Les villes de la Décapole :  
Pella, Philadelphia, Raphana
 

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Pella

 

   Pella (ou Pihilum, en Latin : Pella, en Grec : Πέλλα, en arabe : طبقة فحل  Tabaqat Fahil ou Tell al-Hosn "Riche en eaux"), se situe dans le Nord-ouest de la Jordanie dans la province d’Irbid à 25 km. de la capitale provinciale Irbid et à 5 km. à l’Est du Jourdain. Magnifiquement située au pied des collines qui s’élèvent de la vallée du Jourdain, à 78 km. au Nord d’Amman, Pella est connue en arabe sous le nom de Tabaqat Fahil. Elle était membre de la Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de la Palestine Romaine. Le site, qui comprend une terrasse de 400 m. de long et est l’un des plus anciens en Jordanie. Il est le site préféré des archéologues, car il est exceptionnellement riche en antiquités. Le bon emplacement géographique de la cité fut encore amélioré par une source qui se jetait dans une petite rivière, l’oued Jirm, qui n’est jamais à sec. À bien des points de vue, Pella réunit les différents facteurs permettant une occupation humaine : Le climat, les communications, la présence de terres arables, de l’eau en permanence, des forêts proches qui pouvaient fournir du gibier.
 


 

Vue du site – Ruines Romaines

L’histoire…….

 
   Le site a semble t-il été occupé de manière continue depuis l’époque néolithique, quelques traces de cette période y ont été retrouvées. Les excavations, faites par une équipe d’archéologues Australiens, nous ont révélé beaucoup de chose au cours de la dernière décennie. Outre les fouilles de ruines Gréco-romaine, y compris un Odéon (théâtre) construit dans une courbe de la colline, Pella offre aux visiteurs l’occasion de voir plusieurs objets datant du IVe millénaire av.J.C, des vestiges : De l’âge de bronze et de l’âge de fer, de villes fortifiées, d’églises Byzantines et d’habitations. Ces découvertes suggèrent qu’à l’âge du bronze ancien la ville comprenait déjà un habitat permanent avec peut-être une fonction défensive ou d’enceinte fermée.
 
   Au bronze moyen et au bronze tardif (2000 à 1200 av.J.C), Pella était une ville entourée de murs qui est restée ainsi pendant près de 1500 ans. Datant de la même époque, on retrouve des sépultures creusées dans les rochers. La coupe profonde de la terrasse principale a révélé la présence de murailles de pierres et de briques de terre séchée ayant jusqu’à cinq mètres d’épaisseur. Les murs de briques datant du bronze moyen sont encore visibles dans la partie accessible de la terrasse. La première référence littéraire de la ville date du XIXe siècle av.J.C lorsqu’elle est mentionnée dans les textes Égyptiens comme “Pihilum ou Pehel”. Il s’agissait d’un centre de commerce, avec des liens avec la Syrie, Chypre ainsi que l’Égypte.
 


 

Ruines de la basilic

   Ce fut lors de la division de l’Empire d’Alexandre le Grand (336-323) à sa mort, que le nom de la ville changea en Pella, soit en l’honneur d’Alexandre, son lieu de naissance, ou comme une hellénisation de Pihilum, ou peut-être les deux. La ville changea de mains souvent entre les Ptolémée d’Égypte et les Séleucides qui se disputèrent la région. Puis elle fut la possession du Roi Hasmonéen Alexandre I Jannée (103-76). Lors de ses campagnes pour la possession de la Judée et de la Palestine, il prit la ville en 78 av.J.C. Il la détruisit ensuite parce que les habitants refusaient d’adopter les coutumes religieuses Juives. En 64/63 av.J.C, le Général Romain Pompée (106-48 av.J.C) prit la Cœlé-Syrie et la Judée qui devinrent province Romaine et il libéra Pella de l’emprise des Hasmonéens.
 
   Après la conquête de Pompée, qui décida de restaurer la ville, comme pour les autres cités de la Décapole, la fortune de Pella s’améliora rapidement et la construction fut entreprise à une grande échelle. Du fait à la prospérité la ville Romaine élimina plus ou moins la ville Hellénistique. L’époque Byzantine vit une nouvelle relance de Pella. Grâce aux routes commerciales qui furent renforcées, les industries locales se développèrent. De ce fait on assista à un regain de la construction, en particulier des églises. La ville fut le site de l’une des premières églises Chrétienne. On en compte deux importantes, une sur la colline surplombant la vallée, tandis que l’autre est près de la rivière, au pied de l’ancienne ville.


 

Ruines Romaines du site

  
   Selon
Eusèbe de Césarée (ou Eusèbe Pamphile de Césarée, Prélat Grec, écrivain, théologien et apologète Chrétien, v.265-v.340), la cité fut un refuge pour les Chrétiens de Jérusalem au Ier siècle ap.J.C qui fuyaient la Grande révolte Juive. Après la conquête arabe du VIIe siècle où ces derniers battirent, en 635, les forces Byzantines à Fahil, près de Pella, la ville devint une cité Omeyyades pour un peu plus de 100 ans et de superbes poteries de cette période ont été mises au jour.
 
