Sparte
L’histoire  des  Eurypontides
 

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  Pour plus de détails voir aussi : Sparte, les institutions, Sparte, l’histoire des Agiades

 

   Sparte (ou Lacédémone ou Spártē, en Grec : Σπάρτη Spártē, en Dorien : Spárta Σπάρτα) était la capitale de la Laconie et l’une des cités-États Doriennes les plus puissantes de la Grèce antique, avec Athènes et Thèbes. Elle fut constituée probablement vers la fin du IXe siècle, début du VIIIe, par le synœcisme (regroupement) de quatre villages d’origine Dorienne : Limnai, Kynosoura, Mesoa et Pitana, un cinquième, Amyclées (Située sur l’Eurotas, au Sud-est de Sparte), distant de quelques kilomètres, viendra s’y ajouter à une époque toujours inconnue.
 
  Dès cette époque la structure de l’État Spartiate se mit en place. Les citoyens Spartiates possédaient chacun un lot de terre conquise, cultivée par les vaincus (Les Hilotes). La cité rayonna sur l’Hellade, entretenant le commerce avec la Grèce, l’Égypte et l’Asie Mineure. Dès lors, sa principale rivale fut Argos. La préhistoire de Sparte est difficile à reconstruire, parce que la littérature, qui est la seule preuve de cette époque lointaine, voit les événements qu’elle décrit faussés par la tradition orale.
 
   Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425. Livre I, 56,3) avance toutefois certains éléments de preuve. On pense que la plus ancienne trace d’habitat dans la région de Sparte date du moyen-néolithique. Elle est composée de poterie trouvées à proximité de Kouphovouno, quelques deux kilomètres au Sud-sud-ouest de Sparte. Ce sont ces premières traces de la civilisation Mycénienne Spartiates, qui sont représentées dans l’Iliade Homère. Cette civilisation semble avoir sombré dans le déclin à la fin de l’âge du bronze, alors que, selon Hérodote, des tribus Macédoniennes du Nord s’installaient dans le Péloponnèse où ils furent appelés Doriens et où ils supplantèrent les tribus locales. Les Doriens seraient donc à considérer à l’origine de Sparte. Les données archéologiques indiquent que la cité, était relativement inaccessible en raison de la topographie géographique, une plaine sur un plateau entre la chaîne de montagne Taygète (ou Taÿgetos, en Grec : Ταΰγετος) et le Parnon (Montagne qui sépare la Laconie de l’Arcadie). Elle fut de ce fait sécurisée dès le début de son existence et ne fut jamais fortifiée.


 

Le géographe Pausanias


   Selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180, livre III – Description de la Grèce) et la mythologie Grecque, la Laconie eut pour premier Roi Lélex. Son fils ou petit-fils selon les auteurs, Eurotas donna son nom au fleuve principal de la Laconie. N’ayant pas d’héritier mâle, il laissa son royaume à son gendre, époux de sa fille Sparta, Lacédémon (Fils de Zeus et de Taygète) qui lui, donna son nom à la montagne surplombant Sparte. En accédant au trône, Lacédémon donna son nom aussi à toute la région qu’il gouvernait et celui de sa femme à la ville à proprement parler, d’où le nom de Sparte. Suivant son exemple, l’un de ses fils, Amyclas, fonda la ville d’Amyclées. La royauté passa ensuite à un petit-fils d’Amyclas, Œbale, qui épousa Gorgophoné, fille de Persée (Fils de Zeus et de Danaé), puis a son fils, Tyndare. Celui-ci vit son trône très contesté par son beau-frère Hippocoon et fut obligé de fuir en Messénie, où il épousa Léda. Il fut remis sur le trône par Héraclès (Fils de Zeus et d’une mortelle).
 
   Il reçut à sa cour Ménélas (ou Ménélaos, Fils d’Atrée et d’Érope), Prince exilé de Mycènes après qu’il ait épousé Hélène. Il lui légua le royaume de Sparte. La royauté passa quand même à son fils, Phœbé, puis à Ménélas (ou Ménélaos) devenu son gendre. Ce dernier fut le frère d’Agamemnon. Le jeune Pâris (Prince Troyen, second fils du Roi Priam et d’Hécube) enleva Hélène et la conduisit à Troie, ce qui entraîna l’expédition d’Agamemnon et des chefs Grecs pour la reprendre. À Ménélas (ou Ménélaos) succéda son gendre Oreste. Il fut le fils d’Agamemnon et de Clytemnestre, époux de sa fille Hermione. Son fils Aristomachos (ou Aristomaque) lui succéda, puis le fils de ce dernier monta sur le trône.  
 
   Aristodème (ou Aristodemos ou Aristódêmos, en Grec : ‘Aριστόδημος, de αριστος aristos “meilleur” et δημος dêmos "peuple", v.950) arriva donc au pouvoir, comme ses aïeuls ce fut un Héraclides. Il épousa Argia II (ou Argie ou Argeía, en Grec : ‘Aργεία), fille du Roi de Thèbes, Antésion et il eut deux enfants (jumeaux ?) Eurysthène (ou Eurysthènes, en Grec : Εuρυσθένης, 1104 à 1066 ou ? à v.930) et Proclès (ou Prokles, en Grec : Προκλς, 1104 à 1062 ou ? à v.930). Il mourut foudroyé et ses fils, suite à un oracle de la Pythie, fondèrent les deux branches familiales qui régnèrent sur Sparte, les Eurypontides (ou Proclides ou Branche de Proclès) et les Agiades (ou Eurysthènides ou Branche d’Eurystène). Il y a des incertitudes sur l’origine et l’existence de ces deux dynasties. Certains spécialistes pensent qu’il y avait au début trois Rois, chacun commandant l’une des trois tribus attestées au début de la Première Guerres de Messénie. L’un des trois Rois aurait ensuite disparu. Une autre hypothèse fait des Agiades les Rois des anciens Achéens, Cléomène I (520-490)se déclarera Achéens et non Dorien à Athènes, les Eurypontides étant les envahisseurs Doriens. Enfin, une dernière version se fonde sur la localisation des tombeaux royaux, qui fait des Agiades les représentants d’une partie de la Laconie, Pitana et Mésoa et les Eurypontides, ceux d’une autre, Limai et Konooura ?.


Lycurgue par Joseph T. Duryea

 
   Quoi qu’il en fût, le pouvoir royal se transmit au plus proche descendant du plus proche détenteur du pouvoir. Pierre Carlier explique que c’était le fils qui passait avant le frère par droit d’aînesse. Le fils né quand le père était déjà Roi primait sur ceux pour lesquels ce n’était pas le cas. Néanmoins les Spartiates interprèteront de manière assez libre cette règle de succession. Les pouvoirs des Rois furent essentiellement militaires et religieux. Aux débuts, ils pouvaient mener la guerre contre le pays de leur choix et leur pouvoir était collégial.
 
   Passé la mythologie on retient aujourd’hui la création de Sparte à la fin du IX siècle ou début du VIIIe. Elle se fit par le regroupement de quatre villages d’origine Dorienne. Dans le Catalogue des vaisseaux (Passage du chant II de l’Iliade d’Homère) figure "Lacédémone et ses profondes vallées" (II, 581). De la région sont citées neuf bourgades : Amyclées, Augées, Brysées, Hélos, Laas, Messé, Œtyle, Pharis et Sparte.
 
   Selon la tradition, pour la branche de Proclès, de son mariage avec Lathria, 2e fille du Roi de Cléonoe Thersandros, ce fut son fils Soos (ou Sóos ou Soũs, en Grec : Σόος, v.930 à v.890) qui lui succéda sur le trône. Sous son règne, les Spartiates sont censés avoir asservi les Hilotes et envahit l’Arcadie. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) rapporte que lors de la campagne d’Arcadie alors que Soos se trouvait avec ses compagnons d’armes près de la ville de Cleitoria, il fut assiégé par les habitants de celle-ci. Sur le point de mourir de soif, Soos jura de quitter l’Arcadie si on le laissait boire, lui et tous ses compagnons, à la source voisine. Les Cleitoriens acquiescèrent et les Spartiates se rendirent à la source.
 
