Quelques Rois Achéménides importants :
Artaxerxès III
358 – 338
 

Nous avons besoin de vous

 

….Retour à la dynastie Achéménide

 

Sommaire
 

Son origine
Son règne
     Les premières années de son règne
     La révolte de Sidon et Chypre
     La campagne d’Egypte
     La fin de son règne
Ses constructions
Sa famille
Bibliographie

  DATES  de  RÈGNE  ROI  de  PERSE
            358-338
 
   DATES  de  RÈGNE  PHARAON
            342-338
 S.Quirke, D.Sitek
343-338  P.A.Clayton, J.Kinnaer

 


 

Artaxerxès III sur son Char
– British Museum

Son origine

 
   Artaxerxès III Okhos (ou Ochos ou Artaserse ou Artajerje, en Persan : اردشير سوم‎  Ardeshir ou Artachschaçā ou Artaxšaçrā "Celui dont l’empire est bien",  en Hébreu : ארתחששתא השלישי, en Grec : Aρταξέρξης Γ’  Artaxérxês ou Άρτοξέρξης Γ’ Artoxérxês, en Babylonien : Artakshatsu, en Latín : Artaxerxes) est appelé par Manéthon Ôchus. Il lui compte 2 ans de règne (Africanus) ou 6 ans (Eusebius de Cesarea). Il est le dixième souverain de la dynastie Achéménide ou le onzième s’il l’on compte Bardiya et régna d’Avril (Selon Carsten Binder) 358 à l’été 338.
 
   Jonas Lendering date sa prise de pouvoir entre Février et mi-Mars de l’année 358. Il serait le quatrième fils d’ Artaxerxès II et de la Reine Stateira et serait né vers 425. Il prit le pouvoir après des lutes internes. Un de ses frères, Darius, fut exécuté après un complot contre leur père.
 
   Le nouveau Prince Héritier devint Ariaspes, qui était très populaire auprès de la cour. Cependant des conspirateurs, qui comprenaient Artaxerxès III et l’un des commandants de la garde royale nommé Tiribazus, accusèrent Ariaspes de trahison ce qui poussa ce dernier au suicide. Les espoirs d’Artaxerxès II s’orientèrent alors sur son troisième fils, Arsamès (ou Arsame) qui fut lui aussi assassiné. Artaxerxès III devint le seul héritier et il instaura son autorité sur tout l’Empire en restaurant provisoirement la puissance des Perses Achéménides. Selon John Lemprière, son premier ordre en tant que Roi aurait été l’exécution de plus de 80 de ses plus proches parents afin d’assurer sa légitimité. Aucune titulature Égyptienne n’est connue pour ce Roi.

 

Fragment de bas-relief d’Égypte,
montrant un Roi Achéménide,
Probablement Artaxerxès III –
Musée Allard Pierson – Amsterdam

Son règne

 
          Les premières années de son règne
 
   Avant de monter sur le trône Artaxerxès III occupa les postes de Satrape et Commandant de l’armée, en particulier il combattit en Syrie mais échoua dans la tentative de contrecarrer l’avancée des rebelles lors de la “révolte des Satrapes“. En 359, il fut à la tête d’une expédition de représailles contre l’Égypte dans la région côtière de la Phénicie. En 358, lorsque son père décéda à l’âge de 90/94 ans, il lui succéda sur le trône. De 358 à 350, il partit avec ses armées à la conquête de la Syrie / Palestine et il finit par soumettre les grands ports de Phénicie comme Sidon, où les Satrapes s’étaient instaurés en Principautés quasi-indépendantes. En 355, Artaxerxès III contraint Athènes à conclure une paix qui exigeait à la ville de quitter l’Asie Mineure et de reconnaître l’indépendance des cités qu’elle dirigeait.
 
   Il ordonna ensuite le renvoi de tous les mercenaires Grecs des armées des Satrapes d’Asie Mineure de façon à réduire les possibilités de rébellions. Nombre d’entre eux retournent alors à Athènes et à Sparte. Sauf Artabaze de Lydie qui demanda de l’aide à Athènes dans sa rébellion contre le Roi Perse. La ville lui envoya des troupes avec à leurs têtes les deux mercenaires Grecs, Mentor et Memnon de Rhodes (v.380-333). Ils furent rejoints par Oronte de Mysie qui unit ses forces aux leurs. Après une première défaite, en 354, Artaxerxès III reprit le dessus en 353 et il défit la coalition. Oronte fut gracié par le Roi, qui chassa Mentor et Memnon, tandis qu’Artabaze s’enfuyait en Macédoine à la cour du Roi Philippe II (359-336).
 