  Cependant comme de nombreux endroits en Jordanie, la cité fut détruite par le terrible tremblement de terre de 748. Un petit village demeura dans la région. L’Université de Sydney et le Département Jordanien des Antiquités ont mené des fouilles à Pella depuis 1979. Ces dernières années, l’accent a été mis sur le site de l’âge du bronze et de l’âge du fer, des temples et des bâtiments administratifs.
 
   Des fouilles récentes, au sommet du Tell al-Hosn, ont révélé des poteries datant de l’âge du bronze. En outre une mission archéologique de l’université est prévue pour le début 2009. En haut de la terrasse, un ensemble de maisons Byzantino-omeyyades à deux niveaux a été découvert. Leurs murs sont en briques crues sur des fondations de pierre. L’étage supérieur était réservé à l’habitation et le rez-de-chaussée aux animaux. Des squelettes d’hommes et d’animaux piégés lors du séisme ont été mis a jour sur place. Un second ensemble de maisons de la même origine a été fouillé comprenant une église.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Peter Michael Fischer :
The chronology of the Jordan valley during the middle and late bronze ages, Verlag der Österreichishen Akademie der Wissenschaften, Vienne, 2006.
Anthony W.Mc Nicoll :
Pella in Jordan, Meditarch, Sydney, 1982.
Fiona V.Richards :
Scarab seals from a middle to late bronze age tomb at Pella in Jordan, Universitätsverlag, Freiburg, 1992 – Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1992.
Frank Rainer Scheck :
Jordanien. Völker und kulturen zwischen Jordan und Rotem Meer, DuMont, Köln, 1985,1994 – DuMont-Reiseverlag, Ostfildern, 2010.
Robert Houston Smith :
Pella de la Décapole, pp : 303-306, Syria 60, N° 3/4, 1983 – En Anglais, avec Leslie Preston Day, Pella of the Decapolis, College of Wooster, Wooster, Ohio, 1973-1989.
The 1967 season of the College of Wooster expedition to Pella, Pella of the Decapolis 1, The College of Wooster, 1973.
Thomas Maria Weber :
Pella Decapolitana : Studien zur geschichte, Architektur und bildenden kunst einer Hellenisierten stadt des nördlichen ostjordanlandes, Otto Harrowitz, Wiesbaden, 1993.

 

 

Ruine du site de Rabbath-Ammon / Philadelphia
 

Philadelphia

 
   Philadelphia (En Hébreu : רבת עמומון  Rabbath-Ammon ou Rabbat-Ammon, en Latin : Philadelphia, en Grec : Φιλαδελφεία  Rabbathammana, en arabe : عمان Hamān "Qui s’avancent vers l’Arabie") est aujourd’hui identifiée à Amman, la capitale de la Jordanie (Depuis 1921). Elle apparait dans la Bible sous le nom de Rabbath-Ammon et ce fut à l’époque Romaine, qu’elle fut appelée Philadelphia. À ce moment elle devint membre de la Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de la Palestine Romaine. La cité se trouve dans une zone vallonnée au Nord-ouest de la Jordanie. La ville fut à l’origine bâtie sur sept collines, ce qui lui a valu le surnom de Rome du Moyen-Orient, mais elle s’étend maintenant sur 19 collines (Chacune connue sous le nom jabel ou "montagne"). Les principaux quartiers d’Amman tirent leurs noms des collines sur les pentes desquelles ils s’adossent.
 

L’histoire…….


 

Le théâtre Romain

 
   Tout au long de l’histoire, le site de Philadelphia (Rabbath-Ammon) fut habité par plusieurs civilisations. Les premières traces d’habitations remontent au cours de la période néolithique, vers 8500 av.J.C. Les découvertes archéologiques du ‘Ain Ghazal, situé à l’Est d’Amman, montrent des signes de, non seulement une vie réglée, mais aussi de croissance du travail artistique, ce qui suggère qu’une civilisation développée a habité à cet endroit à ce moment-là. Au XIIIe siècle, la cité devint la capitale des Ammonites (Royaume d’Ammon) et fut appelée Rabbath-Ammon. Elle résista face aux attaques des Hébreux pendant de longues années mais fut finalement prise par leur Roi David (1010-970) et de nombreux prisonniers furent faits dans "toutes les villes des enfants d’Ammon " (Samuel II 10:2).
 
   Elle passa ensuite aux mains des Assyriens, lors des conquêtes de Téglath-Phalasar III (ou Tiglath-Pileser, 745-727). Puis à la chute de ces derniers elle passa sous la tutelle des Perses Achéménides lorsque Cyrus II le Grand (559-529) se constitua son Empire. Elle resta Perse jusqu’à la conquête des Macédoniens avec Alexandre le Grand (336-323) qui la libéra. Après la mort d’Alexandre et du partage de son Empire elle fut bataillée entre les Ptolémée et les Séleucides qui se disputaient la région.
 


