Les grandes batailles de l’antiquité :
La bataille d’Ipsos – Printemps 301 av.J.C.
par  © Alvise Czarnocki Lucheschi   
 

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Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Les effectifs
Le prélude
Le déroulement
Après la bataille
Bibliographie

   

 

En Asie Mineure, eut lieu une bataille qui marqua pour toujours le futur du monde Hellénistique. Vue aujourd’hui comme la plus grande bataille des "Guerres Diadoques", la bataille d’Ipsos impliqua des commandants légendaires, ayant personnellement combattus aux côtés d’Alexandre le Grand. Les longues années d’attentes, de désirs de conquêtes et de rivalités entre les successeurs du Roi Macédonien, pouvaient être résolues définitivement sur un seul champ de bataille. Deux armées identiques, opposèrent leur phalange, leur cavalerie et leurs éléphants sur les vastes plaines de Phrygie et marquèrent ainsi l’événement, qui est connu sous le nom de : "La bataille des cinq Rois".
 


 

Tétradrachme argent d’Antigonos

Présentation

 
   La bataille d’Ipsos (ou Naumachia tēs Ipsos, en Grec : Ναυμαχία της Ιψού) se déroula au printemps de l’année 301 av.J.C., dans plaine du Dolai-Chai * (À l’époque appartenant à la région de Phrygie), 20 km. Nord de l’actuelle ville d’Afyon (en Turc : Afyonkarahisar), dans les environs de l’ancien village Turc de Sipsin (Dérivant du Grec : ες (‘ς) ‘Iψον, on y voit donc, en laissant de côté le εἰ, la racine du mot sipsin), actuellement Çayırbağ (Le Chai, dérive de Çayır, qui en Turc signifie "prairie", ou dans un sens indirect "plaine").
 
   La bataille opposa l’armée Antigonide, menée par le Roi de Macédoine, Antigonos I Monophtalmos (ou Antigone le Borgne, dû au fait qu’il avait perdu un œil, 306-301) et son fils Démétrios I Poliorcète (297-287), à l’armée de la coalition des anciens Diadoques, menée par le Roi Séleucide, Séleucos I Nikatôr (305-280), le Roi de Thrace, Lysimaque (322-281) et Cassandre (Régent de Macédoine 317-306/305 et Roi de Macédoine 301-297). La bataille s’inscrit dans le cadre de la Troisième Guerre des Diadoques et elle vit la victoire décisive de la coalition.
 
* Ces données se basent sur les recherches du professeur byzantiniste Ernest Honigmann dans son essai intitulé "Sur quelques évêchés d’Asie Mineure" (Byzantion Vol. 10 (1935) pp : 643-654), où il réussit à démontrer, de façon détaillée, la localisation du champ de bataille d’Ipsos. En effet, jusqu’à cette époque, les uniques auteurs ayant indiqué la localité d’"Ipsos" étaient Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Romain, v.86-v.175) et Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160) (bien que Plutarque reste la source primaire).


 
Une des rares représentation
statuaire attribuée
à Démétrios I – Copie Romaine
d’un original hellénistique de la villa des Papyrus d’Herculanum
– Musée Archéologique
National de Naples

 
Le contexte

 
   La mort d’Alexandre le Grand (336-323) à Babylone, en Juin 323, marqua un tournant dans l’histoire du monde Hellénistique. En effet, étant le pilier qui maintenait ses Généraux unis, sa disparition lança le début de l’écroulement d’un des Empires les plus vastes de l’histoire. Il laissa celui-ci sans successeur officiellement reconnu par lui-même. En effet, son unique héritier, le futur Alexandre IV, qu’il fit avec Roxane, fille du "Roi" de Sogdiane, Oxyartès (ou Oxyarte ou Oxyartes ou Oxyathrès) n’était même pas né (Il naquit en Août 323) et bien que l’armée Macédonienne l’ait reconnu comme le digne successeur de son père, il mourut très jeune (Assassiné, sur l’ordre de Cassandre). L’autre candidat, Philippe III Arrhidée (323-317), demi-frère d’Alexandre, souffrait de maladie mentale, ce qui en fit un simple pion dans les mains des Généraux (ou Diadoques, du Grec : διάδοχοι diádochoi, signifiant “successeurs“) Macédoniens. Son “règne” fut également de courte durée.
 
