Les grandes batailles de l’antiquité :
Siège  de  Tyr –
Bataille  de  Gaugamèles
 

Nous avons besoin de vous

 

 Siège  de  Tyr 

De Janvier
à Août 332

 

Présentation

 
   La bataille et le siège de Tyr (ou Naumachia tēs Týros, en Grec : Ναυμαχία της Τύρος) fut un conflit qui se déroula de Janvier à Août 332 av.J.C. Elle eut lieu à l’extérieur et dans la ville proprement dite. Ce fut une confrontation entre la cité de Tyr, port Phénicien, et le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323), lors de sa campagne contre les Perses, qui vit la victoire du Macédonien. La cité, sur la côte Méditerranéenne, était d’une grande importante stratégique pour Alexandre pour continuer sa marche vers la Judée, puis l’Égypte. L’armée Macédonienne fut toutefois incapable de prendre la ville, par des moyens conventionnels, car elle se trouvait à la fois sur le continent et sur une île et avait des murs jusqu’à la mer. Alexandre répondit à ce problème dans un premier temps en bloquant et en assiégeant Tyr pendant sept mois, puis par la construction d’un pont-jetée qui lui permit de prendre les fortifications. Après la conquête de la ville, les Grecs y commirent des massacres et déportèrent en esclavage 30.000 habitants, principalement des femmes et des enfants, afin de donner une leçon aux autres cités Perses prêtes à s’opposer au Roi Macédonien.


 

Le siège de Tyr vu par
André Castaigne (1898-1899)

Photo avant retouches : Wikipedia.org

 

Le contexte

 
   La cité-État de Tyr était à cette époque la plus importante ville de Phénicie. Elle était située à la fois sur la côte méditerranéenne, ainsi que sur une île voisine, avec deux ports naturels sur le côté terre. L’île se trouvait à environ 700 m. de la côte à l’époque d’Alexandre le Grand. Ses hautes murailles atteignaient 60 m. au-dessus du niveau de la mer sur la face tournée vers la terre à l’Est, du côté de l’île. La cité avait une population d’environ 40.000 personnes, bien que beaucoup des femmes et des enfants aient été évacués à Carthage, une ancienne colonie Phénicienne à l’approche du Macédonien. Les Carthaginois avaient également promis d’envoyer une flotte pour aider leur ville mère. Comme Alexandre n’avait pas de flotte, il résolut de prendre la ville par la terre et de retirer aux Perses ce dernier port qu’ils avaient dans la région.
 
   Après quelques attaques afin d’essayer de prendre Tyr, les Grecs parvinrent à chasser suffisamment la flotte Perse de façon qu’ils pouvaient maintenant attaquer la cité de toutes parts. Alexandre savait que la cité avait un temple dédié à Melqart (Dieu tutélaire Phénicien de Tyr), qu’il identifiait à Héraclès. Il informa les habitants qu’ils seraient épargnés s’il était autorisé à faire des sacrifices dans le temple (Le vieux port avait été abandonné et les Tyriens étaient maintenant regroupés sur l’île à un kilomètre du continent). Les défenseurs refusèrent l’entrée de leur île et suggérèrent qu’il utilise l’autre temple dans la partie continentale. Une deuxième tentative de négociation, pour essayer de convaincre la cité d’une capitulation, n’aboutit pas plus. Le Phéniciens tuant en plus les Ambassadeurs d’Alexandre et les jetant à la mer par-dessus les murs. En Janvier 332, le Roi furieux ordonna alors le siège de la vile.

 

Le déroulement

 
   Le Siège de la ville était en place, mais Alexandre, n’ayant pas de flotte, il ne pouvait attaquer la cité par la mer. Il fit alors construire une digue en pierre, sorte de pont-jetée, de 700 m. (on trouve aussi 1 km.) de long, pour faire approcher son artillerie des murs de la ville. Celle-ci partait du continent jusqu’à l’île, la profondeur n’étant que d’environ deux mètres, elle est encore préservée à ce jour. Cependant, pendant l’édification, les Macédoniens durent subir les attaques permanentes des Phéniciens et leur travail fut de plus en plus dur du fait de la profondeur croissante de la mer et la continuation de la construction devint impossible. Alexandre ordonna alors la construction de deux tours de 50 m de haut qui furent transportées au bout de la digue. Comme la plupart des tours de siège elles possédaient une plate-forme d’artillerie avec des catapultes sur le dessus pour atteindre les défenseurs sur les murs, et des balistes en dessous pour lancer des pierres sur le mur et attaquer les navires. Elles étaient faites de bois et recouvertes de cuir, afin de les protéger des flèches adverses enflammées.
 


 

Alexandre III le Grand –
British Museum

   Bien que ces tours fussent peut-être les plus grandes du genre jamais construite, les Tyriens mirent au point rapidement une contre-attaque. Ils utilisèrent un vieux navire de transport de chevaux, qu’ils remplirent avec des branches sèches, du soufre et divers autres combustibles. Ils accrochèrent ensuite des chaudrons d’huile sur les mâts, de sorte qu’ils tombent sur le pont une fois que les mâts auraient brûlés. Ils chargèrent également l’arrière de lourdes charges de sorte que l’avant sorte de l’eau. Ils mirent ensuite le feu et lancèrent le navire sur le pont-jetée. Le navire vint facilement s’y échouer du fait de son avant surélevé et le feu se propagea rapidement, détruisant les deux tours et d’autres équipements de siège qui y avaient été construits. Les navires Tyriens près de la jetée, détruisirent tout le matériel de siège qui n’avait pas pris feu et harcelèrent les Macédoniens qui essayaient d’éteindre les incendies.
 
