Les   Séleucie
 

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 Pour plus de détails voir aussi :  L’histoire des Séleucides

 

          Les principales villes Séleucides
 

Séleucie  de  Piérie

 
   Séleucie de Piérie (ou Suedia, en Grec : Σελεύκεια Πιερία Seleucia Pieria) est un port du royaume de Syrie. Le nom moderne est Çevlik, c’est un village près de Samandağ dans la province de Hatay en Turquie. Séleucie faisait partie de la "Tétrapolis Syrienne" (Quatre villes Syriennes), les trois autres villes étaient : Antioche, Apamée sur l’Oronte et Laodicée. Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160) dit que quand Séleucos I Nikatôr (305-280) était sur le point de construire la ville "un coup de tonnerre a précédé la fondation" et ce serait la raison pour laquelle il a consacré le Dieu tonnerre comme une divinité de l’endroit.
 
    La ville fut construite, un peu au Nord de l’estuaire de l’Oronte, entre les petits cours d’eau sur les versants Ouest du Coryphée (Coryphaeus), l’un des sommets du Sud de la montagne Amanus. Les Macédoniens appelaient ce paysage, Pieria, d’après un district dans leur pays d’origine qui est également entre la mer et une chaîne de montagnes (Olympus).

 

L’histoire…….

 
   Des artefacts découverts dans des grottes surplombant la mer, vers la fin des années 1950, indiquent que le site connut une première occupation autour de l’an 700. Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) cite une colonie Grecque lors de la domination Assyrienne qui aurait été installée proche de cet endroit et Jean Malalas (v.490-578, auteur de la plus ancienne chronique Byzantine conservée) parle des bâtiments sur les pentes des collines qui seraient antérieures à la fondation de Séleucie de Piérie.


 

Tombes dans la roche à Séleucie

 
   Séleucie de Piérie fut fondée en 300 av.J.C par Séleucos I Nikatôr (305-280) l’un des successeurs du grand conquérant Macédonien Alexandre le Grand (336-323) et le fondateur de l’Empire Séleucide. Libanios (Auteur Grec de prose, 314-394) décrit son mythe fondateur qui donne l’emplacement de la ville choisi par un aigle. Un comptoir Grec semble avoir existé avant Séleucie de Piérie, mais pas sur le site même. La ville fonctionna comme le port commercial et naval d’Antioche sur l’Oronte (auj. Antakya). On sait très peu de chose sur les 50 premières années de la cité.
 


 

Monnaie de Séleucie de Piérie

   Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) nous dit que la ville fut peuplée à partir d’autres habitants importés d’une autre ville Hellénistique, Antigonia (Histoires, 20.47.5) et de Juifs. Tout laisse à penser que Séleucie de Piérie était prévue pour être la capitale du royaume Séleucide, tout du moins tels semblent avoir été les plans initiaux, et devenir une cité capable de rivaliser avec Alexandrie. Elle fut d’une grande importance dans la lutte entre les Séleucides et les Ptolémée.
 
   En 246, les Séleucides perdirent temporairement la cité face à Ptolémée III Évergète I (246-222), lors de la Troisième Guerre de Syrie (246-241). La ville fut récupérée par le Roi Antiochos III Mégas (223-187) au cours de la Quatrième Guerre de Syrie (219-217) et fut éclipsée par Alexandrie d’Issos qui devint le principal port de la Syrie. Ce fut en 219 qu’elle réapparut dans les annales, décrite par Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) qui raconte comment la cité fut reprise aux Égyptiens. Le port semble avoir pris à cette époque une très grande importance militaire. Toujours Polybe, citant Apollophanes, le conseiller d’Antiochos III, nous dit : "Que si la cité restait au pouvoir de l’ennemi, elle constituerait un obstacle de première grandeur à toutes les entreprises du Roi…".

Sarcophage Romain – Séleucie –
v.250 ap.J.C- Musée d’Antioche


   Cependant pendant ce laps de temps où la cité appartint aux Égyptiens elle stagna, alors qu’Antioche, elle, se développa et devint la plus importante ville de l’Empire Séleucide. Séleucie de Piérie fut un moment supérieure à Antioche, en 109, lorsque le contrôle de cette dernière fut l’enjeu de la lutte entre Antiochos VIII Gryphos (125-96) et Antiochos IX Cyzique (114-95) et elle acquit même une certaine indépendance.
 
