Quelques  grandes  villes :
Héracléopolis
 

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Sommaire
 

▪  Noms, localisation
▪  La ville, l’histoire
▪  L’archéologie sur le site
▪  Le temple d’Hérychef (ou Harsaphès)
▪  Les nécropoles
▪  Bibliographie

Reconstitution
d’Héracléopolis (d’après
raseneb.tripod.com)
 

 

ou   Nen-nesout   ou    Hout-nen-nesout
 
Nen-nesout     Nn-nswt

 

Noms  et  localisation

 
   Héracléopolis Magma (ou Hérakléopolis en Grec : Ἡρακλεόπολις Herakleópolis ou Μεγάλη Ἡρακλέους πόλις Megálē Herakléous pólis, en Égyptien : Hout-nen-nesou "Le château de l’enfant royal" ou Henensou ou Henen-nesout ou Nen-nesout  Nn-nsw, en Copte : Ahnas ou Hennes ou Hnas) fut la capitale du 20e nome de Haute-Égypte. Le nome "supérieur du Laurier rose" (nart-xnt). Dans l’antiquité, la ville Égyptienne d’Henensou fut le centre du culte du Dieu Hérychef (ou Héry-chef ou Harsaphès ou Arsaphès en Grec "Celui qui est sur son lac").
 


 

Vue du site

   C’était un Dieu à tête de bélier, qui était étroitement lié aux Dieux et Osiris. C’était une divinité solaire attachée à la justice que les Grecs l’identifièrent à leur Dieu Héraclès, d’où le nom qu’ils donnèrent à la cité : Héracléopolis Magna "Cité d’Héraclès". La ville fut aussi nommée Ahnas en arabe médiéval et aujourd’hui elle est identifiée avec les sites d’Ehnassiya Umm al-Kimam (ou Ihnasiya) et d’Ehnasiyyah el-Médineh (ou Ihnasiyyah al-Madinah ou Ehnasya el-Medina). La cité est située dans le Sud du Fayoum, à proximité du Bahr Youssef, le bras du fleuve issu du Fayoum qui le rejoint à la hauteur d’Assiout.
 
   Héracléopolis servit de débouché pour les caravanes venant des oasis de Bahariya et de Siouah. Il a perduré une légende comme quoi existerait à Héracléopolis un vaste labyrinthe. Une équipe archéologique Britannique, dans les années 1940, a affirmé avoir découvert ce labyrinthe mais ils ont été incapables d’achever les travaux d’excavation pour cause de maladie parmi les membres de l’équipe et la disparition de l’un des chefs d’équipe. L’emplacement exact du labyrinthe, s’il existe, reste donc toujours un mystère.

 


 

Colonne provenant
d’Héracléopolis –
British Museum

L’histoire …….

 
   Les fouilles ont permis de trouver des traces d’occupation du site depuis la préhistoire. Cependant la cité ne va réellement entrer dans l’histoire que lors de la Première Période Intermédiaire (2140-2022). Ce sont les Gouverneurs provinciaux, les Nomarques, qui furent le facteur principal du déclin de l’Ancien Empire (2647-2150). Beaucoup de ces Nomarques se laissèrent tenter par l’ambition, ils s’associèrent à d’autres nomes pour constituer une force susceptible d’attaquer les territoires voisins, les alliances se faisant et se défaisant tour à tour. La conséquence de ces batailles incessantes fut la multiplication des famines. De plus en plus le peuple se révolta contre les féodaux. Les tombes furent pillées sans que le pouvoir central ne puisse s’y opposer, on entra alors dans la période dite : Première Période Intermédiaire.
 
   Peu à peu, une de ces alliances de nome, à Héracléopolis, se transforma en une monarchie (IXe dynastie), inspirée sur le model Memphite. La IXe dynastie (2130-2090 ?) fut fondée par Khéty I (ou Achtoi). Ce dernier, Prince du nome d’Héracléopolis Magna profita de la déchéance où sombrait la monarchie Memphite de la VIIIe dynastie (2140-v.2130), il usurpa la couronne et fit d’Héracléopolis Magna une capitale royale et sa résidence. Elle restera pendant près de deux cents ans, la capitale royale de Basse-Égypte. Cette monarchie n’exercera pas son pouvoir sur toute l’Égypte, elle contrôla le Delta et une partie de la Moyenne-Égypte en s’appuyant sur la puissante famille des Nomarques d’Assiout. En plus de Khéty I la dynastie comprendra six autres Rois, relativement connus, dont un Néferkarê VII, évoqué par le Nomarque d’Héracléopolis Ânkhtyfy. On sait peu de choses sur les Rois Héracléopolitains, hormis qu’ils revendiquaient l’héritage des Rois Memphites de l’Ancien Empire (2647-2150).


