 312, Médios (ou Medius) défit la flotte de Cassandre à Oraioi (ou Oreos ou Orée ou Oreum ou Oreus ou Ôrëus), sur la côte Nord d’Eubée. Antigonos s’allia au Roi de Bithynie ainsi qu’avec les cités de Chalcédoine et celle d’Héraclée du Pont. Il affaiblit aussi la position de Lysimaque en suscitant la révolte dans les cités du Pont-Euxin. Antigonos fut proche de pouvoir passer en Grèce, mais dans le même temps Ptolémée réagit en occupant Chypre et la Syrie.
 
   Toutefois, pendant que ce dernier fut occupé en Libye pour écraser une rébellion de la ville de Cyrène, Antigonos et Démétrios I envahirent la Syrie et la Phénicie lui appartenant. Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), avant de partir pour le Nord, Antigonos laissa à son fils une armée composée de 10.000 mercenaires, 2.000 Macédoniens, 5.000 Lyciens et Pamphyliens, 4.000 archers Perses, 5.000 cavaliers et 43 éléphants de guerre. Pendant qu’il gagnait la Phrygie, Ptolémée et Démétrios I s’affrontèrent, en 312, à la bataille de Gaza. Malgré son armée imposante, la différence d’expérience militaire joua et Démétrios I fut battu. 5.000 de ses hommes perdirent la vie, tandis que 8.000 furent faits prisonniers et envoyés en Égypte.
 
   Ptolémée marcha contre les villes de Phénicie, les annexant de nouveau, les unes par les armes, les autres par la persuasion. Démétrios I de son côté, n’ayant plus d’armée forte, envoya un message à son père exigeant son aide rapide. Il déménagea son campement à Tripoli de Phénicie (aujourd’hui le Liban), et y réunit des hommes provenant de Cilicie et plusieurs villes capturées par l’ennemi où ils avaient fui. Ptolémée choisit de l’attaquer afin de le chasser de Cœlé-Syrie. Ce dernier, cependant, informé par des espions, déplaça rapidement son armé et attaqua le camp ennemi tôt le matin, semant le chaos. Il n’y eut pas de véritable bataille gagnée, ne saisissant que quelques prisonniers.
 
   Antigonos appris, très satisfait que son jeune fils avait toutefois renversé la situation grâce à ses propres efforts, et bientôt les deux hommes réunirent leurs forces. Ptolémée fut contraint de prendre la difficile décision de rentrer en Égypte où il pourrait, le cas échéant, se défendre plus facilement. En 311, lors de ce retrait les Égyptiens pillèrent la Syrie et les villes de Ptolémaïs (ou Acre ou Akkā), Jaffa et Gaza. Il est à noter que dans la même période, Séleucos, consolida sa position dominante dans la région de Babylone.
 
   Démétrios I fit ensuite une campagne contre les Nabatéens, qui, cependant, prit fin avec un compromis entre les deux parties. Même si ces semi-échecs empêchèrent l’expédition d’Antigonos en Grèce, en 311, très affaiblis, Cassandre, Lysimaque et Polyperchon acceptèrent le traité de paix qu’il leur proposa, alors que la guerre allait se poursuivre en Asie entre Antigonos et Ptolémée désormais seul. Une nouvelle armée conduite par Démétrios I, puis par Antigonos en personne, remporta quelques succès mais ne put s’emparer de l’Égypte car préoccupé par Séleucos qui entamait des mouvements de troupes importants et inquiétants en Babylonie. Antigonos envoya contre lui Démétrios I, mais la campagne de son fils fut un échec et il perdit la région qui revint à Séleucos.
 
   Une première tentative de paix entre Antigonos et Ptolémée échoua en raison de l’ampleur des exigences d’Antigonos. Mais en 311, la situation était bien moins satisfaisante pour lui. Suite à la défaite de son fils face à Séleucos, il avait besoin de la paix pour se retourner contre ce nouvel adversaire. Il se fit représenter par Aristodème de Milet (ou Aristodemos ou Aristódêmos), un de ses Généraux, pour reprendre les négociations d’un traité. Celui-ci établit que chacun des Diadoques gardait ses possessions tandis que la liberté fut accordée aux cités Grecques, mettant ainsi fin à la Troisième Guerre des Diadoques. Antigonos bénéficia alors d’une grande reconnaissance de la part des cités qui virent en lui un libérateur.
 