   Après cet échec, Alexandre comprit que s’il voulait venir à bout de cette cité, il avait besoin de navires pour la conquérir. Heureusement pour lui, après sa victoire précédente à la bataille d’Issos et ses conquêtes ultérieures, des cités Phéniciennes c’étaient ralliées à lui et lui envoyèrent de Byblos, Arwad (ou Arpad ou Antioche en Pieria) et Sidon une flottes de plus de 80 navires, qui composaient avant une partie de la marine Perse. Il donna immédiatement l’ordre à ces navires d’attaquer afin de trouver une faille et ouvrir une brèche en éperonnant les murailles. Cela coïncida avec l’arrivée de 120 autres bateaux de guerre envoyés par les Rois de Chypre, qui avaient entendu parler de ses victoires et voulaient se joindre à lui.
 
   La flotte Chypriote, avec des ingénieurs Chypriotes, contribua beaucoup à la prise de Tyr. En effet, le Roi Pnytagoras (351-331) de Salamine, Androclès d’Amathonte (ou Amathus) et Pasikratis de Soles (ou Soloi), prirent une part personnelle dans le siège de la ville. Les Rois Chypriotes, à la tête de ces 120 navires, chacun avec un équipage très expérimenté, fournirent une aide substantielle à Alexandre dans l’attaque de la ville. À côté d’eux s’ajouta en Février de l’année 332, 4.000 mercenaires commandés par Cléandre, pour la plupart issus du Péloponnèse. Avec l’arrivée de 23 autres navires des cités Grecques d’Ionie, Alexandre avait 223 navires sous son commandement qui lui donnèrent la suprématie maritime dont il avait besoin. Au cours de la dernière attaque, les Chypriotes réussirent à occuper un des deux ports et la partie Nord de la ville, tandis que les Phéniciens fidèles à Alexandre occupaient le deuxième port. Constatant que de grands blocs de pierre avaient été mis sous l’eau pour servirent de béliers et empêcher ses navires d’atteindre les murs, Alexandre les fit enlever par des sortes de navire grue. Les assaillants ancrèrent ensuite leurs navires près des murs, mais les Tyriens envoyèrent des plongeurs pour couper les câbles d’ancrage. Alexandre répondit en les faisant remplacer par des chaînes.

 

   Les Tyriens, sentant la fin approcher, lancèrent une contre-attaque, mais ne furent pas chanceux. Ils avaient remarqué qu’Alexandre revenait sur la terre ferme au même moment chaque après-midi pour déjeuner et se reposer et en même temps que lui une grande partie de sa flotte. Ils choisirent donc d’attaquer à ce moment, mais malheureusement cette fois-là Alexandre avait sauté sa sieste de l’après-midi et fut en mesure de contrer rapidement la sortie audacieuse. Les Grecs se concentrèrent sur certains points du mur avec des béliers jusqu’à ce qu’ils fassent une petite brèche dans l’extrémité Sud de l’île. Puis, héroïquement Alexandre attaqua la brèche avec un bombardement de tous les côtés par sa marine. Une fois que ses troupes pénétrèrent de force dans la ville, ils submergèrent la garnison, tuant facilement les 6.000 soldats Phéniciens et s’emparèrent en Août 332 de la cité.

   Les citoyens de Tyr, y compris le Roi Azemilcos (ou Azemilkos ou Azemilcus ou Ozmilk, en Grec : ‘Aζέμιλκος, 349-332), trouvèrent refuge dans le temple de Melqart et demandèrent grâce à Alexandre. Selon Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145), Alexandre épargna la vie de tous ceux qui avaient fui dans le temple tout en massacrant la population masculine de la ville et en prenant en esclavage 30.000 personnes, femmes et enfants qui furent vendus. Selon Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C) 6.000 hommes de combat furent tués dans la ville et à cause des captifs Grecs tués par les Phéniciens sur les murailles et devant les yeux des soldats d’Alexandre, les Grecs devinrent complètement fous de rage, ils crucifièrent 2.000 Tyriens sur la plage.

 
   Les spécialistes expliquent la sévérité des représailles par la longueur du siège et parce que les Tyriens avaient effectivement commit quelques exactions sur les murs. Il y a aussi des rapports qui signalent une éradication totale de la population de Tyr. Ce carnage servit aussi peut-être à dissuader d’autres cités de s’opposer à la puissance du Macédonien. Polyen (Orateur et écrivain militaire Grec, IIe s. ap.J.C), dans l’un des deux stratagèmes qu’il donna sur le siège de Tyr d’Alexandre, propose un autre récit de la façon dont le Roi conquit la ville. Selon lui, il marcha vers l’Arabie ayant laissé Parménion en charge du siège. Les Tyriens trouvèrent le courage de quitter leurs murs et engagèrent les Grecs, arrivant même à prendre le dessus quelques fois dans la bataille. Alexandre fut informé des difficultés de son Général et se hâta de rejoindre la ville, exactement au moment où les Tyriens se battaient contre un Parménion qui était en train de reculer. Au lieu d’attaquer les Phéniciens, Alexandre choisit de marcher directement sur la ville, moins protégée puisque ses soldats à la poursuite de Parménion. Il prit rapidement la cité par la force, surprenant le reste de sa garnison.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Theodore Ayrault Dodge :
Alexander : A history of the origin and growth of the art of war from the earliest times to the battle of Ipsus, 301 BC, with a detailed account of the campaigns of the great Macedonian, Da Capo Press, New York, 1996. 
Hans Delbrück :
History of the art of war, 4 Volumes, University of Nebraska Press, 1920 – Reprint edition, 1990.
Ronald De McLaurin :
The Battle of Tyre, Abbott Associates INC Springfield VA., Belvoir Defense Technical Information Center, 1987.
Alexander Demandt :
Alexander der Große : Leben und legende, C.H. Beck, München, 2009.
Maurice Dessemond et Jean Lartéguy :
Alexandre Le Grand : l’homme-dieu, Georges Naef, Genève, 2001.
Stephen English :
The sieges of Alexander the Great, Pen & Sword Military, Barnsley, 2009.
Robin Lane Fox :
Alessandro Magno, Einaudi, Turin, 1981-2004- En Anglais, Alexander the Great, Penguin, London, 2005.
Andrea Frediani :
Les grandes batailles d’Alexandre le Grand, Newton Compton, 2004.
Peter Morris Green :
Alexander of Macedon, 356-323 B.C. : A historical biography, University of California Press, Berkeley, 1991.
Dominique Joly et Antoine Ronzon :
La fabuleuse Histoire d’Alexandre le Grand, Collection : La fabuleuse histoire, Tourbillon, Paris, 2005. 
Karine Safa :
Le siège de Tyr : Une ville de Phénicie tient tête au conquérant Alexandre le Grand, Librairie Sader, Beyrouth, 2002.