   Soos proposa d’abord d’abandonner la royauté en faveur de celui qui refuserait de boire puis, devant les refus de ses compagnons, se contenta de s’asperger d’eau, mais sans boire. Il refusa ensuite de quitter l’Arcadie, tous n’ayant pas bu. Il fut le père d’Euryphon (ou Eurypon, en Grec : Ευρυτίων, v.890 à v.860) ancêtre éponyme de la dynastie des Eurypontides qui lui succéda. Sous son règne, Sparte prit de l’ampleur et soumit l’ensemble de la Laconie. Elle commença par annexer toute la plaine de l’Eurotas, ensuite elle repoussa les Argiens (Habitants d’Argos) et s’assura le contrôle de toute la région. Son collègue des Agiades Échestratos (ou Échestrate, v.900 à v.870) asservit la région de Cynuria (ou Kynouria), une des tribus les plus anciennes de la péninsule sur la frontière avec Argos. Selon certains auteurs il fut le fils de Proclès. Plutarque nous dit qu’il assouplit le pouvoir royal et joua les démagogues. Polyen (Orateur et écrivain militaire Grec, IIe s. ap.J.C) rapporte une guerre contre Mantinée sous son commandement.


 

Statuette d’un athlète
Spartiate – Musée du Louvre

 

   Prytanis (En Grec : Πρύτανις, v.860 à v.830), le fils d’Euryphon lui succéda. Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) rapporte que, sous son règne et celui de son collègue Agiade Léobotès (ou Labotas ou Léobatas, v.870-v.840) les lois de Lycurgue, oncle de Léobotès qui assurait la régence des Agiades, ce dernier étant trop jeune pour régner, furent apportées à Sparte, alors que pour Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), l’évènement n’eut lieu que sous le règne de son petit-fils Agésilas I. Il eut un fils mais ce ne fut pas lui qui lui succéda. Polydectes (ou Polydoctes, en Grec : Πολυδέκτης, v.830 à v.800) succéda à Prytanis mais on ne connait pas son lien de parenté avec ce dernier, certains avancent son fils ?. Selon le témoignage de Pausanias, durant son mandat, la paix régna à Sparte.
 
   Il fut succédé par le fils de Prytanis, Eunomos (ou Eunomus, en Grec : Ενομος, 929 à 883 ou v.800 à v.780), ou selon les versions ce fut le sien ?. Selon Apollodore d’Athènes (ou Apollódôros, grammairien Grec du IIe siècle av.J.C) il aurait régné 45 ans. Alfred von Gutschmid à calculé de 929 à 883 ?. Dans la liste des Eurypontides il aurait un lien avec Lycurgue. Pausanias en fait d’ailleurs son père ?. Plutarque indique Eunomos comme l’artisan de la paix dans les émeutes qui suivirent les réformes de Lycurgue et qu’il aurait été poignardé à mort. Les réformes de Lycurgue au IXe ou VIIIe siècle (Personnage mythique pour certains spécialistes) furent un véritable tournant pour la ville. Elles répondaient à des objectifs politique et militaire. Tout fut mis en place pour renforcer la puissance de la cité. À cette époque Sparte fut la plus puissante ville de la région, entretenant le commerce avec la Grèce, l’Égypte et l’Asie Mineure. Dès lors, sa principale rivale fut l’Arcadie avec la cité d’Argos qui lui résista. Le fils d’Eunomos lui succéda.
 
  Charilaos (ou Charillos ou Chariklos ou Kharílaos ou Khárillos, en Grec : Χαρίλαος ou Χάριλλος, v.780 à v.760 ou v.780 à v.750) arriva sur le trône Eurypontides. Certains spécialistes avancent qu’il fut le fils de Polydectes. Avec son collègue Archélaos (ou Archelaus ou Archélas, v.790-v.760) des Agiades, il dirigea une expédition qui permit de s’emparer de la ville voisine d’Aigys, à la frontière Arcadienne, et de réduire en esclavage ses habitants. Il combattit Argos et Tégée et fut fait prisonnier par cette dernière. Il fut libéré sur la promesse de ne plus faire la guerre à la cité. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) rapporte qu’il avait une très bonne réputation, que critiquait son collègue Archélaos qui demandait “Comment peut-on le juger bon alors qu’il n’est pas mauvais avec les méchants“.
 
   Charilaos fut succédé par son fils Nicandre (ou Nikandros, en Grec : Nίκανδρος, v.750 à v.720). Il régna avec Télècle (ou Téléclos ou Teleclus, v.760 à 747) des Agiades. Selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), sous leurs règnes les Lacédémoniens s’emparèrent de nombreuses villes de Laconie dont, Amyclae (ou Amyklai ou Amiclas), Pharis et Geranthrae (ou Geranthrai). À cette période éclata également la Première Guerre de Messénie (fin du VIIIe siècle) à la suite de l’assassina de Télècle par les Messéniens dans le temple d’Artémis Limnatis. Son fils lui succéda.
 
   Théopompe (ou Theopompus, en Grec : Θεόπομπος, v.720 à v.675 ou v.720 à v.665) monta sur le trône en pleine Guerre. Au VIIIe siècle, la poussée démographique entraîna la recherche de nouvelles terres, Sparte conquit la Messénie voisine qu’elle soumit (Voir Première Guerres de Messénie, 743-724) et contraint ses habitants à devenir ses Hilotes. Selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), sous le règne de son collègue Polydore (ou Polydoros, v.700-v.665) des Agiades, les Lacédémoniens fondèrent deux colonies, en Italie sur la côte Sud de la Calabre, à Locres et à Crotone. Toujours selon l’auteur, Polydore poursuivit la Première Guerre de Messénie débutée sous son père. Il participa aux campagnes, même si Pausanias rapporte que ce fut Théopompe qui mena l’essentiel des combats. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), les deux souverains se mirent d’accord et modifièrent la constitution, en s’attribuant un droit de veto, afin de restreindre les droits du peuple de Sparte.
 
   En 724 Théopompe vaincu le Roi de Messénie Aristodème (744-724), après que ce dernier eut résisté héroïquement à un siège au mont Ithômé. La forteresse qui s’y trouvait était alors la dernière défense des Messéniens. Aussitôt prise par les Spartiates elle fut rasée et les Messéniens furent réduits à l’état d’Hilotes. Aristodème, se suicida en se transperçant de son épée sur la tombe de sa fille. En 669, à la bataille d’Hysiaï, le Tyran d’Argos, Pheidon défit Sparte. La victoire d’Argos est due à l’utilisation par Pheidon, pour la première fois de la phalange hoplitique. On ne sait toujours pas avec certitude qui suivit Théopompe. Son successeur change en fonction des sources. Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) rapporte que Théopompe fut succédé par son petit-fils Zeuxidamos ou son arrière petit-fils Anaxidamos, mais il existe des preuves que son successeur était Anaxandridas I qui fut père de Zeuxidamos ?. D’autres sources lui donnent également deux enfants : Archidamos et Anaxandridas I qui lui aurait succédé. Sans preuve concrète il est difficile d’être certain.


 

Sacrifice à Aphrodite à Sparte –
Musée du Louvre

 
   Une proposition rencontre une grande majorité : Théopompe serait succédé part son fils Anaxandridas I (ou Anaxandridos ou Anaxandride, en Grec : Αναξανδριδης A’, v.675 à v.645 ou v.665 à v.645), puis le fils de celui-ci, Zeuxidamos (ou Zeuxidamus, en Grec : Ζευξίδαμος, v.645 à v.625), puis son fils Anaxidamos (ou Anaxidamus, en Grec : ‘Aναξίδαμος, v.625 à v.600). Il aurait été un contemporain d’Anaxandre (ou Anaxandros, v.640-v.615) des Agiades, et il aurait vécu la fin de la Deuxième Guerre de Messénie (685-668 ou 670-657 ou v.650-620) dont Sparte sortit victorieuse et que Pausanias décrivit longuement. Cette guerre naquit du désir de revanche des Messéniens sur la domination de Sparte. Sa chronologie précise est encore sujette à beaucoup de discutions car on a du mal à faire coïncider les dates de règne des souverains cité avec celles données pour celle-ci.
 
   Enfin son fils Archidamos I (ou Arkhidamos ou Archidamus, en Grec : Aρχίδαμος A’, v.600 à v.575) serait monté sur le trône. Pendant son règne eut lieu une guerre contre Tégée, qui suivit de près la fin de la Deuxième Guerre de Messénie, (Pausanias iii. 7. § 69 comp. 3. § 5.). Puis vint Agasiclès. Une autre proposition donne : Théopompe (720-675), Anaxandridas I (675-665), Archidamos I (665-645), Anaxidamos (645-625), Léotychidas I (625-600), Hippocratide (600-575), puis Agasiclès.
 