   Finalement, la succession devait revenir à un des fidèles Généraux du grand Roi, mais, Alexandre n’avait donné aucune indication précise, sur qui devrait être son successeur légitime. Lorsqu’on lui demanda sur son lit de mort, pour empirer les choses, il abandonna le monde des mortels en disant, avec son dernier souffle : “Au plus grand/fort” (en Grec : κράτιστος krátistos). Ce fut à ce moment-là, que la dispute entre les Diadoques commença réellement. Méfiants entre eux depuis toujours, leur rivalité s’embrasa d’un coup violemment. Leur but était maintenant d’obtenir la plus grande part possible de l’Empire. Parmi la multitude de Généraux, très rapidement, cinq se montrèrent les plus dominants et influents : Ptolémée (Futur Ptolémée I Sôter Roi d’Égypte) ; Séleucos (Futur Séleucos I Nikatôr, possédant le plus vaste territoire, ainsi que les immenses richesses de l’ancien Empire Perse) ; Cassandre, fils d’Antipatros qui était Régent de Macédoine lors des campagnes d’Alexandre. Lorsqu’il mourut, Cassandre prit le contrôle du royaume Macédonien ; Lysimaque (Il gouverna la Thrace et fut un allié fidèle de Cassandre) et naturellement Antigonos I Monophtalmos qui, avec son fils, (vers 316), domina une grande partie de l’Asie Mineure.
 
   Cette extension de son territoire avait été rendue possible grâce à sa victoire sur Eumène de Cardia (ou Eumènès ou Eumenês, 362-316), un autre Diadoque, qui gouvernait sur une grande partie du Nord-Ouest de l’Asie Mineure. Avec la mort d’Eumène, Antigonos I eut accès à un grand nombre de vétérans Macédoniens (Dont des argyraspides, les “Boucliers d’argents" comparables aux hypaspistes) ainsi qu’à toutes les richesses de celui-ci. De suite, il eut donc à sa disposition une grande armée bien entraînée et de larges ressources financières. À la mort d’Antipatros, en 319, Antigonos I développa l’idée de regrouper les différents royaumes des Diadoques pour reformer l’Empire d’Alexandre à son profit. Après s’être rendu maître de l’Asie Mineure, de la Grèce et d’une partie de la Syrie/Palestine, il tourna son armée vers la Babylonie, pour attaquer Séleucos. Ce dernier, fut pris de surprise par cette attaque et dut fuir, trouvant refuge en Égypte à la cour de Ptolémée.
 
   Antigonos I prit le contrôle sur la région et élargit son territoire en conquérant une grande partie de la Syrie du Nord. Cette action déclencha un conflit avec les Diadoques, car lorsqu’il avança à travers la Syrie, sa puissance grandissante commença à les inquiéter. Une coalition se monta contre lui regroupant : Cassandre, Lysimaque, Ptolémée et Séleucos. Ils lui envoyèrent une Ambassade qui réclama un nouveau partage des satrapies sous forme d’ultimatum. Selon Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30, Livre XIX, 19, 57), ceux-ci proposèrent les accords suivants à Antigonos I : "[…] ils demandèrent  la Lycie pour Cassandre, la Phrygie sur l’Hellespont pour Lysimaque, la Syrie entière pour Ptolémée et la Babylonie pour Séleucos. Outre cela, ils proposèrent un partage égal entre eux des territoires qu’Antigonos I, avait recueillis à la défaite d’Eumène, autrement ils se réuniraient tous contre lui […] ".
 
   Antigonos I comprit que cette "offre" ne servait qu’à l’affaiblir et à rassasier l’envie de possession territoriale des autres Diadoques. Il refusa, préférant la guerre, sachant qu’il n’avait rien à perdre et fit donc le contraire de ce que voulaient les Diadoques. Il conquit le restant de la Syrie du Sud ainsi que quelques territoires en Asie Mineure qu’il ne possédait pas à ce moment-là. En 315, il essaya, tout d’abord, de déstabiliser et séparer les différents Diadoques. Sa première cible fut Cassandre. Il tenta de provoquer une révolte en Grèce (Sous le prétexte de redonner aux anciennes cités Grecques leur indépendance) pour affaiblir son pouvoir, mais ce fut sans effet.


 

Buste en bronze de Séleucos I –
Musée d’archéologie – Naples

 
   Dans les années qui suivirent, il finit par conquérir Tyr. Il essaya également d’obtenir Chypre (alors Ptolémaïque) et Rhodes (alliée de Ptolémée). Cependant, l’an 312 marqua un tournant dans l’histoire du pouvoir Antigonide. En effet, Ptolémée avait mené une contre-offensive au Sud de la Syrie. Antigonos I, décida donc d’envoyer son fils Démétrios I pour l’arrêter. La carrière militaire de Démétrios I commença avec une dure défaite contre les troupes Ptolémaïques, à la bataille de Gaza (312). Ptolémée offrit alors son soutien militaire à Séleucos pour qu’il puisse reconquérir la Babylonie, ce qu’il fit la même année. Démétrios I tenta de reprendre la région, mais il échoua. Ces défaites, obligèrent Antigonos I à signer, en 311 un traité de paix avec les autres Diadoques.
 