 

 

Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Le prélude
Les tactiques et les effectifs
Le déroulement
Après la bataille
Bibliographie
Filmographie

Bataille  de  Gaugamèles 1er Oct. 331

 

 
La bataille de Gaugamèles – Relief en ivoire inspiré d’une peinture
de Charles Le Brun au musée du Louvre – Museo Arqueológico Nacional – Madrid

 

  

Présentation

 
   La bataille de Gaugamèles (ou Naumachia tēs Gaugamela, en Grec : Ναυμαχία της Γαυγάμηλα) fut une bataille qui se déroula le 1er Octobre 331 av.J.C. Elle eut lieu dans la plaine de Gaugamèles, dans le Nord de l’Irak actuel, même si la localisation exacte de la bataille n’est pas clairement établie, on la situe généralement sur le site à l’Est de la ville de Mossoul, probablement Tel Gomel. Ce fut un affrontement décisif entre l’armée Hellénique dirigée par le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323) et celle du Roi Perse Achéménide Darius III (336-330). Par cette bataille, considérée comme l’une des plus importantes de l’antiquité par le nombre de participants, le royaume de Macédoine, pourtant largement en infériorité numérique, vaincu définitivement l’Empire Perse en raison de la tactique supérieure de son armée. Cette bataille est parfois appelée “bataille d’Arbèles” en référence à la cité d’Arbèles (ou Erbil en Adiabène), située pourtant assez loin du champ de bataille.
 

Le contexte

 
   L’armée Macédonienne débarqua en Asie Mineure en Mai 334 et défit les Satrapes Perses à la bataille du Granique (Près du site de Troie, sur la route d’Abydos, sur les rives du fleuve Granique, aujourd’hui Biga Çayı). En Novembre 333, l’armée Perse, commandée cette fois par le Roi Darius III en personne, fut vaincue une nouvelle fois par Alexandre à la bataille d’Issos (Près de l’actuel İskenderun, près de l’embouchure du petit fleuve côtier Pinaros, à l’Est dans la province actuelle Turque d’Hatay, près de la frontière avec la Syrie). La victoire à Issos avait donné à Alexandre le contrôle du Sud de l’Asie Mineure. Il entama alors la conquête de la Phénicie (Siège de Tyr de Janvier à Août 332). Après sa victoire à Gaza, le nombre des troupes Perses était faible et le Macédonien partit à la conquête de l’Égypte, Darius III reculant à Babylone, où il regroupa l’armée restante de la bataille précédente.


 

Alexandre – Musée archéologique
de Pergame

 
   Darius III essaya alors de négocier et par la diplomatie de dissuader Alexandre à de nouvelles attaques sur son Empire. Les historiens anciens fournissent différents récits de ces négociations, qui peuvent être séparés en trois tentatives que le Roi Perse aurait tentées. Justin (ou Marcus Junianus Justinus ou Justinus Frontinus, historien Romain du IIIe siècle), Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) et Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C) écrivent que Darius III envoya une lettre à Alexandre après la bataille d’Issos. La lettre exigeait qu’il se retire d’Asie Mineure et libèrent ses prisonniers.
 
   Selon Quinte-Curce et Justin, il offrit une rançon pour ses prisonniers, mais Arrien ne mentionne pas de rançon. Quinte-Curce décrit le ton de la lettre comme offensant. Alexandre bien sûr refusa ses demandes. Une seconde tentative de négociation eut lieu après la prise de Tyr. Darius III offrit à Alexandre un mariage avec sa fille Stateira II et tout le territoire à l’Ouest de la rivière Halys. Justin est moins spécifique, ne mentionnant pas une fille particulièrement, en ne parlant que d’une partie du royaume de Darius III. Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) mentionne également l’offre de tous territoires à l’Ouest de la rivière Halys, avec un traité d’amitié et une grosse rançon pour les captifs. L’auteur est le seul ancien historien qui mentionne qu’Alexandre cacha cette lettre et présenta à ses amis une fausse lettre favorable à ses propres intérêts. Encore une fois le Macédonien refusa.
 
