Les villes de la Décapole :  
Canatha, Damas, Dion, Gadara
 

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Canatha

 


 

   Le temple de Théandrios

   Canatha (ou Kanatha en Latin : Canatha, en Grec : Κάναθα, en arabe :  قنوات  Kānātā ou Qanawat) est un village du Sud de la Syrie, dans le massif basaltique de Jabal al-`Arab, sur l’emplacement de la petite ville actuelle de Qanawat, située à 7 km. au Nord-est de Suwayda (ou As-Suwaydâ’). Il s’élève à une hauteur d’environ 1200 m., près d’une rivière et est entouré de bois. Canatha fut une ville de la Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de la Palestine Romaine.
 

L’histoire…….

 
   L’époque à laquelle la ville fut érigée n’est pas connue avec certitude. Ce qui semble certain c’est qu’elle fut une des premières villes occupées de la région. Il n’est pas sûr que l’on puisse identifier Canatha à la ville de Canath citée dans la Bible, comme quelques spécialistes l’avancent aujourd’hui. Pendant toute la première Décapole, l’ère Séleucide ou Nabatéenne Canatha ne joua pas un grand rôle. En 64 av.J.C, lorsque les Romains envahirent la Cœlé-Syrie et la Judée, la ville fut annexée à la province Romaine de Syrie. Elle fut restaurée par le Général Aulus Gabinius (v.100-47) et prit le nom de "Gabinia Canatha". Ce fut sans doute à cette occasion qu’elle devint une cité associée à la 2e Décapole, plus tard elle fut rebaptisée "Septimia Canatha". Le territoire de la cité semble s’être étendu assez loin vers l’Ouest, dans la plaine de la Nuqrah, jusqu’au village de Kérak où l’on trouve des traces des Magistrats de Canatha chargés de régler les problèmes administratifs.
 

Monnaie de Canatha

   Le grand sanctuaire de Ba’alsâmin (ou Baalshamin) à Sia (ou Seeia), situé à quelques kilomètres au Sud-est, sur un éperon rocheux dépendait aussi de Canatha. Vers 30 av.J.C, le Roi de Judée Hérode le Grand (Roi de Judée 40-37, Roi d’Israël 37-4 av.J.C) fut chargé par le Romain Marc Antoine (83-30 av.J.C) d’obliger le Roi Nabatéen Malichos II (ou Malchos, 60-30 av.J.C) à payer tribut à la Reine d’Égypte Cléopâtre VII (51-30). Hérode partit en campagne et après quelques victoires, il subit une défaite à Canatha, ce qui le contraint à se replier à l’Ouest du Jourdain. La ville fut citée par Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100) à propos de cette défaite d’Hérode contre les Nabatéens. Pendant une grande période de l’histoire de la cité le village de Soada (ou Soueida), situé sur la route de Damas à Bosra (ou Bostra) fut dépendant de Canatha, mais, en 149 ap.J.C, Soada fut érigé en une nouvelle cité, nommée Dionysias, et se détacha de Canatha.


 

  Autre monnaie de Canatha

 
   En 106, la Nabatène fut annexée à l’Empire Romain pour former la province d’Arabie, Canatha resta incorporée à la province de Syrie. Le Gouverneur de Syrie Cornelius Palma y fit réaliser d’importants travaux d’adductions d’eau, grâce à des captages réalisés dans la montagne proche. Puis, en 195/196, lors de la réorganisation des provinces de Syrie et d’Arabie, la ville fut rattachée à la province d’Arabie, dont la capitale administrative fut Bosra (ou Bostra). Canatha devint un centre important de la propagation du Christianisme dans la région. Elle fut un évêché avant le Ve siècle, l’Évêque de Canatha fut présent au concile de Chalcédoine en 451. La cité fut prise par les arabes musulmans en 637 ap.J.C et fut réduite à un pauvre village. Canatha, comme d’autres villes de la région, fut en grande partie détruite par un séisme en Janvier 748.

 


 

  Atrium du Es-Serai

Les principaux sites

 
   La ville antique est aujourd’hui de vastes ruines qui s’étendent sur 1500 m. de longueur et 750 m. en largeur. Depuis 1997, une coopération entre la Syrie et l’Allemagne a permis des fouilles centrées sur la période Romaine et du début de l’ère Chrétienne.
Parmi les ruines ont été mis au jour :
• Un pont Romain.
• Un théâtre creusé dans la roche, avec neuf niveaux de sièges et un orchestre de dix-neuf mètres de diamètre.
• Un aqueduc avec un nympheum.
• Un grand temple prostyle avec un portique à colonnades, dédié au Dieu Zeus Megistos, associé à un second sanctuaire non identifié.
• Un temple que l’on a longtemps cru dédié au soleil (Hélios), mais dont les inscriptions montrent qu’il avait été dressé en l’honneur de Théandrios, Dieu de Rabbos, il est précédé d’une double colonnade.
• Un monument connu sous le nom de Es-Serai (également Seraya, "palais") dates du IIe siècle de notre ère et était à l’origine un temple, puis, à partir du IVe/Ve siècles, une basilique Chrétienne. Il fait de 22 m. de long et était précédé d’un portique extérieur et d’un atrium avec dix-huit colonnes.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Ross Burns :
The monuments of Syria, pp : 246-247, I. B. Tauris, 3rd edition, London, New york, 2009.
Hassan Hatoum :
Qanawat : L’antique Canatha et ses monuments, Diteur inconnu, Damas, 1996.
Maurice Sartre :
Le territoire de Canatha, Librairie orientaliste Paul Geuthner, PAris, 1981.
Georges E.Sioui et Dalie Giroux :
Histoires de Kanatha : Vues et contées : essais et discours, 1991-2008, Presses de l’Université d’Ottawa, University of Ottawa Press, Ottawa, 2008.