 
Représentation de Hérychef


   À peu près à la même époque ou fut créé la future IXe dynastie, une autre dynastie, la XIe (2134-1991), vit le jour à Thèbes en Haute-Égypte, avec Montouhotep I (2134-2130) comme premier Roi. Cette dynastie fut sans cesse en guerre contre les Rois Héracléopolitains. Son fils Antef I (2130-2118), affronta victorieusement Ânkhtyfy, devenu Gouverneur des trois nomes de l’extrême Sud de l’Égypte, qui était fidèle aux Rois d’Héracléopolis, réunifiant ainsi la Haute-Égypte (Thèbes, Abydos et Thinis) jusqu’à Dendérah.
 
   Les raisons du changement de dynastie entre la IXe et la Xe dynastie nous sont mal connus. Ce que l’on peut constater, c’est qu’il semble y avoir un certain enchaînement du nom des Rois, mais qui est peut-être faussé par le fait que les Égyptiens employaient le même vocable "la maison de Khéty" pour les définir. Certains spécialistes, dont Pascal Vernus et Jean Yoyotte, pensent que la division des Rois d’Héracléopolis en deux dynasties peut provenir d’une ré interprétation du canal royal. La Xe dynastie détenait Memphis, qui fut le centre des traditions de l’Ancien Empire et, peut-être pour avoir une certaine légitimité, elle s’en inspira énormément et perpétua cette tradition. Elle ne contrôla pas non plus l’ensemble de l’Égypte et dut accepter l’existence de la XIe dynastie, sa rivale à Thèbes, qui elle contrôlait maintenant tout le Sud du pays. La région d’Abydos et Thinis fut la zone frontière entre les deux royaumes et un champ de bataille permanent.
 
   Après une rivalité pendant de longues années avec la dynastie Héracléopolitaine du Nord, le Roi Montouhotep II (2061-2010/09) de la XIe dynastie finit par la vaincre et réunifia le pays. Son règne marqua le commencement de la glorieuse période dite du Moyen Empire (2022-1650). La XIe dynastie fit partie de la Première Période Intermédiaire jusqu’à la prise d’Héracléopolis en 2022. La ville perdit alors son statut de capitale politique et de ce fait, de son importance, mais sa position stratégique lui permit de ne pas mourir complètement. Lors du Moyen Empire, les Rois de la XIIe dynastie (1991-1783) se soucièrent de faire rebâtir la cité, cette reconstruction s’inscrivant dans leur programme architectural pour la mise en valeur du Fayoum.
 


 

Montouhotep II –
Musée Égyptien du Caire

  Héracléopolis garda son statut de capitale religieuse de Haute-Égypte, mais il fallut attendre la Troisième Période Intermédiaire (1080-656) pour que l’histoire la remette sur le devant de la scène. Pendant cette période, sous la XXIe dynastie (1070/69-945), les militaires Libyens étaient devenus un facteur politique important. Ils avaient été intégrés dans l’armée Égyptienne et la police pendant le Nouvel Empire (1549-1080). Particulièrement les militaires descendants d’anciens prisonniers de guerre Libyens, les Méchouech (ou Meshwesh ou Mâchaouach). Ils s’étaient installés dans le Delta et avaient petit à petit étendu leur territoire jusqu’au Fayoum et ils détenaient la force armée du royaume. Héracléopolis leur servait alors de point de ralliement pour leurs tribus.
 