   Agasiclès (ou Agasicle ou Agesicles ou Agasikles ou Hegesicles, en Grec : ‘Aγασικλς ou ‘Aγησικλς ou ‘Hγησικλς, v.575 à v.550), fils d’Archidamos I, fut contemporain du Roi Léon (v.590-v.560) chez les Agides. Au cours de son règne, Sparte subit des échecs, notamment contre Tégée. Toutefois avec l’aide de Léon, il remporta une bataille. Il fut succédé par son fils Ariston (En Grec : ‘Aρίστων, v.550 à v.515). Il régna conjointement avec son collègue Agiade, Anaxandridas II (ou Anaxandride, v.560-520). Sous leur règne Sparte restructura son système politique et militaire et n’eut qu’un seul objectif, former la meilleure armée de toute la Grèce. Elle soumit toutes les cités Arcadiennes et en 545, à la "bataille des Champions" elle défit Argos. Anaxandridas II mena conjointement avec Ariston, la guerre contre Tégée. Ils consultèrent l’oracle de Delphes et reçurent la réponse qu’ils allaient gagner la guerre, lorsque les restes d’Oreste seraient apportés à Sparte. Mais personne ne savait où sa tombe se trouvait.
 
   Ils consultèrent l’oracle une deuxième fois et le cadavre fut rapporté à Sparte. Les Spartiates pouvaient maintenant vaincre Tégée. Au-delà de cette légende, dès lors Sparte eut l’hégémonie sur l’ensemble du Péloponnèse, qu’elle conserva jusqu’aux Guerres Médiques (499-490 et 480-479). Ariston eut deux premières épouses, dont on ne connait pas les noms, qui ne lui donnèrent pas d’héritier. Ce fut la 3e (que l’on ignore également) qui lui donna un fils qui lui succéda.
 

Buste en bronze de Démarate –
Museo Archeologico
Nazionale – Naples

 

   Démarate (ou Demaratus ou Dêmáratos, en Grec : Δημάρατος, v.515 à 491) arriva au pouvoir. Il gouverna conjointement avec Cléomène I (520-490) le Roi des Agiades. L’association des deux souverains fut une source de problèmes pour Sparte, les deux Rois étant souvent en désaccord. Démarate freinait souvent les élans de Cléomène I dans sa politique extérieure. Cléomène I croyait en la supériorité de Sparte et montrait de l’intérêt pour le monde en dehors des frontières du Péloponnèse. Cet intérêt le fit passer pour un fou aux yeux de ses contemporains, lesquels, plus conservateurs, avaient tendances à se replier sur le Péloponnèse.
 
   En 506, Démarate partit en campagne avec Cléomène I, avant de s’apercevoir que l’expédition avait pour but de renverser les Pisistratides d’Athènes. Il fit alors demi-tour avec les Corinthiens qui l’accompagnait, laissant Cléomène I continuer seul. C’est le "divorce d’Éleusis". En 491, Cléomène I tenta d’anéantir les principaux alliés des Perses d’Égine, mais il fit face à une résistance tenace des habitants qui refusèrent de coopérer, de plus, Démarate tenta, une nouvelle fois de ralentir ses efforts. Cette nouvelle discorde avec son collègue plus le désir de vengeance de la campagne ratée contre Athènes amena Cléomène I à corrompre l’oracle de Delphes afin qu’il l’aide à intenter contre Démarate un procès, l’accusant de bâtardise afin de le renverser. Il sortit vainqueur de cette manœuvre et Démarate fut destitué la même année.
 
   L’ancien Roi resta un temps à Sparte, mais devant les attaques de Léotychidas II son successeur plus conciliant envers Cléomène I, il décida de s’enfuir auprès de l’ennemi, en Perse. Il s’initia dans les affaires de succession des Perses et influença Darius I en faveur de Xerxès I (486-465), qui fut alors choisi comme successeur par rapport à son frère. Avant la Bataille des Thermopyles (Les 18/19/20 Août 480) il expliqua au Roi Perse quelles étaient les particularités au combat des Spartiates afin qu’ils puissent plus facilement les battre. Cet épisode est relaté par Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425).
 
   Comme récompense pour ses services rendus, il reçut, après la campagne, les villes sur la côte d’Asie Mineure de : Teutrania (ou Teuthranie en Mysie), Gambreion (En Mysie), Pergame et Halisarna (en Éolide), comme une possession héréditaire. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) Démarate était encore vivant lorsque l’Athénien (v.525-v.460/459), Thémistocle vint lui aussi en 464 près du Roi Perse à Suse. Selon certains auteurs, rongé de remords d’avoir trahit à ce point ses patriotes, Démarate aurait avertit quand même les cités Grecques de l’attaque imminente du Roi Perse Xerxès I. Pour cet acte, ce dernier l’aurait fait mettre à mort ?. En fait on ne sait toujours avec certitude pas ni quand ni comment il décéda.
 
   Léotychidas II (ou Leotychides, en Dorien : Latychidas, en Grec : Λεωτυχίδας Β’, 491 à 476 ou 491 à 469), qui selon certains spécialistes naquit vers 545, succéda à Démarate contraint à l’exil, grâce à son collègue Agiade Cléomène I (520-490) qui le soutenait. Ce dernier avait remit en cause la légitimité de naissance de Démarate pour le trône Eurypontide. Il fut le fils de Méname, arrière-petit-fils d’Hippocratide. En 481, quand Xerxès I voulut venger la défaite de son père Darius I contre les Grecs, Athènes et Sparte s’allièrent. Sparte prit le commandement de la coalition. La bataille héroïque des Thermopyles (Les 18/19/20 Août 480), menée par son collègue Agiade, Léonidas I (490-480), bien que perdue, insuffla du courage à toute la Grèce pour résister à l’envahisseur. Le 29 Septembre 480, les Athéniens, écrasèrent la flotte Perse à la Bataille de Salamine. Deux cents navires Perses furent coulés, mais la Grèce centrale restait toutefois toujours aux mains de l’armée Achéménide commandée par le Général Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎, en Grec : Μαρδόνιος, † 479).
 
   Au printemps de 479, Léotychidas II reçut le commandement des forces Grecques, dont la flotte Athénienne composée de 110 navires qu’il mena sur Égine et plus tard à Délos, pour soutenir les révoltes des cités Grecques de Chios et Samos contre la Perse. À l’été 479, sous les ordres de Pausanias († en 470 ou 467), qui assurait la régence pour le Roi Agiade Pleistarchos (ou Pleistarches, 480-458), les Grecs regroupèrent 40.000 hommes à la bataille de Platées où ils anéantirent l’armée Perse (Le 27 Août de la même année). Léotychidas II acheva à la bataille du cap Mycale, les restes de la flotte Achéménide. Il fut envoyé détruire le pont de bateaux que les Perses avaient construit sur le Bosphore, mais une tempête fit le travaille avant lui.
 
   Ce fut la fin des Guerres Médiques (499-479). En 476 Léotychidas II se rendit en Thessalie pour combattre les Aleuades (Famille aristocratique Thessalienne de Larissa), alliés des Perses. Mais il retira ses troupes après avoir été soudoyé par la famille. À son retour à Sparte il fut jugé pour corruption et il dut s’enfuir. Il fut condamné à l’exil, sa maison fut incendiée. Il se réfugia au temple d’Athéna à Tégée où il y mourut vers 469. Léotychidas II épousa Eurydame (ou Eurídama), la sœur de Menius (ou Maenius) et la fille de Diactoridès (ou Diactoridas). Il n’eurent qu’une fille, Lampito, que le Roi donna en mariage à son petit fils, qui lui succéda.

 

Pour plus de détails voir : La bataille de Platées  et  la bataille du cap Mycale

 

   Après les Guerres Médiques et avoir abandonné les profits de la victoire aux Athéniens, les Spartiates se replièrent sur le Péloponnèse où ils furent tenter, de défendre leur suprématie face à leurs anciens coalisés (Tégée et Élis). Selon Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395), Sparte et ses alliées, notamment Thèbes et Corinthe, redoutaient la montée en puissance de l’impérialisme d’Athènes. Auréolée de ses victoires contre les Perses cette dernière fonda en 477 la Ligue de Délos. En 470, la presque totalité des cités d’Arcadie et Argos s’allièrent contre Sparte.
 