 

 

Damas

 

   Damas (En Latin : Damascus, en Grec : Δαμασκός, en Arabe : دمشق الشام  Dimashq-Ash-Shām ou  الشام  Ash-Shām ou Ach-Cham) : La capitale moderne de la Syrie, Damas est considérablement au Nord des autres cités et on pense qu’elle ne devait avoir qu’un rôle de membre d’"honneur" dans la Décapole.

  Voir l’article sur : Damas capitale des Araméens

 

 

Dion

 

   Dion (ou Tell al-Ashari ou Capitolias ou Adun ou Bayt Ra, en Latin : Dium, en Grec : Δïον) fut le nom d’une ancienne ville, située dans la Palestine Romaine, qui fut membre de la Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de ce territoire. L’emplacement exact de la cité est encore contesté, mais on pense qu’il serait sur le site de Tell Al Hisn ou Tell al-Ashari, autour de la ville d’Irbid en Jordanie. Sur ce site se trouve quelques morceaux épars d’architecture que l’on peut voir, quelques tombes, des voûtes, des citernes et des traces de fondation de murs, mais pas de structure permanente.
 
   Certains spécialistes identifient Dion avec Bayt Ras et Raphana avec Abila, en contradiction avec l’énumération de Pline l’Ancien (ou Caius Plinius Secundus, 23-79, NH 5.16.74) qui fait de Raphana et d’Abila deux villes distinctes. Capitolias n’est pas citée par Pline, en revanche, Ptolémée (ou Claudius Ptolemaeus, astronome et astrologue Grec, v.90-v.168), dans l’énumération faite dans sa "Géographie", cite Capitolias mais pas Raphana. Des Fouilles très récentes ont été effectuées sous la responsabilité de la Direction Générale des Antiquités et des Musées de Syrie à Deraa.

 

 

Gadara

 


 

Vue du site de Gadara

   Gadara (En Latin : Gadara, en Grec : Γάδαρα, en Arabe : أ م قيس Umm Qais ou Umm Qeis) "Au pied de laquelle coule le Hieromix" est une ville de Jordanie, dans la province d’Irbid à 20 km. au Nord-ouest de la capitale provinciale Irbid et à 110 km. au Nord d’Amman sur un vaste promontoire, à 378 m. au-dessus du niveau de la mer, avec une vue magnifique sur la rivière Yarmouk, les hauteurs du Golan et le lac de Tibériade. La ville s’est aussi appelée Antioche ou Antiochia Sémiramis et Séleucie. Le nom de Gadara est vraisemblablement d’origine Sémitique. Il fut probablement dérivé de l’Hébreu gader qui signifie "confins" ou "frontière". Ce fut une puissante forteresse, au sommet d’une colline, qui se trouve sur une arête qui descend en pente douce à l’Est, et forme le seul accès car des trois autres côtés la cité est séparée de la vallée par un escarpement. Les murs ont une longueur de plus de trois km. Une importante voie Romaine conduit vers l’Est à Ḍer‛ah et un aqueduc la relie au réservoir de Ḳhab, à une trentaine de km. au Nord de Ḍer‛ah.


 

Autre vue du site de Gadara

 
   Cette ville, membre de la Décapole, fédération des villes bénéficiant d’une autonomie à l’intérieur de la Palestine Romaine, était l’une des plus brillantes cité Grecques de la région. La ville n’est pas nommée dans la Bible, mais le territoire qui l’entoure est appelé la région des Gadaréniens et selon la Bible, c’est l’endroit où Jésus a chasser le diable et deux démons dans un troupeau de porcs (Matthieu 8:28-34). Dans les passages correspondants des Évangiles, il est écrit le "pays des Géraséniens”. Les spécialistes ne sont pas unanimes quand à savoir où placer le lieu du miracle, cependant, un examen attentif des manuscrits Grecs, les textes Alexandrins, donne les mêmes lectures (région des Gadaréniens et pays des Géraséniens). Le plus ancien manuscrit de l’Évangile de Matthieu, qui précède les altérations d’Origène, situe le miracle dans le pays des Gadaréniens. Gadara était stratégiquement entourée par les routes commerciales reliant la Syrie et la Palestine.
 