   Leurs chefs devinrent très puissants et un de ceux-ci, Sheshonq I (ou Chechanq I, 945-924) profita de l’anarchie dans lequel le pays tomba à la fin de la XXIe dynastie et il prit le pouvoir à la mort de Psousennès II (959-945) de Tanis. Il s’imposa comme le “Pharaon” et fonda la XXIIe dynastie (945-715). Il est très difficile d’interpréter les faits sur le déroulement de l’histoire de cette dynastie. Les Rois Libyens ne contrôlèrent que la Basse-Égypte et se placèrent sous la protection du Dieu Amon.
 
   Ils durent composer avec les Grands Prêtres d’Amon à Thèbes qui jouèrent un rôle important. Afin de garder leur légitimité, ils nommèrent souvent ces derniers parmi les membres de la famille royale, voire dans certains cas leur propre fils. De ce fait ils renforçaient l’unité du pays, ils nommèrent aussi les Princes Gouverneurs d’Héracléopolis et d’Hermopolis Magma qui se comportaient en véritable Rois et qui prirent pour certains une titulature.


 

Nimlot I – Kunshistorisches
Museum – Vienne

 

  Voir l’article  : Royaumes locaux sous la Troisième Période Intermédiaire

 
    Vers 940, Nimlot I le fils de Sheshonq I fut nommé Roi d’Héracléopolis par son père afin qu’il dirigea pour lui l’Égypte centrale. Nimlot I réintroduisit la coutume des offrandes en l’honneur du Dieu Hérychef (ou Harsaphès). Le clergé d’Héracléopolis mit à profit cette confusion et contrôla la région entre les deux zones d’influences. La ville devint alors une grande métropole et retrouva son poids d’antan.
 
   Par le jeux des prises de pouvoirs Nimlot II (855-845), fils du Roi Osorkon II (874-850, XXIIe dynastie) et de la Reine Djedmoutesânkh, qui était Grand Prêtre d’Amon et Roi de Thèbes, devint aussi Roi d’Héracléopolis. Il donna ainsi pour une courte période une certaine unification au pays, car à sa mort son fils Djedptahiefânkh (v.845-v.820) lui succéda sur le trône d’Héracléopolis et son autre fils Takélot (800-775) devint Grand Prêtre d’Amon à Thèbes. Djedptahiefânkh épousa Tanetsepeh qui lui donna un enfant Hemptah I (v.805-v.790) qui fut aussi "Roi", ce dernier, comme ses successeur furent des souverains obscures d’Héracléopolis dont on ne sait pratiquement rien, étaient-il vraiment Roi ou simple Gouverneur ?.
 
   En 818, la XXIIe dynastie perdit le contrôle du Delta central au profit d’une autre chefferie. Le leader de celle-ci, un Prince Bubaste, Pétoubastis I (ou Padibastet I, 818-793), profita de ce cahot et des conflits de succession en l’an 8 de Sheshonq III (825-773) pour se faire couronner Roi de Léontopolis (ou Taremou). Il fonda la XXIIIe dynastie (818-715) et se fit reconnaître par Memphis, Héracléopolis, Hermopolis Magma et Thèbes. La XXIIe dynastie ne garda plus alors le contrôle que sur le royaume de Tanis.
 
   En 747 sous le règne d’un de ses derniers Rois, Sheshonq V (767-730) et de Ioupout II (754-715) à Léontopolis, on assista à une nouvelle division de l’Égypte avec la création de trois nouveaux royaumes, qui existaient déjà mais qui prirent leur indépendance : Hermopolis Magma, Lycopolis (ou Assiout) et Héracléopolis où à cette date Payeftjaouembastet (ou Peftjaouaouibastet, 754-720) prit une titulature royale. En 727, la XXIIe dynastie sera encore impuissante devant la création d’un autre royaume à Saïs, celui de la XXIVe Dynastie (727-715). Payeftjaouembastet fut le gendre de Roudamon (ou Amonroud, 757-754) Roi de Léontopolis. Cette époque marqua aussi le début de la conquête Éthiopienne (Nubie) des Kouchites de la XXVe dynastie (747-656). Tefnakht I (727-716) de la XXIVe dynastie de Saïs réussit à unifier presque tous les nomes du Delta et devint Grand chef des Libous et des Mâ et Grand Prince des provinces Occidentales du Delta.