                                              La révolte de Sidon et de Chypre
 
   En 351, Artaxerxès III porta ses attaques vers l’Égypte du Pharaon Nectanébo II (360-342). Le Roi marcha sur le pays et engagea le Pharaon. Après une année de lutte contre lui, une épidémie de peste se déclara dans son armée. Il fut contraint de se retirer et de retarder son entreprise Égyptienne. Immédiatement, Artaxerxès III ordonna qu’une nouvelle armée fut assemblés à Sidon, mais la population de cette ville Phénicienne ne fut pas en mesure de faire face au grand nombre d’étrangers et son Roi Tabnit (ou Tennès, 358-346/345) se révolta. Nectanébo II envoya 4.000 mercenaires, commandés par Mentor de Rhodes, aider les Sidoniens contre leur suzerain Perse et la révolte s’étendit en gagnant Chypre où elle fut dirigée par Pnytagoras (351-332), le neveu du Roi Chypriote Évagoras II (361-351).
 
   La même année, Artaxerxès III ordonna au souverain de Carie Halicarnasse, Idrieos (ou Idrieus, 351-343) de lever une armée et une flotte pour la reconquête de Chypre. Les Satrapes de Cilicie et de Syrie, Mazæos (ou Mazaeus) et Belesys (ou Belysis), furent eux chargés de contenir la rébellion de Sidon. Toutefois, ils furent repoussés par Mentor et il est possible que la révolte se soit propagée en Judée à Samarie et dans le Sud. En 346/345, Artaxerxès III excédé prit personnellement les choses en main et reprit Sidon, dans laquelle il fit de nombreux prisonniers, dont Mentor. Conscient de la disproportion des forces ce dernier changea de camp.
 


 

Le tombeau d’Artaxerxès II à Persépolis

   En 344/343, Idrieos, avec une armée de 8.000 mercenaires et 40 navires que dirigeait le commandant Athénien Phocion (ou Phokion, 402–318) et Évagoras II débarquèrent à Chypre et mirent le siège devant Salamine. Mais ils échouèrent et Évagoras II dut abandonner définitivement Chypre. Pour le dédommager, Artaxerxès III lui attribua le gouvernement de Sidon. Toutefois, il est possible qu’Idrieos fut un peu responsable de la défaite et qu’il ne resta pas tout à fait fidèle à Artaxerxès III.
 
   En effet, en 346, l’orateur Athénien Isocrate adressa un discours au Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) dans lequel il fit valoir qu’il serait facile de renverser l’Empire Perse, parce que l’Égypte, la Phénicie et Chypre étaient toujours en révolte et qu’Idrieos de Carie, qui est présenté comme le dirigeant le plus riche en Asie Mineure, serait un allié utile. Peut-être Isocrate savait quelque chose que l’histoire moderne n’a pas retenu pour l’instant.
 
   Après cette défaite Artaxerxès III décida de commander en personne la contre-attaque. Il leva une armée de 330.000 hommes, dont 300.000 fantassins, 30.000 cavaliers, 300 trirèmes et 500 navires de transport. Les Phéniciens, à qui Sparte et Athènes avaient refusé leur aide ne purent aligner qu’une petite armée composée d’un millier d’hoplites Thébains sous les ordres de Lacratès, 3.000 Argives sous les ordres de Nicostratès et 6.000 Ioniens et Doriens des villes Grecques de l’Asie Mineure, à cela vinrent s’ajouter quelques mercenaire Grecs d’Égypte. Devant la puissance qui allait s’abattre sur lui Tabnit (ou Tennès) tenta d’acheter sa propre grâce en remettant une centaine des principaux citoyens de Sidon entre les mains du Roi de Perse, qui le chargea des défenses de sa ville. Mais Sidon fut brulée, soit par Artaxerxès III, soit par les citoyens même de la ville et 40.000 personnes moururent dans l’incendie. Malgré sa trahison, Tabnit (ou Tennès) fut mis à mort par Artaxerxès III qui reprit possession de ses anciens territoires.
 