   Lorsque l’Empire Séleucide fut envahi et tomba entre les mains du Roi d’Arménie Tigrane II (95-54), Séleucie de Piérie résista aux attaques. Puis lorsque ce dernier fut battu par le Général Romain Pompée (106-48), qui rétablit un Roi Séleucide au pouvoir, Pompée récompensa la cité en lui donnant le statut de ville indépendante, mais qui restait tout de même sous contrôle Romain. De cette période nous n’avons que de rares témoignages sur Séleucie relatant des faits intérieurs de sa situation économique, ou de ses relations avec son entourage.
 


 

Tunnel de Titus

  À la même époque Pompée donna la ville d’Antioche au Roi de Commagène Antiochos I Théos (69-38), dont le royaume se trouvait pourtant à une certaine distance, ce qui fait qu’en fait la cité eut une autonomie substantielle. Séleucie de Piérie possédait deux ports. Un de ceux-ci fut utilisé parfois par la marine Romaine. Cependant, les ports s’ensablèrent avec le temps. Plusieurs Empereurs Romains firent creuser des canaux et des tunnels afin d’empêcher ce processus, mais ce fut en vain. L’un de ces canaux fut, selon Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100), creusé par les esclaves Juifs, qui travaillaient sous les ordres du futur Empereur Romain Titus (79-81), lorsqu’il prit Jérusalem en 70 (D’autres prisonniers de guerre furent envoyés à Rome où ils ont construit le Colisée).


 

Autre vue de la nécropole

 
   Il faisait près de 1400 m. de long et une partie traversait un tunnel qui fut conçu par les ingénieurs de la dixième légion Fretensis. La mise en œuvre d’une telle construction souligne, l’importance militaire capitale de ce port pour les Romains. Selon une inscription, il ne fut terminé que sous le règne de l’Empereur Antonin le Pieu (138-161). Les derniers ouvriers de cet ouvrage furent la legionaris III Scythica et XVI Flavia Firma.
 
   Ce ne fut toutefois pas la dernière tentative d’améliorer les ports, au IVe siècle, ils furent restaurés à nouveau par l’Empereur Constance II (337-361). À cette époque, Séleucie de Piérie était déjà devenue Chrétienne. Paul de Tarse et Saint-Barnabé partirent de ce port pour leur premier voyage missionnaire (Actes 13:4). Le plus ancien Évêque de Séleucie connu est Zenobius, il était présent au Concile de Nicée (325). Parmi les autres Évêques on a connaissance de : Eusebius, Arian et un dénommé Bizus au IVe siècle.
 
   La "Notitia episcopatuum" d’Antioche, déclara Séleucie de Piérie archevêché autonome au cours du VIe siècle. Au Ve siècle, la lutte contre l’ensablement fut finalement abandonnée. Il est possible que la main-d’œuvre manquait car la ville avait été pillée par des brigands Isauran en 403. La cité subit aussi un lourd tremblement de terre en 526, accompagné d’un tsunami, et un autre en 528 qui finit de détruire de ce qui restait de la ville. Ces phénomènes entraînèrent une élévation du niveau de la terre d’environ 1.5 m, suivi d’un ensablement accéléré qui rendit le port inutilisable. Douze ans plus tard, les Perses Sassanides prirent la cité sans défense. Enfin les historiens s’accordent généralement à dire que la présence arabe, à partir de 638, conquête d’Antioche par le Calife Omar I, entraîna un déclin général de Séleucie de Piérie et d’Antioche.

 

Monuments  et  nécropole
 

 
Ruines de la citadelle Un canal de Séleucie Intérieur d’une tombe

   La ville haute, avait environ 13 km. de circonférence et est toujours visible. La ville basse fut plus petite que la précédente et était plus densément peuplée. Quelque part dans Séleucie de Piérie se trouve le mausolée de Séleucos I Nikatôr, qui en Septembre 280 fut assassiné par Ptolémée Kéraunos. Il est dit que le Prince de Pergame Philetairos (ou Philétairos ou Philétaire, 282-263) aurait acheté le corps à Ptolémée Kéraunos pour une grosse somme d’argent, qu’il l’aurait brûlé et envoyé les cendres au fils de Séleucos I, Antiochos I Sôter (280-261).