 

Ruines Romaines

   Elle bénéficia d’un sol fertile et des pluies abondantes. Cette ville prospéra aussi intellectuellement, surtout pendant le règne de l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) et se distingua par son atmosphère cosmopolite. Elle attirait des chercheurs, des écrivains, des artistes, des philosophes et des poètes, des gens comme le philosophe satiriste Ménippe (ou Menippos, 2ème moitié du IIIe siècle av.J.C), le poète Méléagre (ou Meleagros, fin du IIe siècle av.J.C) le philosophe épicurien Philodème et le rhéteur Theodoros (14-37). Gadara fut également une station balnéaire de choix qui était très prisée par les Romains.
 
   Dans la ville se trouvent les ruines : D’un temple, de deux théâtres, d’une basilique et de nombreux autres bâtiments qui démontrent l’existence d’une grande cité, comme les ruines du Nympheum, un complexe de bain et un hippodrome. En face du théâtre, une rue pavée bordée d’une double colonnade (cardo), traversait la cité d’Est en Ouest. En outre, près du théâtre se trouvait la terrasse de basalte noir, qui accueillait une cour, une église et la basilique.

 

Le temple Le théâtre Terrasse de l’église Byzantine Vue du site Rue à colonnades

 

L’histoire…….

 
   Des études archéologiques indiquent que Gadara fut occupé dès le VIIe siècle. En 218, le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187), lors de sa première invasion de la Palestine, prit la cité et la rebaptisa Antiochia Sémiramis (ou Antioche) et Séleucie. Plus tard, l’historien, homme d’État et théoricien politique Grec, Polybe (v.205-126 av.J.C), décrivit la région de son époque comme étant sous contrôle de l’Égypte Ptolémaïque. La cité rechangea de mains sous le règne du Roi Hasmonéen Alexandre I Jannée (103-76), qui la prit après un siège de six mois. En 64/63, le Général Romain Pompée (106-48 av.J.C) prit la Judée, libéra Gadara du contrôle Hasmonéen et décida de la restaurer. Grâce à cela, la fortune de Gadara s’améliora rapidement et la construction fut entreprise à une grande échelle.


 

Relief trouvé à Gadara orné d’un
chandelier à sept branches –
Musée du Louvre

 
   Au cours de ces premières années de la domination Romaine, les Nabatéens, de leur capitale Pétra, prirent le contrôle des routes commerciales du Nord, jusqu’à Damas. Vers 38 av.J.C, insatisfait de la concurrence, le Romain Marc Antoine (83-30 av.J.C) chargea le Roi de Judée Hérode le Grand (Roi de Judée 40-37, Roi d’Israël 37-4 av.J.C) d’affaiblir les Nabatéens. En 37 av.J.C Marc Antoine, en reconnaissance pour ses efforts, récompensa Hérode en lui cédant Gadara et d’autre cités de la côte. Ce fut de cette époque que débuta l’ère de la ville. Elle accueillit le concile de Gabinius.
 


 

Une rue de la ville

   Selon Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100) les Romains ne prêtèrent pas attention aux habitants accusant Hérode de cruauté. À la mort d’Hérode, en 4 av.J.C, l’Empereur Romain Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) rattacha la ville à la province de Syrie.
 
   Toujours selon Flavius Josèphe, durant la révolte des Juifs de 66-70 la région fut dévastée. Une partie de la cité se rendit à Vespasien (69-79) qui y plaça une garnison. La ville atteignit son apogée de prospérité au II siècle. Furent alors construits : De nouvelles rues à colonnades, les temples, les théâtres et les bains. Méléagre, comparant la cité par rapport à Athènes, témoigne du statut de la créativité de la ville et la cite comme la position centrale de l’hellénisme au Proche-Orient.
 
   Le Christianisme s’étendit lentement entre les habitants de Gadara qui resta une ville importante et devint le siège d’un évêché. Au IVe siècle, son Evêque assista au Concile de Nicée. Au cours du VIe siècle commença son déclin et en 636 ap.J.C, après un affrontement décisif entre les Byzantins et les arabes musulmans, qui eut lieu non loin de Gadara, la ville tomba aux mains de ces derniers. Gadara, comme d’autres villes de la région, fut en grande partie détruite par un séisme en Janvier 748 et la ville fut abandonnée de façon permanente.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Immanuel Benzinger :
Gadara 1, pp : 436–437, Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, Band VII,1, Stuttgart, 1910.
Jan Dijkstra :
Tall Zarca in Jordan report on the sondage at Tall Zarca 2001-2002 (Gadara Region Project: Tall Ziraca), Oxford Archaeopr, Oxford, 2009.
Adolf Hoffmann et Susanne Kerner :
Gadara, Gerasa und die Dekapolis, Verlag Philipp von Zabern, Mainz, 2002.
Burton MacDonald :
Pilgrimage in early Christian Jordan : A literary and archaeological guide, Oxbow Books, Oxford, David Brown, Oakville, 2010.
Inge Nielsen et Svend Holm-Nielsen :
Gadara : Umm Qēs, Deutsches Evangelisches Institut für Altertumswissenschaft des Heiligen Landes, Deutsches Archäologisches Institut, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1993.
Thomas Maria Weber :
Umm Qais – Gadara of the Decapolis, Economic Press Co, Amman, 1989 – Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2002.

 

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