     La
campagne d’Égypte
 
   Après cet épisode le Roi Perse reprit son désir d’invasion de l’Égypte. En 343/342, lors d’une nouvelle campagne, Artaxerxès III aligna plus de 330.000 hommes. 14.000 Grecs furent fournis par les cités Grecques d’Asie Mineure, dont 4.000 commandés par Mentor de Rhodes (3.000 envoyé par Argos et 1.000 par Thèbes), qui depuis 346/345 après la chute de Sidon combattait pour Artaxerxès III et 80 trirèmes. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec v.90-v.30 av.J.C) date de l’attaque de l’Égypte, à la fois dans la 18e Année du règne d’Artaxerxès III et de Nectanébo II, en Décembre 342.
 
   Le Roi attaqua sur trois fronts et plaça à la tête de chacun un Perse et un Grec. Les commandants Grecs étaient Lacratès (ou Lakrates) de Thèbes, Mentor de Rhodes, et Nicostratès (ou Nicostrate) d’Argos et les Perses étaient Rhosacès (ou Rhosakes), Aristazanes et Bagoas, le chef des eunuques. Le Pharaon Nectanébo II obtient de l’aide de Chypre et de la Phénicie et fit face avec une armée, qui selon Diodore de Sicile, fut de 100.000 hommes, dont 20.000 étaient des mercenaires Grecs et 20.000 des Libyens. Il occupa différentes branches du Nil avec des navires.

Deux servants portant nourriture
et boisson – Règne d’Artaxerxès III
– Persépolis


   Le caractère du pays traversé par de nombreux canaux et beaucoup de villes fortifiées lui permirent un premier succès où il réussit à repousser les armées Perses. Artaxerxès III ne s’avoua pas vaincu et ses nouvelles offensives allaient avoir raison des Égyptiens et de leurs alliées. Il prit Péluse, qui protégeait l’entrée du Delta, puis la ville de Bubastis. Nectanébo II fut obligé de fuir à Memphis, pensant être protégé par des garnisons qu’il laissait dans des villages. Il s’agissait de troupes mixtes, en partie Grecques et en partie Égyptiennes, entre lesquelles les jalousies et les suspicions furent facilement exploitées par les dirigeants Perses.
 
   Ces derniers s’avancèrent rapidement sur Memphis qui tomba et Nectanébo II dut fuir le pays vers la Nubie. Les Perses finirent alors tranquillement l’invasion et l’Égypte redevient une satrapie. À ce moment, en 342, Artaxerxès III se proclama Pharaon et commença un règne de terreur. Onze ans d’oppression suivirent, beaucoup de documents qui nous sont parvenus indiquent que les violations des temples et les massacres étaient communs. La religion fut persécutée et les livres sacrés furent volés. La Perse acquit une quantité importante de richesse grâce à ces pillages. Avant de retourner dans son pays, Artaxerxès III nomma Pherendarès comme Satrape de l’Égypte.

 
     La fin de son règne
 
   Après la conquête de l’Égypte, il n’y eut plus d’émeute ou révolte d’importance contre Artaxerxès III. Mentor de Rhodes et Bagoas, les deux Généraux qui s’étaient illustrés lors de la campagne dans la vallée du Nil furent élevés à des postes importants. Mentor eut le grade de Gouverneur de la région du littoral Asiatique avec pour mandat de réprimer quelques révoltes mineures de son territoire, tandis que Bagoas fut dans un premier temps responsable de la gestion des satrapies orientales de l’Empire, puis il devint le principal ministre d’Artaxerxès III à Persépolis. On aurait pu penser que tout allait bien donc dans l’Empire Perse. Toutefois Artaxerxès III était inquiet, en effet la monté en puissance de la Macédoine devenait préoccupante. En 341/340, il dépêcha une armée pour aider le Roi Thrace, Cersobleptès I (ou Kersobleptes, 359-341) à maintenir son indépendance et porter assistance à Périnthe et Byzance assiégées par le Roi de Macédoine Philippe II et il fit alliance avec Athènes en lutte avec ce dernier. À partir de 341 le Roi serait retourné vivre à Babylone dans l’ancien Palais de Nabuchodonosor II (626-605) qui fut agrandi. Artaxerxès III mourut pendant l’été 338, empoisonné par l’eunuque Bagoas, mais ce fait est contredit par les textes cunéiformes.
 

Porte des Nations

 

Ses constructions

 
   Son activité de bâtisseur est loin d’être extraordinaire et il existe peu de preuves de nouvelles constructions ou d’une politique de rénovation architecturale à Persépolis. Vers la fin de sa vie Artaxerxès III y érigea un nouveau palais qui resta malheureusement inachevé et il y construisit son propre tombeau dans la montagne derrière la plate-forme de la ville. On lui attribue aussi un des bâtiments de Persépolis, la Chambre des 32 colonnes, dont l’utilité est inconnue et la porte inachevée, menant à la porte des nations et le Temple au cent colonnes.
 