 
   Vers 730, Tefnakht I déjà maître de Memphis, voulut conquérir le Sud sur les Éthiopiens et il tenta de ranger sous sa domination Héracléopolis et la Moyenne-Égypte. Il prit la tête d’une coalition comprenant Ioupout II (754-715, XXIIIe dynastie) et Osorkon IV (730-715, XXIIe dynastie) pour essayer de contrecarrer la monté en puissance du Roi Nubien de Napata Piânkhy (ou Piye, 747-716, XXVe dynastie). Il commença par faire le siège d’Hermopolis Magma, puis finalement fit aussi alliance avec son Roi Nimlot III (747-725). Cette nouvelle force en marche mit le siège devant Héracléopolis. La ville fit appel aux Nubiens, qui détenaient toujours Thèbes et avaient établi leur suzeraineté sur les Divines Adoratrices d’Amon. Malgré l’importance de la coalition, Tefnakht I, fut refoulé dans le Delta par Piânkhy, mais il réussit quand même à en garder le contrôle depuis Saïs et, en 727, il se proclama Roi.
 

   En 726, Piânkhy, qui pouvait accepter cette semi victoire, repartit à la conquête du Nord. Il soumit d’abords Nimlot III (747-725) à Hermopolis Magma, puis écrasa Payeftjaouembastet, à Héracléopolis, qui devint son vassal. Il fit ensuite le siège et prit Memphis. Le fils de Tefnakht I, Bakenranef (716-715) qui lui succéda comme Roi de Saïs se fit reconnaître aussi par Memphis, Tanis et Héracléopolis, mais il resta sous la suzeraineté des Rois de Napata de la XXVe dynastie. Il tenta comme son père de mener la lutte contre ces Kouchites, mais il fut finalement vaincu par le Roi de Napata Chabaka (716-702) qui refit à son profit l’unité du pays. Manéthon rapporte que Bakenranef fut capturé et brûlé vif par Chabaka, ce qu’aucun document ne vient confirmer.
 

   Certains égyptologues avancent qu’a sa mort, il était en négociation avec les Assyriens pour qu’ils lui viennent en aide contre les Nubiens ?. Bien que l’on ait connaissance de souverains (De 720 à 685 – Deux souverains inconnus, de 685 à 661 – Padiiset (III), de 661 à 630 – Sémataouitefnakht (ou Sematauitefnacht)) Héracléopolis perdit une nouvelle fois son pouvoir sur la région, ce fut Thèbes qui eut plus ou moins le rôle de capitale du pays, Piânkhy rentrant à Napata pour y vivre ses dix dernières années de règne. En 672 le royaume de Saïs allait renaître, mais il resta vassal des Kouchites, peu de temps car la XXVe dynastie des "Pharaons Noirs" fut balayée par le fait d’un nouvel envahisseur, les Assyriens.
 
   Sous Tanoutamon (664-656), l’Empereur d’Assyrie, Assurbanipal (669-631 ou 626) prit possession du pays. Psammétique I (664-610, XXVIe dynasties) un Prince / Gouverneur de Saïs profita de cette déroute de Tanoutamon pour prendre, en 656, le contrôle de la région où il avait obtenu la soumission des différents Princes locaux du Delta et d’Héracléopolis. Il réussit à expulser les Assyriens grâce à des mercenaires Lydiens et Grecs et refit l’unité du pays. Il fit de Memphis sa capitale et réorganisa l’administration, mais il fit gérer la Moyenne-Égypte à Héracléopolis et la Haute-Égypte à Edfou par des notables venus du Delta où les Grands Chefs autonomes avaient disparu. Après cette période Héracléopolis ne fit plus parler d’elle, on attribue les dernières constructions dans la cité à Nectanébo II (360-342,XXXe dynastie). Avec les périodes de dominations Perse, puis Grecque et enfin Romaine, Héracléopolis disparut petit à petit.