   Darius III commença alors à se préparer à une autre bataille après l’échec de la deuxième tentative de négociation. Il fit un troisième et dernier effort pour négocier après le départ d’Égypte d’Alexandre. Cette dernière offre était beaucoup plus généreuse. Il saluait Alexandre pour le traitement qu’il avait réservé à sa mère Sisygambis (ou Sisygambes), après la bataille d’Issos et il lui offrait tout le territoire à l’Ouest de l’Euphrate, la main d’une de ses filles et 30.000 talents d’argent. Dans le récit de Diodore de Sicile, Alexandre mentionna délibérément cette offre à ses amis. Parménion fut le seul qui lui parla, en disant : “Si j’étais Alexandre, j’accepterai ce qui m’est proposé et je ferai un traité.Alexandre aurait répondu : “Alors dois-je être Parménion“, et il refusa de nouveau l’offre, insistant sur le fait qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul Roi d’Asie. Il demanda à Darius III soit de se rendre, soit de le rencontrer dans une ultime bataille qui déciderait de qui était le seul Roi d’Asie.
 
   Les descriptions données par les autres historiens sur la troisième tentative de négociation sont similaires au récit de Diodore, mais diffèrent dans les détails. Diodore, Quinte-Curce et Arrien écrivent que des Ambassadeurs furent envoyés à la place d’une lettre, qui est revendiquée par Justin et Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 ap.J.C). Ce dernier et Justin mentionnent la rançon offerte pour les prisonniers mais d’un montant de 10.000 talents (Diodore, Quinte-Curce et Justin donnent le chiffre de 30.000). Arrien écrit que cette troisième tentative eut lieu pendant le siège de Tyr, où les autres historiens placent la deuxième tentative de négociation. Avec l’échec de la diplomatie, Darius III dut se résoudre à devoir confronter une troisième fois l’armée d’Alexandre.

 

Le prélude

 
   Devenu maître de l’Asie hellénique et Méditerranéenne, au printemps 331, Alexandre se remit en marche vers l’Est et il prit la route de la Mésopotamie. Darius III pendant ce temps reforma une nouvelle armée en intégrant cette fois-ci un grand nombre de contingents des satrapies orientales (Dont quelques éléphants de guerre). Il prit soin aussi de choisir un terrain favorable à son innombrable cavalerie et à ses chars à faux. Alexandre franchit fin Juillet de la même année l’Euphrate à Thapsaque (ou Thapsacus, ville de Syrie du Nord, sa localisation reste encore incertaine et est discutée par les historiens contemporains), sur un pont de bateaux sans rencontrer de réelle opposition.
 
   Le Satrape Perse Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo ou Mazée ou Mazday, † 328), en charge de la région avec quelques milliers d’hommes, se replia rapidement à l’arrivée de son adversaire. Mazaios s’était également vu confier la tâche de bloquer les approvisionnements alimentaires aux Macédoniens et brûlé les champs. Les éclaireurs d’Alexandre repérèrent l’armée de Darius III plus au Nord, aussi le Roi de Macédoine au lieu de marcher sur Babylone comme initialement prévu, remonta vers le Nord, vers Nisibe (ou Nisibis ou Nusaybin ou Nisibia ou Nisibin, ville dans la province de Mardin, au Sud-est de la Turquie) et franchit le Tigre, sans subir aucune attaque de l’ennemi, le 20 Septembre 331 dans le haut-Djézireh (Irak actuel), contournant son adversaire par le Nord. Il reprit alors la direction du Sud avec le Tigre sur sa droite. Au bout de quatre jours de marche il apprit, grâce aux aveux quelques prisonniers fait par les soldats Macédoniens, que l’armée Perse, venant de toutes les satrapies de l’Empire, l’attendait à Gaugamèles (Dans le Nord de l’Irak actuel, sur le site à l’Est de la ville de Mossoul, probablement Tel Gomel).

 

Les  tactiques  et  les  effectifs

 

  Conscient de son infériorité numérique, Alexandre proposa un plan de bataille ambitieux à ses Généraux. Sa stratégie est encore enseignée aujourd’hui dans les écoles militaires. Il savait que l’issu de cet affrontement déciderait du sort des deux adversaires. Si Alexandre gagnait il deviendrait le maître incontesté de l’Asie, si Darius III l’emportait, les Grecs se retrouveraient de nouveau envahis et asservis. En ce qui concerne Darius III, plusieurs chercheurs ont critiqué les Perses pour leur échec à harceler l’armée d’Alexandre afin de perturber ses lignes d’alimentation lorsqu’il avançait à travers la Mésopotamie.
 
   Peter Green pense que le choix du Macédonien pour la route du Nord prit les Perses au dépourvu. Darius III se serait attendu à ce qu’Alexandre prit la route du Sud, plus rapide et plus directe pour rejoindre Babylone. comme Cyrus le Jeune (v.424-401) l’avait fait le 3 Septembre 401 av.J.C, avant sa défaite à la bataille de Counaxa face à son frère Artaxerxès II Mnémon (404-359). L’utilisation de la tactique de la terre brûlée et des chars à faux par le Roi Perse suggère qu’il voulait répéter cette bataille.

   Alexandre aurait été incapable d’approvisionner suffisamment son armée s’il avait pris la route du Sud, même si la tactique de la terre brûlée échouait. L’armée Macédonienne, sous-alimentée et épuisée par la chaleur, aurait alors été défaite dans la plaine de Counaxa par celle de Darius III. Lorsqu’Alexandre prit la route du Nord, le Satrape Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo ou Mazée ou Mazday) dut retourné à Babylone pour apporter les nouvelles.
 