   Archidamos II (ou Arkhidamos ou Archidamus, en Grec : Aρχίδαμος B’, 469 à 426), qui fut le fils de Zeuxidamos, appelé Cyniscus par de nombreux Spartiates, devint le souverain des Eurypontides de Sparte. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), sous son règne, en 464, Sparte subit un violent tremblement de terre qui la détruisit entièrement. Les Hilotes profitèrent du séisme pour se révolter et cette rébellion dura près de dix ans, ce fut la Troisième Guerre de Messénie (464-454) à laquelle Archidamos II mit fin en 454. Les relations entre Sparte et Athènes restèrent bonnes jusqu’en 462, À cette date Sparte renvoya un contingent Athénien, dirigé par le Stratège Cimon (v.510-450/449), qui était venu l’aider contre les Hilotes. Ce fut alors la rupture entre les deux villes. En 446, la révolte de Mégare et d’Eubée attisa le conflit lattant et Sparte prit la tête des cités coalisées.
 
    Le Roi Pleistoanax (ou Plistoanax, 458-409) pour les Agiades envahit l’Attique. Sans que l’on sache pourquoi, il refusa soudain de poursuivre l’offensive plus loin. Il fut accusé d’avoir reçu de l’argent pour se retirer et en 446 (on trouve aussi 445 ou 444) il fut exilé. Ce soit disant pot de vin pour se retirer de la plaine de Eleusis dans l’Attique fut probablement donné par Périclès (v.495-429), maître d’Athènes. Accepter un tel pot de vin équivalait à une trahison et certains chercheurs doutent de la véracité de ces faits, ou du moins ils sont d’accord pour dire qu’il n’y a pas suffisamment d’informations pour expliquer les événements. En outre, certains pensent qu’une raison plus probable pour le retrait de Pleistoanax pourrait être que Périclès offrit de bonnes conditions pour une paix ?, le débat reste ouvert.


 

Sparte avec les montagnes Taygète en arrière-plan

 
   En 446, un accord fut passé entre les puissances rivales, qui reposait sur le partage du monde Grec. Sparte se vit octroyer le Péloponnèse, Corinthe, les mers et le commerce occidental et Athènes la mer Égée et le commerce du Nord. Corinthe, qui était membre de la Ligue du Péloponnèse, supporta de plus en plus mal les visées d’Athènes sur ses colonies. Une guerre l’opposa alors à sa colonie Corcyre.
 
   Celle-ci fit appel aux Athéniens. En 432, Corinthe, fit alors pression sur son ancienne colonie Potidée afin qu’elle quitte la Ligue de Délos. Potidée obéit après avoir passé un accord secret avec Sparte, qui stipulait qu’en cas de conflit avec Athènes, Sparte envahirait l’Attique.
  
   Les Athéniens envoyèrent alors une expédition pour assiéger Potidée, qui tomba et fut obligée par Athènes de raser ses murailles. Potidée se révolta contre Athènes et reçut le soutien officieux de Corinthe. Dans le même temps, Athènes interdit l’accès de l’Attique et ses ports aux marchands de Mégare. Cette dernière, comme Corinthe, fit appel à Sparte, qui sous la menace de voir deux de ses principales alliées quitter la Ligue du Péloponnèse et aussi du fait de ses promesses et alliances avec Potidée, mobilisa la Ligue.
 
   Tous les Spartiates n’étaient pas pour l’idée d’aller combattre, l’Éphore Sthénélaïdas était partisan de la guerre immédiate, mais Archidamos II, réputé pour sa prudence, tentait d’éviter la Guerre du Péloponnèse (431-404). Sparte se laissa tout de même entraîner dans le conflit et quelques mois plus tard la ville et ses alliés de la Ligue, pressés d’agir par les Corinthiens, décidèrent d’attaquer Athènes. Archidamos II envahit l’Attique sans parvenir à bloquer sérieusement Athènes.
 
   En 427, Archidamos II s’empara de la ville de Platées, après un siège de deux ans. Le Stratège Athénien, Périclès (v.495-429) laissa l’Attique aux pillages de Sparte, pour accueillir la population dans Athènes même. La ville était protégée par des longs murs qui la reliaient à ses ports, même transformée en forteresse elle pouvait ainsi se ravitailler par la mer. En 426 (on trouve aussi 428 ou 422), alors qu’Archidamos II décédait et était succédé par son fils Agis II, Pleistoanax fut rappelé et restauré grâce aux conseils de l’oracle de Delphes, bien que certains de ses adversaires soupçonnèrent qu’il eut soudoyé la Pythie.
 
   Archidamos eut deux épouses : Lampito qui fut la fille de Léotychidas II et de la Reine Eurydame qui lui donna une fils, Agis II ; Eupoleia (ou Eupolie) qui lui donna deux fils : Téleutias dont on ne sait rien mais qui accompagna plusieurs fois au combat son frère Agésilas II (Qui naquit en 444), et une fille, Cynisca. (ou Kyneska, en Grec : Κυνίσκα) qui naquit vers 440 et qui devint la première femme de l’histoire à gagner aux Jeux Olympiques.
 
   Agis II (En Grec : Aγις Β’, 426 à 398) régna conjointement avec les Rois Agiades : Pleistoanax, puis avec le fils de celui-ci Pausanias I (409-395). Pendant les années qui suivirent sa prise de pouvoir, Sparte et ses alliés continuèrent d’attaquer l’Attique sans remporter de succès décisif. Comme au cours de l’été 426 où il conduisit une armée de Péloponnésiens pour atteindre l’isthme, avec l’intention d’envahir l’Attique. Cependant, il ne put progresser en raison d’une série de tremblements de terre qui se produisirent à ce moment-là. Un an plus tard il plaida pour la reprise de la guerre et il conduisit de nouveau l’invasion de l’Attique, mais il arrêta dans cette énième tentative seulement quinze jours après le début.
 
   Finalement, en 421, Pleistoanax préconisa la paix pour mettre un terme aux catastrophes. Athènes la signa avec Sparte et ses autres adversaires, elle est appelée : "paix de Nicias". Peu après, Agis II eut des difficultés en secourant Épidaure qui était sous la menace d’Argos. Une trêve fut signée avec les Argiens. Alcibiade (450-404) profitant de cette situation tendue à Sparte, poussa les Athéniens à la reprise des hostilités en les faisant s’allier avec Argos, Élis (Capitale d’Élide) et Mantinée (En Arcadie). En 418, cette coalition attaqua Épidaure et avança sur Tégée. Sparte fut obligée de faire mouvement contre elle et, en Août 418, remporta une grande victoire à la bataille de Mantinée. Cette victoire entraîna une réaction d’Argos, qui devint alliée de Sparte.
 
   En 415, toujours poussée par son ambitieux dirigeant Alcibiade, Athènes lança une expédition en Sicile pour conquérir l’île. Syracuse appela Corinthe et Sparte à son secours. Mis en cause dans le scandale des Hermès (ou Hermai) mutilés (L’affaire des Hermocopides), Athènes dépêcha un vaisseau pour ramener Alcibiade dans la cité. Celui-ci s’enfuit alors à Sparte où il convainc les Spartiates de la nécessité d’envoyer des secours à Syracuse contre les Athéniens. Les Spartiates reprirent alors l’offensive et sur mer et en Attique. L’armée Athénienne ne parvint pas à prendre Syracuse et en 413 sa flotte fut presque anéantie.
 
   En 412, Alcibiade partit en Ionie et avec une armée Spartiate, il fomenta une révolte contre Athènes, d’abord à Chios et ensuite dans d’autres cités, mais les Spartiates se méfièrent de lui. Il retournera d’ailleurs ensuite à Athènes, après des mois de négociation délicate. À l’été 411 la flotte Athénienne de Samos le fit Général. En Septembre 405, le Navarque (Commandant de la flotte Spartiate) Lysandre écrasa la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. La même année Agis II mit le siège devant Athènes. La révolte des cités Ioniennes de la Ligue de Délos permit à Sparte de s’imposer et en 404, Athènes assiégée capitula. Ce qui mit fin à la Guerre du Péloponnèse. Lysandre responsable de la victoire sur Athènes imposa à la ville une oligarchie (Les 30 Tyrans).
 