Pont sur un canal Autre vue du
tunnel de Titus

 
   Celui-ci les aurait fait déposér à Séleucie de Piérie où il y fit ériger un temple consacré à son père, auquel il donna le nom de Nicatoreum. Séleucos I y fut vénéré en tant que Zeus Nikatôr. Parmi les autres constructions importantes on trouve une nécropole qui n’a, à aujourd’hui, que peu d’intérêt, certains ouvrages d’irrigation dont le tunnel et les canaux de l’Empereur Titus, une rue avec plusieurs tombes creusées dans la roche et les tombes cave des Beşikli, qui peuvent être datées du Ier au Ve siècle ap.J.C et certaines fortifications très endommagées. Bien que de nombreuses tombes aient été retrouvées près de Séleucie de Piérie, on ne sait pas vraiment encore à qui elles purent appartenir.

 

 Pour d’autres Détails voir : Séleucie de Piérie  (Wikipédia – fr)

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Victor Chapot :
Séleucie de Piérie, Klincksieck, Paris, 1907.
Charles Cornwallis Chesney :
On the bay of Antioch, and the ruins of Seleucia Pieria, pp : 228-234, Journal of the Royal Geographical Society of London 8, 1838.
Glanville Downey :
A history of Antioch in Syria, From Seleucus to the Arab conquest, Princeton University Press, Princeton, 1961.
Günter Garbrecht :
Talsperre und tunnel am hafen Seleukeia, pp : 83-89, Historische Talsperren, Wittwer, Stuttgart, 1991.
John D.Grainger :
The cities of Seleukid, Syria, Clarendon Press, New York, 1990 – Oxford University Press, Oxford, 1990.
Armin Jähne :
Die Syrische frage. Seleukeia in Pierien und die Ptolemäer, pp : 501-519, Klio 56, Leipzig, 1974.
Karl Lehmann :
Die antiken hafenanlagen des mittelmeeres, beiträge zur geschichte des städtebaues im altertum, Dieterich, Leipzig, 1923.
Erol Oguz et Pirazzoli Paolo Antonio :
– Seleucia Pieria : An ancient harbour submitted to two successive uplifts, pp : 317-327, International Journal of Nautical Archaeology 21, N°4, November 1992.
Hatice Pamir :
Eine stadt stellt sich vor. Seleukia Pieria und ihre ruinen, pp : 17–21, Antike Welt 35, N°2, Raggi-Verlag, Küsnacht-Zürich, 2004.
Jean-Paul Rey-Coquais :
Seleucia Pieria Turkey, The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton University Press, Princeton, 1976.

 

 

Séleucie du Tigre

 
   Séleucie du Tigre (ou Séleucie sur le Tigre, en Grec : Σελεύκεια Seleucia, en arabe : سلوقية  Seleucie ou المدائن al-Madāʾin, en Persan : سلوکیه, en Araméen : ܩܛܝܣܦܘܢ  Māōzē) est située aujourd’hui en Irak à 35 km. environ de Bagdad et 60 Km. au Nord de Babylone. Ses ruines ont été identifiées à la moderne Tell Umar sur la rive Ouest du Tigre. Elle fut l’une des plus grandes cités de Mésopotamie à la fin de l’Antiquité, s’inscrivant dans l’histoire entre Babylone et Bagdad. La ville fut peuplée par des Macédoniens, des Grecs, des Syriens et des Juifs. La cité fut explicitement désignée comme la capitale de l’Empire Séleucide : Al šarrūti dans les sources en écriture cunéiforme "la ville de la royauté".

 

Vue du site – Le Tell Omar

 

L’histoire…….

 
   Séleucie sur le Tigre, au cœur de la Mésopotamie, fut créée par Séleucos I Nikatôr (305-280) l’un des successeurs du grand conquérant Macédonien Alexandre le Grand (336-323) et le fondateur de l’Empire Séleucide, qui en fit sa capitale. La date exacte de sa construction n’est pas enregistrée, mais elle doit se situer après la Guerre de Babylone (311-309) et avant 301, lorsque Séleucos I visita Babylone pour la dernière fois. Certains spécialistes avancent comme date entre 311 et 306, d’autres 305 ?. La cité fut érigée en face de l’ancienne ville d’Opis, à la confluence du Tigre et du Canal Royal, qui reliait la ville nouvelle à l’Euphrate. Du fait de sa position géographique stratégique, la principale route vers le plateau Iranien, elle devint rapidement une très grande cité et un centre commercial incontournable, supplantant une Babylone sur le déclin.
 