   Il fut par ailleurs nommé officiellement Stratège d’Asie, alors que Cassandre obtint le titre de Stratège d’Europe, tout en gardant la tutelle d’Alexandre IV. Antigonos fut le vainqueur provisoire de ce conflit. Son Empire, centré sur l’Asie Mineure, restait intact moins la Babylonie. De plus, il garda la possession des trésors dérobés dont il ne fut pas question dans les négociations de paix. Cependant Antigonos n’avait pas atteint pleinement ses objectifs. Aucun de ses adversaires ne fut définitivement vaincu et il dut reconnaître Cassandre comme Stratège d’Europe, ce qui lui redonnait du pouvoir sur les cités Grecques d’Europe, et comme tuteur du Roi Alexandre IV.

 

Antigonos, Roi d’Asie

 
   Cette paix entre les Diadoques fut malheureusement rapidement rompue. Ptolémée, allié à Cassandre, voulut reprendre possession de territoires appartenant à Antigonos, en mer Égée et en Grèce continentale. Antigonos reprit la lutte, à la fois, contre Séleucos en Asie Mineure, contre Ptolémée en Syrie et contre Cassandre en mer Égée. Antigonos n’avait à ce moment plus de flotte car celle-ci était aux mains de son neveu Ptolémée (ou Polémée) qui s’était constitué une principauté en Eubée autour de Chalcis, tandis que Démétrios I était occupé de nouveau contre Séleucos. En 310, Ptolémée mena une campagne victorieuse contre des cités côtières d’Asie Mineure et dans plusieurs îles de la mer Égée. En représailles Démétrios I attaqua les possessions Grecques de Cassandre qui fut vaincu aux Thermopyles. Mais en 309, Ptolémée s’empara des cités de Carie et de Lydie. L’année suivante, à Sardes, Antigonos fit exécuter Cléopâtre, sœur d’Alexandre promise à un mariage avec Ptolémée, afin que celui-ci n’ait aucun droit à l’Empire.


 

Buste en bronze de Séleucos I –
Musée d’archéologie – Naples

 
   Avec la majorité du jeune Alexandre IV qui arrivait les conflits allaient se durcir. En effet il représentait maintenant une menace pour le pouvoir de l’ensemble des Diadoques, car il était le Roi légitime. Pour Cassandre, le traité de 311 ne lui garantissait de conserver le titre d’Épimélète et de Stratège d’Europe que jusqu’à cette majorité. Le risque était trop grand et, en 310, tandis que Ptolémée et Antigonos s’affrontaient, il fit assassiner le jeune Roi et sa mère, Roxane par Glaucias.
 
   Lorsque la guerre gagna de nouveau tous les Diadoques, Polyperchon entra de nouveau en conflit contre Cassandre. Il lui opposa, Hercule, qu’il fit passer pour le fils illégitime d’Alexandre et le présenta comme un successeur potentiel d’Alexandre IV. Dans le même temps, il leva une importante armée de 20.000 hommes. Cassandre, plutôt que de s’engager dans un combat difficile, proposa à Polyperchon de le conserver dans ses possessions.
 
   En 309, Polyperchon changea de stratégie, il cassa son traité de paix avec Antigonos et il fit empoisonner le jeune Héraclès et sa mère, Barsine, pour rentrer dans les bonnes grâces de Cassandre. Il se plaça dès lors sous l’égide de ce dernier qui le confirma dans ses possessions, dont Corinthe et Sicyone. Toutefois, il ne joua plus aucun rôle politique jusqu’à sa mort vers 303. En 308, Ptolémée (ou Polémée) fut éliminé par Ptolémée. Cassandre vit alors ses possessions en Grèce convoitées par ce dernier qui conclut même un accord avec Antigonos dans lequel il fut décidé qu’Antigonos s’appropriait les îles de la mer Égée et Ptolémée la Grèce continentale. Cette alliance était clairement dirigée contre Cassandre et Polyperchon.
 
   Dès 308, Ptolémée débarqua dans le Péloponnèse et soumit des cités aux dépens de Cassandre tout en appelant, comme Antigonos, à la liberté pour les Grecs. Mais les événements en Cyrénaïque, tombée aux mains d’Agathocle de Syracuse, inquiétèrent Ptolémée, depuis longtemps loin de ses bases. Pas très sûr de ses forces, il changea d’optique et plutôt que de se lancer dans une campagne hasardeuse, il choisit de rentrer en Égypte après avoir signé un traité avec Cassandre. Dans le même temps, Antigonos négociait lui avec Séleucos en lui reconnaissant l’autorité sur les satrapies orientales. Antigonos avait désormais le champ libre en Grèce continentale.
 