   Celui-ci établit que chacun des Diadoques gardait ses possessions tandis que la liberté fut accordée aux cités Grecques, mettant ainsi fin à la Troisième Guerre des Diadoques. Il fut nommé officiellement Stratège d’Asie, alors que Cassandre obtint le titre de Stratège d’Europe. Antigonos I fut le vainqueur provisoire de ce conflit. Son Empire, centré sur l’Asie Mineure, restait intact moins la Babylonie. De plus, il garda la possession des trésors dérobés dont il ne fut pas question dans les négociations de paix. Cependant il n’avait pas atteint pleinement ses objectifs. Le traité lui permit de prendre brièvement son souffle et de préparer son prochain mouvement.
 
  Cette paix entre les Diadoques fut malheureusement rapidement rompue. Ptolémée, allié à Cassandre, voulut reprendre possession de territoires appartenant à Antigonos, en mer Égée et en Grèce continentale. Antigonos I reprit la lutte, à la fois, contre Séleucos en Asie Mineure, contre Ptolémée en Syrie et contre Cassandre en mer Égée. En 310, Ptolémée mena une campagne victorieuse contre des cités côtières d’Asie Mineure et dans plusieurs îles de la mer Égée. En représailles Démétrios I attaqua les possessions Grecques de Cassandre qui fut vaincu aux Thermopyles. Mais en 309, Ptolémée s’empara des cités de Carie et de Lydie.
 
   En 308, Cassandre vit ses possessions en Grèce convoitées par Ptolémée qui changea de camp et conclut un accord avec Antigonos I. Dès cette année, Ptolémée débarqua dans le Péloponnèse et soumit des cités aux dépens de Cassandre tout en appelant, comme Antigonos I, à la liberté pour les Grecs. Bien que le succès fut mineur, Ptolémée réussit à obtenir des villes comme Corinthe, Mégare et Sicyone. Mais Ptolémée, depuis longtemps loin de ses bases, pas très sûr de ses forces, changea d’optique et plutôt que de se lancer dans une campagne hasardeuse, il choisit de rentrer en Égypte après avoir signé un traité avec Cassandre. Dans le même temps, Antigonos I négociait lui avec Séleucos en lui reconnaissant l’autorité sur les satrapies orientales. Il avait désormais le champ libre en Grèce continentale.
 
   Puis toujours en 308, il tourna ses ambitions sur la Grèce et la Macédoine. Il fit armer une flotte de 250 navires qu’il confia à Démétrios I. Le premier objectif de ce dernier fut Athènes. Le but était d’en chasser l’Oligarque Démétrios de Phalère (Orateur et homme d’État Athénien, 360-282) élu Archonte décennal, qui gouvernait la cité au nom de son allié Cassandre. Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), en 307, le jeune Démétrios I quitta Ephèse avec tout un arsenal d’engins de siège performants et innovants. Il prit le Pirée, puis après deux jours d’âpres combats, les défenseurs se rendirent et la ville tomba. Ainsi Athènes, qui avait perdu son autonomie pendant la guerre Lamiaque quinze ans auparavant, retrouva son ancienne traditionnelle démocratie. Les citoyens exprimèrent leur gratitude en érigeant des statues en or de Démétrios I et Antigonos I, ainsi que la construction d’un autel en l’honneur des "sauveurs".
 


 

Lysimaque – Musée
archéologique
de Selçuk – Turquie

   Ce succès inquiéta énormément Cassandre et Ptolémée, qui pensèrent même tenter une expédition vers la Grèce pour arrêter Démétrios I. Cependant, Antigonos I anticipa ce mouvement et décida de rappeler son fils, pour que celui-ci s’empare de Chypre et inflige ainsi une défaite à Ptolémée. L’entreprise réussit et en 306, l’île tomba aux mains des Antigonides. Ces victoires motivèrent Antigonos I qui s’autoproclama "Roi d’Asie". Puis il tenta de mener une campagne invasive vers l’Égypte, qui échoua et son fils tenta de conquérir Rhodes, également sans succès. Cassandre profita de l’absence (et défaite) de Démétrios I pour pénétrer avec son armée en Attique et faire le siège d’Athènes. Démétrios I accourut à l’aide de la ville et réussit à chasser les troupes de Cassandre. Sa campagne militaire en Grèce fut un énorme succès.
 