 
Buste en bronze de Séleucos I –
 Musée national d’archéologie – Naples

   En 301, Séleucos I, reçut lors du deuxième partage de l’Empire d’Alexandre, la Syrie et la partie Est de l’Asie Mineure. La possession de la Syrie lui donna une ouverture sur la Méditerranée et immédiatement il créa la nouvelle ville d’Antioche sur l’Oronte qui devint le siège du gouvernement. Dans le même temps il décida que Séleucie du Tigre devint la capitale des satrapies de l’Est. En 294, il y installa son fils Antiochos I en tant que vice-Roi. La ville resta la résidence des différents fils de souverains qui exercèrent cette fonction jusqu’en 141.
 
   En 222, la cité fut prise par le rebelle Molon. Selon Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C), la ville fut ensuite frappée d’une amende de 1.000 talents et ses magistrats, les Péliganes, furent exilés. Entre 205 et 204, depuis Séleucie du Tigre, le Roi Antiochos III Mégas (223-187) lança une expédition dans la région du golfe Persique. Séleucie du Tigre, avec son statut de capitale des satrapies de l’Est, trouva une ouverture vers l’Extrême-Orient et l’occasion de mettre en place des activités commerciales particulièrement prospères.


 

Portrait de Démétrios II
trouvé à Séleucie

 
   La ville devint une étape incontournable des routes vers l’Inde, qu’elles soient maritimes, par le Golfe Persique ou terrestres, par le plateau Iranien. Séleucie semble atteindre le sommet de sa prospérité au milieu de l’époque Hellénistique. Cette apogée se constata dans la production céramique qui connut alors son plus haut niveau qualitatif. En Juillet 141, le Roi des Parthes Mithridate I (171-138), qui avait déjà pris la Médie, conquit Séleucie du Tigre et continua de l’utiliser comme une capitale régionale. La cité ne redevint plus jamais une possession Séleucide. Les Parthes, nouveaux maîtres de la région, surent cependant se faire accepter des habitants Grec de leur Empire et n’hésitèrent pas à adopter leurs valeurs. Ils implantèrent une nouvelle ville sur la rive Est de l’Euphrate, juste en face de Séleucie, Ctésiphon.
 
   Cette cité fut une capitale impériale pendant plus de 800 ans, d’abord des Parthes Arsacides puis de leurs successeurs, les Sassanides. Malgré la présence à ses côtés de cette grande métropole, Séleucie conserva sa prospérité sous l’Empire Arsacide. En 57 av.J.C, les Parthes connurent la guerre civile lors de la succession de Phraatès III (ou Arsace XII, 70-57). Une version de l’histoire nous dit que le Roi suivant fut Mithridate III (ou Arsace XIII, 57-54) qui serait le premier à monter sur le trône, mais serait rapidement déposé en raison de sa cruauté.
 
   Mithridate III s’enfuit alors en Syrie et demanda asile au Proconsul Romain Aulus Gabinius. Il leva une armée et avança en Mésopotamie, mais il fut battu à Séleucie du Tigre par le Général Surena (ou Suren) au service d’un autre prétendant Orodès II (ou Arsace XIV ou Hyrodes, 57-38 ou 54-38). Il fuit alors à Babylone où après un long siège il fut fait prisonnier et tué en 54 par Orodès II. Malgré son passage dans l’Empire des Parthes, Séleucie du Tigre resta fortement marquée par ses origines Grecques, ce qui lui donna une place à part dans l’Empire. Pline l’Ancien (Écrivain et naturaliste Romain, 23-79) mentionne qu’à son époque, Séleucie du Tigre avait encore quelques Macédoniens aux douanes.


 

Buste d’Héraclès en bronze
trouvé à Séleucie

 
   Les autres groupes ethniques de la ville furent des Grecs, des Babyloniens et un grand groupe de Juifs de Babylone qui avaient fuit vers la ville, après 35 ap.J.C. Cependant en 41, Séleucie fut le théâtre d’un massacre d’environ 5.000 de ces réfugiés Juifs. Ces faits sont confirmés par Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100, Antiquités juives, 18,311). Il nous rapporte que outre les descendants des colons Grecs, la ville accueillait de nombreux habitants d’origines diverses et donc un assez grand nombre de Juifs de la diaspora. Séleucie fut d’ailleurs nommée dans le Talmud où elle est appelée, Selik ou Selika. L’auteur nous dit encore que finalement, Grecs, Babyloniens et Syriens finirent par s’unir et se retourner violemment contre les Juifs jusqu’à les massacrer en 41.
 