   Vers 308, il profita que Séleucos fut occupé à la frontière orientale de son Empire au Gandhara, contre Chandragupta Maurya (321-298, fondateur de la dynastie des Maurya) pour tourner ses ambitions sur la Grèce et la Macédoine. Il fit armer une nouvelle flotte, la précédente étant passée sous le contrôle de Ptolémée lors de l’annexion des possessions de Ptolémée (ou Polémée), de 250 navires qu’il confia à Démétrios I. Le premier objectif de ce dernier fut Athènes. Le but était d’en chasser l’Oligarque Démétrios de Phalère (Orateur et homme d’État Athénien, 360-282) élu Archonte décennal, qui gouvernait la cité au nom de son allié Cassandre. Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), Démétrios I quitta Ephèse avec tout un arsenal d’engins de siège performants et innovants.
 
   Démétrios I prit le Pirée, puis après deux jours d’âpres combats, quand les murs de la ville furent presque détruits, les défenseurs se rendirent et la ville tomba. Démétrios de Phalère obtint l’accord de pouvoir s’exiler, d’abord à Thèbes, puis à la cour Ptolémée. Ainsi Athènes, qui avait perdu son autonomie pendant la guerre Lamiaque quinze ans auparavant, retrouva son ancienne traditionnelle Démocratie. Les citoyens exprimèrent leur gratitude en érigeant des statues en or de Démétrios I et Antigonos I, ainsi que la construction d’un autel en l’honneur des "sauveurs". À son tour Antigonos I donna à la ville une grande quantité de blé et du bois de construction pour une centaine de navires.
 
   Cette situation en Grèce était inacceptable pour Ptolémée, à qui la puissance nouvelle d’Antigonos apparaissait comme une menace. À son tour il arma une flotte en vue d’attaquer la Syrie. Démétrios I fut alors rappelé par son père sans avoir pu prendre ni Corinthe, ni Sicyone, qui restèrent aux mains de Ptolémée. Cependant, en 306, Démétrios I et son second Médios de Larissa (ou Medius), se tournèrent vers Chypre où ils détruisirent la flotte de Ptolémée lors de la troisième bataille de Salamine de Chypre. Celui-ci abandonna pour un temps l’île et la maîtrise des mers à Antigonos.
 


 

Ptolémée I – Musée du Louvre

   En 306, fort de nombreux nouveaux succès, Antigonos se déclara le successeur d’Alexandre IV et il prit le titre de Roi (Basileus, en Grec : Βασιλεύς) d’Asie sous le nom d’Antigonos I Monophtalmos, avec l’ambition de restaurer à son profit l’ancien Empire d’Alexandre. Il fonda sur le fleuve Oronte la cité d’Antigonie (Dans la province d’Hatay) et l’a fit peupler de colons Gréco-macédoniens. Les autres Diadoques, afin de ne pas se retrouver sous sa domination, se virent contraints de faire de même afin d’assurer leur légitimité face à ce nouveau Roi et Lysimaque devint Roi de Thrace (306-281, il était Co-Roi depuis 322), Ptolémée devint Roi d’Égypte (Ptolémée I Sôter, 305-282), Séleucos devint Roi des Séleucides (Séleucos I Nikatôr, 305-280) et en 305 Cassandre fut proclamé (ou auto proclamé) Roi de Macédoine (Mais il ne le fut réellement qu’en 301 après la mort d’Antigonos).
 

La seconde coalition contre Antigonos

 
   Conforté par sa proclamation royale, Antigonos mit sur pied une armée et une flotte considérable, dont il confia le commandement à Démétrios I. En 305, ce dernier se lança dans une expédition contre l’Égypte de Ptolémée. L’invasion se solda par un échec, Démétrios I ne parvint pas à forcer les défenses Égyptiennes et dut renoncer. Il essaya alors d’anéantir Rhodes qui en raison de ses intérêts économiques avec l’Égypte refusait d’aider son père. Le siège de l’île, qui est l’un des plus célèbres de l’Antiquité, dura un an.
 