   Darius III était très probablement décidé d’empêcher Alexandre de traverser le Tigre. Ce plan échoua parce que le Macédonien traversa la rivière à Thapsaque (ou Thapsacus) qui était plus proche, plutôt qu’à Babylone. Darius III aurait alors improvisé et choisit Gaugamèles comme site le plus favorable pour une bataille. Jona Lendering soutient le contraire et félicite Mazaios et Darius III pour leur stratégie. Le Roi aurait délibérément laissé Alexandre traverser les fleuves sans opposition dans le but de le guider vers le champ de bataille de son choix ?.

 
   En ce qui concerne les effectifs dans chaque camp, comme pour pratiquement toutes les batailles de l’antiquité les chiffres varient et sont contredits en fonction des auteurs, que ce soit les anciens ou les historiens d’aujourd’hui. Pour l’armée Perse, certains anciens historiens Grecs suggèrent que leur principale armée comptait entre 200.000 et 300.000 hommes, mais certains chercheurs modernes, tels que Hans Delbrück, suggèrent qu’ils n’étaient pas plus de 50.000 en raison de la difficulté logistique pour plus de 50.000 soldats dans une bataille à l’époque. Cependant, beaucoup d’historiens pensent qu’il est possible que l’armée Perse atteignait plus de 100.000 hommes.
 
  Parmi les principaux spécialistes on trouve : Hans Delbrück (1978) qui estime un total de 52.000 ; Nick Welman 90.000 ; John Gibson Warry (1998) 91.000 hommes; Donald W.Engels (1920) et Peter Morris Green (1990) ne dépassent pas 100.000 ; Thomas Benfield Harbottle 120.000. Une estimation reconnue par une grande partie donne : 25.000 peltastes , 10.000 "Immortels" , 2.000 mercenaires hoplites Grecs, 1.000 hoplites Bactriens , 40.000 cavaliers , 200 chars à faux et 15 éléphants de guerre. Hans Delbrück estime la cavalerie à 12.000 en raison de problèmes de gestion et les mercenaires Grecs à 8.000.


 

Bataille de Gaugamèles par Jaques Courtois,
(Le Bourguignon – 1621-1676) – Châteaux de Versailles

 
   En ce qui concerne les auteurs antiques : Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) avance 40.000 cavaliers, 1.000.000 infanterie, 200 chars et 15 éléphants de guerre ; Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) avance 200.000 cavaliers, 800.000 infanterie et 200 chars ; Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 ap.J.C) avance 1.000.000 hommes (Sans ventilation dans la composition) ; Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C) avance 45.000 cavaliers, 200.000 infanterie et 200 chars.
 
   Bien que Darius III ait un avantage numérique significatif, la plupart de ses troupes étaient d’une qualité inférieure à celles d’Alexandre. Sa seule infanterie respectable était ses 2.000 mercenaires hoplites Grecs et sa garde du corps personnelle, 10.000 "Immortels". Parmi les autres troupes Perses les plus lourdement armés se trouvaient les Arméniens qui étaient armés à la Grecque et probablement combattaient en phalange. Le reste des contingents de Darius III était beaucoup plus légèrement armé. L’arme principale de l’armée Achéménide était historiquement l’arc, la flèche et le javelot.
 
   Pour l’armée d’Alexandre nous avons encore moins de détail. Il commandait les forces Grecques, celles de Macédoine et celles de la Ligue de Corinthe avec ses alliés Thraces. Selon Arrien, l’historien le plus fiable d’Alexandre, ses forces comptaient : 7.000 cavaliers et 40.000 infanterie. La plupart des historiens conviennent que l’armée Macédonienne était composée de 31.000 infanterie lourde, y compris les mercenaires et hoplites d’autres états Grecs alliés en réserve, 9.000 infanterie légère supplémentaire constituée principalement de peltastes avec quelques archers et la cavalerie Grecque était d’environ 7.000 hommes (on trouve aussi 5.000).

 

Le déroulement

 
   Lorsque la bataille commença, Darius III, ayant tiré les leçons de la bataille d’Issos, avait déjà choisi le terrain qui semblait le plus favorable à son immense armée. Selon Pierre Briant, une grande plaine régulière, dont il fit retirer les gros cailloux, les buissons et la végétation, afin que sa cavalerie et surtout ses chars à faux puissent manœuvrer plus facilement. Toujours selon l’auteur, il fit également planter des piques en fer dans le sol afin de blesser les chevaux adverses. Il avait recruté les meilleurs cavaliers de ses Satrapies de l’Est et de ses alliés Scythes. Il avait de plus 15 éléphants de guerre Indiens soutenus par des chars et comptait bien profiter de sa supériorité numérique. Malgré l’hétérogénéité de son armée, car contrairement à la bataille d’Issos où il n’avait aligné que des Perses et des mercenaires Grecs, à Gaugamèles il opposa à Alexandre des soldats venus de tout son Empire.
 

   Darius III se plaça au centre de l’élite de son infanterie, comme c’était la tradition chez les Rois Perses. Il était entouré à sa droite, de la cavalerie de Carie, des mercenaires Grecs et des cavaliers Perses. Au centre-droit, il plaça ses gardes du corps à pied (les Immortels), la cavalerie Indienne et ses archers Amards (ou Amardis ou Amui ou Amardi ou Amardien, tribu vivant le long de la région montagneuse bordant la mer Caspienne). Sur les deux flancs on trouvait de la cavalerie.
 
  Le Satrape de Bactriane Bessos (ou Bessus ou Artaxerxès V, en Persan : اردشیر پنجم Ardeshir V, Grec : Βήσσος, † été 329) commandait le flanc gauche avec les Bactriens, les cavaliers de Dahae (ou Daae ou Dahas ou Dahaeans ou Daoi, apparentés aux Scythes), les cavaliers d’Arachosie, la cavalerie Susienne, les cavaliers de Cadusii (Peuple dans le Nord-ouest de l’Iran actuel) et les cavaliers Scythes. Les Chars étaient placés à l’avant avec un petit groupe de Bactriens.