   Entre 304 et 303 il réussit à chasser Cassandre du centre de la Grèce et à conquérir les plus importantes fortifications de ce dernier. Ainsi, Démétrios I fut en possession d’une grande partie du Péloponnèse, de l’Attique et de la Béotie. Les portes vers la Macédoine lui étaient maintenant ouvertes. Cassandre comprenant que sa propre existence était en danger se tourna vers Lysimaque qui fut immédiatement prêt à le soutenir, d’autant plus que si Démétrios I réussissait à conquérir la Macédoine, il ne tarderait pas à faire de même avec la Thrace.
 
   Ils firent également une alliance avec Séleucos I et Ptolémée I, qui acceptèrent sans grandes discussions, craignant eux aussi pour leur royaume. Cassandre et Lysimaque décidèrent de jouer tout sur l’offensive. En 302, tandis que Cassandre occupait Démétrios I avec des combats en Thessalie, Lysimaque envahit l’Asie Mineure. L’armée invasive triompha sur les différentes garnisons Antigonides, s’appropriant ainsi plusieurs villes majeures. Antigonos I réagit en remontant la Syrie avec une importante armée et un jeu de chat et souris commença.
 
   Antigonos I rappela son fils de Grèce, qui fit un traité de paix rapide avec Cassandre et rejoignit son père avec les troupes qu’il avait, en passant par les côtes de l’Ionie, pour reprendre les villes perdues face à Lysimaque. À l’automne 302, Séleucos I pénétra avec son armée en Cappadoce, mais avec l’approche de l’hiver, il décida d’installer ses quartiers près de la ville d’Ancyre (actuelle Ankara). Démétrios I, de son côté, avait reconquis toute la zone Nord-Ouest de l’Asie Mineure et contrôlait, les côtes de l’Hellespont. Cependant, ne sachant pas que Séleucos I avait pénétrer en Cappadoce, il ne vit aucune urgence à rejoindre son père et installa ses quartier d’hiver près de l’Hellespont. De l’autre côté, Lysimaque qui avait toujours réussi à échapper à l’armée d’Antigonos I, craignant une pénurie d’approvisionnement, jugea plus approprié d’attendre l’arrivée de Séleucos I avant de s’engager dans la bataille. Il installa ses quartiers au Sud de la ville d’Héraclée du Pont, en Bithynie, près Dorylée (ou Dorylaeum, près de la ville moderne d’Eskişehir), dont la géomorphologie facilitait la défense.
 
   Cassandre, voyant que le grand conflit aurait lieu en Asie, décida d’envoyer une force sous le commandement de son frère Pleistarchos (ou Plistarque ou Pleístarkhos, en Grec : Πλείσταρχος “Grand Commandant”), de 12.000 hommes et 500 cavaliers pour renforcer l’armée de Lysimaque, alors que lui restait en Macédoine et il rompit le traité de paix qu’il avait passé avec Démétrios I. Puis il marcha sur la Thessalie. Au printemps 302, Lysimaque débarqua en Phrygie Hellespontique et reçut la soumission de nombreuses cités sur les côtes de Lycie et de Carie, dont Colophon, Éphèse et Sardes en Lydie, puis il renversa le Roi d’Épire, Pyrrhos I (307-302 et 297-272) allié d’Antigonos I.
 
   Cependant, lorsque Pleistarchos (ou Plistarque ou Pleístarkhos) arriva sur les côtes de l’Hellespont, il vit que les navires de Démétrios I bloquaient le passage (Une garnison de 3.000 fantassins et 30 navires). Il décida donc de rejoindre Héraclée du Pont par voie maritime et ainsi espérait retrouver Lysimaque. Toutefois, n’ayant pas assez de bateaux, il divisa ses forces en trois groupes qui passèrent l’un après l’autre. Le premier groupe réussit à traverser la mer Noire sans problème, mais les navires des deux autres groupes furent soit détruits par les forces navales de Démétrios I, soit par une tempête. Pleistarchos (ou Plistarque ou Pleístarkhos) survécut miraculeusement et atteignit Héraclée du Pont avec une poignée d’hommes. Durant l’hiver du 302/301, le conflit resta à l’état léthargique, chacun restant dans son campement.
 
   Ce ne fut qu’au printemps 301, que les rouages de la guerre se remirent en marche. Chaque commandant essaya alors de rejoindre son allié : Héraclée du Pont son père à Dorylée ; Lysimaque, Séleucos I près d’Ancyre. Antigonos I était presque sûr que ces deux derniers utiliseraient l’ancienne Voie Royale Perse pour pouvoir l’atteindre le plus rapidement possible. Il décida de jouer le rôle du prédateur, maintenant que son armée avait été renforcée par les troupes de son fils. Il se dirigea vers le Sud et campa près de la Voie Royale, dans la plaine d’Ipsos (Plaine idéale pour les mouvements de phalange et de cavalerie). Les coalisés positionnèrent également leurs troupes dans la plaine, prêts à affronter Antigonos I. La "Bataille des cinq Rois" pouvait commencer.