 

L’archéologie

 
   Peu de vestiges archéologiques importants ont été mis au jour sur le site. En partie du au fait que la région très fertile a toujours été très peuplée et a donc servi de carrière. Le premier qui identifia Héracléopolis à Henen-nesout (ou Nen-nesou Nn-nsw) fut le Comte Emmanuel De Rougé, en 1863, lorsqu’il étudia l’inscription du Roi Nubien Piânkhy (ou Piye ou Peye, 747-716) dans le Djebel Barkal. Puis le site fut fouillé une première fois en 1891-1892 par Henri Édouard Naville, qui découvrit le temple d’Hérychef (ou Héry-chef ou Harsaphès ou Arsaphès) ainsi que plusieurs monuments de l’époque Byzantine avec de nombreux témoignages d’objets artistiques Coptes. Il explora aussi la nécropole de Sedment. En 1899, ce fut Ulrich Wilcken qui entreprit des fouilles sur le site où il mit au jour des papyri de l’époque Gréco-romaine et plusieurs églises Coptes et Byzantines.
 


 

Lion en Granit de la IVe dynastie
trouvée à Héracléopolis

   En 1904, Sir William Matthew Flinders Petrie compléta les fouilles du temple d’Harsaphès et dégagea plusieurs maisons Romaines. Il poursuivit les travaux de son prédécesseur dans la nécropole de Sedment. Il suivra une période très faste de découvertes dont il faut citer des inscriptions très importantes sur le Moyen Empire (2022-1650) et deux colosses de Ramsès II (1279-1213) qui seront étudiés par Georges Daressy. De 1920 à 1921, Petrie fouilla la nécropole de Sedment, peu après, en 1923, Ugo Monneret de Villard réalisa une étude monographique sur la sculpture Copte d’Ahnas (ou Hennes ou Hnas) et sur l’origine païenne de l’art Copte.
 
   Puis, malheureusement, après cette date les fouilles sur le site d’Héracléopolis stoppèrent pendant plusieurs années. Ce ne fut qu’en 1966 qu’une campagne importante fut reprise par une équipe Espagnole rattachée au Musée de Madrid, dirigée par Maria José López Grande. Elle débuta au Sud-ouest du site et était axée plus particulièrement autour du temple d’Hérychef dont il semble que les vestiges ne remontent pas au-delà de la XIIe dynastie. Beaucoup de choses furent mises au jour dans une enceinte à colonnes dont la fouille n’est pas encore terminée.


 

Les trois fausses-portes trouvées sur le site

 
   Entre autres des fragments de frise de la tombe du fils du Grand Chef de Mâ, trois fausses-portes, en 2008-2009, trois tables d’offrandes dont une table d’offrandes avec le nom du Premier Prophète d’Amon, Smendès, un fragment de couvercle de sarcophage appartenant à une fille de ce même personnage et des frises avec des divinités Héracléopolitaines. En 1984 ont été mis au jour une partie de table d’offrandes au nom d’un Osorkon, fils du fils royal Namart, une inscription sur une colonne, des céramiques et terres cuites. La fouille d’habitations contiguës a donné de nombreuses céramiques datant de la Troisième Période Intermédiaire (1080-656). Les fouilles se poursuivent aujourd’hui encore.
 
   Un peu plus au Nord de la nécropole de la Première Période Intermédiaire, on été mise au jour, enserrées dans les murs de la cité, des tombes de pierre et de briques crues datant des XXIe (1070/69-945) et XXVIe dynasties (664-525). Les dernières découvertes offrent de nouveaux éléments pour la compréhension de la Première Période Intermédiaire, encore mal connue. D’après Maria del Carmen Pérez-Die, responsable des fouilles pour le musée national d’archéologie de Madrid, la nécropole est un très grand site dont beaucoup de faits nous restent encore inconnus.

 

Le temple d’Hérychef

 
   Le temple d’Hérychef (ou Héry-chef ou Harsaphès ou Arsaphès en Grec, "Celui qui est sur son lac") est connu surtout depuis la XIIe dynastie où il fut une première fois restauré. Il ne reste que quelques rares statues et éléments architecturauqui ont été réemployés dans des bâtiments ultérieurs. Le sanctuaire sera entièrement reconstruit sous la XVIIIe dynastie (1549-1295) ainsi que par le Pharaon Ramsès II (1279-1213) sous la XIXe dynastie (1295-1186). Ce temple se composait d’une première cour à pièces annexes, entourée de statues colossales de Ramsès II devant les colonnes. La cour s’ouvrait sur une salle hypostyle à deux rangées de huit colonnes à chapiteaux palmiformes. On pense qu’elle date probablement du début du Moyen Empire (2022-1650). Suivait une seconde salle à six piliers menant aux pièces intérieures du temple, un pronaos et trois naos.
 