  Le Satrape de Cilicie, Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo ou Mazée ou Mazday, † 328) commandait le flanc droit avec les Syriens, les Mèdes, les Mésopotamiens, les Parthes, les Saces, les soldats de Tabaristan (ou Tapurian, Sud et Sud-est de la mer Caspienne), d’Hyrcanie, du Caucase Albanais, de Cappadoce et la cavalerie Arménienne. Les Cappadociens et les Arméniens étaient stationnés devant les autres unités de cavalerie et menèrent l’attaque. Les Macédoniens eux étaient divisés en deux.
 
   Le côté droit sous le commandement direct d’Alexandre et le gauche sous celui de Parménion. Alexandre combattait avec sa cavalerie les “Compagnons“. Avec elle on trouvait les Péoniens et la cavalerie légère Grecque. La cavalerie de mercenaires était divisée en deux groupes, les anciens combattants sur le flanc droit et le reste devant les Argiens (d’Argos) et les archers Grecs, qui étaient stationnés à côté de la phalange.

 
   Parménion était stationné sur la gauche avec les Thessaliens, les mercenaires Grecs et la cavalerie Thrace. Ils étaient là pour pratiquer une manœuvre de maintien tandis qu’Alexandre porterait le coup décisif sur la droite. Sur le centre droit on trouvait les mercenaires Crétois et derrière eux se trouvaient la cavalerie Thessalienne et les mercenaires Achéens. À leur droite se trouvait une autre partie de la cavalerie Grecque alliée. Puis, de là venait la phalange, sur une double ligne. Les troupes Perses, supérieures à environ 4/5 contre 1, avaient un front qui s’étirait sur près de 4 km., et il semblait inévitable que les Grecs seraient submergés par les Perses. Ne pouvant donc contourner l’immense formation Perse avec sa technique habituelle du marteau et de l’enclume, Alexandre dut déployer son armée différemment de la stratégie habituelle.
 
   Il décida d’utiliser un placement en échelon, exceptionnel à l’époque, qui devait lui permettre d’occuper le maximum de terrain et de prendre à revers les flancs adverses. Les troupes furent donc positionnées décalées les unes par rapport aux autres. Les phalanges étaient organisées en carré de 256 hommes (16 hommes sur 16 lignes) avec les combattants les plus aguerris aux premières lignes. Comme de coutume, Alexandre avait placé au centre de son dispositif la phalange, protégée sur son flanc gauche par les hoplites et les peltastes et sur son flanc droit par les hypaspistes. Il répartit la cavalerie sur les flancs, prit le commandement du flanc droit à la tête de la cavalerie lourde (les Compagnons) et de frondeurs d’élite cachés par ceux-ci. Il ordonna à son infanterie de marcher en formation vers le centre de la ligne ennemie. Cette avancée Macédonienne, avec les ailes échelonnées à 45 degrés, pour attirer la cavalerie Perse à l’attaque. Alexandre participait donc directement aux combats comme pour toutes ses batailles, alors que Darius III, lui, commandait son armée depuis l’arrière.
 


 

Bataille de Gaugamèles – Charles Le Brun (1669) – Musée du Louvre –

   Darius III fut le premier à faire avancer ses troupes. Alors que les phalanges combattaient l’infanterie Perse, il envoya une grande partie de sa cavalerie et une partie de son infanterie régulière pour attaquer les forces de Parménion sur le flanc gauche, qui était le plus replié, là où elles pouvaient manœuvrer au mieux. Cette tactique était prévue par Alexandre et il allait utiliser une stratégie inhabituelle. Pendant que son infanterie luttait contre les troupes Perses au centre, le Roi Macédonien en profita pour partir sur sa droite accompagné de sa cavalerie et remonta tout le champ de bataille, tout en restant à distance.
 
   Le front s’étendit alors énormément en largeur. Son plan était d’attirer autant de la cavalerie Perse que possible sur les flancs, pour créer un espace au sein de la ligne ennemie où un coup décisif au centre pourrait alors être frappé. Ce plan audacieux nécessitait un timing et des manœuvres presque parfaites, sans compter qu’il fallait à tous prix qu’une partie des troupes Perses suive le déplacement de la cavalerie d’Alexandre.
 
   Voyant cela Darius III fut forcé d’attaquer. Il envoya ses chars à faux dans le but de vaincre rapidement le centre adverse. La phalange Macédonienne repoussa la charge en s’écartant à l’arrivée des chars. En ouvrant leurs rangs, les phalangistes créaient de petites impasses dans leur formation à travers lesquelles les chars passaient sans danger. En effet, les chevaux, par instinct, se précipitaient vers ces ouvertures plutôt que d’entrer de plein fouet sur les phalangistes qui pointaient leurs sarisses. Les conducteurs de chars étaient alors rapidement mis hors de combat. Ses unités en difficulté, le Roi Perse, lança une grande partie de son infanterie légère dans la mêlée. Dans le même temps, le plan d’Alexandre allait fonctionner. À la tête des “Compagnons” il étendit tellement le front Perse qui suivait son déplacement, qu’il n’était plus solidaire. Darius III remarqua ce mouvement et fit poursuivre le Roi. La cavalerie Scythe de son l’aile Gauche devrait ouvrir la bataille en tentant de flanquer l’extrême droite d’Alexandre.