 

Hetâiroi Macédoniens

 
Les effectifs

 
   En ce qui concerne les effectifs au moment de la bataille, l’unique source détaillée provient de l’auteur Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) dans son œuvre “Vie de Démétrios“. Dans les œuvres de Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), seul le nombre de troupes avant la bataille, nous a été transmis. L’auteur affirme que Démétrios I avait environ 56.000 fantassins lorsqu’il était en Grèce (8.000 phalangistes Macédoniens, 15.000 mercenaires, 25.000 hommes des villes Grecques alliées et 8.000 troupes légères), mais on ne sait pas quelle proportion de cette infanterie l’a accompagné en Asie. En analysant les descriptions des deux auteurs nous arrivons au résultat suivant :
Antigonos I et son fils Démétrios I possédaient au total :
– Environ 70.000 phalangistes, dont le plus grand nombre étaient des vétérans Macédoniens ainsi que des argyraspides (les "Boucliers d’argents" comparables aux hypaspistes),
– Environ 10.000 cavaliers, dont principalement de la cavalerie lourde, ainsi qu’un certain nombre de cavalerie légère,
– 75 éléphants.
Sur la base d’autres batailles entre Diadoques, les experts modernes, comme Bob Bennett et Mike Roberts, estiment l’infanterie à 70.000 hommes, peut-être 40.000 étaient phalangistes et 30.000 étaient des troupes légères de types divers.
 
Selon Plutarque, Lysimaque et Séleucos I de leurs côtés, possédaient :
– Environ 64.000 phalangistes,
– 15.000 * cavaliers, dont principalement de la cavalerie légère ou des archers à cheval ramenés par Séleucos I ** d’Orient,
– 400 éléphants ramenés d’Inde,
– Environ 120 chars de guerre, bien qu’on peut mettre en doute leur participation à la bataille.
Diodore prétend que Séleucos I à lui seul avait 20.000 fantassins, 12.000 cavaliers (y compris des archers montés), 480 éléphants et plus d’une centaine de chars à faux venant des satrapies orientales. Le nombre d’éléphants et de chars censés être présents à la bataille sont relativement constant entre ces sources. Cependant, la composante de cavalerie de Séleucos I selon Diodore est plus importante que les allégations de Plutarque pour toute la cavalerie alliée alors que Lysimaque dut aligner au moins 1.000 cavaliers.
 
   Les experts modernes, comme Paul K.Davis, estiment ainsi le nombre total de la cavalerie alliée à 15.000. Sur les 44.000 fantassins on ne sait pas quelle proportion fut fournie par Cassandre et Lysimaque. Lysimaque envoya 12.000 hommes sous le commandement de son frère Pleistarchos (ou Plistarque ou Pleístarkhos) dont les deux tiers furent perdus en traversant la mer Noire, mais on ne sait pas combien d’hommes étaient dans un premier envoi de troupes. Les spécialistes aujourd’hui, comme Bob Bennett et Mike Roberts, estiment que l’infanterie totale des coalisés, était peut-être de 30.000 à 40.000 phalangistes, le reste étant des troupes légères.
 
* Ce nombre a été proposé par l’historien Bezalel Bar-Kochva. Son raisonnement logique est très plausible. En effet, Diodore de Sicile nous raconte que lorsque Séleucos I pénétra en Cappadoce, il avait 12.000 cavaliers (bien que Diodore parle de “12.000 archers à cheval”, il est très probable qu’il s’agisse plutôt de cavalerie légère), 480 éléphants et plus de 100 chars de guerre munis de faux. Le fait que le nombre d’éléphants soit descendu de 480 à 400 est plausible, étant donné que le taux de mortalité de ces animaux durant les campagnes militaire était élevé. Cependant, ce qui n’est pas plausible c’est la diminution drastique d’environ 2.000 cavaliers. De plus, Diodore ne mentionne même pas la cavalerie dans l’armée de Lysimaque (Ce qui était pratiquement impossible dans le cas d’une “armée Macédonienne“), sans parler de la cavalerie que Cassandre avait mis à la disposition de son ami. Ainsi, si on suppose (Et on peut même être certain) que Lysimaque possédait quelques milliers de cavaliers, alors il est fort probable que le nombre total de cavaliers de l’armée des deux Rois, soit arrivé à 15.000 et non pas 10.500 comme nous écrit Plutarque.
 