   Sparte devenue la seule grande puissance imposa alors un tribut, aux pays sous sa tutelle. Elle changea sa politique vis-à-vis de l’envahisseur Perse en Asie Mineure, se faisant la seule puissance capable de les contrer. Le Roi Agiade Pausanias I (409-395) s’opposa violemment à Lysandre, mais cette opposition au héros lui valut d’être mis en jugement à son retour à Sparte. Cependant il fut acquitté alors que 14 Gérontes et Agis II avaient voté contre lui.


 

Artémis Orthia, ex-voto en ivoire –
Musée national archéologique
d’Athènes

 
   Après la défaite d’Athènes de 404, Agis II mena une campagne contre Élis et ses territoires (au Nord-ouest du Péloponnèse, à l’Ouest de l’Arcadie) qu’il pilla et qu’il contraignit à une paix humiliante. Sur le chemin du retour Agis II mourut à Delphes. Alcibiade, réfugié à Sparte vers 415 ou 414, avait séduit Timaéa (ou Timéa), l’épouse d’Agis II. En 398, à la mort d’Agis II, ce prétexte servit à Agésilas II, son demi-frère cadet, pour écarter du trône le fils d’Agis II, Léotychidas (ou Léotychidês), sous le soupçon de bâtardise.

 

Pour plus de détails voir : La Bataille de Mantinée de 418 et
                                      L’expédition de Sicile (Wikipédia.fr)

 
   Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’ en Ionien : Ηγεσίλαος, en Dorien : Αγησίλας, 398 à 360), naquit en 444. Certaines sources dirent de lui qu’il était petit et boiteux, mais on le disait beau et son caractère était conciliant. Il prit donc le pouvoir à la suite de son demi-frère Agis II après avoir écarté son neveu du trône Eurypontide avec l’appui de Lysandre. Il régna conjointement avec successivement quatre Rois de la famille des Agiades : Agésipolis I (395-380), Cléombrotos II (ou Cléombrote, 380-371), Agésipolis II (371-370) et Cléomène II (ou Cléomènes, 370-309). Il se révéla l’un des plus grands chefs militaires de son époque et fut réputé pour son courage.
 
   En 396/395 il partit pour une expédition, avec 300 Spartiates et plus de 8.000 hommes des forces alliées, dont 2.000 Néodamodes (ou Neodamốdeis, Hilotes affranchis) pour chasser le Satrape Perse de Carie, Tissapherne et libérer les cités Grecques d’Ionie. Arrivé à Éphèse une trêve de trois mois fut conclue avec Tissapherne, mais les négociations menées au cours de cette période s’avérèrent infructueuses. Après avoir passé l’hiver à réorganiser sa cavalerie, il fit une incursion réussie en Lydie au printemps de 395. Agésilas II fit alors une brillante campagne en Ionie contre le Satrape et libéra les Grecs. Tithraustès fut envoyé pour remplacer Tissapherne et un armistice fut conclu entre Tithraustès et Agésilas II, qui quitta le Sud de la Satrapie.
 
   Cependant après sa victoire sur les bords du Pactole, à Sardes, il s’empara et pilla une partie de la Lydie. Sparte lui confia alors aussi le commandement de la flotte, mais ne pouvant à la fois diriger la flotte et en même temps continuer son expédition en Asie Mineure, il choisit de confier la marine à son beau-frère Pisandre. Puis il se dirigea sur la Phrygie qu’il ravagea jusqu’au printemps suivant. Il s’allia alors au Satrape Spithridatès qui le mena en Mysie et jusqu’en Paphlagonie (Côte Nord, entre la Bithynie et le Pont) où il s’allia à au Roi des Paphlagoniens, Otys.
 
   En deux campagnes, il amassa un énorme butin de plusieurs centaines de talents. Sparte qui avait triomphé d’Athènes dans la Guerre du Péloponnèse (431-404) décida d’imposer le même impérialisme. En 394, les Grecs se soulevèrent contre elle avec la coalition d’Athènes, Thèbes, Argos et Corinthe. Ce fut le début de la Guerre de Corinthe (Qui durera jusqu’en 386). Agésilas II était dans l’Hellespont où il prévoyait une campagne à l’intérieur des terres contre le Roi Perse Artaxerxès II (404-359) lui-même, lorsqu’il apprit que la Guerre se préparait en Grèce et il fut rappelé d’urgence à Sparte.
 
   En 394 une bataille à Cnide, sur les côtes de Carie au bord du golf Céramique, opposa les flottes Perse et Spartiate. Le Satrape Perse Pharnabaze disposait d’une escadre de trirèmes Phéniciennes et d’une escadre de trirèmes Athéniennes sous les ordres de l’Amiral Athénien Conon (444-390). Ce fut l’Amiral de Sparte Pisandre qui eut le commandement de la flotte Spartiate renforcée par des contingents alliés levés dans les îles Égéennes. Les contingents Égéens placés par Pisandre sur son aile droite désertèrent, découragés devant les effectifs ennemis. Pisandre mourut en défendant son navire échoué. Les spartiates furent battus et perdirent 50 navires, mais la plupart des équipages parvint à s’échapper. Toutefois, Sparte perdit là sa domination maritime. La victoire de l’Amiral Athénien Conon mit fin aux velléités de suprématie maritime Spartiates et la puissance navale d’Athènes fut restaurée en mer Égée. 
 
   Agésilas II de son côté rentra à marche forcée par la Thrace et la Macédoine, mais sur la route de son retour il dut combattre et repousser la cavalerie Thessalienne, alliée aux Thébains qu’il écrasa. Il apprit l’issue de la bataille de Cnide juste avant la bataille de Coronée (Pour certains fin Août) en 394 où il fut vainqueur des forces confédérées. L’armée Spartiate ayant été renforcée par les Phocidiens et des troupes d’Orchomène. En 393, Agésilas II s’engagea dans une invasion de l’Argolide qu’il ravagea. En 392, il prit une part importante dans la Guerre de Corinthe, faisant plusieurs expéditions réussies sur le territoire de Corinthe.
 
   Il battit les coalisés en 391 à Sicyone et Corinthe où il démolit une partie des longs-murs reconstruits par les Athéniens et où en même temps son frère Téleutias s’empara de l’Arsenal maritime. Toutefois, en 390, il essuya une défaite grave à Lechaion (Le port relié à la ville de Corinthe), infligés par les Athéniens, Iphicrate (Stratège et homme politique Athénien, v.420-v.352) et Callias (Archontes annuel d’Athènes). 250 Spartiates périrent, ce qui fut le plus grand dommage infligé à la ville depuis la bataille de Sphactérie (425). En 389 Agésilas II fut appelé à combattre pour défendre Calydon en Achaïe contre les Acarnaniens (Région occidentale de la Grèce, délimitée au Nord par le golfe Ambracique et à l’Ouest et au Sud-ouest par la mer Ionienne). Il se contenta de piller l’Acarnanie. En 388, les Acarnaniens firent la paix et se soumirent aux Spartiates pour éviter une nouvelle campagne de pillage de ces derniers.
 


 

Buste d’Archidamos III –
Museo Archeologico
Nazionale – Naples

   En 387/386, trop menacée, Sparte conclut la paix d’Antalcidas (ou paix du Roi) avec les Perses et tous les Grecs. Elle accepta l’arbitrage par la Perse et leur céda des cités Grecques d’Asie Mineure. Pendant une dizaine d’années, Agésilas II maintint tout de même la suprématie de Sparte, bien que les Perses se lancèrent dans une contre-offensive. En 378, le conflit reprit suite à un raid de Sparte sur le Pirée, mais les Lacédémoniens échouèrent devant Thèbes. Ce conflit aboutit en 371 à une paix entre Athènes et Sparte soucieuses de l’expansion de Thèbes.
 
   Toujours en 371, Sparte lança une attaque contre cette dernière. Cependant, le 06 Juillet 371, le Roi Agiade Cléombrotos II subit une sévère défaite à la bataille de Leuctres devant le Général Thébain Épaminondas (418-362). Ce dernier détruisit l’armée Spartiate et mena alors une offensive contre la ville elle-même, qui dut enrôler de nombreux Hilotes pour repousser l’agresseur. Ce fut la fin de l’hégémonie Spartiate. En 370/369, elle perdit la plus grande partie de la Messénie et la Ligue du Péloponnèse fut dissoute.
 