 

   Alors que les deux colonnes de cavalerie allaient se rencontrer, Alexandre changea soudain de direction, découvrant les frondeurs d’élite, cachés derrière sa cavalerie, qui attaquèrent et bloquèrent aussitôt la cavalerie Perse. Son plan était maintenant de foncer sur le centre dégarni de l’armée Perse où se trouvait Darius III. Ce qui suivit fut une bataille de cavalerie longue et acharnée entre la Gauche Perse et la droite Macédonienne, dans laquelle, cette dernière étant beaucoup moins nombreuse, fut souvent mal menée. Cependant, par une utilisation prudente des réserves et des charges disciplinés, les soldats Grecs furent en mesure de contenir leurs homologues Perses, ce qui était vital pour le succès de l’attaque décisive d’Alexandre. En effet, compte tenu des effectifs, Alexandre avait prévu de tuer le plus rapidement possible Darius III afin qu’une fois le Roi mort, son armée se rende.

   Néanmoins, sur le flanc gauche Macédonien, alors que la percée d’Alexandre était un succès, les combats tournèrent à l’avantage des Perses, sous l’action du Satrape Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo), qui parvint à créer une brèche jusqu’à l’arrière-garde de Parménion. L’infanterie Perse au centre combattait encore les phalanges, tentant d’empêcher la charge d’Alexandre. Le Roi et sa cavalerie et une partie de l’infanterie légère, réussissait à repousser les assauts de l’armée Perse, se rapprochant de plus en plus de Darius III. Les Macédoniens étaient en train d’écraser un coin du centre Perse affaibli. Darius III sentant que sa fin était proche, prit la fuite et quitta le champ de bataille suivit par sa garde. Cette vision de cette partie de la bataille, aujourd’hui largement rependue, est basée sur les récits d’Arrien, mais elle est contredite par quelques historiens actuels.

 
   Alexandre, à ce stade, aurait pu poursuivre Darius III. Cependant, il reçut des messages désespérés de Parménion en grande difficulté sur la gauche. L’aile du Général était apparemment encerclée par la cavalerie de l’aile droite Perse, et, attaqué de tous les côtés il était prêt à rompre. Alexandre dut choisir entre la poursuite de Darius III et avoir la chance de le tuer, mettant fin à la guerre d’un seul coup, ou retourner sur le flanc gauche aider Parménion et préserver ses forces. Il fit le choix de la raison, il abandonna la poursuite, laissant ainsi le Roi Perse s’échapper dans les montagnes environnantes, pour venir en aide à son armée malmenée.
 
   Darius III en fuite, des ordres de replis furent donnés à l’armée Perse, mais ils eurent du mal à parvenir à toute l’armée et les combats se poursuivirent donc durant plusieurs heures. La cavalerie Perse et Indienne, le centre où se trouvait Darius III franchit, au lieu de prendre l’arrière de la phalange de Parménion, continuèrent vers leur camp. Ils furent alors attaqués à leur tour par la phalange Grecque de réserve et furent contraint de plier. Ce qui arriva ensuite fut décrit par Arrien comme le plus féroce engagement de la bataille. Alexandre et ses "Compagnons" rencontrèrent la cavalerie de l’aile droite Perse, essayant désespérément de s’échapper, qu’ils anéantirent, la bataille était gagnée. Soixante compagnons furent tués dans l’engagement et les Généraux Héphestion (ou Héphaestion ou Héphaistion ou Hêphaistíôn, 356-324), Koinos (ou Coenus, † 326) et Menidas (Chef de la cavalerie Scythes) furent blessés.
 
   En ce qui concerne les pertes de chaque côté, comme pour les effectifs les chiffres changent d’un auteur à l’autre. On trouve aujourd’hui côté Grec, selon Nick Welman 500 tués et 3.000 blessés ; selon Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) 100 fantassins et 1.000 cavaliers tués ; selon Quinte Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C) 300 fantassins ; selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30)  500 fantassins. Pour les Perses, selon Quinte Curce 40.000 tués ; selon Nick Welman 47.000 ; selon Diodore de Sicile 90.000 ; selon Arrien 300.000.

 

Après la bataille

 
   Darius III parvint à s’enfuir vers Arbèles (ou Erbil ou Hewlêr) avec son bataillon “d’Immortels“, des cavaliers de Bactriane commandés par Bessos (ou Bessus) et 2.000 mercenaires Grecs, mais abandonna son trésor, estimé à 4.000 talents, ses armes personnelles et les éléphants de guerre. Ce fut une défaite désastreuse pour les Perses et l’une des plus belles victoires d’Alexandre. À la suite de celle-ci, Alexandre fut couronné Roi d’Asie lors d’une cérémonie fastueuse célébrée à Arbèles, puis il entra en vainqueur dans Babylone en Octobre 331. À ce stade, l’Empire Perse était divisé en deux moitiés, Est et Ouest. Darius III avait prévu de se diriger plus à l’Est et reconstituer une autre armée pour faire face à Alexandre, supposant, à juste titre, que les Grecs se dirigeaient vers Babylone. Dans le même temps, il envoya des lettres à ses Satrapes orientaux, leur demandant de rester fidèle. Ceux-ci, cependant, avaient d’autres intentions.
 