   Démétrios I y gagna son surnom de Poliorcète “Preneur de ville“, bien qu’il ne s’empara pas complètement de la cité. Il utilisa de nombreuses machines de siège auxquelles les Rhodiens opposèrent une grande bravoure. Cassandre et Ptolémée ravitaillèrent la ville qui fut cependant sur le point de céder en 304. Grâce à l’entremise des Étoliens, un accord fut signé. Rhodes s’engageant à devenir l’alliée d’Antigonos elle dut livrer cent otages. Si Démétrios I dut négocier et mettre fin au siège de Rhodes ce fut aussi parce qu’en Grèce Cassandre venait de reprendre l’offensive. Il assiégeait Athènes et la cité était sur le point de tomber malgré l’intervention des Étoliens.
 
   En 304, Cassandre parvint à refouler la Ligue Étolienne et occupa l’Attique. Toutefois, cette victoire fut de courte durée puisqu’il vit l’arrivée de Démétrios I, qui débarqua en Béotie, et qui le repoussa au Nord des Thermopyles. Il exigea alors la soumission sans conditions de la Macédoine et Cassandre perdit alors ses possessions au Sud de la Thessalie. Il perdit également Corinthe et Sicyone, prises par Démétrios I, des anciennes possessions de Polyperchon et dans le Péloponnèse, seule la cité de Mantinée lui resta fidèle.
 
   En 302, Démétrios I reconstitua avec son père la Ligue de Corinthe qu’il dirigea principalement contre Cassandre, affirmant son ambition en Grèce continentale. Cette montée en puissance de Démétrios I suscita la crainte parmi les ex Diadoques qui décidèrent d’apporter leur soutien à Cassandre en formant une nouvelle coalition contre Antigonos qui regroupa : Lysimaque, Ptolémée I et Séleucos I. Les forces d’Antigonos étaient considérables car son immense richesse lui permettait de mobiliser des effectifs, sans doute équivalents à ses principaux adversaires réunis, on estime celles-ci entre 70.000 et 80.000 hommes.

 


 

Lysimaque – Musée
archéologique
de Selçuk – Turquie

   Il était donc impératif pour cette coalition de parvenir à faire la jonction de leur forces. Pour cela il leur fallait gagner du temps, ce qui explique que pendant qu’ils appliquaient une défense entêtée en Europe contre Démétrios I, Lysimaque en Asie essayait de surprendre Antigonos et temporisa ensuite jusqu’à ce que les forces coalisées furent réunies. Au printemps 302, Lysimaque débarqua en Phrygie Hellespontique, avec l’aide de troupes envoyées par Cassandre et reçut la soumission de nombreuses cités sur les côtes de Lycie et de Carie, dont Colophon, Éphèse et Sardes en Lydie.
 
   Antigonos marcha à sa rencontre et rappela Démétrios I qui avait envahi la Thessalie au printemps 302 en contournant les Thermopyles avec sa flotte. Démétrios I conclut une trêve avec Cassandre et, à l’automne, il débarqua à Éphèse. Dans le même temps, Cassandre, dès le départ de Démétrios I, s’empressa de rétablir son autorité en Thessalie et en Phocide, puis il renversa le Roi d’Épire, Pyrrhos I (307-302 et 297-272) allié d’Antigonos et Démétrios I.
 
   Cependant l’arrivée de Démétrios I en Asie mit Lysimaque en difficulté. Il le fut d’autant plus, que les renforts envoyés par Cassandre, sous le commandement de son propre frère Pleistarchos (ou Pleístarkhos) furent vaincus par Démétrios I. Lors de l’hiver 302/301, Lysimaque fut obligé de battre retraite vers Héraclée du Pont afin d’y attendre l’arrivée de Séleucos I qui hivernait en Cappadoce. De son côté Ptolémée I, venait d’envahir la Cœlé-Syrie et se préparait à rejoindre Séleucos I. L’arrivée de ce dernier avec de très nombreux éléphants de guerre bouleversa complètement le rapport de force. En 301, Antigonos marcha contre l’armée coalisée, regroupée près du village d’Ipsos en Phrygie. Il faut signaler qu’il était dans sa 81e année, et il commandait encore en personne la phalange. La bataille d’Ipsos allait commencée. (Voir la bataille d’Ipsos).
 