   Des sculptures ornant l’escalier de l’aile gauche du Palais de Tachara furent également ajoutées au cours de son règne. Selon Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec v.90-v.30 av.J.C) il faut aussi lui créditer le commencement de la construction de l’apadana de Babylone, dont la description est présente dans ses œuvres et l’agrandissement du palais de Nabuchodonosor II (626-605).
 

Sa famille

 
   Artaxerxès III eut deux épouses :
 
• Une fille de son frère Ocha, d’autres sources avancent que ce serait une fille de son neveu Oxathrès. Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
 
• Atossa qui lui donna trois enfants :
  Deux fils :

Arsès (Artaxerxès IV, en Persan : Artaxšacā ou Aršaka ou Aršāma ou Arxes ou Oarses) qui succéda à son père de 338 à 336.
Bisthenès qui est donné par Jona Lendering.

 
  Une fille :

Parysatis. 
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
Carsten Binder :
Plutarchs Vita des Artaxerxes. Ein historischer Kommentar, de Gruyter, Berlin, 2008.
Pierre Briant : 
Histoire de l’Empire Perse : De Cyrus à Alexandre, Editions Fayard, Paris, 1996 – En Anglais, From Cyrus to Alexander : A history of the Persian empire, Eisenbraun, Winona Lake, 2002.
Maria Brosius :  
Women in ancient Persia, 559-331 BC, en Français, Les femmes dans la Perse antique, 559-331 av.J.C, Clarendon Press, Oxford, 1996-1998.
The Persians. An introduction, Routledge, London, 2006. 
John Manuel Cook :
The rise of the Achæmenids and establishment of their Empire, pp : 200-291, Cambridge History of Iran 2, 1985.
Muhammed Abdulkadyrovič Dandamaev :
A political history of Achaemenid empire, E.J.Brill, Leiden, New York, Köln, 1989.
Christina Girod :
Artaxerxes III of the Achaemenid dynasty was the king of Persia during 359/358–338 BCE, World History: Ancient and Medieval Eras, 2010.
Noah Calvin Hirschy :
Artaxerxes III, Ochus and his reign with consideration of the Old Testament sources bearing upon the period, University of Chicago Press, Chicago, 1909.
Heidemarie Koch :
Achämeniden-Studien, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1993.
Amélie Kuhrt :
The Persian Empire : A corpus of sources from the Achaemenid period, Routledge, New York, 2010.
Leo Mildenberg :
Artaxerxes III Ochus (358-338 B.C.): A Note on the Maligned King, pp : 201-227, Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins 115, 1999.
Otto Mørkholm :
A coin of Artaxerxes III, Royal Numismatic Society, London, 1974.
Albert Ten Eyck Olmstead :
History of the Persian empire : Achaemenid period, University of Chicago Press, Chicago, 1948.
Christine Palou et Jean Palou :
La Perse antique, Presses Universitaires de France, Paris, 1962.
Jean Perrot :
La période Achéménide, Iran Bastan Museum, Téhéran, 1972.
Stephen Ruzicka :
Trouble in the west : Egypt and the Persian Empire, 525-332 BCE, Oxford University Press, New York, 2012.
Rüdiger Schmitt :
Achaemenid dynasty, Encyclopaedia Iranica vol.3, Routledge & Kegan Paul, London, 1983.
Rosemary B Stevenson :
Fourth century Greek historical writing about Persia in the period between the accession of Artaxerxes II Mnemon and that of Darius III (404-336 B.C.), University of Oxford, 1985.
Marc Van De Mieroop :
A history of the ancient near east : Ca. 3000–323 BCE, Blackwell History of the Ancient World series, 2003.
Willem J.Vogelsang :
The rise and organisation of the Achaemenid Empire : The eastern Iranian evidence, E.J. Brill, Leiden, 1992.
Daniel Josef Wiesehöfer :
Ancient Persia : 550 BC to 650 AD, I.B. Tauris, London, New York, 1996 – 2001.

 

….Retour à la dynastie Achéménide

 

 

 
Pour voir correctement les traductions des noms en Grec ancien,
vous pouvez télécharger et installer la police de caractère jointe.
 Copyright © Antikforever.com