** Le fait que Séleucos I possédait le plus grand Empire, rendait sa gestion encore plus difficile (Du fait des nombreuses révoltes) et ainsi, politiquement, il pouvait être vu comme le plus “faible” des Diadoques. De plus, il souffrait d’un manque de phalangistes, essentiels pour la formation d’une armée Macédonienne typique. Or, Séleucos I était connu pour son originalité et son ingéniosité au combat. En effet, il essayait de compenser ce défaut avec l’ajout de troupes orientales (Cavalerie légère ou archers à cheval) ainsi qu’à travers l’utilisation d’un grand nombre de chars et naturellement d’éléphants. En fin de compte, alors que lui possédait la cavalerie et les troupes “animalières et mobiles” (On pourrait décrire l’armée de Séleucos I comme “l’artillerie” des Diadoques), Lysimaque possédait les phalangistes. La combinaison des deux armées, annulait de suite leurs faiblesses.

 


 

Baliste utilisée par Démétrios I
durant le siège de Rhodes

Le prélude

 
   Tandis que les différents Rois prenaient leurs positions respectives (Malheureusement, nous n’avons aucune source qui nous décrive ce qui se passa dans le camp de Séleucos I et Lysimaque), on vit un changement dans l’attitude d’Antigonos I. En effet, il était connu pour son arrogance et sa vitalité avant une bataille. Cependant ce jour-là, ce ne fut pas le cas. Plutarque décrivit parfaitement ce changement : “Toujours fier et plein d’audace dans les combats, ayant la parole haute, tenant des discours arrogants et souvent même disant des mots plaisants et railleurs, qui témoignaient de sa présomption et de son mépris pour l’ennemi, on le voyait alors pensif et taciturne […]” (“Vie de Démétrios“, XXVIII, 28).
 
   Les raisons pour lesquelles il se comporta ainsi, sont, jusqu’à nos jours, inconnues. Peut-être était-ce par pure superstition, vu que Plutarque nous raconte qu’il avait eu un rêve représentant Alexandre qui passait du côté des ennemis, ou par le fait qu’il réalisa que l’adversaire était plus puissant que son armée, ou simplement parce qu’il était affaibli par l’âge ?. En effet, comme le dit Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), il avait dépassé les 80 ans (Pour être plus exacte, il en avait 81) et donc la probabilité de “survivre” à un nouveau combat était minime. Quoi qu’il en soit, cette peur le porta à désigner, publiquement devant toute l’armée réunie, Démétrios I comme son successeur, dans le cas où il n’en sortirait vivant. Cela fait, les rois prirent leur position, prêts à combattre.

 

Le déroulement

 
   Bien que Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), ne décrive pas directement le positionnement des troupes, nous pouvons déduire aujourd’hui, à travers les connaissances que nous avons sur les stratégies de guerre Macédoniennes, ainsi que des quelques fragments d’informations parvenus de Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) et du mouvement des troupes durant la bataille, quel était la formation de combat des deux armées. De son côté, Antigonos I se plaça au commandement de ses phalanges au centre, tandis que son fils (Accompagné du Roi détrôné d’Épire Pyrrhos I, 307-302 et 297-272), occupa l’aile droite avec la cavalerie lourde. Les éléphants furent positionnés devant les phalanges et le restant de la cavalerie (Principalement celle légère) fut très probablement placée sur l’aile gauche pour la protégée d’éventuelles attaques.
 
   Du côté des coalisés, Lysimaque prit le contrôle du centre avec toutes les phalangistes à sa disposition, alors que son aile droite était protégée par un très grand nombre d’archers à cheval. De plus, d’après les informations de Diodore de Sicile, nous pouvons supposer que Séleucos I lui ait donné entre 80 à 100 éléphants, que le Roi de Thrace plaça devant ses phalanges. L’aile gauche était, majoritairement, occupée par de la cavalerie légère, commandée par le fils de Séleucos I, Antiochos (Futur Antiochos I Sôter), tandis que le père prit position à l’arrière, avec le restant de ses éléphants (Plus ou moins 300), pour pouvoir être prêt à venir au secours d’un “front” nécessitant l’appui des pachydermes. Aujourd’hui, certains spécialistes se demandent pourquoi Cassandre ne voulut pas participer à la bataille.  La réponse est simple et logique : Il était militairement affaibli et son intérêt politique réel se trouvait en Macédoine, voire en Grèce. Dans le même ordre d’idée Ptolémée I aurait pu, en remontant la Syrie avec son armée, participer aussi aux combats. Cependant, prudent, il ne voulait pas tout risquer sur une seule bataille. Ainsi il préféra conquérir la Cœlé-Syrie avant que Séleucos I ne le fasse, ou qu’on la lui cède dans le cas d’une victoire contre Antigonos I.
 