   Le temple d’Hérychef sera utilisé jusqu’à la Basse Époque (656-332) où il est petit à petit remplacé par un sanctuaire de dimension plus modeste. À l’époque Gréco-romaine, il est une nouvelle fois restauré. Les vestiges actuels rendent difficile l’appréciation du plan du temple, mais une partie des bases des colonnes et des reliefs Ramessides donnent une idée du type de temple. Le lieu le plus sacré d’Héracléopolis était le lac sacré du temple, qui, comme nous l’indique la Pierre de Palerme, aurait été consacré durant la Ière dynastie (v.3040-2828). Le chapitre 175 du Livre des Morts associe le lac avec le sang du Dieu Osiris. Ce qui explique pourquoi le sang joua un rôle important dans les rituels d’Hérychef, qui avait une offrande et un culte de purification à proximité du lac. Au Sud-est, on trouve un autre temple plus petit dédié aussi à Hérychef, toujours daté du règne de Ramsès II.
 
   Les premières fouilles du temple furent réalisées par Henri Édouard Naville en 1891. Il fut suivi, en 1904, par Sir William Matthew Flinders Petrie, qui découvrit une magnifique statue en or du Dieu. Elle avait sur sa base une inscription hiéroglyphique avec une partie de la titulature du Roi d’Héracléopolis Payeftjaouembastet (ou Peftjaouaouibastet, 754-720). Parmi les vestiges des périodes Romaines, Byzantines et islamiques qui entouraient le site, Flinders Petrie mit au jour plusieurs maisons. On y découvrit des pièces de monnaie ce qui permit leur datation approximative.

 

Les nécropoles

 

Autre vue des vestiges du site

 

Le cimetière de Déchacheh

 
   Cette petite nécropole, datée du Moyen Empire (2022-1650), regroupe les tombes des hauts fonctionnaires du 20e nome de Haute-Égypte. Elles se présentent sous la forme d’hypogées creusés dans la falaise, dont celui d’Inti, décoré d’une scène représentant une forteresse Asiatique assiégée.
 

Le cimetière Sud

 
   Certains des Rois des IXe dynastie (2130-2190) et Xe dynastie (2090 ?-2022)se feront inhumer sur le site de Saqqarah, mais ce ne fut pas le cas des notables de leurs cours. En 1966, les archéologues de l’expédition Espagnole, ont dégagé une série de tombes de fonctionnaires datant datant de la Première Période Intermédiaire (2140-2022) ou du début du Moyen Empire (2022-1650), comme l’attesteraient des Textes des Sarcophages de certaines sépultures. Le site de cette nécropole est situé à 300 m au Sud du temple et a livré aussi d’autres découvertes dont, trois fausses portes et diverses stèles conservées aujourd’hui au musée Égyptien du Caire.
 


 

Fragment de Relief de Ramsès II
provenant d’Héracléopolis –
Metropolitan Museum of Art

Le cimetière de Sedmen

 
   Cet autre cimetière, nommé "cimetière de Sedment", se situait à 7 km à l’Ouest de la cité. La majorité des tombes datent du Nouvel Empire (1549-1080), mais les tombes les plus anciennes sont des IIe dynastie (2828-2647) et IIIe dynastie (2647-2575). On en a retrouvé aussi certaines datant des VIe dynastie (2321-2150), IXe dynastie (2130-2190?) et Xe dynasties (2090 ?-2022). Le cimetière fut semble t-il abandonné par la suite, les hauts dignitaires du Moyen Empire (2022-1650) se faisant enterrer au Sud du temple d’Hérychef. Cette ancienne nécropole fut de nouveau utilisée au Nouvel Empire et ce jusqu’à la Troisième Période Intermédiaire (1080-656). Il y fut mis au jour deux statues de Mériêhachetef, qui fut un haut fonctionnaire de la VIe dynastie (2321-2150). Elles sont caractéristiques car il y en a une où il est représenté jeune et l’autre vieux.
 