  En 362, Agésilas II fut battu une nouvelle fois par Épaminondas, à la bataille de Mantinée, mais ce dernier y trouva la mort (Sparte avait remporté une victoire au même endroit contre Athènes, Argos, Élis (Capitale d’Élide) et Mantinée en 418, pendant la Guerre du Péloponnèse). S’en suivit une paix générale où Sparte se tint à l’écart, espérant encore récupérer sa suprématie. Selon Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) afin de trouver de l’argent pour une nouvelle guerre, en 361, Agésilas II partit en Égypte pour aider les Égyptiens révoltés. Il passa au service de leur Roi Tchahapimou, insurgé contre le Pharaon Tachos (362-360), qui, en échange de son aide, lui donna une somme de plus de 200 talents. Ils détrônèrent Tachos et le remplacèrent par Nectanébo II le fils de Tchahapimou.
 
   Agésilas II mourut en Cyrénaïque dans un naufrage sur le chemin du retour vers la Grèce à l’âge de 84/83 ans. Selon certains spécialistes, son corps fut embaumé dans la cire et enterré à Sparte. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) et Cornélius Népos (Écrivain Latin, 100-29) ont écrit l’histoire de la vie d’Agésilas II et Xénophon a composé son Éloge (Agésilas II). Agésilas II épousa Cléora qui lui donna trois enfants : Deux filles, Eupoleia (ou Eupolie) et Proaugé et un fils Archidamos qui lui succéda.

 

Pour plus de détails voir : La bataille de Mantinée de 362

 
   Archidamos III (ou Arkhidamos ou Archidamus, en Grec : Αρχίδαμος Γ’, 360 à 338) arriva sur le trône. Il avait l’habitude du pouvoir, et du commandement d’une armée. Il avait remplacé son père, vers 361, lorsque Agésilas II était partit dans son expédition pour l’Égypte. Alors qu’il était encore Prince, il fut l’Eispnelas (Inspirateur ou amant) de Cleonymus, le fils du Général Spartiate Sphodrias. Il intercéda auprès de son propre père pour qu’il épargne la vie de Sphodrias dans une affaire judiciaire. En 367, il remporta une victoire sur les Arcadiens, mais il fut à son tour battu en 364, à Cromnus. En 362, Il organisa la résistance de Sparte contre le Général Thébain Épaminondas. Lors de cette dernière il aurait montré un grand courage dans la lutte et il combattit dans le Péloponnèse.
 
   Une fois Roi, Archidamos III soutint les Phocidiens contre Thèbes lors de la Troisième Guerre Sacrée (355-346). En 346, il partit en Crète pour aider Lyttos (ou Litos) dans sa lutte contre Cnossos. En 343, il partit au secours de la colonie de Tarente qui avait demandé de l’aide dans la guerre contre les peuples Italiques, notamment les Lucaniens. En 342, Archidamos III arriva en Italie avec une flotte et une armée pour lutter contre les barbares. En 338, il fut battu et tué sous les murs de Manduria (Dans la province de Tarente) en combattant contre les peuples Messéniens et Lucaniens. Archidamos III eut deux fils qui lui succédèrent.


 

Monnaie de Tarente à l’effigie d’Archidamos III

 
   Agis III (En Grec : Aγις Γ’, 338 à 331) fut le premier à monter sur le trône dans cette période troublée pour la ville, surtout qu’elle dut aussi faire face à la Macédoine, nouvelle puissance montante dans le jeu politique de la Grèce. Il consacra son règne à consolider la position Lacédémonienne dans le monde Grec, mais ne parvint pas à contrecarrer les tendances hégémoniques du Roi de Macédoine Philippe II (359-336). Il régna conjointement avec Cléomène II (370-309)des Agiades. Les premières années de son règne furent marquées par une grande prudence. Agis III ne prit aucune initiative pour contrer Alexandre le Grand, (336-323), qui avait acheté son alliance.
 
  Toutefois, Agis III, refusa de faire le deuil du leadership de Sparte sur le Péloponnèse. En 334, il envoya à Suse auprès du Roi Perse Darius III (336-330), des envoyés, qui comprenaient des Athéniens et d’autres cités Grecques, pour établir une alliance avec l’Empire Achéménide afin de libérer la Grèce de la tutelle Macédonienne. Occupé à préparer la guerre, Darius III fit attendre les négociateurs Spartiates, qui furent capturés à Damas après la bataille d’Issos (1 ou 5 ou 12 Novembre 333). Sans nouvelles de ses envoyés et mal informé de la progression d’Alexandre le Grand, Agis III conclut à tort que Darius III avait pris l’avantage sur le Macédonien. Fin de l’année 333, il décida de gagner Siphnos (ou Sifnos, une île Grecque du Sud-ouest de l’archipel des Cyclades) où venaient d’arriver les Satrapes Perses, Pharnabaze et Autophradatès. Dans le même temps il envoya son frère au cap Ténare, la base navale de Sparte, avec pour mission de lever une flotte, afin de se rendre en Crète pour recruter des mercenaires.
 
   À Siphnos, Agis III et les Satrapes reçurent la nouvelle de la défaite des Perses à Issos, qui ruina leurs plans. Le Spartiate réussit néanmoins à obtenir 30 talents et 10 trirèmes qu’il envoya à son frère en Crète pendant que lui restait dans les Cyclades. Après l’hiver 333/332, Agis III rejoignit Autophradatès à Halicarnasse où il parvint à recruter 8.000 des mercenaires qui avait été dans le camp de Darius III, mais étaient sans emploi depuis la bataille d’Issos. Aujourd’hui on estime que les sources qui avancent ce chiffre de 8.000 sont très exagérées. En fait le nombre de ces mercenaires devait être autour de 4.000. À la tête de cette troupe, Agis III rejoignit son frère en Crète où il se rendit maître de la plupart des cités et les força à prendre le parti anti-Macédonien.
 
   Au printemps de 331, Alexandre envoya de Tyr, une flotte en Crète, sous le commandement d’Amphotéros, un frère de Cratère (ou Kraterós ou Craterus, Général Macédonien, v.370-321), pour lutter contre les Spartiates et les Perses qui s’y trouvaient. Le résultat de cette action n’est pas connu. Toujours au printemps 331, fort de son armée, Agis III engagea le combat contre les forces d’Alexandre, mais qui se trouvait lui en Égypte. À ce moment, Memnon de Rhodes (v.380-333), Gouverneur de Thrace, se révolta lui aussi contre la tutelle Macédonienne et s’allia avec Agis III. Le Spartiate rassembla les cités Péloponnésiennes et défit le Général Macédonien Korragos (ou Corragos ou Korrhagos).
 
     Toutefois, malgré ses victoires, il se heurta au refus d’Athènes de lui envoyer sa flotte. Dans la foulée (Seconde moitié de l’année 331), Agis III qui avait reçu le soutient de la plupart des cités Achéennes et Arcadiennes (à l’exception de Mégalopolis et Argos) ainsi que d’Élis, attaqua quand même Antipatros (ou Antipater, Régent 321-319), Lieutenant d’Alexandre, à la tête d’une coalition Péloponnésienne. Le Macédonien, non seulement fit face, mais il attaqua sur deux fronts. Il porta d’abords son armée contre Memnon de Rhodes, mais aucune bataille n’eut lieu, ce qui laisse suggérer une paix négociée entre les deux belligérants.
 
   Libre de ses manœuvres, à l’automne 331, Antipatros à la tête d’une armée de 40.000 hommes, gagna le Péloponnèse où il assiégea Agis III dans Mégalopolis. Surpassé en nombre, le Spartiate fut vaincu et il mourut sur le champ de bataille. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), place la bataille de Mégapolis entre Septembre et Octobre 331 (D’autres la reportent au printemps de 330 ?). Toujours selon l’auteur, Agis III fut attaqué à son retour à Sparte. Alors qu’il encourageait ses soldats à s’échapper il fut tué par un javelot. Sans postérité, son frère lui succéda.