   La stratégie d’Antigonos I était très simple : Utiliser la cavalerie lourde de Démétrios I pour se débarrasser de l’aile gauche ennemie et immédiatement prendre ce dernier sur ses arrières, tandis que lui, avec ses phalanges et éléphants, attaquait les centre de Lysimaque. Cependant, sa stratégie, typique de l’époque, était trop évidente et reconnaissable sur une plaine. Démétrios I, étant plus jeune et vif d’esprit, aurait pu modifier cette stratégie de combat, mais il était trop lié et influencé par son père, pour oser s’opposer à lui. Séleucos I profita de ce défaut. En effet, par le passé, il avait souvent combattu contre des armée supérieures en nombre et savait donc affronter ces situations d’instinct, posant tous les avantages possibles de son côté *. Lysimaque était connu pour être un brave combattant, mais son talent stratégique n’atteignit jamais celui Séleucos I.


 

Combat entre la cavalerie de Démétrios I
et celle de Ptolémée I

 
   Comme prévu, Démétrios I lança un puissant assaut avec sa cavalerie lourde (Ou selon Plutarque sa “cavalerie d’élite”) contre la cavalerie légère d’Antiochos et réussit à la mettre en fuite et il le poursuivit loin hors du champ de bataille. Selon Plutarque la persécution à ce point d’Antiochos était un acte complètement insensé de la part de Démétrios I. Les spécialistes se demandent encore aujourd’hui pourquoi Antigonos I, commandant de toute l’armée, laissa s’absenter à ce point Démétrios I, se privant de la couverture de sa cavalerie.
 
   Nous savons, grâce à Diodore, que les deux groupes d’éléphants du centre, avaient engagé le combat. Cependant, le résultat n’est jusqu’à aujourd’hui pas clair, très probablement, le combat se termina avec une multitude d’éléphants blessés et en panique, ayant certainement causé des dommages aux deux phalanges. Quoi qu’il en soit, la phalange d’Antigonos I livra le combat à celle de Lysimaque et il est très probable que ses vétérans aient mis la pression aux phalangistes du Roi Thrace.
 
  Jusque-là, la bataille semblait aller comme Antigonos I le voulait et selon Plutarque, il crut jusqu’à la dernière minute que son fils allait le secourir. En effet, ce qui manquait seulement était l’arrivée de ce dernier avec sa cavalerie pour attaquer les arrières de Lysimaque. Mais, Démétrios I s’était laisser prendre par l’enthousiasme de la victoire et avait poursuivi la cavalerie légère d’Antiochos bien longtemps, perdant ainsi du temps précieux. Lorsqu’il décida finalement de “[…] rev(enir) de cette chasse, il ne lui fut plus possible de joindre son infanterie ; les éléphants des ennemis ayant pris la place entre les deux.” (Plutarque, Vie de Démétrios, XXIX, 29). Ce fut à ce moment-là, que ce montra le génie stratégique de Séleucos I. Il avait parfaitement utilisé ses pachydermes et il envoya ses archers à cheval de l’aile droite contre l’aile gauche d’Antigonos I.
 
   Cette cavalerie rapide n’eut aucun problème à causer de sérieux dommages à la cavalerie légère Antigonide. L’attaque ne se concentra pas seulement sur ce point. En effet, un très grand nombre des archers à cheval (Ou javeliniers à cheval) détournèrent cet obstacle et relâchèrent une pluie de flèches sur l’arrière des phalanges d’Antigonos I. La pression faite sur les différents côtés causa finalement un effondrement, suivi par la déroute de la phalange Antigonide (Plutarque écrit même qu’un grand nombre de phalangistes se détachèrent volontairement de la phalange pour se rendre à Séleucos I). Antigonos I n’écouta pas les avertissements de ses Généraux et décida de rester, avec les quelques “formations” intactes, sur le champ de bataille, pour attendre l’arrivée de son fils. Or, Démétrios I ne réussit pas à pénétrer la barrière des éléphants de guerre et donc n’atteignit jamais son père.
 
   Finalement, le moment fatal arriva. Une pluie de flèches et javelots atteignit sa cible. Un javelot toucha et mit fin à la vie d’Antigonos I. Lorsque Démétrios I reconnu que plus rien ne pouvait être sauvé, il décida d’abandonner le champ de bataille avec le restant de sa cavalerie. Il fuit à Ephèse avec 5.000 fantassins et 4.000 cavaliers. La bataille d’Ipsos, était terminée. Le nombre de morts ou de capturés ne nous est pas parvenu. On peut conclure qu’il y eut deux points majeurs qui causèrent la défaite Antigonide :
– Le premier fut la poursuite frénétique de Démétrios I (Phénomène étant une des causes majeures guidant à la défaite, pouvant être observé, par exemple, durant la bataille de Raphia ou de Magnésie du Sipyle).
– Le deuxième, fut l’intervention des 300 éléphants de guerre qui séparèrent les deux corps principaux Antigonide (cavalerie et phalanges), essentiels pour le fonctionnement de la stratégie Macédonienne.
 