   Darius III, prit une nouvelle fois la fuite et se réfugia à Ecbatane. Il tenta de réunir une nouvelle armée dans les hautes satrapies de Parthie, mais il ne réussit pas à lever une force comparable à celle qui avait combattu à Gaugamèles. Lorsqu’à Ecbatane, Darius III apprit l’approche de l’armée d’Alexandre, il décida de se retirer en Bactriane où il pourrait mieux utiliser sa cavalerie et ses forces de mercenaires sur ces plaines d’Asie. Il mena son armée à travers les Portes de la mer Caspienne, la route principale à travers les montagnes, mais cela épuisa et ralentit considérablement ses troupes. Trois de ses officiers, Satibarzane (Nabarzane ou  Nabarzanes), Barsaentès (ou Barsaentes) et Bessos (ou Bessus), lui proposèrent de regrouper l’armée sous le commandement de ce dernier et que le pouvoir lui serait rendu lorsqu’Alexandre serait défait. Le Roi évidemment n’accepta pas ce plan et ses complices, devenus soucieux après ses échecs successifs contre Alexandre, commencèrent à penser à le destituer.
 
  En Juillet 330 (on trouve aussi selon les sources Juin 330), Darius III, toujours en fuite et de plus en plus seul, fut poignardé par les rebelles et Bessos (ou Bessus) se proclama Roi sous le nom d’Artaxerxès V le même mois. Toutefois, il fut ensuite capturé par Alexandre, torturé et exécuté. L’histoire nous dit que lorsqu’Alexandre trouva le corps de Darius III, il le couvrit avec son manteau et prit la chevalière au doigt du Roi défunt. Ensuite, il envoya le corps du souverain à Persépolis où il le fit enterrer dans la nécropole royale et lui donna des funérailles grandioses avec les honneurs dus à son rang. Le Roi Macédonien se considéra alors comme son légitime successeur. La majorité des Satrapes restants firent vœux de fidélité à Alexandre et, de ce fait, furent autorisés à garder leurs positions. L’Empire Perse Achéménide est traditionnellement considéré comme ayant pris fin à cette date.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir une sélection d’ouvrages ci-dessous, car il existe énormément de livres sur cette bataille :
 
Gregory S.Aldrete :
The decisive battles of world history, Teaching Company, Chantilly, VA, 2014.
Frédéric Bey :
Issus & Gaugamela : Alexander the Great versus Darius III, Histoire & Collections, Paris, 2014.
Pierre Briant :
Alexandre le Grand, de la Grèce à l’Inde, Gallimard, Paris, 1987.
Theodore Ayrault Dodge :
Alexander : A history of the origin and growth of the art of war from the earliest times to the battle of Ipsus, 301 BC, with a detailed account of the campaigns of the great Macedonian, Da Capo Press, New York, 1996.
Edward Dąbrowa :
Gaugamela 331 p.n.e., Bellona, cop., Warszawa, 2010.
Raffaele D’Amato :
La più grande battaglia di Alessandro Magno : Gaugamela e la conquista del mondo, Newton & Compton, Roma, 2012.
Paul K.Davis :
100 decisive battles : From ancient times to the present, Oxford University Press, New York, 2001.
Hans Delbrück :
History of the art of war, 4 Volumes, University of Nebraska Press, 1920 – Reprint edition, 1990.
Warfare in antiquity, Volume 1, University of Nebraska Press, 1990.
Alexander Demandt :
Alexander der Große : Leben und legende, C.H. Beck, München, 2009.
Maurice Dessemond et Jean Lartéguy :
Alexandre Le Grand : l’homme-dieu, Georges Naef, Genève, 2001.
Donald W.Engels :
Alexander the Great and the logistics of the Greek army, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, Berkeley, London, Los Angeles, 1978 -1980.
Stephen English :
The field campaigns of Alexander the Great, Pen & Sword Military, Barnsley, 2011.
Robin Lane Fox :
Alessandro Magno, Einaudi, Turin, 1981-2004- En Anglais, Alexander the Great, Penguin, London, 2005.
Andrea Frediani :
Les grandes batailles d’Alexandre le Grand, Newton Compton, 2004.
Peter Morris Green :
Alexander of Macedon, 356-323 B.C. : A historical biography, University of California Press, Berkeley, 1991.
Friedrich Hackmann :
Die schlacht bei Gaugamela. Eine untersuchung zur geschichte Alexanders d. Gr. und ihren quellen, Buchdruckerei von H. John, Halle a.S., 1902.
Thomas Benfield Harbottle :
Dictionary of battles : From the earliest date to the present time, Republished by Gale Research Co., Detroit, 1966.
Dominique Joly et Antoine Ronzon :
La fabuleuse Histoire d’Alexandre le Grand, Collection : La fabuleuse histoire, Tourbillon, Paris, 2005.
Jay Kimmel :
50 battles : 5,000 years of conflict : Over 50 maps, conflicts that changed the world, CoryStevens Pub., Portland, 2005.
John Gibson Warry :
Warfare in the Classical World : An illustrated encyclopedia of weapons, warriors, and warfare in the ancient civilizations of Greece and Rome, St. Martin’s Press, New York, 1980 – Barnes & Noble, 1998.

 

Filmographie


Alexander the Great : The battle of Gaugamela, Réalisation : North Ryde,  DVD Vidéo, Éditeur : North Ryde, N.S.W. : DV1 [distributor], 2007.
Battles B.C. : Alexander lord of war, Réalisation : Arts and Entertainment Network, New Video Group et History (Television network),  DVD vidéo, Éditeur : A & E Television Networks, New York, 2008.
Decisive battles : Gaugamela, Réalisation : History Channel (Television network), Arts and Entertainment Network, New Video Group,  DVD vidéo, Éditeur : A & E Television Networks : Distributed by New Video Group, New York, 2004.
The great commanders : 6 battles that changed history, Réalisation : Phil Grabsky, Brian Cox, David G.Chandler, Channel Four (Great Britain),  DVD vidéo, Éditeur : Direct Cinema Ltd., Santa Monica, 2008.

 

 

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