 

Pour plus de détails voir : La Bataille de Mégalopolis – (Wikipédia.Uk)

 
   Eudamidas I (En Grec : Εδαμίδας A’ ou Eurydamidas en Grec : Ερυδαμίδας, 331 à 305 ou 331 à 300) succéda à son frère. On ne connaît rien de sa vie avant son accession au trône. Suivit une période relativement paisible dans l’histoire de la cité Lacédémonienne, mais aussi son déclin. Sous le règne de Cléomène II (370 à 309) et Eudamidas I, la ville ne prit plus aucune part à la résistance de la Grèce contre les tendances hégémoniques de la Macédoine. Pas plus lors de la Guerre Lamiaque, conflit qui se déclencha en Grèce à la mort d’Alexandre le Grand en Juin 323 et qui opposa des cités Grecques révoltées, dont Athènes, aux Macédoniens menés par Antipatros (ou Antipater, Régent 321-319). Cette guerre fut finalement remportée par ce dernier en 322 et les villes rebelles durent se soumettre. Eudamidas I épousa Arachidamia (ou Archidamia, en Grec : Αραχιδάμεια) qui eut la réputation d’être très riche. Elle lui donna trois enfants : Deux fils, Archidamos IV qui lui succéda et Agésilas et une fille, Agesistrata (En Grec : ‘Aγησιστράτα, † 241). On ne connait pas la date exacte de la fin de son règne, ni de sa mort. Pour cette dernière on trouve souvent vers 295/294 ?.
 
   Archidamos IV (ou Arkhidamos ou Archidamus, en Grec : Άρχίδαμος, 305 à 275) partagea le pouvoir avec Areus I (309-265) pour les Agiades. Cependant ce dernier pour accéder au pouvoir connu quelques problèmes de succession. La Gérousie trancha en sa faveur mais alors en bas âge son oncle Cléonyme devint le Régent. L’homme fort de cette période était le Roi d’Épire Pyrrhos I (307-272). Cléonyme, qui était détesté par ses compatriotes, lui demanda d’attaquer Sparte afin de le mettre sur le trône. Pyrrhos I envahit le Péloponnèse et dans le même temps Antigonos II Gonatas (Roi de Macédoine, 277-239), le fils du Roi de Macédoine Démétrios I Poliorcète (294-287), profita de l’occasion, il rassembla toutes ses forces et prit l’offensive contre l’Épirote.
 
   Il fut battu une première fois, mais il continua son action. Pyrrhos I assiégea Sparte, mais les citoyens résistèrent vaillamment, ce qui permit à un des commandants d’Antigonos II, Aminias le Phociden, de porter secours à la cité. Peu de temps après, l’armée d’Areus I arriva avec 2.000 hommes. Ces renforts sapèrent le moral des troupes de Pyrrhos I dont des hommes désertèrent de plus en plus, il cessa alors l’attaque. Dans le même temps, Archidamos IV mena une campagne contre Démétrios I Poliorcète. En 296, il fut défait une première fois près de Mantinée dans les environs du Mont Lycée (ou Lykaion ou Lycaeon), puis devant Sparte. On ignore la date de sa mort. Pour certains spécialistes il mourut sur le champ de bataille. Son fils lui succéda.
 
   Eudamidas II (En Grec : Εδαμίδας B’ ou Eurydamidas en Grec : Ερυδαμίδας, 275 à 245) arriva sur le trône. On ne sait rien de son règne. Il n’est même pas mentionné dans la liste des Eurypontides fournie par Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), peut-être parce que celui-ci le confond avec son grand-père Eudamidas I ?. Certains auteurs estiment qu’il régna 50 ans, d’autres placent son accession au trône bien après 294, ce qui revient à raccourcir son règne. Ce que l’on sait c’est qu’avec son collègue Agiade, Areus I (309 à 265) et peut-être lui, Sparte joua de nouveau un rôle actif dans le monde Grec et elle fut très active pendant la Guerre Chrémonidéenne, conflit qui opposa de 268 à 261 une coalition de cités Grecques menée par Athènes, la nouvelle alliée, et Sparte avec le soutien des Lagides contre la Macédoine. Cependant, en 265, celle-ci reprit le dessus. Areus I fut chassé de la ville d’Agrigente (Sicile) qu’il avait secourue contre le Tyran de Syracuse Agathoclès (317-289). Il trouva la mort lors de la troisième tentative de prise de Corinthe. On ne sait pas ce que devint Eudamidas II. Il épousa sa tante Agesistrata, (En Grec : ‘Aγησιστράτα, † 241) dont il eut deux fils Agis IV et Archidamos V qui furent Roi.
 
   Agis IV (En Grec : Aγις Δ’, 245 à 241) lui succéda. La faiblesse de Sparte à cette époque permit à la Ligue Achéenne de prendre son essor et de devenir la première puissance de la péninsule. Dans le même temps les institutions de la ville furent bouleversées par Agis IV qui fut un grand réformateur. Cependant il se heurta à l’opposition des notables partisans de l’oligarchie. Il tenta de remettre en vigueur les lois de Lycurgue (Législateur mythique de Sparte) et il proposait d’abolir les dettes et de faire un nouveau partage des terres pour adjoindre les Périèques et les Hilotes au corps civique. Il échoua dans ses projets par l’opposition de son collègue Agiade, le Roi Léonidas II (254-235). L’un des Éphores, Lysandre, décida de se débarrasser de ce dernier et utilisa contre lui une loi Spartiate interdisant aux membres d’une famille royale d’épouser une étrangère. Cratesicléa (ou Kratesikleia), l’épouse de Léonidas II était Perse.
 
   Agis IV le fit déposer et poussa Cléombrotos III (ou Cléombrote ou Kleómbrotos’, 242-240) époux de Chilonis, la fille de Léonidas II, à se déclarer Roi des Agiades. Léonidas II fut condamné à mort par contumace, mais avec l’aide de son fils il réussit à s’enfuir et s’exiler à Tégée. En 240, à la mort de son gendre, il revint à Sparte, reprit son trône. Agis IV fut trahi par ceux mêmes à qui il avait donné sa confiance. En 241, il fut enlevé dans le temple d’Athéna Khalkioïcos où il s’était réfugié. À l’automne 241, il fut étranglé dans sa prison, avec sa mère et sa grand-mère qui l’avaient soutenu, sur l’ordre des Éphores. Léonidas II avait l’intention de condamner à mort son gendre mais l’intervention de Chilonis sauva ce dernier en commuant sa peine en exil permanent. Agis IV épousa Agiatis et eut un fils, Eudamidas III qui lui succéda. Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) a écrit l’histoire de sa vie.
 
   Eudamidas III (En Grec : Εδαμίδας Γ’ ou Eurydamidas en Grec : Ερυδαμίδας, 241 à 228) monta sur le trône des Eurypontides à une période très troublée alors qu’il venait juste de naitre. Il fut alors placé sous une régence et de fait n’a jamais vraiment régné. Son oncle Archidamos V (En Grec : ‘Aρχίδαμος Ε’, 228 à 227), après que son frère Agis IV fut assassiné, s’était enfuit en Messénie. En 228 il fut rappelé à Sparte par le Roi Cléomène III (235-219) des Agiades. Eudamidas III fut assassiné peu de temps après, Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) affirme qu’il fut tué sur ordre de Cléomène III. Ce dernier fut un des trois enfants de Léonidas II. Il épousa la veuve d’Agis IV dont il reprit les réformes à son compte. Acquis à l’idée d’une réforme radicale de la société Lacédémonienne, il s’efforça de rendre à Sparte sa grandeur passée. Pour cela il tenta dans un premier temps de trouver des succès militaires à l’extérieur afin d’acquérir un prestige suffisant pour entreprendre sa politique. En 232, il s’attaqua alors la Ligue Achéenne, guerre dite "cléoménique" (232-229). Il fut vainqueur en 227 à la bataille de Mégapolis.
 
   Fort de ses succès militaires, la même année il opéra un coup d’État. Il déposa Archidamos V et établit la double royauté pour les Agiades en nommant Roi des Eurypontides son propre frère Eucleidas (ou Euclidas ou Eukleídas, en Grec : Εκλείδας, 227 à 222). Il entreprit alors des changements spectaculaires dans le système politique de Sparte. Il fit exécuter quatre des cinq Éphores titulaires et 80 grands propriétaires terriens furent exilés et il annonça le rétablissement des lois de Lycurgue. Il supprima l’Éphorat et mit en place les Patronomes, au nombre de six, sorte d’Éphores nommés par le Roi et non plus élus. Il procéda à un nouveau partage des terres et donna la citoyenneté à 4.000 Périèques qui vinrent ainsi renforcer les effectifs militaires qui étaient très bas.
 