 

Autre vue du site de Rabbath-Ammon

   Le Roi d’Égypte Ptolémée II Philadelphe (282-246) la renomma Philadelphia et en fit une grande et forte ville, située de part et d’autre de la rivière Jabbok, avec une acropole aujourd’hui connue sous le nom de Nahr Amman "la rivière d’Ammon" (D’où sa désignation "ville des eaux"). Plus tard, il faut noter deux Tyrans Ammonites de Philadelphia : Zoilus Cotylas (v.120 à v.110) et plus tard, Theodoros (v.100-v.85). Elle devint alors membre de la Décapole. La ville fit ensuite partie du royaume Nabatéen, conquise par Arétas III Philhellène (85-62). Vers 85, le Roi Séleucide Antiochos XII Dionysos Philopator (87-84 ou 83/82) attaqua ces derniers, décidé à reprendre le territoire perdu à leur profit, mais ils résistèrent à son avance. Pour empirer les choses, leur Roi riposta et prit le Sud de la Syrie et Ammon. En 63 av.J.C. la région fut conquise par le Général et Consul Romain Pompée (106-48 av.J.C) et devint une province Romaine.
 
   En 326 ap.J.C, le Christianisme devint la religion de l’Empire et Philadelphia le siège d’un évêché pendant le début de l’ère Byzantine. Une des églises de cette période peut d’ailleurs être visitée à la citadelle. Après la conquête arabe du VIIe siècle où ces derniers battirent, en 635, les forces Byzantines à Fahil près de Pella, la ville devint une cité Omeyyades. Mais, comme de nombreux endroits en Jordanie, la cité fut détruite par le terrible tremblement de terre de 748.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Salim Kawar :
Signs and wonders in Rabbath-Ammon : Being an account of divine visitations in Amman, Trans-Jordan, Syrian Orphanage Press, Jérusalem, janvier 1933.
Duncan Mackenzie :
Megalithic monuments of Rabbath Ammon at Ammān, Published by order of the Committee, London, 1911.

 


 

Raphana

 


 

Ruines de Raphana

  Raphana (ou Abila ou Capitolias, en Latin : Rhaphana, en Grec : Καπιτωλιάς, en arabe : بيت راس : Bayt rās ou Bayt Ras "Qui s’avancent vers l’Arabie") se situe en Jordanie, à environ 13 km. au Nord-nord-est d’Irbid, au Nord de Gadara (ou Umm Qeis), à proximité de la rivière Hieromax. Le site est occupé par le village de Hartha. Il possède des constructions moins raffinées que celle de Jerash et Gadara. Raphana fut membre de la Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de la Palestine Romaine. Abila est aussi appelée Abila Dekapoleos – Abila dans la Décapole ou Abila (en Grec : Aβιλα ou Séleucie en Grec : Σελεύχεια, transcrites aussi Seleuceia ou Seleukeia ou Seleukheia). Le site a fait l’objet de fouilles depuis 1980. Elles indiquent une occupation il y a plus de 4000 ans, au début de l’âge du bronze et il semble avoir été continuellement utilisé par l’homme depuis lors.

 
   Les fouilles ont mis au jour de nombreux artefacts et vestiges. Plusieurs de ses anciennes structures ont été excavées, y compris les aqueducs, les tombes, les portes, les bâtiments publics, les ruines d’un temple Romain et d’une église Byzantine du VIe siècle ap.J.C se trouvent aujourd’hui au milieu des oliveraies et des champs de blé. Raphana est particulièrement fascinante en raison de demeures encore non explorées, visibles à la surface du sol. La ville fut le camp de base des légions Romaines : Legio III Gallica et de Legio XII Fulminata.
 
   Certains spécialistes identifient Dion avec Bayt Ras et Raphana avec Abila en contradiction avec l’énumération de Pline l’Ancien (ou Caius Plinius Secundus, 23-79, NH 5.16.74) qui fait de Raphana et d’Abila deux villes distinctes. Capitolias n’est pas citée par Pline, en revanche, Ptolémée (ou Claudius Ptolemaeus, astronome et astrologue Grec, v.90-v.168), dans l’énumération faite par dans sa "Géographie", cite Capitolias, mais pas Raphana.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
John Hogg :
On the city of Abila, and the district called Abilene near Mount Lebanon, and on a Latin inscription at the river Lycus, pp : 38-48, The North of Syria, Journal of the Royal Geographical Society of London 20, 1850.
Clarence Menninga :
The unique church at Abila of the Decapolis, pp : 40-49, Near Eastern Archaeology 67, N°1, 2004.
Bücher Alix Barbet et Claude Vibert-Guigue :
Les peintures des nécropoles Romaines d’Abila et du Nord de la Jordanie, Paul Geuthner, Paris, 1988 – Bibliothèque archéologique et historique N°130, CNRS, Paris, 1988 et 1994 – Institut français d’archéologie du Proche-Orient, Beyrouth, 1988 et 1994.
John D.Wineland :
Ancient Abila. An archeological history, Archaeopress, British Archaeological Reports, International series 989, Oxford, 2001.

 

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