   * L’auteur John D.Graigner propose que Séleucos I ait positionné expressément ses 300 éléphants en arrière pour les cacher à la vue d’Antigonos I, lui faisant ainsi penser avoir à faire à une armée inférieure (ou égale) en nombre d’éléphants et d’hommes à la sienne et ainsi le pousser à utiliser une stratégie non adaptée à la réalité des effectifs ennemis.

 

Après la bataille

 
   La bataille d’Ipsos donna le coup de grâce à Antigonos I et son fils à tous leurs efforts de reconstruction de l’Empire d’Alexandre. En un seul jour, le rêve d’Antigonos I de recréer cet Empire fut détruit. Elle fut également décisive puisqu’elle entraîna la dislocation définitive de l’Empire, les vainqueurs se partageant le royaume d’Antigonos I : Cassandre se maintint en Macédoine et en Grèce. Il donna la Cilicie et la Lycie à son frère Pleistarchos (ou Pleístarkhos) probablement pour le remercier d’avoir participé à la bataille. Ptolémée I obtint la Cœlé-Syrie. Lysimaque annexa la partie Ouest de l’Asie Mineure (jusqu’aux monts Taurus) et Séleucos I obtint la partie Sud de la Cappadoce (Aussi connue sous le nom de "Cappadoce-Séleucide") et la partie orientale de la Syrie, mais très rapidement, il entra en conflit avec Ptolémée I qui avait sécurisé la Palestine et la Phénicie, lors de l’absence du premier (La dispute sur ses territoires sera la cause des nombreuses Guerres Syriennes). Démétrios I réussit à se maintenir à Mégare, à Corinthe et garda la Phénicie que Ptolémée I espérait. Pyrrhos I, vers 300/299, qui avait apporté son soutien à Antigonos I fut emmené comme otage en Égypte. Il fut traité à la cour de Ptolémée I avec de grands égards.
 
   Cependant, si d’un côté les Diadoques coalisés avaient réussi à éliminer leur "plus grand rivale", il restait encore son fils et la maison des Antigonides était encore bien vivante, représentant une nouvelle source de conflits. Démétrios I avait échappé, à la dernière minute, à la capture et se dirigea vers Éphèse, tout en regroupant rapidement une force de 5.000 hommes et 4.000 cavaliers, car en ce qui concerne ses phalangistes (Ayant survécus à la bataille), nombreux furent intégrés dans les armées de Lysimaque et Séleucos I. Pour lui, les choses ce compliquaient énormément, il avait perdu tout le royaume de son père, ainsi que presque toute son armée. Cependant, il possédait encore des territoires/villes en Grèce, ainsi que de nombreuses îles de la mer Égée, sécurisées par sa puissante flotte.
 
   Son premier but, fut de rejoindre Athènes, sa base principale. Cependant, la surprise fut amère lorsqu’il apprit que les Athéniens avaient envoyé une délégation pour l’avertir qu’ils ne voulaient plus aucun Roi dans leur ville. Démétrios I commença alors consolider son pouvoir sur les différents îles, voire à ravager les côtes de la Thrace. L’occasion qui permit au Roi d’agir à grand échelle militaire, fut la mort de Cassandre en 297, de nouvelles occasions de conquêtes s’ouvraient. Pendant les années qui suivirent les alliances changèrent sans cesse au rythme des conflits.

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Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur les batailles voir les ouvrages de :
 
Bezalel Bar-Kochva :
The Seleucid army : Organization and tactics in the great campaigns, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1976.
Bob Bennett et Mike Roberts :
The wars of Alexander’s successors 323–281 BC, Volume I : Commanders and campaigns, Pen & Sword Military, Barnsley, 2008.
The wars of Alexander’s successors 323–281 BC, Volume II : Battles and tactics, Pen & Sword Military, Barnsley, 2009.
Richard A.Billows :
Antigonos the One-eyed and the creation of the Hellenistic state, University of California Press, Berkeley, London, 1990 et Juin 1997.
James Bradford DeLong :
Liveblogging 301 BC, fall : The battle of Ipsus, Grasping Reality, Janvier 2015.
Pierre Briant :
Antigone le Borgne. Les débuts de sa carrière et les problèmes de l’assemblée Macédonienne, Les Belles Lettres, Paris, 1973 et 1989 – Revue belge de philologie et d’histoire, Persée, 1975.
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Lisimaco di Tracia : Un sovrano nella prospettiva del primo ellenismo, Jaca book, Milano, 1992.
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