   La guerre reprit en 225 et Cléomène III obtint d’importants succès sur la Ligue Achéenne. Cependant, le chef de celle-ci Aratos de Sicyone (271-213), après la prise par Cléomène III, d’Argos, puis de Corinthe, allait mettre un frein à son expansion. Il appela à l’aide le Roi de Macédoine Antigonos III Dôson (229-221). Les Macédoniens traversèrent, en 224, l’isthme de Corinthe et Cléomène III fut chassé d’Arcadie. À l’été 222 (Peut-être Juillet), il fut écrasé à la bataille de Sellasie (ou Sellasia) par les Achéens et Antigonos III où son frère Eucleidas perdit la vie.
 
   28.000 Macédoniens et 20.000 Spartiates combattirent (Voir l’article sur la bataille pour d’autres chiffres). À partir de cette date Cléomène III prit le poste de son frère et devint le seul Roi de Sparte pour les deux branches. Cependant, la cité fut prise et il dut s’enfuir avec un petit contingent de cavalerie. Il se réfugia en Égypte auprès de Ptolémée III Évergète I Tryphon (246-222), dans l’espoir que ce dernier l’aide à retrouver son trône. Toutefois, lorsque Ptolémée III mourut, son fils et successeur, Ptolémée IV Philopator (222-204) négligea Cléomène III et finalement le mit en résidence surveillée.
 

Monnaie de Lycurgue

 

   En 219, avec l’aide d’ami Cléomène III réussit à s’échapper de sa résidence surveillée et essaya d’inciter à une révolte, mais il ne reçut pas le soutien de la population d’Alexandrie, il évita la capture en se suicidant. Cette défaite de Sellasie (ou Sellasia) marqua la fin de l’indépendance de Sparte. D’importants troubles politiques s’ensuivirent dans la cité.

 
   Agésipolis III (En Grec : ‘Aγησίπολις Γ’, 219 à 215), qui naquit vers 230, fut le petit-fils de Cléombrotos III (242-240), fils d’un autre Agésipolis et neveu de Cléomène III. Il lui succéda sur le trône unique de Sparte. Étant encore très jeune au moment de son avènement, il fut mis sous la tutelle d’un oncle douteux nommé Cléomène et de Lycurgue (ou Lykoúrgos, en Grec : Λυκούργος, 215 à 212). Ce dernier, un Eurypontide, le détrôna et se fit reconnaître comme Roi de 215 à 212. Agésipolis essaya à plusieurs reprises de reprendre son trône. En 195, il fut à la tête des Lacédémoniens exilés, et il rejoignit le Général Romain Titus Quinctius Flamininus dans son attaque contre Nabis (voir ci-dessous). Agésipolis fut un membre d’une ambassade envoyée vers 183 à Rome par les exilés de Lacédémoniens, mais avec ses compagnons, il fut intercepté par des pirates et tué. Lycurgue de son côté passa alliance avec les Étoliens contre les Achéens et fut l’adversaire du Roi de Macédoine Philippe V (221-179). Un dénommé  Pélops (ou Pêlops, en Grec : Πέλοψ), lui aussi Eurypontide lui aurait succédé de 212 à 200.
 
   En 207, un usurpateur nommé Nabis (En Grec : Νάβις, 207 à 192) devint Tyran de Sparte. Il fut le fils de Démarate, membre probable de la famille royale des Eurypontides. Il tenta les dernières réformes susceptibles de rendre à la cité une partie de son ancienne puissance. Sous son règne il s’appuya sur des mercenaires comme gardes du corps. Il abolit la royauté et il reconstitua un corps d’armée de 6.000 citoyens. Il pratiqua une politique de proscription au détriment des citoyens aisés et en faveur des Hilotes et de ses mercenaires. Il réorganisa les finances grâce au butin amassé et à la levée régulière de taxes. Cette politique révolutionnaire suscita la peur et la haine chez les conservateurs. En 205, Sparte devint l’alliée de Rome. En 204, la guerre reprit, contre la Ligue Achéenne.
 
   Nabis fut l’allié de Rome dans la deuxième guerre contre les Macédoniens (200-197). Puis en 197, il devint l’allié de Philippe V, qui lui confia la garde d’Argos. Nabis s’y rendit populaire en abolissant les dettes et en persécutant les riches. Puis il changea d’optique et se déclara de nouveau allié des Romains dans l’espoir de demeurer maître de la ville. Après la défaite des Macédoniens, la même année, Rome lui déclara la guerre. Le Général Romain Titus Quinctius Flamininus l’obligea à libérer Argos. En 195, les Romains et leurs alliés Grecs firent le siège de Sparte. Dominée de tous les cotés, la cité fut obligée d’accepter la paix. Nabis dut de se rendre et signer un traité où il perdit ses principaux territoires dont Argos et la Crète, son port et sa flotte.
 
   Les Romains acceptèrent toutefois qu’il conserve son trône. Dès 193, profitant du retrait des troupes Romaines, il s’attaqua à ses anciennes cités Périèques qui avaient rejoint la Ligue Achéenne et qui étaient soutenues par le Roi Séleucide Antiochos III Mégas (223-187). Il fut battu par le Stratège de la Ligue, Philopoemen (ou Philopoímên ou Philopœmen, Homme politique et Général Grec, 253-183). En 192, il demanda alors de l’aide aux Étoliens, mais Aleximène, le chef des 1.000 hommes qu’on lui envoya, l’assassina, après que ses anciens alliés Étoliens l’aient accusé de trahison.
 


 

Monnaie de Nabis


 

Philopoemen –
Musée du Louvre

   Le but de ce meurtre était pour les Étoliens de se concilier l’amitié des Spartiates et les amener à combattre Rome. Philopoemen, obligea Sparte à adhérer la Ligue Achéenne et devint le véritable dirigeant de la ville. Cependant, le plan ne fonctionna pas et les Spartiates mirent à mort les Étoliens qui avaient commencé à piller la cité. Les réformes de Nabis furent abrogées et l’agôgê (L’éducation Spartiate) fut supprimée. Mais les divergences avec la Ligue ne s’arrêtèrent pas là. En 148, les Achéens attaquèrent Sparte, qui fut battue. Rome intervint, exigeant que Sparte et Corinthe soient séparés de l’Achaïe.
 
   Les Achéens mécontents reprirent la guerre, mais ils furent écrasés en 146 par les Romains. Sparte fit partie du camp des vainqueurs, mais perdit quand même ses cités Périèques, qui formaient de leur côté le koînon (Alliance) des Lacédémoniens qui fut intégré à l’Empire Romain. Sparte ne fut plus désormais qu’une cité de second rang, autonome, mais seule et très loin de sa splendeur et puissance d’antan. Sans ambition, ni militaire ni politique, la cité se concentra alors sur ce qui faisait sa particularité, l’éducation Spartiate. Celle-ci devint encore plus dure, attirant les foules, qui avides de rituels violents vinrent assister à des combats qui se disputaient traditionnellement au sanctuaire d’Artémis Orthia.
 
   Lors de ses cérémonies les jeunes enfants étaient flagellés parfois à mort. Cicéron (ou Marcus Tullius Cicero, Philosophe, homme d’État, avocat, orateur, théoricien politique et Consul, 106-43) dans "les Tusculanes – II, 34" rapporte ces faits : "La foule qui accourt au spectacle est si nombreuse qu’un amphithéâtre doit être bâti devant le temple pour l’accueillir". Ces rites perdurèrent jusqu’au Ve siècle ap.J.C., comme en témoigne Libanios (ou Libanius, auteur Grec de prose, 314-394, Discours, I, 23). En 267 ap.J.C., la ville fut pillée par les Hérules lors d’une incursion. En 395, le Roi des Wisigoth, Alaric I (396-410) détruisit la cité. La Laconie fut ensuite ravagée par des tribus slaves, puis passa sous la domination de l’Empire Byzantin.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur l’histoire des Eurypontides voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Kōstas Asēmakopoulos :
Phonoi stē Spartē : agis IV : mythistorēmatikē viographia, Philippotēs, Athēna, 1979.
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Voir la bibliographie de Sparte sur les institutions à : Sparte, les institutions

 

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