   On y a aussi mis au jour des sarcophages et des stèles appartenant à des Grands Prêtres du clergé d’Hérychef, à des hauts dignitaires et à des militaires. Ont été exhumées également les tombes de Parahotep et Rahotep, deux Vizirs sous le règne de Ramsès II (1279-1213). Henri Édouard Naville y a aussi découvert plusieurs sarcophages en bois datant de la Basse Époque (656-332). Il est supposé que c’est de ce site qu’est sans doute originaire le papyrus de Sedment, aujourd’hui conservé au musée de Berlin. Il est daté du début du Moyen Empire (2022-1650) et le texte, écrit en hiératique, comporte une liste d’offrandes et certaines des formules du Textes des Sarcophages gravées habituellement à l’intérieur de ceux-ci. Il contient aussi la dédicace d’un fils à son père défunt, Sedekh.

 

Les tombes en Pierres

 
   Enfin un peu plus au Nord de la nécropole de la Première Période Intermédiaire (2140-2022), on été mise au jour, enserrées dans les murs de la cité, des tombes de pierre et de briques crues datant des XXIe dynastie (1070/69-945) et XXVIe dynastie (664-525). Ces tombes, parfois réutilisées, présentent pour certaines un couloir les reliant à d’autres. Beaucoup des possesseurs de ces tombes portent des noms typiques de la Troisième Période Intermédiaire (1080-656), comme Tentamon, fils d’un Smendès ou Osorkon, chef des armées et Prêtre d’Hérychef, ou encore Tasherit, fils d’un Nimlot. Les artefacts trouvés dans la nécropole nous ont aussi confirmé que des échanges commerciaux se pratiquaient couramment à l’époque avec les Phéniciens.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Maria Del Carmen Pérez-Die :
Excavaciones en Ehnasya el Medina : Heracleópolis Magna, Ministerio de Cultura, Dirección General de Bellas Artes y Archivos, Instituto de Conservación y Restauración de Bienes Culturales, Madrid, 1992-1995.
Heracleopolis Magna durante el tercer periodo intermedio, Universidad Complutense de Madrid, Madrid, 1992.
Discoveries at Heracleopolis Magna (Ehmasya el-Medina), pp : 23-25, Egyptian archaeology : Bulletin of the Egypt Exploration Society 6, Janvier 1995.
Ehnasya el Medina : Heracleopolis Magna, Egipto : excavaciones, 1984-2004, Ministerio de Cultura, Espagne, 2005.
Maria Rosaria Falivene :
The Herakleopolite Nome : A catalogue of the toponyms, American studies in papyrology 37,  Scholars press, cop., Atlanta, 1998.
María José López Grande, Fernando Quesada Sanz et Miguel Angel Molinero Polo :
Excavaciones en Ehnasya el Medina – Heracleópolis Magna. 2, Instituto de Conservación y Restauración de Bienes Culturales, Madrid, 1995.
Ugo Monneret de Villard :
La scultura ad Ahnâs : Note sull’origine dell’arte copta, Tipografia della Reale accad. nazionale dei Lincei in Roma, Milano, 1923.
Henri Édouard Naville :
Ahnas el medineh (Heracleopolis magna) : With chapters on Mendes, the nome of Thoth, and Leontopolis, Memoir of the Egypt Exploration Fund 11, Egypt Exploration Fund, London, 1894 et 1981.
Josep Padró i Parcerisa :
Notes sur la tombe de Séhou à Héracléopolis Magna, Vol. 2, pp : 377-381, Atti del VI Congresso Internazionale di Egittologia, Turin, 1993.
Etudes historico-archéologiques sur Héracléopolis Magna : La nécropole de la muraille méridionale, Nova studia aegyptiaca, Societat Catalana d’Egiptologia, Janvier 1999.
William Matthew Flinders Petrie :
Roman Ehnasya Herakleopolis Magna, 1904, Plates and text supplementary to Ehnasya, Éditeur inconnu, 1905.
Wolfgang Schenkel :
Memphis, Herakleopolis, Theben : Die epigraphischen zeugnisse der 7.-11. Dynastie Ägyptens, ÄA 12, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1965.
Thelma Katrina Thomas :Niche decorations from the tombs of Byzantine Egypt (Heracleopolis Magna and Oxyrhynchus, A.D. 300-500) : Visions of the afterlife, University Microfilms International, Ann Arbor, 1991.

 

 

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