 

Ruine de la stoa de Séleucie

   Les deux cités, Séleucie et Ctésiphon furent d’un enjeu déterminant et, de ce fait, souvent disputées par les Romains. Selon Dion Cassius (Historien Romain, v.155-v.235, Histoire Romaine, 68.30.2), l’Empereur Trajan (98-117) prit Séleucie en 117 et incendia la ville, mais l’année suivante elle fut rétrocédée aux Parthes par le successeur de Trajan, l’Empereur Hadrien (117-138) et reconstruite dans le style Parthe. Elle redevint très vite une très grande et très prospère cité qui fut de nouveau convoitée par les Romains.
 
   En 164, ne voulant pas se battre contre eux la cité ouvrit ses portes aux troupes du Général Romain Cassius Avidius. Cette bonne entente ne dura pas et la ville fut pillée par les soldats Romains qui en auraient ramené la peste selon les sources antiques. En 164, le rapide retrait d’Avidius Cassius, est souvent expliqué par l’épidémie. Ce pillage n’empêcha pas la Séleucie de frapper monnaie dès 166 ce qui prouve la rapidité à tenter à se relever de cette attaque. Selon Hérodien (Historien Romain, 175-249, Histoire de l’Empire Romain, 3.9) l’Empereur Septime Sévère (193-211) prit la cité à l’hiver de 198/199. Cependant, selon Dion Cassius (Historien Romain, v.155-v.235), les armées Romaines auraient trouvé la cité abandonnée. Il s’agit surement là d’une exagération de l’historien, mais il n’en est pas moins certain que la ville avait souffert en 166 et que son déclin s’accélérait. Au IIIe siècle ap.J.C, Séleucie semble avoir déclinée définitivement sous la dynastie Sassanide.
 


Statuette en argile
d’une femme nue
– Séleucie


 

Petite amphore – Séleucie

   Surtout après la fondation, vers 230/240 par le Roi Ardachêr I (ou Ardashir Babigan, 224-241), le fondateur de la dynastie Sassanide, de la ville toute proche de Veh-Ardašir (ou Coche ou Koké, "la bonne ville de Ardašir"). Les ruines de cette ville voisine concurrente ont longtemps été confondues avec celles de Ctésiphon. Séleucie n’eut plus le même rôle, cependant lorsque l’Empereur Romain Carus (Marcus Aurelius Carus, 282-283) la prit avec Ctésiphon en 283, ce fut encore une victoire importante (Historia Augusta, Lives de Carus, Carinus et Numerian, Carus, 8).
 
   Il y eut beaucoup d’églises Chrétiennes en Mésopotamie et ce depuis le premier siècle et au cours du IIIe et IVe siècle Séleucie devint un centre important de la religion. Après l’édit de tolérance décidé par le Roi Sassanide Yazdgard I Ulathim "Le pêcheur" (ou Yazdegerd ou Izdekerti, 399-420) qui mettait un terme, pour le moment, à la persécution des Chrétiens, Séleucie fut le siège du renforcement de l’église. Au Ve siècle, elle fut un important centre du Christianisme Nestorien, cet enseignement y fut défini au cours du conseil des ecclésiastiques de 468.
 
   Avec la conquête arabe, la proximité de Séleucie, de Ctésiphon et de Veh-Ardašir "la nouvelle Séleucie" et peut-être d’autres établissements urbains comme Vologèsias, accélérèrent leur déclin. Désertée petit à petit, ces villes s’évanouirent dans l’histoire pour finalement être avalé par les sables du désert. Elles furent peut-être aussi abandonnées après que le Tigre eut changé son cours. Leur identification exacte fut rapidement oubliée après leur abandon. Aussi cette zone marquée par de nombreuses ruines fut-elle appelée par la suite al-Madāʾin par les populations arabophones.
 
   Séleucie du Tigre aura été au cour de son histoire un centre important de la civilisation Grecque. Ce rayonnement s’exprimait vraisemblablement dans bien des domaines et la cité semble avoir été un centre intellectuel important comme en témoigne Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), qui mentionne un astronome nommé Séleucos et ajoute qu’il étudia, dans la tradition Babylonienne, la science des étoiles (un "Chaldéen", Géographie, 16.1.6). Il mentionne également un philosophe nommé Diogène (16.1.16).
 


 

Statuette représentant Héraclès – Séleucie


 

Plat à poisson trouvé derrière la stoa – Séleucie

   Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), le rhéteur Athénien Amphicratès (Ier siècle ap.J.C.), cru qu’il pouvait trouver une bonne position à Séleucie du Tigre, suite à un emploi qu’on lui offrait, mais en fin de compte il refusa, comparant la ville à une cocotte (Lucullus, 22,5). C’est peut-être une référence au climat. Enfin, par sa population Séleucie comptait aussi parmi les plus grandes villes du monde antique. À l’époque de Strabon, au début de l’ère Chrétienne, sa puissance et sa population étaient comparables à celles d’Alexandrie et supérieures à celles d’Antioche.
 