   Mais la coalition eut rapidement raison d’Antigonos qui mourut lors de la bataille frappé par un javelot. Cette bataille fut décisive puisqu’elle entraîna la dislocation définitive de l’Empire d’Alexandre, les vainqueurs se partageant le royaume d’Antigonos : Cassandre se maintint en Macédoine et en Grèce. Il donna la Cilicie et la Lycie à son frère Pleistarchos (ou Pleístarkhos). Ptolémée I obtint la Cœlé-Syrie, Lysimaque annexa la partie Ouest de l’Asie Mineure (jusqu’aux monts Taurus) et Séleucos I obtint la partie orientale de la Syrie. Démétrios I, qui avait survécu à la défaite d’Ipsos, se maintint à Mégare, à Corinthe et garda la Phénicie que Ptolémée espérait. Pyrrhos I, vers 300/299, qui avait apporté son soutien à Antigonos fut emmené comme otage en Égypte. Il fut traité à la cour de Ptolémée I avec de grands égards.
 
   Bien sur comme lors des précédents partages, la paix ne dura pas, chacun revendiquant le territoire de l’autre. Les premiers à entrer en conflit (qui allait durer des années) furent Ptolémée I et Séleucos I qui se disputèrent notamment la Cœlé-Syrie. Séleucos i choisit alors de s’allier à Démétrios I. Ce dernier, fort de cette nouvelle alliance, s’empara de la Cilicie, qui était alors possession de Pleistarchos (ou Pleístarkhos), le frère de Cassandre. Celui-ci profita de la situation et proposa à Démétrios I de garder la Cilicie en échange de la garantie de ne pas le voir attaquer la Grèce. Cet accord le renforça considérablement dans sa position de Roi de Macédoine.

 

Sa famille

 
  On ne connait qu’une épouse à Antigonos :
• Stratonice (ou Stratoníkē, en Grec : Στρατονίκη), qui fut la fille de Corrhaeus (ou Korrhaĩos, en Grec : Κορῥαῖος) un Macédonien par ailleurs inconnu. Après la défaite et la mort d’Antigonos à la bataille d’Ipsos, elle fuit vers Chypre, où elle mourut probablement après 297, car il n’y a aucune trace d’elle lorsque, quelque temps plus tard, l’île fut conquise par Ptolémée I. Il a été signalé par Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) que Stratonice aurait d’abord été mariée à un frère d’Antigonos nommé Démétrios et donc la paternité de Démétrios I Poliorcète est controversée. Aujourd’hui la grande majorité des spécialistes retient qu’elle donna deux enfants à Antigonos, deux fils :

Démétrios I Poliorcète (En Grec : Δημήτριος A’ Πολιορκητής) qui naquit en 336 et qui fut Roi en 294.
Philippe (En Grec : Φίλιππος). Il fut envoyé par son père en 310, à la tête d’une armée, s’opposer à la révolte de son Général Phoenix et pour reprendre possession des villes de l’Hellespont détenues par ce dernier. Il mourut en 306.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
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Eumenes of Cardia : A Greek among Macedonians, E.J.Brill, Boston, 2004.
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Kings and colonists : Aspects of Macedonian imperialism, E.J.Brill, Leiden, New York, 1995.
Antigonos the One-eyed and the creation of the Hellenistic state, University of California Press, Berkeley, London, 1990 et Juin 1997.
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Antigone le Borgne. Les débuts de sa carrière et les problèmes de l’assemblée Macédonienne, Les Belles Lettres, Paris, 1973 et 1989 – Revue belge de philologie et d’histoire, Persée, 1975.
Kostas Buraselis :
Das hellenistische Makedonien und die Ägäis : Forschungen zur politik des Kassandros und der drei ersten Antigoniden im Ägäischen meer und in westkleinasien, Beck, München, 1982.
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La coalition de 315-311 av. J.-C. contre Antigone le Borgne, Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Persée, 1957.
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La Macédoine de Philippe II à la conquête Romaine, CNRS Editions, Paris, 1993 – Ekdotike Athenon,  Athènes, 1993 – En Anglais, Macedonia : from Philip II to the Roman conquest, Princeton University Press, Princeton, 1994 – Ekdotike Athenon, Athènes, 1994.
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Drei Diadochonschlachten : (Paraetakene, Gabiene, Gara), University Leipzig Press, 1919.
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The fight for Asia, The battle of Gabiene, pp : 29–36, Ancient Warfare, Karwansaray BV, Rotterdam, 2009.
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The Greek world after Alexander, 323–30 BC, Routledge, London, New York, 2000.
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La Macédoine de Philippe II a la conquête Romaine, Phoenix – Toronto 50, N°1, 1996.
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Claude Wehrli :
Antigone et Démétrios, Droz, Genève, 1968.

 

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