Le site

 
   Le site de Séleucie du Tigre fut redécouvert dans les années 1920 par des archéologues qui recherchaient Opis. À partir de 1927, les professeurs Leroy Waterman (1927-1932) avec Robert H.Mc Dowell en 1930-31 et Clark Hopkins (1936-1937) toujours avec Robert H.Mc Dowell, de l’Université du Michigan ont supervisé les fouilles pour le Kelsey Museum of Archaeology, au nom de l’American School of Oriental Research de Bagdad avec l’aide de fonds fournis par le Musée de Tolède et le Cleveland Museum of Art.
 
   En raison des conflits dans cette région depuis des décennies le site à très peu été étudié. De 1964 à 1989 une mission Italienne de l’Université de Turin a tenté des fouilles. Ils ont trouvé un bâtiment Séleucide d’archives avec environ 15.000 sceaux, le tout dans un style Grec. Les fouilles ont montré que la ville fut construite selon un plan quadrillé. Comme il s’agit d’une ville Séleucide, elle possédait, comme à l’habitude pour celles-ci, une rue principale toute droite, qui était décorée avec des colonnades.
 


 

L’équipe de fouille 1927-1932


 

Autre vue du Tell Umar

   Pline l’Ancien (Écrivain et naturaliste Romain, 23-79) compare le plan de l’enceinte de Séleucie du Tigre "à un aigle étalant ses ailes" (Histoire Naturelle, 6,122). Un canal séparait la résidence officielle du Roi des habitations où les gens ont été, selon une coutume Babylonienne, enterrés dans leur maison. La cité possédait aussi un théâtre et une place de marché, mais qui n’ont pas encore été identifiés à ce jour.
 
   Selon Pline, la ville avait 600.000 habitants et était géré par un sénat de 300 personnes, ce qui pour certains spécialistes est exagéré, alors que pour d’autres cela parait tout à fait possible du fait de la proximité de Babylone et de ses terres fertiles qui pouvaient largement subvenir aux besoins d’une telle population. De nos jours, Bagdad a près d’un million d’habitants qui sont alimentés de la même manière et en utilisant la même technologie.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Neilson Carel Debevoise :
Parthian pottery from Seleucia on the Tigris, University of Michigan Press, Ann Arbor, 1934.
Clark Hopkins :
A stele from Seleucia on the Tigris, Bayreuth : Imp. Cath., 1961.
Topography and architecture of Seleucia on the Tigris, The Univerdity of Michigan, Ann Arbor, 1972.
Antonio Invernizzi :
Seleucia al Tigri : Le impronte di sigillo dagli archivi, Edizioni dell’Orso, Alessandria, 2004.
Georges Le Rider :
Séleucie du tigre : Les monnaies Séleucides et Parthes, Le Lettere, Florence, 1998.
Robert Harbold McDowell :
Coins from Seleucia on the Tigris, University of Michigan Press, Ann Arbor, 1935.
Stamped and inscribed objects from Seleucia on the Tigris, University of Michigan Press, Ann Arbor, 1935.
Vito Messina, Paolo Mollo, Ariela Bollati et Antonio Invernizzi :
Seleucia al Tigri, Missione in Iraq 2, impr. Edizioni dell’Orso, Alessandria, 2004.
Vito Messina et Antonio Invernizzi :
Seleucia al Tigri, Missione in Iraq 3, Centro ricerche archeologiche e scavi di Torino per il Medio Oriente e l’Asia, Le Lettere, Florence, 2006.
Elizabeth Savage :
Seleucia on the Tigris an exhibition of the excavations at Seleucia, Iraq by the University of Michigan ; 1927-32, 1936-7, Kelsey Museum of Ancient and Medieval Archaeology, Ann Arbor Kelsey Museum of Archaeology, 1977.
Maximilian Streck :
Seleucia und Ktesiphon, J.C. Hinrichs, Leipzig, 1917.
Leroy Waterman :
Preliminary report upon the excavations at Tel Umar, Iraq, University of Michigan, Toledo Museum of Art, Cleveland Museum of Art, University of Michigan Press, Ann Arbor, 1931.
Józef Wolski :
L’Empire des Arsacides, Aedibus Peeters, Lovanii, 1993.

 

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